Pouvez nous faire le bilan de votre dernier congrès pendant lequel vous avez encore bénéficié de la confiance de vos collègues?
Un bilan satisfaisant en général. L’organisation du congrès à l’Ucad nous a permis de nous rendre compte que, dans cette université, il manquait cruellement de salles pour les ateliers, ce qui est un comble. A la Faseg, on se demande comment les étudiants arrivent à suivre les cours dans les amphis A et B à cause d’une résonance exécrable. Si l’on faisait des tests d’audition à ceux qui ont suivi des cours durant une année, les parents auraient de quoi attaquer l’Ucad.
La table-ronde ouverte au public a été une innovation même s’il faut reconnaître qu’elle n’a pas eu le succès escompté pour différentes raisons que je préfère ne pas évoquer ici.
Le mandat est très clair, également, pour les 3 ans à venir. Il s’agira de réparer cette injustice concernant la misérable pension de retraite servie à des fonctionnaires pourtant au sommet de la hiérarchie de la fonction publique. Ces mêmes fonctionnaires sont rejetés avec leurs familles des structures sanitaires pour défaut de paiement par les universités. L’accès à la propriété bâtie reste une chimère pour une catégorie pourtant décrite comme riche : nous ne pouvons même pas compétir sur les programmes de la Sicap.
Justement, quels enseignements tirez-vous de votre réélection nonobstant toutes les manœuvres dont vous avez eu à faire face personnellement ?
Chaque régime politique qui accède au pouvoir a besoin d’étendre son espace de domination et, sous ce rapport, cherche à restreindre tout espace qui pourrait annihiler ou contrarier ce dessein. Une organisation telle que la nôtre est née autonome et ne peut donc aucunement être victime de cela. Le meilleur lait de la démocratie est l’indépendance et on ne le substituera jamais au lait frelaté d’une participation responsable d’un âge précambrien.
Je salue la clairvoyance des camarades qui ont compris que le Saes est et reste un instrument indispensable, non seulement, à la défense de nos intérêts matériels et moraux mais aussi à la défense de l’Université publique, laïque et gratuite.
Pouvez-vous revenir un peu sur le choix des thématiques ?
Vous savez, il y a deux ans que la Banque mondiale est revenue. Parce que souvenez-vous qu’en 1993 et 1994, la Banque mondiale était déjà là avec la fameuse concertation nationale dont les conclusions avaient été déposées le 09 décembre 1993, deux semaines juste après mon arrivée. Donc j’ai participé à la mise en route et à l’opposition ferme du Saes. Parce qu’en ce moment là, la Banque mondiale, dans son optique, disait que les pays, comme les nôtres, n’avaient pas d'enseignement supérieur très développé. D’ailleurs, ils étaient même en train de retenir ou en tout cas de bloquer et d’ailleurs ça a déjà été fait parce que si vous regardez bien, vous vous rendrez compte que l’Ugb, qui a aujourd’hui près de 25 ans, compte plus de sept mille étudiants. Et donc la Banque mondiale disait qu’il fallait plutôt investir dans l’éducation de base et que nous à la limite, Bac plus deux ça suffisait. L’université virtuelle africaine dont nous africains, nous ne serions que des moniteurs pour un peu encadrer les étudiants à partir de cours magistraux qu’ils suivraient en vidéo conférence, délivré par, entre guillemets, de grands professeurs canadiens, américains, français, etc. Ils voulaient également que le Bac ne fût plus le sésame pour aller à l’Université. Nous nous sommes opposés à ça. C’est pourquoi je veux dire haut et fort aux étudiants d’aujourd’hui que si ce n’était pas ce Saes aujourd’hui, on n’aurait pas eu ce problème de sureffectif. Parce que beaucoup d’entre eux ne seraient pas aujourd’hui à l’Université. C’était du temps des Modou Diagne Fada qui étaient les bras armés du Parti démocratique sénégalais (Pds) à l’époque.
Est-ce une opération de charme pour ne pas dire de séduction que vous êtes en train de faire auprès des étudiants notamment ?
