On ne vous présente plus, certes, mais dites à nos lecteurs qui est réellement Ansoumana Dione ?
Je suis né le 22 janvier 1970 à Kaolack. J’ai également grandi dans cette ville. Mais, c’est à Rufisque que j’ai débuté mon combat pour la prise en charge des malades mentaux. Comme les décisions se prennent toujours à Dakar, j’ai fini de m’y installer en permanence depuis 2000.
Ansoumana Dione était-t-il un malade mental ?
Contrairement à ce que beaucoup pensent, c’est un de mes frères, du nom de Salif Dione, qui était un malade mental. D’ailleurs, c’est à cause de sa maladie que j’ai arrêté mes études. En ce temps-là, j’étais en classe de seconde au lycée. J’ai quitté l’école pour m’investir dans le commerce de tissus pour venir à son aide. Je faisais la navette entre le Sénégal, la Gambie et la Mauritanie. Mais, mes activités ont fini par tomber à l’eau à cause de la maladie de mon frère. Le 14 juillet 2000, alors qu’il était hospitalisé à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye, une idée m’est venu à l’esprit. J’ai pensé qu’il y avait une mission qui dormait en moi. Et cette mission c’était de venir en aide aux malades mentaux. C’est ainsi que depuis ce jour, mes amis et moi avons décidé de créer l’Association pour l’assistance et le suivi des malades mentaux (Assam) dont je suis le président. Aujourd’hui, je n’ai aucune autre activité outre que l’aide aux malades mentaux.
Quels sont les objectifs de l’Assam ?
Nous avons d’abord un objectif de sensibilisation des populations sur la prise en charge des malades mentaux errants. Nous intervenons également dans la lutte contre la drogue…
Plus d’une décennie, mais on l’impression que rien n'a changé dans votre combat...
Nous rencontrons d’énormes problèmes. Les autorités sénégalaises ne font aucune action en faveur des malades mentaux errants. Aujourd’hui, ils sont laissés à eux-mêmes avec tout le danger qu’ils constituent pour les populations. De notre côté, nous ne recevons aucun soutien de la part des autorités alors que nous menons un combat que tout le monde qualifie de noble. Nous n’avons plus de moyens pour venir en aide aux malades mentaux. De plus, notre association est lourdement endettée. Je peux dire que nous sommes dans la même situation que des malades mentaux errants.
Et si vous nous présentiez votre bilan?
Nous avons réalisé beaucoup de choses que je ne peux pas citez ici. Mais, je peux vous dire que nous avons construit un Centre d’encadrement et de traitement des malades mentaux à Kaolack d’un montant de 800 millions de francs Cfa depuis 2000. En ce temps-là, il n’y avait même pas une Journée mondiale de la santé mentale. C’est nous qui avons pu convaincre l’Organisation mondiale de la santé (Oms) à dédier une Journée nationale de la santé mentale. Et, c’est la date du 10 octobre qui a été retenue pour célébrer cette journée de la santé mentale.
Qu’est-ce qui est à l’origine de votre différend avec le ministre de la Santé ?
On avait écrit au ministre de la Santé et de l’Action sociale, Awa Marie Coll Seck, pour lui demander un appui financier de 2,5 millions de Cfa afin d’éponger nos dettes qui s’élevaient à 1,5 millions. Le reste de cet argent devait servir à préparer le prochain conseil interministériel sur la santé mentale. Il s’agit entre de régler les frais de déplacement des membres de l’association, les documents qu’on devait confectionner et le téléphone.
Mais, en réponse à notre demande, le ministre nous a demandé de nous adresser au Directeur général de l’Action sociale. Quand j’ai appelé ce dernier, qui se trouve être le docteur Cheikh Ndiaye, j’ai été surpris. Non seulement le monsieur m’a dit qu’il ne peut nous octroyer cette somme d’argent mais il s’est comporté comme un enfant en me raccrochant au nez. Et récemment j’ai entendu, le même Dr Cheikh Ndiaye parrainer des soirées, des combats de lutte. Ce que je trouve inacceptable.
C’est la seule affaire qui vous oppose au ministre ?
