Un débat, c’est un duel et le propre d’un duel c’est d’être loyal ; or, voici que l’un des duellistes, Abdoulaye Wade, en l’occurrence, n’a été admis à cette étape du concours, qui donne droit à ce face à face avec Macky Sall, que parce qu’il a été déloyal vis-à-vis de la Charte fondamentale, et de sa propre parole.
Il nous avait dit, alors qu’il n’y avait aucune pression sur lui : « J’ai verrouillé la Constitution à deux mandats, je ne peux donc pas me présenter une troisième fois à une élection présidentielle ». Et puis, après, pour on ne sait quelle raison, certainement plus impérieuse à ses yeux que la loyauté envers la loi fondamentale et envers ses compatriotes sénégalais, il a eu envie ou plutôt besoin de se représenter. Il n’a alors pas hésité à nous dire : « Maa waxoon, waxeet » (c’est bien moi qui avais dit cela, mais je me dédis). Suite à cela, l’opposition, de concert avec le mouvement du 23 juin, accompagnés par diverses organisations et groupes, ont fait de son exclusion du jeu électoral leur cheval de bataille. La surprenante validation de la candidature du président sortant par cinq sages hypnotisés par l’outrecuidante audace de sa pirouette, n’a pu calmer les esprits, même si la campagne électorale de tous les treize autres candidats, au premier tour, avait eu pour thème principal le rejet de cette candidature illégale. Le second tour n’y échappera pas. La candidature de Wade était illégale, hier, elle l’est aujourd’hui, elle le restera pour l’histoire. Macky Sall, lui-même, puisqu’il est le premier concerné par cet argumentaire, au sortir de sa réunion avec le
directoire des Assises nationales, samedi dernier, l’a réaffirmé : Abdoulaye Wade ne devait pas participer à cette élection. Or, il y a participé, certes, avec comme concurrents tous ceux qui récusent sa candidature, et va aussi participer au second tour. Alors pourquoi donc lui refuser un débat avec son challenger du deuxième tour parce que ce dernier récuse la validité de sa candidature ? La raison est fort simple. Après qu’il a refusé d’entendre le conseil de Y’en a marre, « Faut pas forcer ! », et que le Conseil constitutionnel l’a admis à concourir, la loi électorale comme la loi constitutionnelle obligeaient quiconque était candidat à concourir avec lui. Mais aucune loi n’oblige personne à débattre s’il n’en a pas envie, ou, plus impératif, s’il trouve politiquement improductif de le faire. L’empressement du camp présidentiel à avoir ce débat est bien
compréhensible, son candidat à tout à gagner à n’importe quel événement nouveau après son échec à nouer alliance avec l’un quelconque des candidats malheureux du premier tour. Les plus considérables, pas n’importe quels débutants, Niasse Tanor et Idy, totalisant 39% des suffrages, ont décidé de soutenir Macky Sall au deuxième tour. 39 %, ajoutés arithmétiquement aux 26% de ce dernier, le portent à un potentiel de 65% des suffrages. Aucune fraude électorale ordinaire ne peut renverser une telle tendance à deux semaines du scrutin. Seul un coup de force électoral le pourrait. Et il ne faudrait donner au sortant aucune fausse victoire, aucune illusion de retournement de situation qui lui fournirait prétexte à tenter ce saut périlleux pour le pays. Ce débat n’est assurément pas urgent pour tous ceux qui ont pour slogan : « Wade dégage ! ». Ils n’ont rien à y gagner que de lui donner la caution d’un vrai candidat, aussi légitime que son interlocuteur. Et ce n’est même pas tout. Ce type de débat, dans les pays où il est une tradition, se déroule autour du bilan du sortant et du programme du candidat. Or, le candidat Wade, lors de son premier meeting du premier tour à Mbacké, avait dit : « Je ne ferai pas de bilan ». Il n’en a pas fait tout au long de sa campagne. Deux fois, il a eu à parler de son adversaire du deuxième tour. C’était pour tenter de minimiser son poids politique, voir sa personnalité, en raillant : « J’ai été content de le rencontrer, il avait un petit camion et dix personnes l’accompagnaient », c’était à Dakar ; puis à Fatick, dans le fief de Macky : « C’est un apprenti… je l’ai formé dans mon université du Pds et il n’est même pas diplômé ». C’était futile, bien entendu, improductif aussi, puisque ça n’as pas empêché Macky de le « mettre sur trois appuis » (j’aime bien cette trouvaille de la presse) comme on dit à la lutte. Et le débat que l’on aurait risqué de voir Wade le mener sur ce type de sentiers fort sinueux pour Macky : le président va le tutoyer, pendant que Macky le vouvoiera. Wade n’hésitera pas s’il fallait être inconvenant, Macky restera poli, c’est d’abord sa nature ; et puis, comment faire quand on a 49 ans et son interlocuteur 90 ? Je ne sens pas ce débat… Pourtant, presque vieux satiriste, qui aime à faire rire, je devrais rêver de le voir se tenir pour pouvoir le commenter avec gourmandise. C’est seulement que l’heure est trop grave pour s’amuser avec le feu ! Wade qui n’hésite pas à entreprendre des actions qui opposent aujourd’hui, de façon violente, deux éminents disciples de Serigne Saliou Mbacké, n’hésitera devant rien, lors du débat, notamment d’allumer encore Macky sur la question ethnique sans souci pour la boîte de Pandore qu’il ouvrirait ainsi. Reste que certains risquent, dans le camp de Wade, de soutenir que Macky a peur de débattre avec son ex-mentor, si jamais il refusait de le faire. Peur de quoi ? D’un candidat dont le grand âge perturbe la mémoire tant qu’il confond Première et Deuxième guerre mondiale ? Qui ne se souvient plus que la Tchécoslovaquie a disparu en tant que nation ? Non ! C’est juste que ce débat n’a, électoralement, aucun intérêt pour Macky Sall alors qu’il sera le va-tout de Wade. Si j’étais à la place du patron de l’Apr, aujourd’hui patron de l’opposition sénégalaise, par la force des choses, non seulement je ne débattrais pas avec Wade, mais je le battrais froidement. J’ignorerais son nom durant ma campagne, même s’il m’invectivait et me traitait de suppôt de Satan.
Par Pape Samba KANE
Il nous avait dit, alors qu’il n’y avait aucune pression sur lui : « J’ai verrouillé la Constitution à deux mandats, je ne peux donc pas me présenter une troisième fois à une élection présidentielle ». Et puis, après, pour on ne sait quelle raison, certainement plus impérieuse à ses yeux que la loyauté envers la loi fondamentale et envers ses compatriotes sénégalais, il a eu envie ou plutôt besoin de se représenter. Il n’a alors pas hésité à nous dire : « Maa waxoon, waxeet » (c’est bien moi qui avais dit cela, mais je me dédis). Suite à cela, l’opposition, de concert avec le mouvement du 23 juin, accompagnés par diverses organisations et groupes, ont fait de son exclusion du jeu électoral leur cheval de bataille. La surprenante validation de la candidature du président sortant par cinq sages hypnotisés par l’outrecuidante audace de sa pirouette, n’a pu calmer les esprits, même si la campagne électorale de tous les treize autres candidats, au premier tour, avait eu pour thème principal le rejet de cette candidature illégale. Le second tour n’y échappera pas. La candidature de Wade était illégale, hier, elle l’est aujourd’hui, elle le restera pour l’histoire. Macky Sall, lui-même, puisqu’il est le premier concerné par cet argumentaire, au sortir de sa réunion avec le