Oui, justement, il ne faut pas que les gens se trompent. Les dirigeants étudiants comprennent parfaitement le système. Quand nous avons entamé notre mouvement de 2011 à la suite duquel, nous avions pu signer un protocole d’accord avec le gouvernement qui était là le 21 mars 2011 et que nous avions été trahis, c’est le mot, par le ministre de l’enseignement supérieur de l’époque Amadou Tidiane Ba qui avait des comptes à régler avec le Saes. Décidément le Saes a des problèmes avec les gens qui l’ont toujours combattu, qui n’avaient jamais eu confiance en ses pères fondateurs, en les traitant à l’époque de petits assistants ambitieux. Parce qu’à l’époque tout le monde était nommé jusqu’au doyen. Il fallait être dans le parti ou avoir des accointances. C’est le Saes qui a cassé ça avec la gestion démocratique qui a amené aujourd’hui que ces doyens, directeurs de l’Ufr, sont élus par leurs pairs. Quand ces gens ont voulu être doyens, en l’occurrence ce ministre, là, les jeunes du Saes, qui sont les jeunes héritiers du Saes, qui le traînait dans la boue avec ses amis, n’ont pas voté pour lui. Il en a gardé une dent jusqu’à aujourd’hui. Il mourra avec ça certainement puisqu’il est à la retraite actuellement. Il n’aura jamais été doyen de la faculté des sciences. Donc c’est pour ça, il ne faut jamais insulter l’avenir. Parce que les plus grandes victoires sont remportées par des groupuscules à la limite de personnes, mais qui ont une foi profonde dans ce qu’ils font. Et qui n’ont de motivation que la recherche de la vérité quoi qu’il leur en coûte. Parce que beaucoup d’entre vous n’ont rien eu à faire. Mais simplement, ils ont la reconnaissance de leurs petits frères et de leurs petites sœurs et ils sont toujours avec nous. Donc quand nous avons connu cette trahison de ce ministre en question, nous étions à la limite obligés de repartir en mouvement en 2012. C’est pour cela que je disais à certains que cette grève de 2012 était une grève induite. C’est-à-dire, c’est une grève qui est la grève du gouvernement pour avoir trahi tout ce qu’il avait signé. Parce que pour nous, il y avait un protocole d’accord, mais ce n’est que la matérialisation, d’un justement d’un accord entre deux parties qui s’engagent. Notre parti, notre engagement c’était quoi, c’était de lever le mot d’ordre, c’est ce qu’on avait fait pour aller enseigner. Quand on avait signé le protocole le 21, trois jours après, les gens étaient déjà dans les amphithéâtres pour faire leur cour. Donc nous, notre partie, on a respecté, on a terminé, malgré qu’ils ne respectaient pas ce qu’on faisait. Quand l’année suivante devait arriver, c’est là que les camarades on demandé qu’il fallait partir en mouvement. Ils sont venus nous voir, quand on leur a montré le protocole et quand on a sorti la partie sociale, c’est-à-dire la finition de la deuxième cité, quand on demande la construction de nouvelles infrastructures et la finition d’autres chantiers en cours, arrêtés depuis 2006, qui ne sont toujours pas finis d’ailleurs, nous sommes les premiers à en avoir parlé et j’ai ici les documents avec moi des membres du Saes qui datent, je crois, de 2005 ou 2006. Quand on parle d’augmentation du budget et de leur calcul au coût réel par étudiant, quand on parle de sécurité à l’université, quand on parle de recrutement d’enseignants pour augmenter le taux d’encadrement, quelqu’un m’a dit mais ça, si c’est réalisé, nous serons dans des conditions formidables pour réussir, j’ai dis voilà. Mais les gouvernements successifs, les ministres successifs, ils ont préféré utiliser le volet communication pour diaboliser les enseignants, jeter l’anathème sur eux, les stigmatiser.
Est-ce le cas avec le nouveau ministre ?
