Le gouvernement sénégalais ne doit pas être content du Comité inter-Etat pour la sécheresse au Sahel. Cette organisation vient de publier des chiffres qui démontrent que la production céréalière a été très bonne partout au Sahel cette année. Et surtout, des pays ont réalisé de très bons chiffres de production, sans avoir pu bénéficier de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), lancée au Sénégal le 18 avril dernier. Cette Goana a visé à mener le Sénégal sur le chemin de l’autosuffisance alimentaire, en lui permettant de se nourrir de ce qui est produit dans le pays. Elle a soulevé tant d’engouement, surtout dans les milieux politiques, que bien avant la publication des chiffres officiels, une fête a été célébrée sur la Place de l’Indépendance, pour saluer les bonnes performances agricoles du pays.
Initiative qui riz
Or, on voit aujourd’hui que certains voisins, en particulier le Mali du Président Amadou Toumani Touré, ont fait beaucoup mieux et en travaillant en silence. Les chiffres publiés par la Direction de l’Agriculture du Sénégal, indiquent pourtant que, par rapport à l’année dernière, la production agricole a fait des bons impressionnants. La production nationale des céréales serait, selon les chiffres de la Direction de l’Agriculture, passée entre les deux campagnes, à 136% d’augmentation. Le Sénégal a produit, grâce à la Goana, 1 818 283 tonnes, toutes spéculations confondues.
La récupération opportuniste sur les chiffres de la Goana ne baisse pas encore, si l’on en juge par la dernière, du président du Conseil national du patronat (Cnp), M. Baïdy Agne, avant-hier. Il a jugé que «le chef de l’Etat a gagné son pari d’accroître substantiellement la production et la productivité agricole». Me Wade lui-même, parlant des performances de la Goana, n’hésite pas à imaginer le Sénégal devenu très bientôt exportateur net de céréales, ainsi que d’autres produits agricoles.
La question sera pourtant de savoir où exporter les excédents rêvés. Si l’on voit les chiffres des voisins, il y a de quoi faire la moue. Le 20 novembre dernier, le gouvernement malien a publié ses prévisions de production pour cette année, ramenant le Sénégal à un plus grand sens de la nuance.
Les Maliens ont réussi à augmenter leur production globale de céréales de 27% par rapport à l’année précédente, et atteint près de 5 millions de tonnes. Et ils indiquent, selon un communiqué publié par le ministère de l’Agriculture, que ce chiffre fait «la moitié des objectifs assignés au département de l’Agriculture dans le Programme de développement économique et social (Pdes), pour 2012» !
Douteuse offensive
Le plus grand succès de la campagne agricole au Mali est, pourtant, plus la bonne campagne rizicole. Le pays a produit 1 624 246 tonnes de riz pour cette année, en augmentation de 100,3% ! Le ministère de l’Agriculture du Mali, dirigé par Tiémoko Sangaré, a estimé que 1 million de cette production sera destiné à la commercialisation, alors que le reste est plutôt destiné à la consommation des ménages. C’est dire que le Sénégal, qui se vante d’être parvenu, grâce à la Goana, à produire 378 623 tonnes de riz cette année, en hausse de 96% par rapport aux plus de 193 000 tonnes de l’année dernière, pourra, s’il le veut, s’approvisionner chez les voisins et cousins, si le riz indien tant attendu l’année dernière, ne parvient toujours pas à trouver le chemin du Port de Dakar.
Il est connu que la production du Sénégal, malgré les bons chiffres annoncés, ne suffit pas aux besoins de consommation du pays. Mais les conditions de réalisation de cette offensive agricole sont telles que les chiffres publiés laissent sceptiques les acteurs de l’agriculture. On se rappelle que des représentants du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) ont totalement mis en doute les chiffres du ministre Hamath Sall, déclarant que «ces chiffres ne reposent sur aucun élément fiable» (voir Le Quotidien n°1743 du mardi 28 octobre 2008). Et hier, un autre leader paysan, le député Aliou Dia, président de Forces paysannes, a rappelé que si les céréales sont utiles, c’est l’arachide qui constitue la culture commerciale de base au Sénégal et crée la richesse dans les zones rurales.