Vous savez, nous ne recevons qu’une enveloppe de 300 mille francs toute l’année comme subvention. Ce qui est insuffisant. D’ailleurs, quand je suis retourné vers le ministre pour lui rendre compte, elle m’a fait envoyer son Directeur général de la santé et son conseiller en communication pour nous faire signer un contrat. Ce que nous avons refusé. Parce que, pour éponger nos dettes, je ne vois pas pourquoi elle veut nous faire signer un contrat. Ce n’est pas sérieux. J’ai clairement dit à Awa Marie Coll Seck que l’Assam veut signer une convention et non contrat. Je pense qu’il y a une jalousie, une méchanceté de sa part. Maintenant, je commence à croire aux confidences que m’avait faites le Professeur Momar Guèye de l’hôpital Fann.
Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
En 2001, j’avais écrit Awa Marie Coll Seck alors ministre de la Santé sous Wade. Elle m’a demandé d’aller prendre attache avec Momar Guèye. J’ai rencontré ce dernier qui m’a dit ceci : « Mr Dione ne vous fatiguez pas, nos autorités ne s’intéressent pas à la santé mentale. Elles ne vont rien faire pour la santé mentale ». Je lui avait répondu que je vais me battre alors contre elles.
C’est ce qui explique donc vos sit-in devant le Palais ?
C’est la Constitution qui garantit le droit à la santé pour tous les citoyens. Puisque les membres du gouvernement ne veulent pas faire quelque chose, on va obliger le président de la République à prendre ses responsabilités. Sous Wade, j’ai été arrêté devant les grilles du Palais de la République et conduit au commissariat et gardé-à-vue. Le lendemain on m’a entendu sur Procès-verbal (Pv) avant de me relaxer. Et c’est grâce à ce Pv que le Président Wade m’a reçu un certain 22 novembre 2002.
Sous Macky Sall, à la veille la déclaration de politique générale du Premier ministre Abdoul Mbaye l’Assam avait demandé à ce que la question de la prise en charge des malades mentaux soit prise en compte. Mais, nous étions surpris le jour de cette déclaration. Car, ni le Premier ministre encore moins les députés n’ont fait cas de nos préoccupations. Aussitôt après cette forfaiture, j’ai pris mon téléphone portable et j’ai alerté la presse pour leur dire que je vais organiser un sit-in devant le Palais. C’était le 13 août dernier. Ce jour-là j’ai été arrêté et conduit au commissariat de Dakar Plateau. J’y ai passé la nuit. Le lendemain, j’ai été déféré au parquet. Mais malheureusement, le procureur n’y était pas. Alors, j’ai bénéficié d’un retour de parquet. C’était le vendredi, j’ai passé trois jours en détention. Le lundi on m’a présenté devant le procureur qui m’a placé sous mandat de dépôt pour rassemblement illicite. Mais j’ai été relaxé par le juge.
Quelle est l’importance de cette convention que vous voulez signer avec le ministère de la Santé ?
Nous avons demandé au ministère de la Santé la tenue d’une réunion de partage sur le document pour le fonctionnement et l’encadrement du Centre des malades mentaux de Kaolack. Cette réunion devait aboutir à la signature de la convention entre le ministère et l’Assam. Mais, elle a promis au directeur de la promotion des personnes handicapés, Lamine Faty, qu’elle va le nommer comme directeur à Kaolack. Lorsque le message m’est parvenu, je lui ai demandé une audience. Je lui ai dit notre opposition à la nomination d’un directeur pour le centre alors que la convention n’a pas encore été signée. Ce qu’elle a voulu faire, c’est de la haute trahison parce que ce n’est pas ce qu’on avait convenu. Je lui ai dit que je vais aller voir le président Macky Sall. Elle m’a dit d’aller voir qui je veux car ce dernier ne pourra rien de ce qu’elle va faire. C’est ainsi que j’ai quitté son bureau. J’ai écrit au président de la République avec ampliation au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur. C’est à travers cette lettre que j’ai été convoqué à la Division des investigations criminelles. Je ne pouvais pas m’y rendre parce qu’il ne s’agissait pas de propos outrageants mais plutôt d’une plainte.