Mais c’est la même chose. Ça continue. C’est-à-dire, il le fait, c’est vrai, à sa décharge, il le fait de manière plus subtile. Même s’il y a du snobisme. Mais bref, pour répondre à votre question, je dis que quand je rencontre des étudiants, ils comprennent très bien. Donc nous sommes dans une autre dynamique. La banque mondiale est revenue mais cette fois, ce n’est pas la banque qui a demandé ça, parce que la banque est venue déjà avec le projet pour la gouvernance et le financement de l’enseignement supérieur avec tout un texte. Et là, il s’agit encore une fois, d’harmoniser le système de l’enseignement supérieur au Sénégal. Parce que quand vous imaginez qu’un enseignant de Dakar, s’il veut aller donner des cours à Ziguinchor, il est obligé de démissionner de l’Université de Dakar. Donc c’est nous qui avons dit les premiers qu’il n’y avait pas de système d’enseignement supérieur dans ce pays. Si on avait déposé au Bureau sénégalais des droits d’auteurs, on nous aurait payé. Et ça, non seulement sur la circulation des enseignants, mais sur la circulation des étudiants aussi. Parce que vous êtes au courant d’un étudiant de géographie à Saint Louis qui ne peut pas venir à Dakar parce qu’il y a un problème dans ce qu’on appelle les cursus. Donc, il y a quand même un problème d’harmonisation. Et il y a un texte qui est d’ailleurs dans le circuit depuis le 22 décembre 2011, c’est-à-dire plus d’un an et demi, nous ne l’avons pas vu sortir. Or ce texte, nous l’avons amendé, il devrait pouvoir sortir. Plusieurs autres textes ont accompagné la venue de la Banque mondiale. C’est cet ensemble qu’il faut voir, voir jusqu’à quelle mesure ça ne va pas, disons, violer l’autonomie des universités. Ça veut dire que c’est fondamental et le ministre actuel sait de quoi je parle parce que justement, je n’ai pas par devers moi ici un document qu’il avait produit en 1999 à l’époque, il était directeur de l’Ufr de math info à Saint Louis sur un séminaire organisé par le Saes sur le management des universités où il rappelait du peu d’actions de l’Etat. Je crois que si on lui rappelle cela, il aura de bons souvenirs même si aujourd’hui, il a, peut être, un œil différent parce que, quand on est ministre ou quand directeur de l’Ufr, on n’a pas la même liberté.
Le chef de l’Etat s’était attaqué aux enseignants depuis le Gabon, quelle réaction faites-vous de son discours ?
Oui disons véritablement, on l’avait déjà dit et on peut le redire, on ne peut que le regretter. C’est-à-dire que cette propension de tous les chefs d’Etat sénégalais, d’ailleurs de Senghor jusqu’à Macky Sall, d’aller parler des problèmes du pays à l’extérieur, déjà ça, c’est choquant en soit. Deuxièmement aussi, de vouloir jeter comme ça l’anathème sur les enseignants. Parce que jusqu’à preuve du contraire, l’enseignant est le modèle. Dans un pays, l’enseignant est le modèle parce que c’est lui qui forme un homme pour qu’il soit utile à sa société. Donc, on ne doit jamais essayer de le traiîer dans la boue. Surtout dans un pays comme le Gabon qui respecte les Sénégalais à travers leurs enseignants. Parce que tous les hauts cadres gabonais ont été formés au Sénégal. Et dernièrement, quand le Saes a organisé un séminaire sur le Cames qui est le Conseil africain malgache sur l’enseignement supérieur qui regroupe une quinzaine de pays africains qui étaient tous présents mais nos collègues gabonais me rappelaient cela encore. Et ce sont surtout les matières dites difficiles math, physique, chimie etc. que les Sénégalais enseignent là bas, dans les lycées. Donc, c’est ça qui est malheureux mais nous, on met ça dans le compte d’une déclaration peut être de faire oublier qu’il y a un protocole qui a été signé, qui l’engage. Aussi, ne faut-il pas oublier qu’il nous avait rencontré avec une délégation qu’il nous avait envoyée dans l’entre deux tours, nous avons discuté. On s’est rencontré tous les deux en présence du ministre Aminata Touré qui était, en ce moment là, était sa directrice de campagne et des engagements avaient été pris. En tout cas au moins, pour nous dire de calmer les choses pour qu’après, ils puissent apprécier la situation et engager des discussions. Depuis quinze mois, on n'a rien vu.