Or, dans ce domaine, il juge que les objectifs du gouvernement n’ont pas été atteints et aucune explication n’a été donnée à ce phénomène. En plus de cela, à ce jour, les producteurs sénégalais ne savent toujours pas à quel prix leur produit leur sera payé, parce que le Comité national interprofessionnel de l’arachide a décidé de ne pas se presser pour publier le prix retenu. A moins de 15 jours de la fête de la Tabaski, une période où les paysans ont besoin de beaucoup d’argent.
Financement transparent
S’agissant, d’ailleurs, de l’argent, les acteurs de l’agriculture, aussi bien du Cncr que de Forces paysannes, continuent de demander des clarifications sur l’enveloppe qui a été consacrée à la campagne agricole cette année, et celle qui a été mise dans la Goana. Le gouvernement a indiqué que la Goana nécessitait une enveloppe de près de 345 milliards de francs Cfa, sans dire où et comment il a pu rassembler cette somme. Ni indiquer sa destination.
Aliou Dia considère que les résultats obtenus cette année par la Goana ne pourront se pérenniser que si tout le monde savait exactement combien d’argent y a été consacré, et d’où proviennent les différentes contributions. Et il souhaite que la Goana, si elle doit continuer, soit nettement séparée de la campagne agricole normale.
Ces inquiétudes ont été levées au Mali, en tout cas, où les sommes consacrés à l’Initiative riz ont été publiées en détail, ainsi que leur provenance. Le document du ministère de l’Agriculture du Mali souligne : «L’Initiative Riz a été lancée par le gouvernement dans le contexte de la crise généralisée sur les prix des denrées alimentaires, ceux du prix ayant connu la plus forte croissance depuis la moitié de l’année 2007.»
La subvention de l’Etat pour soutenir la production dans le cadre de l’Initiative Riz se chiffre, toujours selon les mêmes sources, à la somme de 10,71 milliards de francs Cfa, orientés sur les semences et les engrais, ainsi que sur l’appui conseil.
L’Etat malien a apporté 5 milliards, tandis que le Canada, les Pays-Bas, la Banque mondiale, le Danemark, la Bad, la Fao et le Pnud contribuaient pour le reste du montant. L’offensive la plus réussie ne serait-elle pas, pour bientôt, celle qui va consister à s’inspirer des exemples réussis chez les voisins ?
source le quotidien
Initiative qui riz
Or, on voit aujourd’hui que certains voisins, en particulier le Mali du Président Amadou Toumani Touré, ont fait beaucoup mieux et en travaillant en silence. Les chiffres publiés par la Direction de l’Agriculture du Sénégal, indiquent pourtant que, par rapport à l’année dernière, la production agricole a fait des bons impressionnants. La production nationale des céréales serait, selon les chiffres de la Direction de l’Agriculture, passée entre les deux campagnes, à 136% d’augmentation. Le Sénégal a produit, grâce à la Goana, 1 818 283 tonnes, toutes spéculations confondues.
La récupération opportuniste sur les chiffres de la Goana ne baisse pas encore, si l’on en juge par la dernière, du président du Conseil national du patronat (Cnp), M. Baïdy Agne, avant-hier. Il a jugé que «le chef de l’Etat a gagné son pari d’accroître substantiellement la production et la productivité agricole». Me Wade lui-même, parlant des performances de la Goana, n’hésite pas à imaginer le Sénégal devenu très bientôt exportateur net de céréales, ainsi que d’autres produits agricoles.
La question sera pourtant de savoir où exporter les excédents rêvés. Si l’on voit les chiffres des voisins, il y a de quoi faire la moue. Le 20 novembre dernier, le gouvernement malien a publié ses prévisions de production pour cette année, ramenant le Sénégal à un plus grand sens de la nuance.
Les Maliens ont réussi à augmenter leur production globale de céréales de 27% par rapport à l’année précédente, et atteint près de 5 millions de tonnes. Et ils indiquent, selon un communiqué publié par le ministère de l’Agriculture, que ce chiffre fait «la moitié des objectifs assignés au département de l’Agriculture dans le Programme de développement économique et social (Pdes), pour 2012» !
