Cette décision pose problème et suscite déjà critiques et émotions. Elle soulève aussi des interrogations. Première question : pourquoi Wade n’a-t- il pas tout simplement affrété le jet privé, petit bijou familial, de son fils Karim ? Il nous semble que pour faire voyager seulement cinq personnes et leurs bagages (Wade, son neveu et garde du corps Lamine Faye, Me Madicke Niang (ancien ministre), Pape Samba Mboup (proche collaborateur) et Samuel Sarr (conseiller financier) ce type d’aéronef pourrait parfaitement faire l’affaire parce que coûtant nettement moins cher en termes de carburant et de taxes aéroportuaires qu’un gros Airbus.
D’après l’Observateur №2562 des 03 & 04 Avril 2012 : «l’avion présidentiel prêté à Wade coûte 800 millions au contribuable sénégalais». En réfléchissant à tout ce que l’on pourrait faire avec autant d’argent en ces temps de crise, on peut se demander s’il est vraiment nécessaire de le dépenser en kérosène pour un homme qui, visiblement, n’a plus de missions officielles et ce, au moment où le Sénégalais lambda peine à acheter le kilogramme de riz parfumé à 500 F CFA. Quelles seront les véritables retombées de cette grande tournée pour notre économie si toutefois elles existent ?
Autre préoccupation : ces « amis arabes » de Gorgui, qui ne sont manifestement pas ceux du Sénégal, ne pourraient-ils pas lui envoyer, dans un dernier geste de générosité, un de leurs nombreux avions qui pourrissent dans les aéroports pour ses déplacements ? D’autres amis n’avaient pas, eux, hésité à lui offrir 18 milliards pour la réparation de la Pointe de Sangomar en son temps.
Au lieu de prêter l’avion de commandement au président sortant pour ses voyages d’adieu, le bon sens aurait en effet recommandé que Macky se limitât à lui offrir des billets d’avion en première classe dans une ligne régulière. Wade a certes droit au respect et à la considération de son successeur mais pas à des gâteries de la sorte. Comme n’importe quel président à la retraite, il ne devrait bénéficier désormais que du traitement dû à son statut d’ancien Chef d’Etat qui comprend pension, soins médicaux, résidence, véhicules et protection rapprochée à vie.
Deuxième question : que cache donc cette indigne faveur ? Pour le moment, nous préférons donner notre langue au chat. Il ne faut pas trop vite aller en besogne dit l’adage. Seulement, l’acte que vient de poser le nouveau président doit beaucoup faire réfléchir. Il s’apparente à un « deal ». En politique, une telle pratique existe et montre, parfois, des « arrangements » entre copains qui ne peuvent être révélés.
En 2000, Wade avait précipitamment, et contre toute attente, accordé l’amnistie à Diouf et à ses proches pour les mettre à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires. On s’était posé alors la question de savoir ce que cachait ce « deal » en haut lieu. Diouf avait-il fait tellement de péchés qu’il fût nécessaire de les absoudre dans leur totalité ? Aujourd’hui, c’est Wade qui bénéficie de faveurs quasiment royales que son statut actuel ne saurait aucunement justifier. En tout cas, on ne serait pas surpris de le voir, lui aussi, jouir d’une prochaine impunité pour tous ses « crimes ».
Quoi qu’il en soit, Macky vient de poser un acte qui n’honore pas ses engagements électoraux de consacrer une République des valeurs. Un Etat dans lequel les moyens ou ressources servent l’intérêt public, non pas des intérêts privés, fussent-ils ceux d’un ancien président.
Wade a toujours aimé être dans les airs ; il a voyagé toute sa vie présidentielle. Cette habitude ne l’a pas quitté après le 25 mars 2012 ; elle ne le quittera sans doute jamais. Comme disait l’autre : « la mauvaise habitude ne s’éteint pas ; elle demeure dans nos cœurs comme une pépinière de nouveaux pêchés. »
Les nouvelles autorités doivent préserver le bien public. Tel nous semble être le premier acte d’une bonne gouvernance économique, et sous ce point de vue, mettre fin aux « temps des privilèges ».
Amadou Sarr, saramadou2008@gmail.com
D’après l’Observateur №2562 des 03 & 04 Avril 2012 : «l’avion présidentiel prêté à Wade coûte 800 millions au contribuable sénégalais». En réfléchissant à tout ce que l’on pourrait faire avec autant d’argent en ces temps de crise, on peut se demander s’il est vraiment nécessaire de le dépenser en kérosène pour un homme qui, visiblement, n’a plus de missions officielles et ce, au moment où le Sénégalais lambda peine à acheter le kilogramme de riz parfumé à 500 F CFA. Quelles seront les véritables retombées de cette grande tournée pour notre économie si toutefois elles existent ?
Autre préoccupation : ces « amis arabes » de Gorgui, qui ne sont manifestement pas ceux du Sénégal, ne pourraient-ils pas lui envoyer, dans un dernier geste de générosité, un de leurs nombreux avions qui pourrissent dans les aéroports pour ses déplacements ? D’autres amis n’avaient pas, eux, hésité à lui offrir 18 milliards pour la réparation de la Pointe de Sangomar en son temps.
Au lieu de prêter l’avion de commandement au président sortant pour ses voyages d’adieu, le bon sens aurait en effet recommandé que Macky se limitât à lui offrir des billets d’avion en première classe dans une ligne régulière. Wade a certes droit au respect et à la considération de son successeur mais pas à des gâteries de la sorte. Comme n’importe quel président à la retraite, il ne devrait bénéficier désormais que du traitement dû à son statut d’ancien Chef d’Etat qui comprend pension, soins médicaux, résidence, véhicules et protection rapprochée à vie.
Deuxième question : que cache donc cette indigne faveur ? Pour le moment, nous préférons donner notre langue au chat. Il ne faut pas trop vite aller en besogne dit l’adage. Seulement, l’acte que vient de poser le nouveau président doit beaucoup faire réfléchir. Il s’apparente à un « deal ». En politique, une telle pratique existe et montre, parfois, des « arrangements » entre copains qui ne peuvent être révélés.
En 2000, Wade avait précipitamment, et contre toute attente, accordé l’amnistie à Diouf et à ses proches pour les mettre à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires. On s’était posé alors la question de savoir ce que cachait ce « deal » en haut lieu. Diouf avait-il fait tellement de péchés qu’il fût nécessaire de les absoudre dans leur totalité ? Aujourd’hui, c’est Wade qui bénéficie de faveurs quasiment royales que son statut actuel ne saurait aucunement justifier. En tout cas, on ne serait pas surpris de le voir, lui aussi, jouir d’une prochaine impunité pour tous ses « crimes ».
Quoi qu’il en soit, Macky vient de poser un acte qui n’honore pas ses engagements électoraux de consacrer une République des valeurs. Un Etat dans lequel les moyens ou ressources servent l’intérêt public, non pas des intérêts privés, fussent-ils ceux d’un ancien président.
Wade a toujours aimé être dans les airs ; il a voyagé toute sa vie présidentielle. Cette habitude ne l’a pas quitté après le 25 mars 2012 ; elle ne le quittera sans doute jamais. Comme disait l’autre : « la mauvaise habitude ne s’éteint pas ; elle demeure dans nos cœurs comme une pépinière de nouveaux pêchés. »
Les nouvelles autorités doivent préserver le bien public. Tel nous semble être le premier acte d’une bonne gouvernance économique, et sous ce point de vue, mettre fin aux « temps des privilèges ».
Amadou Sarr, saramadou2008@gmail.com