Au moment où je vous parle, le président de la République a tous les éléments pour pouvoir trancher sur notre différend. J’ai clairement dit à Awa Marie Coll Seck que dans ce bras de fer c’est elle qui va tomber. Je lui avais dit qu’elle est trop puissante mais qu’elle ne s’appuie pas sur la vérité. Nous n’avons certes pas de moyens, mais nous avons des papiers juridiques sur lesquels nous fondons nos argumentaires pour convaincre le président de la République.
Qu’avez-vous dit au président de la République ?
Présentement, on attend l’arbitrage de Macky Sall. Il y a une semaine, il nous a écrit pour nous faire part de la tenue imminente du Conseil interministériel sur la prise en charge des malades mentaux.
Combien y a-t-il de malades mentaux au Sénégal ?
Franchement, personne ne peux vous dire le nombre exact de déficients mentaux. Ni le ministère de la Santé encore moins l’Oms (Organisation mondiale de la santé) et même les spécialistes de la santé ne peuvent vous donner des chiffres exacts. Le Président Wade avait une fois posé cette question, sans jamais trouver de réponse.
Pourquoi vous n’avez pas cherché à connaitre le nombre ?
En 2000, lorsqu’on a mis sur pied l’Assam, j’avais fait le tour du Sénégal. J’avais rencontré les malades mentaux errants dans les quartiers, les villages et les maisons. Je me souviens que lorsque je suis arrivé à Fatick, j’été reçu par le Curé. C’est là qu’il m’a dit : « Est-ce qu’on aura la possibilité d’avoir un centre ? » Je lui ai répondu : « Si chaque Sénégalais pouvait construire un centre psychiatrique dans sa localité ce serait mieux ». Il m’a dit qu’il allait faire de telle sorte que Fatick ait un centre pour les malades mentaux. C’est ainsi qu’il a construit le Dalal Khel de Fatick qui dépend de l’hôpital Saint Jean De Dieu de Thiès. Il y a trop de déficients mentaux. Ils sont soit enfermés par leur famille soit dans les rues ou devant le Palais de la République.
Quel message lancez-vous à l’endroit des autorités ?
Nous sollicitons un appui financier et logistique de la part du président de la République Macky Sall. Mais, nous souhaiterions que cela passent par la signature de la convention. Elle (la convention) devra être signée parce que le centre de Kaolack appartient aux malades mentaux errants. Awa Marie Coll Seck cherche à nommer un directeur général pour nous écarter de la gestion. Ce que je considère comme de la méchanceté, de la jalousie et un manque de respect envers les malades mentaux. Elle veut leur ôter l’un de leurs véritables défenseurs. C’est leur manquer de respect.
Vous voulez qu’on vous confie la gestion du centre?
Ce n’est pas parce que nous voulons gérer une structure mais il ne devait pas y avoir un directeur dans ce centre. C’est une convention qu’on doit signer laquelle doit nous conférer la gestion. C’est-à-dire le ministère met à notre disposition tous les moyens nécessaires et il peut nous auditer à tout moment. Je signale que, lors du conseil des ministres, tenu le jeudi 11 octobre 2012, le président de la République avait instruit le ministre d’ouvrir et d’équiper le centre au plus tard à la fin de cette année 2013 et de l’exploiter avec l’Assam. Mais jusqu’à l’heure où je vous parle, elle n’a pas respecté les directives de Macky Sall. Ce, parce que tout simplement, elle veut caser une clientèle politique. Ce que nous n’allons jamais accepter. Je dis haut et fort que personne ne peut nous empêcher de gérer ce centre qui a été construit sur notre propre terrain. Nous ne sommes pas des assistants sociaux, mais des entrepreneurs sociaux, des gens qui travaillent mieux que le président de la République. Ce que nous faisons est 10 mille fois plus important que ce que fait le président Macky Sall lui-même. Défendre les malades mentaux errants, faire de telle sorte qu’ils quittent la rue pour la sécurité des populations, il n’y a pas mieux que ça. Quand Macky Sall parle de Yoonu Yokkuté, ça suppose qu’on doit commencer au niveau zéro. Et le niveau zéro c’est les malades mentaux.
