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Attaques de Grand Bassam et Ouagadougou: Jugés à Dakar, trois Mauritaniens risquent la prison à vie

Le maître des poursuites a requis, hier, la réclusion criminelle à perpétuité contre Erhil Adebe, Moustapha El Béchir et Atigh Ahmed. Ils ont été jugés à la barre de la Chambre criminelle de Dakar pour actes de terrorisme, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et financement du terrorisme en bande organisée.


Rédigé par leral.net le Jeudi 25 Mars 2021 à 08:36 | | 0 commentaire(s)|

Attaques de Grand Bassam et Ouagadougou: Jugés à Dakar, trois Mauritaniens risquent la prison à vie
Accusés d’avoir des liens suspects avec les commanditaires des attaques terroristes de Grand Bassam et de Ouagadougou, Erhil Adebe, Moustapha El Béchir et El Atigh Ahmed ont été arrêtés et jugés, hier, à la barre de la Chambre criminelle de Dakar. Leur affaire a été évoquée, lors de la session spéciale de la Chambre criminelle du Tribunal de Grande instance de Dakar. Il leur est reproché les faits d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et financement du terrorisme en bande organisée.

A la suite de l’attaque meurtrière de Grand Bassam en Côte d’Ivoire, Ibrahim Ould Mouhamed avait été arrêté. Il avouait son implication dans les attaques qui avaient fait 18 victimes dans la station balnéaire très populaire et désignait Mimi Ould Baba, Hamza Ben Mouhamed et Ahmed Lemdecem comme les principaux protagonistes.

Lors de son audition, il avait précisé que le véhicule, dans lequel les armes avaient été dissimulées et transportées à Abidjan, a été mis à la disposition de leur association par Hamza Ben Mouhamed.

Par ailleurs, des investigations faites par les services compétents sénégalais, avaient démontré des liens entre un GSM sénégalais utilisé par un certain El Béchir et un GSM malien utilisé par Hamza Ben Mouhamed. Une enquête poussée a établi que Moustapha El Béchir communiquait régulièrement avec Ibrahim Ould Mouhamed et Ahmed Lemdecem, qui sont en relation directe avec Mimi Ould Baba. Ce dernier est désigné comme le coordonnateur des attaques de Ouagadougou.

Donc, c’est le 18 septembre 2016 que la Section de recherches est informée par les renseignements généraux de la présence, à Diamniadio, d’une personne porteuse de l’une des puces téléphoniques utilisées par les acteurs de l’attaque de Grand Bassam. Les gendarmes procèdent à l’arrestation d’El Atigh Ahmed. Face aux enquêteurs, il déclare que la puce lui a été offerte par un inconnu, avant de revenir sur ses déclarations et dire que c’est Moustapha El Béchir qui lui a offert la puce.

Au cours des investigations, les enquêteurs relèvent que le même numéro était en contact fréquent avec Mimi Ould Baba, alors qu’El Atigh était en détention provisoire à la Maison d’arrêt et de correction de Saint-Louis, au moment de l’attaque de Grand Bassam. Interpellé sur sa relation avec Mimi Ould Baba, il soutient ne pas le connaître.

Boitillant, l’accusé, dans un wolof limpide, a pesté : “J’ai été arrêté 15 jours après mon élargissement de prison. J’ai purgé une peine de 1 an et 4 mois. J’avoue que je détenais cette puce dont on parle. Mais Moustapha El Béchir me l’avait prêtée. Il me l’a donnée le 16 septembre 2016, à 9 h, et j’ai été arrêté le même jour à 19 h.

Entendu à son tour, Moustapha Béchir a conforté Atigh dans ses déclarations, en reconnaissant la paternité de la puce. D’ailleurs, c’est à cause de cela qu’il a été, lui aussi, appréhendé.

En effet, alors qu’il était revenu au Sénégal pour apporter des éclaircissements sur la puce, les gendarmes ont procédé à son arrestation. Interrogé sur Mimi Ould Baba, le comparant a persisté qu’il ne le connaît pas. D’ailleurs, dès qu’il a entendu ce nom, il s’est agité et a commencé à jurer.

Interpellé sur son comportement, il dit que ce dernier est un terroriste et qu’il n’a aucun rapport avec lui. Il a toutefois reconnu avoir hébergé Selkou à l’hôtel Le Ndiambour, lors de son passage à Dakar. Alors que ce Selkou n’est autre que Hamza Ben Mouhamed, qu’il dit ne pas connaitre.

Marié à deux épouses et père de 5 enfants, il a, ensuite, reconnu être l’ami d’Erhil Adebe. Ce dernier est soupçonné être Ahmed Lemdecem. D’ailleurs, Béchir aurait fait une telle affirmation dans le cabinet du juge Samba Sall. Ce qu’il a tout bonnement contesté hier à la barre. Il l’a mal pris et fulminé qu’ils collaborent souvent.

Identifié comme Ahmed Lemdecem (Ahmed le gros, en français), Erhil Ahmed a, comme les autres, contesté toute participation dans une entreprise terroriste. Homme d’affaires, il déclare s’activer dans l’importation de batteries de voitures. Et réfute le sobriquet de “Gros” qu’on lui colle, dans cette affaire. Il soutient qu’il ne s’agit pas de lui.

D’ailleurs, à l’instar de ses co-accusés, il a affirmé n’avoir aucun lien avec Mimi Ould Baba. Accusé d’avoir participé au financement des attaques terroristes perpétrées à Ouagadougou et à Abidjan, il a contesté avec véhémence.

Même s’il ressort de la procédure, qu’il a reçu 2 millions 500 mille francs de compensation pour sa participation dans les attaques sanglantes de Ouagadougou et de Grand Bassam.

Par contre, il a reconnu avoir reçu, du nommé Yahya, un de ses amis établis en Algérie, la somme de 500 mille francs CFA. A l’en croire, cette somme constitue le remboursement d’une dette.

Le parquet requiert la perpétuité, la défense fustige

Dans son réquisitoire, le maître des poursuites, pour qui les faits sont suffisamment établis, a requis la peine maximale. C’est-à-dire la réclusion criminelle à perpétuité pour tous les accusés.

La défense a fustigé le manque d’éléments pour entrer en voie de condamnation. “Est-ce que Lemdecem signifie même le ‘gros’ ?”, s’est interrogé Me Ndiaga Dabo, avocat d’Erhil Adebe.

Je ne pense pas qu’il puisse financer le terrorisme. Pour le faire, il faut beaucoup d’argent. Est-ce qu’avec 25 mille francs CFA, on peut financer le terrorisme ?”, a relevé la robe noire.

Maitres Fatou Sarr et Fatima Sall émettent, quant à elles, des réserves sur les réquisitions faites sur les numéros de leurs clients.

Pour sa part, Me Ibrahima Mbengue a prié la chambre d’acquitter son client Atigh, qui doit aller soigner sa jambe fracturée, alors qu’il jouait au football en prison. Selon la robe noire, son client est étranger aux faits pour lesquels il est jugé.

L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 29 avril prochain.





Le Quotidien