Vous semblez vous en vouloir quand on sait aussi qu’aucun point de votre plateforme n’a été satisfait ?
Aucun point. Le ministre actuel, c’est aussi la même chose. C’est-à-dire qu'il est profondément au fait pour avoir été enseignant d’abord, directeur d’Ufr, recteur, etc. Personne n’est au courant mieux que lui. Mais, nous avons l’impression que de toutes les façons, il y a des sortes de manœuvres je dirai qu’ils savent, peut être que Seydi Ababacar Ndiaye dérange. Donc, peut être qu’ils veulent manœuvrer, j’essaie d’interpréter. Pourquoi je dis ça, souvenez-vous que, quand la concertation sur l’enseignement supérieur a eu lieu, on a invité le ministre dans une chaîne de télévision de la place qui a annoncé, lui-même, le conseil présidentiel du 06 mai. Quelques temps après, le président de la République dit, non finalement, il faut faire un conseil ministériel avant le conseil présidentiel ça fait maintenant deux mois et demi. Il n’y a pas encore eu de conseil présidentiel, il y en a eu mais c’est un trompe l’œil. Celui qui a eu lieu, c’est pour dit-on mesurer l’impact financier des recommandations. Il doit avoir le conseil interministériel avant le conseil présidentiel. Donc tout cela n’a pas été fait. Mais à mon avis et de l’avis de beaucoup de militants d’ailleurs, le régime est en train de manœuvrer pour essayer de faire croire que nous n’avons rien obtenu pour pouvoir mettre quelqu’un d’autre à la tête du Saes. Il faut dire les choses telles qu’elles sont.
Vous semblez revenir à de meilleurs sentiments après avoir secoué l’enseignement, dites-nous un peu ce qui a été décisif.
J’ai envie de dire que la fibre patriotique l’a emporté sur tout le reste. Je le dis et le répète : il s’agit de nos enfants, de l’avenir de notre pays. Cela est sans commune mesure avec les calculs des politiciens dont le seul horizon est la prochaine élection. Cela dit, une organisation aussi experte que la nôtre dispose d’autres stratégies pour mener à bien ses missions sans compromettre outre-mesure l’avenir de notre chère nation.
Un bilan satisfaisant en général. L’organisation du congrès à l’Ucad nous a permis de nous rendre compte que, dans cette université, il manquait cruellement de salles pour les ateliers, ce qui est un comble. A la Faseg, on se demande comment les étudiants arrivent à suivre les cours dans les amphis A et B à cause d’une résonance exécrable. Si l’on faisait des tests d’audition à ceux qui ont suivi des cours durant une année, les parents auraient de quoi attaquer l’Ucad.
La table-ronde ouverte au public a été une innovation même s’il faut reconnaître qu’elle n’a pas eu le succès escompté pour différentes raisons que je préfère ne pas évoquer ici.
Le mandat est très clair, également, pour les 3 ans à venir. Il s’agira de réparer cette injustice concernant la misérable pension de retraite servie à des fonctionnaires pourtant au sommet de la hiérarchie de la fonction publique. Ces mêmes fonctionnaires sont rejetés avec leurs familles des structures sanitaires pour défaut de paiement par les universités. L’accès à la propriété bâtie reste une chimère pour une catégorie pourtant décrite comme riche : nous ne pouvons même pas compétir sur les programmes de la Sicap.
Justement, quels enseignements tirez-vous de votre réélection nonobstant toutes les manœuvres dont vous avez eu à faire face personnellement ?
Chaque régime politique qui accède au pouvoir a besoin d’étendre son espace de domination et, sous ce rapport, cherche à restreindre tout espace qui pourrait annihiler ou contrarier ce dessein. Une organisation telle que la nôtre est née autonome et ne peut donc aucunement être victime de cela. Le meilleur lait de la démocratie est l’indépendance et on ne le substituera jamais au lait frelaté d’une participation responsable d’un âge précambrien.
Je salue la clairvoyance des camarades qui ont compris que le Saes est et reste un instrument indispensable, non seulement, à la défense de nos intérêts matériels et moraux mais aussi à la défense de l’Université publique, laïque et gratuite.
Pouvez-vous revenir un peu sur le choix des thématiques ?