Entretien réalisé par Lamine Diedhiou (www.leral.net)
Je suis né le 22 janvier 1970 à Kaolack. J’ai également grandi dans cette ville. Mais, c’est à Rufisque que j’ai débuté mon combat pour la prise en charge des malades mentaux. Comme les décisions se prennent toujours à Dakar, j’ai fini de m’y installer en permanence depuis 2000.
Ansoumana Dione était-t-il un malade mental ?
Contrairement à ce que beaucoup pensent, c’est un de mes frères, du nom de Salif Dione, qui était un malade mental. D’ailleurs, c’est à cause de sa maladie que j’ai arrêté mes études. En ce temps-là, j’étais en classe de seconde au lycée. J’ai quitté l’école pour m’investir dans le commerce de tissus pour venir à son aide. Je faisais la navette entre le Sénégal, la Gambie et la Mauritanie. Mais, mes activités ont fini par tomber à l’eau à cause de la maladie de mon frère. Le 14 juillet 2000, alors qu’il était hospitalisé à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye, une idée m’est venu à l’esprit. J’ai pensé qu’il y avait une mission qui dormait en moi. Et cette mission c’était de venir en aide aux malades mentaux. C’est ainsi que depuis ce jour, mes amis et moi avons décidé de créer l’Association pour l’assistance et le suivi des malades mentaux (Assam) dont je suis le président. Aujourd’hui, je n’ai aucune autre activité outre que l’aide aux malades mentaux.
Quels sont les objectifs de l’Assam ?
Nous avons d’abord un objectif de sensibilisation des populations sur la prise en charge des malades mentaux errants. Nous intervenons également dans la lutte contre la drogue…
Plus d’une décennie, mais on l’impression que rien n'a changé dans votre combat...
Nous rencontrons d’énormes problèmes. Les autorités sénégalaises ne font aucune action en faveur des malades mentaux errants. Aujourd’hui, ils sont laissés à eux-mêmes avec tout le danger qu’ils constituent pour les populations. De notre côté, nous ne recevons aucun soutien de la part des autorités alors que nous menons un combat que tout le monde qualifie de noble. Nous n’avons plus de moyens pour venir en aide aux malades mentaux. De plus, notre association est lourdement endettée. Je peux dire que nous sommes dans la même situation que des malades mentaux errants.
Et si vous nous présentiez votre bilan?
Nous avons réalisé beaucoup de choses que je ne peux pas citez ici. Mais, je peux vous dire que nous avons construit un Centre d’encadrement et de traitement des malades mentaux à Kaolack d’un montant de 800 millions de francs Cfa depuis 2000. En ce temps-là, il n’y avait même pas une Journée mondiale de la santé mentale. C’est nous qui avons pu convaincre l’Organisation mondiale de la santé (Oms) à dédier une Journée nationale de la santé mentale. Et, c’est la date du 10 octobre qui a été retenue pour célébrer cette journée de la santé mentale.
Qu’est-ce qui est à l’origine de votre différend avec le ministre de la Santé ?
On avait écrit au ministre de la Santé et de l’Action sociale, Awa Marie Coll Seck, pour lui demander un appui financier de 2,5 millions de Cfa afin d’éponger nos dettes qui s’élevaient à 1,5 millions. Le reste de cet argent devait servir à préparer le prochain conseil interministériel sur la santé mentale. Il s’agit entre de régler les frais de déplacement des membres de l’association, les documents qu’on devait confectionner et le téléphone.
Mais, en réponse à notre demande, le ministre nous a demandé de nous adresser au Directeur général de l’Action sociale. Quand j’ai appelé ce dernier, qui se trouve être le docteur Cheikh Ndiaye, j’ai été surpris. Non seulement le monsieur m’a dit qu’il ne peut nous octroyer cette somme d’argent mais il s’est comporté comme un enfant en me raccrochant au nez. Et récemment j’ai entendu, le même Dr Cheikh Ndiaye parrainer des soirées, des combats de lutte. Ce que je trouve inacceptable.
C’est la seule affaire qui vous oppose au ministre ?
