N’en déplaisent aux caciques du Parti démocratique sénégalais (PDS) et à tous ceux qui ont si tôt ri de la débâcle de Karim Wade dans la conquête de la mairie de Dakar. Bien que le nouveau Premier ministre, Souleymane Ndéné N’Diaye ait eu le courage de clamer haut et fort qu’il ne sera jamais à la solde du "filston", il va devoir accepter de collaborer étroitement avec lui au sein d’un gouvernement où le fils n’hésitera pas à exprimer son poids considérable à travers son département ministériel stratégique. Nommé ministre, Karim Wade aura la charge de traduire en actes concrets, les ambitieux projets de son père de "Gorgui" (le vieux en Wolof).
Ayant déjà fourbi ses armes en tant que président de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (ANOCI), il a maintenant les coudées franches pour gérer l’affaire "Air Sénégal international", la construction du deuxième aéroport "Blaise Diagne" de Dakar, la conduite de nombreux travaux d’infrastructures en cours dont celui de la zone franche… En somme, Karim Wade tient subtilement les rênes de la gouvernance au Sénégal. Quoi que l’on dise le jeune novice super ministre va géner la cohésion de l’équipe. Il est en réalité, comme cela l’a déjà été dans des pays africains, le Premier ministre bis qui rendra personnellement compte au papa de président. Karim Wade sera les mains, les oreilles et les yeux de "Gorgui" dans la nouvelle équipe gouvernementale.
Ainsi va l’Afrique, celle de la politique à col blanc. Le cas sénégalais n’est qu’une goutte d’eau de la pluie sournoise sonnant "la monarchisation du pouvoir d’Etat" sur le continent. Entouré des garanties d’une démocratie habilement taillée sur mesure, de nombreux dirigeants ont choisi de régner en autarcie en s’appuyant sur leur famille, leur clan, leur ethnie, leur groupe d’amis voire leur région. Si ce n’est pas au fils ou au neveu que l’on confie les postes vitaux, c’est au frère, au cousin, au beau frère au camarade d’enfance ou à tout autre membre de sa localité d’origine ou de son cercle. La confiance consanguine ou filiale prend le pas sur la compétence, la conviction idéologique, l’adhésion et l’engagement militants. Une analyse rigoureuse de la composition de la plupart des régimes africains laisse apparaître des relents latents de népotisme, d’ethnicisme, de régionalisme… de copinage. La hantise d’une quelconque trahison amène des présidents de République à se débarrasser de leurs militants de première heure pour dresser des ascenseurs à grande vitesse à leurs proches de famille ou de région.
Ils se recroquevillent sur des considérations antidémocratiques et oublient sur le chemin du règne, devenant de plus en plus long, encombrant et lassant, tous ceux qui ont forgé leur destin présidentiel. Un mauvais coaching dans la gestion des affaires de l’Etat qui suscite des frustrations au sein du régime avec le plus souvent des désertions dans les rangs du parti au pouvoir. L’ascension politique de frère, oncle ou beau frère de président n’est pas une mauvaise chose en soi. George Walker Bush a bien succédé à son père aux Etat-Unis. Les Américains l’ont jugé sur ses actes et non sur sa filiation familiale.
Parce qu’avant d’accéder au fauteuil présidentiel, George Bush fils s’est réellement forgé une place politiquement respectable au sein du parti républicain. Il en est de même pour Cristina Fernadez de Kirchner dont les idées novatrices et l’engagement militant lui ont valu de remplacer en Argentine son époux à la Présidence.
Les Africains sont conscients qu’une telle alternance est aussi possible un jour sur leur continent pour peu que la promotion du fils, du frère ou du beau frère du président ne se bâtisse pas sur des facilités choquantes, silencieusement offertes dans de nombreux pays. Ils s’opposent seulement aux "successions tombées du ciel et nominations-cadeaux" dénuées de tout mérite et dangereux pour l’avenir du pays.
La promotion "pistonnée" gagne du terrain sur le continent, au grand désarroi des militants convaincus et des compétences avérées du parti. La familiarisation du régime peut engendrer des incompréhensions très dommageables à la cohésion du pouvoir. Si des proches-parents ou amis de chef d’Etat font preuve d’une détermination (militants engagés) au sein du parti et de capacités intellectuelle et professionnelle (cadres compétents), personne ne criera au scandale lorsqu’ils manifesteront leurs désirs d’accéder à la magistrature suprême ou à des postes vitaux pour le pays. Ce qui est scandaleux et décrié à juste titre, ce sont les successions de forme monarchique. C’est une insulte pour toute la Nation dont aucun citoyen ne peut d’emblée se prévaloir un droit d’héritier.
Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)
Sidwaya le faso.com
Ayant déjà fourbi ses armes en tant que président de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (ANOCI), il a maintenant les coudées franches pour gérer l’affaire "Air Sénégal international", la construction du deuxième aéroport "Blaise Diagne" de Dakar, la conduite de nombreux travaux d’infrastructures en cours dont celui de la zone franche… En somme, Karim Wade tient subtilement les rênes de la gouvernance au Sénégal. Quoi que l’on dise le jeune novice super ministre va géner la cohésion de l’équipe. Il est en réalité, comme cela l’a déjà été dans des pays africains, le Premier ministre bis qui rendra personnellement compte au papa de président. Karim Wade sera les mains, les oreilles et les yeux de "Gorgui" dans la nouvelle équipe gouvernementale.
Ainsi va l’Afrique, celle de la politique à col blanc. Le cas sénégalais n’est qu’une goutte d’eau de la pluie sournoise sonnant "la monarchisation du pouvoir d’Etat" sur le continent. Entouré des garanties d’une démocratie habilement taillée sur mesure, de nombreux dirigeants ont choisi de régner en autarcie en s’appuyant sur leur famille, leur clan, leur ethnie, leur groupe d’amis voire leur région. Si ce n’est pas au fils ou au neveu que l’on confie les postes vitaux, c’est au frère, au cousin, au beau frère au camarade d’enfance ou à tout autre membre de sa localité d’origine ou de son cercle. La confiance consanguine ou filiale prend le pas sur la compétence, la conviction idéologique, l’adhésion et l’engagement militants. Une analyse rigoureuse de la composition de la plupart des régimes africains laisse apparaître des relents latents de népotisme, d’ethnicisme, de régionalisme… de copinage. La hantise d’une quelconque trahison amène des présidents de République à se débarrasser de leurs militants de première heure pour dresser des ascenseurs à grande vitesse à leurs proches de famille ou de région.
Ils se recroquevillent sur des considérations antidémocratiques et oublient sur le chemin du règne, devenant de plus en plus long, encombrant et lassant, tous ceux qui ont forgé leur destin présidentiel. Un mauvais coaching dans la gestion des affaires de l’Etat qui suscite des frustrations au sein du régime avec le plus souvent des désertions dans les rangs du parti au pouvoir. L’ascension politique de frère, oncle ou beau frère de président n’est pas une mauvaise chose en soi. George Walker Bush a bien succédé à son père aux Etat-Unis. Les Américains l’ont jugé sur ses actes et non sur sa filiation familiale.
Parce qu’avant d’accéder au fauteuil présidentiel, George Bush fils s’est réellement forgé une place politiquement respectable au sein du parti républicain. Il en est de même pour Cristina Fernadez de Kirchner dont les idées novatrices et l’engagement militant lui ont valu de remplacer en Argentine son époux à la Présidence.
Les Africains sont conscients qu’une telle alternance est aussi possible un jour sur leur continent pour peu que la promotion du fils, du frère ou du beau frère du président ne se bâtisse pas sur des facilités choquantes, silencieusement offertes dans de nombreux pays. Ils s’opposent seulement aux "successions tombées du ciel et nominations-cadeaux" dénuées de tout mérite et dangereux pour l’avenir du pays.
La promotion "pistonnée" gagne du terrain sur le continent, au grand désarroi des militants convaincus et des compétences avérées du parti. La familiarisation du régime peut engendrer des incompréhensions très dommageables à la cohésion du pouvoir. Si des proches-parents ou amis de chef d’Etat font preuve d’une détermination (militants engagés) au sein du parti et de capacités intellectuelle et professionnelle (cadres compétents), personne ne criera au scandale lorsqu’ils manifesteront leurs désirs d’accéder à la magistrature suprême ou à des postes vitaux pour le pays. Ce qui est scandaleux et décrié à juste titre, ce sont les successions de forme monarchique. C’est une insulte pour toute la Nation dont aucun citoyen ne peut d’emblée se prévaloir un droit d’héritier.
Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)
Sidwaya le faso.com