Vous savez, il y a deux ans que la Banque mondiale est revenue. Parce que souvenez-vous qu’en 1993 et 1994, la Banque mondiale était déjà là avec la fameuse concertation nationale dont les conclusions avaient été déposées le 09 décembre 1993, deux semaines juste après mon arrivée. Donc j’ai participé à la mise en route et à l’opposition ferme du Saes. Parce qu’en ce moment là, la Banque mondiale, dans son optique, disait que les pays, comme les nôtres, n’avaient pas d'enseignement supérieur très développé. D’ailleurs, ils étaient même en train de retenir ou en tout cas de bloquer et d’ailleurs ça a déjà été fait parce que si vous regardez bien, vous vous rendrez compte que l’Ugb, qui a aujourd’hui près de 25 ans, compte plus de sept mille étudiants. Et donc la Banque mondiale disait qu’il fallait plutôt investir dans l’éducation de base et que nous à la limite, Bac plus deux ça suffisait. L’université virtuelle africaine dont nous africains, nous ne serions que des moniteurs pour un peu encadrer les étudiants à partir de cours magistraux qu’ils suivraient en vidéo conférence, délivré par, entre guillemets, de grands professeurs canadiens, américains, français, etc. Ils voulaient également que le Bac ne fût plus le sésame pour aller à l’Université. Nous nous sommes opposés à ça. C’est pourquoi je veux dire haut et fort aux étudiants d’aujourd’hui que si ce n’était pas ce Saes aujourd’hui, on n’aurait pas eu ce problème de sureffectif. Parce que beaucoup d’entre eux ne seraient pas aujourd’hui à l’Université. C’était du temps des Modou Diagne Fada qui étaient les bras armés du Parti démocratique sénégalais (Pds) à l’époque.
Est-ce une opération de charme pour ne pas dire de séduction que vous êtes en train de faire auprès des étudiants notamment ?
Oui, justement, il ne faut pas que les gens se trompent. Les dirigeants étudiants comprennent parfaitement le système. Quand nous avons entamé notre mouvement de 2011 à la suite duquel, nous avions pu signer un protocole d’accord avec le gouvernement qui était là le 21 mars 2011 et que nous avions été trahis, c’est le mot, par le ministre de l’enseignement supérieur de l’époque Amadou Tidiane Ba qui avait des comptes à régler avec le Saes. Décidément le Saes a des problèmes avec les gens qui l’ont toujours combattu, qui n’avaient jamais eu confiance en ses pères fondateurs, en les traitant à l’époque de petits assistants ambitieux. Parce qu’à l’époque tout le monde était nommé jusqu’au doyen. Il fallait être dans le parti ou avoir des accointances. C’est le Saes qui a cassé ça avec la gestion démocratique qui a amené aujourd’hui que ces doyens, directeurs de l’Ufr, sont élus par leurs pairs. Quand ces gens ont voulu être doyens, en l’occurrence ce ministre, là, les jeunes du Saes, qui sont les jeunes héritiers du Saes, qui le traînait dans la boue avec ses amis, n’ont pas voté pour lui. Il en a gardé une dent jusqu’à aujourd’hui. Il mourra avec ça certainement puisqu’il est à la retraite actuellement. Il n’aura jamais été doyen de la faculté des sciences. Donc c’est pour ça, il ne faut jamais insulter l’avenir. Parce que les plus grandes victoires sont remportées par des groupuscules à la limite de personnes, mais qui ont une foi profonde dans ce qu’ils font. Et qui n’ont de motivation que la recherche de la vérité quoi qu’il leur en coûte. Parce que beaucoup d’entre vous n’ont rien eu à faire. Mais simplement, ils ont la reconnaissance de leurs petits frères et de leurs petites sœurs et ils sont toujours avec nous. Donc quand nous avons connu cette trahison de ce ministre en question, nous étions à la limite obligés de repartir en mouvement en 2012. C’est pour cela que je disais à certains que cette grève de 2012 était une grève induite. C’est-à-dire, c’est une grève qui est la grève du gouvernement pour avoir trahi tout ce qu’il avait signé. Parce que pour nous, il y avait un protocole d’accord, mais ce n’est que la