Vous savez, nous ne recevons qu’une enveloppe de 300 mille francs toute l’année comme subvention. Ce qui est insuffisant. D’ailleurs, quand je suis retourné vers le ministre pour lui rendre compte, elle m’a fait envoyer son Directeur général de la santé et son conseiller en communication pour nous faire signer un contrat. Ce que nous avons refusé. Parce que, pour éponger nos dettes, je ne vois pas pourquoi elle veut nous faire signer un contrat. Ce n’est pas sérieux. J’ai clairement dit à Awa Marie Coll Seck que l’Assam veut signer une convention et non contrat. Je pense qu’il y a une jalousie, une méchanceté de sa part. Maintenant, je commence à croire aux confidences que m’avait faites le Professeur Momar Guèye de l’hôpital Fann.
Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
En 2001, j’avais écrit Awa Marie Coll Seck alors ministre de la Santé sous Wade. Elle m’a demandé d’aller prendre attache avec Momar Guèye. J’ai rencontré ce dernier qui m’a dit ceci : « Mr Dione ne vous fatiguez pas, nos autorités ne s’intéressent pas à la santé mentale. Elles ne vont rien faire pour la santé mentale ». Je lui avait répondu que je vais me battre alors contre elles.
C’est ce qui explique donc vos sit-in devant le Palais ?
C’est la Constitution qui garantit le droit à la santé pour tous les citoyens. Puisque les membres du gouvernement ne veulent pas faire quelque chose, on va obliger le président de la République à prendre ses responsabilités. Sous Wade, j’ai été arrêté devant les grilles du Palais de la République et conduit au commissariat et gardé-à-vue. Le lendemain on m’a entendu sur Procès-verbal (Pv) avant de me relaxer. Et c’est grâce à ce Pv que le Président Wade m’a reçu un certain 22 novembre 2002.
Sous Macky Sall, à la veille la déclaration de politique générale du Premier ministre Abdoul Mbaye l’Assam avait demandé à ce que la question de la prise en charge des malades mentaux soit prise en compte. Mais, nous étions surpris le jour de cette déclaration. Car, ni le Premier ministre encore moins les députés n’ont fait cas de nos préoccupations. Aussitôt après cette forfaiture, j’ai pris mon téléphone portable et j’ai alerté la presse pour leur dire que je vais organiser un sit-in devant le Palais. C’était le 13 août dernier. Ce jour-là j’ai été arrêté et conduit au commissariat de Dakar Plateau. J’y ai passé la nuit. Le lendemain, j’ai été déféré au parquet. Mais malheureusement, le procureur n’y était pas. Alors, j’ai bénéficié d’un retour de parquet. C’était le vendredi, j’ai passé trois jours en détention. Le lundi on m’a présenté devant le procureur qui m’a placé sous mandat de dépôt pour rassemblement illicite. Mais j’ai été relaxé par le juge.
Quelle est l’importance de cette convention que vous voulez signer avec le ministère de la Santé ?
Nous avons demandé au ministère de la Santé la tenue d’une réunion de partage sur le document pour le fonctionnement et l’encadrement du Centre des malades mentaux de Kaolack. Cette réunion devait aboutir à la signature de la convention entre le ministère et l’Assam. Mais, elle a promis au directeur de la promotion des personnes handicapés, Lamine Faty, qu’elle va le nommer comme directeur à Kaolack. Lorsque le message m’est parvenu, je lui ai demandé une audience. Je lui ai dit notre opposition à la nomination d’un directeur pour le centre alors que la convention n’a pas encore été signée. Ce qu’elle a voulu faire, c’est de la haute trahison parce que ce n’est pas ce qu’on avait convenu. Je lui ai dit que je vais aller voir le président Macky Sall. Elle m’a dit d’aller voir qui je veux car ce dernier ne pourra rien de ce qu’elle va faire. C’est ainsi que j’ai quitté son bureau. J’ai écrit au président de la République avec ampliation au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur. C’est à travers cette lettre que j’ai été convoqué à la Division des investigations criminelles. Je ne pouvais pas m’y rendre parce qu’il ne s’agissait pas de propos outrageants mais plutôt d’une plainte.
