Revenant sur son entretien avec le Guide de la Jamahiriya arabe libyenne, le président Wade a dit ; «Kadhafi m’a appelé au téléphone pour que j’intervienne, mais j’ai mis du temps pour réfléchir encore». Selon le président sénégalais, Kadhafi voulait négocier, mais pas avec le CNT. «Il les traitait de raz et de souris», a indiqué Me Wade. «Après avoir constaté la situation évoluer, je me suis rendu à Benghazi. La France et l’Otan m’ont escorté pour que je me rende là-bas. Je lui ai dit, à travers la télévision, qu’il faut qu’il se retire», a rappelé le président sénégalais.
«Quand je suis retourné, j’ai défendu le même point de vue. A l’Union Africaine (UA), j’ai défendu la même proposition. Je leur (les chefs d’Etat africains) ai dit que Kadhafi, c’est fini ! Il n’y a que nous qui pouvons l’aider à se retirer. S’il acceptait de se retirer et qu’on demande à l’Otan d’arrêter, il nous suivrait. Il aurait sauvé sa vie. Maintenant, tout le monde dit que Wade a raison sur Kadhafi. Ils m’ont dit que si Kadhafi acceptait de se retirer, il pourrait rester en Libye», a expliqué le président Wade. À en croire le chef de l’Etat sénégalais, Kadhafi voulait «appliquer un cessez-le-feu. Mais il ne l’a pas dit publiquement».
«Mes collègues africains disaient que Kadhafi a beaucoup fait en Afrique. J’ai dit qu’il n’a rien fait en Afrique. Quel grand projet a-t-il fait en Afrique ? Quel projet énergétique a-t-il réalisé en Afrique ? Quel projet économique a-t-il crée pour un pays aussi riche que la Libye. Il m’a un jour dit j’ai 93 milliards dans les banques, je les mets à la disposition de l’Afrique. Je lui ai dit ce n’est pas vrai » s’est défendu Wade. A propos justement de l’Union Africain, Me Wade a dit avoir le droit de critiquer cette instance, «mais pas en public». «On aura un Sommet et l’on pourra se dire la vérité concernant Kadhafi», a-t-il indiqué.
Selon le président Wade, les participants à cette conférence ont reconnu le CNT et des pays ont décidé de rapatrier les fonds gardés dans leur pays par Kadhafi. Nicolas Sarkozy et David Cameron ont été félicités pour leur initiative.
«C’est dommage que vous ne me suiviez pas depuis très longtemps. Moi, je suis un libéral. J’ai toujours dit que je suis pour le droit d’ingérence. S’il y a des génocides, je suis pour que l’on intervienne pour éviter le pire. On a tenu ce débat à l’UA. Il y a des gens élus qui deviennent des dictateurs, et personne ne peut les déloger ; ni élection, ni rien. Il faut des mesures pour sauver ces pays», a estimé Wade, qui dit n’attendre rien de la Libye. «Je défends des principes», a laissé entendre le président sénégalais, qui pense que «l’UA reconnaitra le CNT, mais très tard».
On se demande s’il n’y a pas de terroriste dans le CNT ? «J’ai posé la question au président, qui m’a assuré que ce sont des Libyens qui se sont combattus contre les forces de Kadhafi. Et il m’a invité à venir visiter Tripoli pour s’en convaincre», a conclu le chef de l’Etat.
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