Douteuse offensive
Le plus grand succès de la campagne agricole au Mali est, pourtant, plus la bonne campagne rizicole. Le pays a produit 1 624 246 tonnes de riz pour cette année, en augmentation de 100,3% ! Le ministère de l’Agriculture du Mali, dirigé par Tiémoko Sangaré, a estimé que 1 million de cette production sera destiné à la commercialisation, alors que le reste est plutôt destiné à la consommation des ménages. C’est dire que le Sénégal, qui se vante d’être parvenu, grâce à la Goana, à produire 378 623 tonnes de riz cette année, en hausse de 96% par rapport aux plus de 193 000 tonnes de l’année dernière, pourra, s’il le veut, s’approvisionner chez les voisins et cousins, si le riz indien tant attendu l’année dernière, ne parvient toujours pas à trouver le chemin du Port de Dakar.
Il est connu que la production du Sénégal, malgré les bons chiffres annoncés, ne suffit pas aux besoins de consommation du pays. Mais les conditions de réalisation de cette offensive agricole sont telles que les chiffres publiés laissent sceptiques les acteurs de l’agriculture. On se rappelle que des représentants du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) ont totalement mis en doute les chiffres du ministre Hamath Sall, déclarant que «ces chiffres ne reposent sur aucun élément fiable» (voir Le Quotidien n°1743 du mardi 28 octobre 2008). Et hier, un autre leader paysan, le député Aliou Dia, président de Forces paysannes, a rappelé que si les céréales sont utiles, c’est l’arachide qui constitue la culture commerciale de base au Sénégal et crée la richesse dans les zones rurales.
Or, dans ce domaine, il juge que les objectifs du gouvernement n’ont pas été atteints et aucune explication n’a été donnée à ce phénomène. En plus de cela, à ce jour, les producteurs sénégalais ne savent toujours pas à quel prix leur produit leur sera payé, parce que le Comité national interprofessionnel de l’arachide a décidé de ne pas se presser pour publier le prix retenu. A moins de 15 jours de la fête de la Tabaski, une période où les paysans ont besoin de beaucoup d’argent.
Financement transparent
S’agissant, d’ailleurs, de l’argent, les acteurs de l’agriculture, aussi bien du Cncr que de Forces paysannes, continuent de demander des clarifications sur l’enveloppe qui a été consacrée à la campagne agricole cette année, et celle qui a été mise dans la Goana. Le gouvernement a indiqué que la Goana nécessitait une enveloppe de près de 345 milliards de francs Cfa, sans dire où et comment il a pu rassembler cette somme. Ni indiquer sa destination.
Aliou Dia considère que les résultats obtenus cette année par la Goana ne pourront se pérenniser que si tout le monde savait exactement combien d’argent y a été consacré, et d’où proviennent les différentes contributions. Et il souhaite que la Goana, si elle doit continuer, soit nettement séparée de la campagne agricole normale.
Ces inquiétudes ont été levées au Mali, en tout cas, où les sommes consacrés à l’Initiative riz ont été publiées en détail, ainsi que leur provenance. Le document du ministère de l’Agriculture du Mali souligne : «L’Initiative Riz a été lancée par le gouvernement dans le contexte de la crise généralisée sur les prix des denrées alimentaires, ceux du prix ayant connu la plus forte croissance depuis la moitié de l’année 2007.»
La subvention de l’Etat pour soutenir la production dans le cadre de l’Initiative Riz se chiffre, toujours selon les mêmes sources, à la somme de 10,71 milliards de francs Cfa, orientés sur les semences et les engrais, ainsi que sur l’appui conseil.
L’Etat malien a apporté 5 milliards, tandis que le Canada, les Pays-Bas, la Banque mondiale, le Danemark, la Bad, la Fao et le Pnud contribuaient pour le reste du montant. L’offensive la plus réussie ne serait-elle pas, pour bientôt, celle qui va consister à s’inspirer des exemples réussis chez les voisins ?
source le quotidien