matérialisation, d’un justement d’un accord entre deux parties qui s’engagent. Notre parti, notre engagement c’était quoi, c’était de lever le mot d’ordre, c’est ce qu’on avait fait pour aller enseigner. Quand on avait signé le protocole le 21, trois jours après, les gens étaient déjà dans les amphithéâtres pour faire leur cour. Donc nous, notre partie, on a respecté, on a terminé, malgré qu’ils ne respectaient pas ce qu’on faisait. Quand l’année suivante devait arriver, c’est là que les camarades on demandé qu’il fallait partir en mouvement. Ils sont venus nous voir, quand on leur a montré le protocole et quand on a sorti la partie sociale, c’est-à-dire la finition de la deuxième cité, quand on demande la construction de nouvelles infrastructures et la finition d’autres chantiers en cours, arrêtés depuis 2006, qui ne sont toujours pas finis d’ailleurs, nous sommes les premiers à en avoir parlé et j’ai ici les documents avec moi des membres du Saes qui datent, je crois, de 2005 ou 2006. Quand on parle d’augmentation du budget et de leur calcul au coût réel par étudiant, quand on parle de sécurité à l’université, quand on parle de recrutement d’enseignants pour augmenter le taux d’encadrement, quelqu’un m’a dit mais ça, si c’est réalisé, nous serons dans des conditions formidables pour réussir, j’ai dis voilà. Mais les gouvernements successifs, les ministres successifs, ils ont préféré utiliser le volet communication pour diaboliser les enseignants, jeter l’anathème sur eux, les stigmatiser.
Est-ce le cas avec le nouveau ministre ?
Mais c’est la même chose. Ça continue. C’est-à-dire, il le fait, c’est vrai, à sa décharge, il le fait de manière plus subtile. Même s’il y a du snobisme. Mais bref, pour répondre à votre question, je dis que quand je rencontre des étudiants, ils comprennent très bien. Donc nous sommes dans une autre dynamique. La banque mondiale est revenue mais cette fois, ce n’est pas la banque qui a demandé ça, parce que la banque est venue déjà avec le projet pour la gouvernance et le financement de l’enseignement supérieur avec tout un texte. Et là, il s’agit encore une fois, d’harmoniser le système de l’enseignement supérieur au Sénégal. Parce que quand vous imaginez qu’un enseignant de Dakar, s’il veut aller donner des cours à Ziguinchor, il est obligé de démissionner de l’Université de Dakar. Donc c’est nous qui avons dit les premiers qu’il n’y avait pas de système d’enseignement supérieur dans ce pays. Si on avait déposé au Bureau sénégalais des droits d’auteurs, on nous aurait payé. Et ça, non seulement sur la circulation des enseignants, mais sur la circulation des étudiants aussi. Parce que vous êtes au courant d’un étudiant de géographie à Saint Louis qui ne peut pas venir à Dakar parce qu’il y a un problème dans ce qu’on appelle les cursus. Donc, il y a quand même un problème d’harmonisation. Et il y a un texte qui est d’ailleurs dans le circuit depuis le 22 décembre 2011, c’est-à-dire plus d’un an et demi, nous ne l’avons pas vu sortir. Or ce texte, nous l’avons amendé, il devrait pouvoir sortir. Plusieurs autres textes ont accompagné la venue de la Banque mondiale. C’est cet ensemble qu’il faut voir, voir jusqu’à quelle mesure ça ne va pas, disons, violer l’autonomie des universités. Ça veut dire que c’est fondamental et le ministre actuel sait de quoi je parle parce que justement, je n’ai pas par devers moi ici un document qu’il avait produit en 1999 à l’époque, il était directeur de l’Ufr de math info à Saint Louis sur un séminaire organisé par le Saes sur le management des universités où il rappelait du peu d’actions de l’Etat. Je crois que si on lui rappelle cela, il aura de bons souvenirs même si aujourd’hui, il a, peut être, un œil différent parce que, quand on est ministre ou quand directeur de l’Ufr, on n’a pas la même liberté.
Le chef de l’Etat s’était attaqué aux enseignants depuis le Gabon, quelle réaction faites-vous de son discours ?