Au moment où je vous parle, le président de la République a tous les éléments pour pouvoir trancher sur notre différend. J’ai clairement dit à Awa Marie Coll Seck que dans ce bras de fer c’est elle qui va tomber. Je lui avais dit qu’elle est trop puissante mais qu’elle ne s’appuie pas sur la vérité. Nous n’avons certes pas de moyens, mais nous avons des papiers juridiques sur lesquels nous fondons nos argumentaires pour convaincre le président de la République.
Qu’avez-vous dit au président de la République ?
Présentement, on attend l’arbitrage de Macky Sall. Il y a une semaine, il nous a écrit pour nous faire part de la tenue imminente du Conseil interministériel sur la prise en charge des malades mentaux.
Combien y a-t-il de malades mentaux au Sénégal ?
Franchement, personne ne peux vous dire le nombre exact de déficients mentaux. Ni le ministère de la Santé encore moins l’Oms (Organisation mondiale de la santé) et même les spécialistes de la santé ne peuvent vous donner des chiffres exacts. Le Président Wade avait une fois posé cette question, sans jamais trouver de réponse.
Pourquoi vous n’avez pas cherché à connaitre le nombre ?
En 2000, lorsqu’on a mis sur pied l’Assam, j’avais fait le tour du Sénégal. J’avais rencontré les malades mentaux errants dans les quartiers, les villages et les maisons. Je me souviens que lorsque je suis arrivé à Fatick, j’été reçu par le Curé. C’est là qu’il m’a dit : « Est-ce qu’on aura la possibilité d’avoir un centre ? » Je lui ai répondu : « Si chaque Sénégalais pouvait construire un centre psychiatrique dans sa localité ce serait mieux ». Il m’a dit qu’il allait faire de telle sorte que Fatick ait un centre pour les malades mentaux. C’est ainsi qu’il a construit le Dalal Khel de Fatick qui dépend de l’hôpital Saint Jean De Dieu de Thiès. Il y a trop de déficients mentaux. Ils sont soit enfermés par leur famille soit dans les rues ou devant le Palais de la République.
Quel message lancez-vous à l’endroit des autorités ?
Nous sollicitons un appui financier et logistique de la part du président de la République Macky Sall. Mais, nous souhaiterions que cela passent par la signature de la convention. Elle (la convention) devra être signée parce que le centre de Kaolack appartient aux malades mentaux errants. Awa Marie Coll Seck cherche à nommer un directeur général pour nous écarter de la gestion. Ce que je considère comme de la méchanceté, de la jalousie et un manque de respect envers les malades mentaux. Elle veut leur ôter l’un de leurs véritables défenseurs. C’est leur manquer de respect.
Vous voulez qu’on vous confie la gestion du centre?
Ce n’est pas parce que nous voulons gérer une structure mais il ne devait pas y avoir un directeur dans ce centre. C’est une convention qu’on doit signer laquelle doit nous conférer la gestion. C’est-à-dire le ministère met à notre disposition tous les moyens nécessaires et il peut nous auditer à tout moment. Je signale que, lors du conseil des ministres, tenu le jeudi 11 octobre 2012, le président de la République avait instruit le ministre d’ouvrir et d’équiper le centre au plus tard à la fin de cette année 2013 et de l’exploiter avec l’Assam. Mais jusqu’à l’heure où je vous parle, elle n’a pas respecté les directives de Macky Sall. Ce, parce que tout simplement, elle veut caser une clientèle politique. Ce que nous n’allons jamais accepter. Je dis haut et fort que personne ne peut nous empêcher de gérer ce centre qui a été construit sur notre propre terrain. Nous ne sommes pas des assistants sociaux, mais des entrepreneurs sociaux, des gens qui travaillent mieux que le président de la République. Ce que nous faisons est 10 mille fois plus important que ce que fait le président Macky Sall lui-même. Défendre les malades mentaux errants, faire de telle sorte qu’ils quittent la rue pour la sécurité des populations, il n’y a pas mieux que ça. Quand Macky Sall parle de Yoonu Yokkuté, ça suppose qu’on doit commencer au niveau zéro. Et le niveau zéro c’est les malades mentaux.
Entretien réalisé par Lamine Diedhiou (www.leral.net)