Oui disons véritablement, on l’avait déjà dit et on peut le redire, on ne peut que le regretter. C’est-à-dire que cette propension de tous les chefs d’Etat sénégalais, d’ailleurs de Senghor jusqu’à Macky Sall, d’aller parler des problèmes du pays à l’extérieur, déjà ça, c’est choquant en soit. Deuxièmement aussi, de vouloir jeter comme ça l’anathème sur les enseignants. Parce que jusqu’à preuve du contraire, l’enseignant est le modèle. Dans un pays, l’enseignant est le modèle parce que c’est lui qui forme un homme pour qu’il soit utile à sa société. Donc, on ne doit jamais essayer de le traiîer dans la boue. Surtout dans un pays comme le Gabon qui respecte les Sénégalais à travers leurs enseignants. Parce que tous les hauts cadres gabonais ont été formés au Sénégal. Et dernièrement, quand le Saes a organisé un séminaire sur le Cames qui est le Conseil africain malgache sur l’enseignement supérieur qui regroupe une quinzaine de pays africains qui étaient tous présents mais nos collègues gabonais me rappelaient cela encore. Et ce sont surtout les matières dites difficiles math, physique, chimie etc. que les Sénégalais enseignent là bas, dans les lycées. Donc, c’est ça qui est malheureux mais nous, on met ça dans le compte d’une déclaration peut être de faire oublier qu’il y a un protocole qui a été signé, qui l’engage. Aussi, ne faut-il pas oublier qu’il nous avait rencontré avec une délégation qu’il nous avait envoyée dans l’entre deux tours, nous avons discuté. On s’est rencontré tous les deux en présence du ministre Aminata Touré qui était, en ce moment là, était sa directrice de campagne et des engagements avaient été pris. En tout cas au moins, pour nous dire de calmer les choses pour qu’après, ils puissent apprécier la situation et engager des discussions. Depuis quinze mois, on n'a rien vu.
Vous semblez vous en vouloir quand on sait aussi qu’aucun point de votre plateforme n’a été satisfait ?
Aucun point. Le ministre actuel, c’est aussi la même chose. C’est-à-dire qu'il est profondément au fait pour avoir été enseignant d’abord, directeur d’Ufr, recteur, etc. Personne n’est au courant mieux que lui. Mais, nous avons l’impression que de toutes les façons, il y a des sortes de manœuvres je dirai qu’ils savent, peut être que Seydi Ababacar Ndiaye dérange. Donc, peut être qu’ils veulent manœuvrer, j’essaie d’interpréter. Pourquoi je dis ça, souvenez-vous que, quand la concertation sur l’enseignement supérieur a eu lieu, on a invité le ministre dans une chaîne de télévision de la place qui a annoncé, lui-même, le conseil présidentiel du 06 mai. Quelques temps après, le président de la République dit, non finalement, il faut faire un conseil ministériel avant le conseil présidentiel ça fait maintenant deux mois et demi. Il n’y a pas encore eu de conseil présidentiel, il y en a eu mais c’est un trompe l’œil. Celui qui a eu lieu, c’est pour dit-on mesurer l’impact financier des recommandations. Il doit avoir le conseil interministériel avant le conseil présidentiel. Donc tout cela n’a pas été fait. Mais à mon avis et de l’avis de beaucoup de militants d’ailleurs, le régime est en train de manœuvrer pour essayer de faire croire que nous n’avons rien obtenu pour pouvoir mettre quelqu’un d’autre à la tête du Saes. Il faut dire les choses telles qu’elles sont.
Vous semblez revenir à de meilleurs sentiments après avoir secoué l’enseignement, dites-nous un peu ce qui a été décisif.
J’ai envie de dire que la fibre patriotique l’a emporté sur tout le reste. Je le dis et le répète : il s’agit de nos enfants, de l’avenir de notre pays. Cela est sans commune mesure avec les calculs des politiciens dont le seul horizon est la prochaine élection. Cela dit, une organisation aussi experte que la nôtre dispose d’autres stratégies pour mener à bien ses missions sans compromettre outre-mesure l’avenir de notre chère nation.