directoire des Assises nationales, samedi dernier, l’a réaffirmé : Abdoulaye Wade ne devait pas participer à cette élection. Or, il y a participé, certes, avec comme concurrents tous ceux qui récusent sa candidature, et va aussi participer au second tour. Alors pourquoi donc lui refuser un débat avec son challenger du deuxième tour parce que ce dernier récuse la validité de sa candidature ? La raison est fort simple. Après qu’il a refusé d’entendre le conseil de Y’en a marre, « Faut pas forcer ! », et que le Conseil constitutionnel l’a admis à concourir, la loi électorale comme la loi constitutionnelle obligeaient quiconque était candidat à concourir avec lui. Mais aucune loi n’oblige personne à débattre s’il n’en a pas envie, ou, plus impératif, s’il trouve politiquement improductif de le faire. L’empressement du camp présidentiel à avoir ce débat est bien
compréhensible, son candidat à tout à gagner à n’importe quel événement nouveau après son échec à nouer alliance avec l’un quelconque des candidats malheureux du premier tour. Les plus considérables, pas n’importe quels débutants, Niasse Tanor et Idy, totalisant 39% des suffrages, ont décidé de soutenir Macky Sall au deuxième tour. 39 %, ajoutés arithmétiquement aux 26% de ce dernier, le portent à un potentiel de 65% des suffrages. Aucune fraude électorale ordinaire ne peut renverser une telle tendance à deux semaines du scrutin. Seul un coup de force électoral le pourrait. Et il ne faudrait donner au sortant aucune fausse victoire, aucune illusion de retournement de situation qui lui fournirait prétexte à tenter ce saut périlleux pour le pays. Ce débat n’est assurément pas urgent pour tous ceux qui ont pour slogan : « Wade dégage ! ». Ils n’ont rien à y gagner que de lui donner la caution d’un vrai candidat, aussi légitime que son interlocuteur. Et ce n’est même pas tout. Ce type de débat, dans les pays où il est une tradition, se déroule autour du bilan du sortant et du programme du candidat. Or, le candidat Wade, lors de son premier meeting du premier tour à Mbacké, avait dit : « Je ne ferai pas de bilan ». Il n’en a pas fait tout au long de sa campagne. Deux fois, il a eu à parler de son adversaire du deuxième tour. C’était pour tenter de minimiser son poids politique, voir sa personnalité, en raillant : « J’ai été content de le rencontrer, il avait un petit camion et dix personnes l’accompagnaient », c’était à Dakar ; puis à Fatick, dans le fief de Macky : « C’est un apprenti… je l’ai formé dans mon université du Pds et il n’est même pas diplômé ». C’était futile, bien entendu, improductif aussi, puisque ça n’as pas empêché Macky de le « mettre sur trois appuis » (j’aime bien cette trouvaille de la presse) comme on dit à la lutte. Et le débat que l’on aurait risqué de voir Wade le mener sur ce type de sentiers fort sinueux pour Macky : le président va le tutoyer, pendant que Macky le vouvoiera. Wade n’hésitera pas s’il fallait être inconvenant, Macky restera poli, c’est d’abord sa nature ; et puis, comment faire quand on a 49 ans et son interlocuteur 90 ? Je ne sens pas ce débat… Pourtant, presque vieux satiriste, qui aime à faire rire, je devrais rêver de le voir se tenir pour pouvoir le commenter avec gourmandise. C’est seulement que l’heure est trop grave pour s’amuser avec le feu ! Wade qui n’hésite pas à entreprendre des actions qui opposent aujourd’hui, de façon violente, deux éminents disciples de Serigne Saliou Mbacké, n’hésitera devant rien, lors du débat, notamment d’allumer encore Macky sur la question ethnique sans souci pour la boîte de Pandore qu’il ouvrirait ainsi. Reste que certains risquent, dans le camp de Wade, de soutenir que Macky a peur de débattre avec son ex-mentor, si jamais il refusait de le faire. Peur de quoi ? D’un candidat dont le grand âge perturbe la mémoire tant qu’il confond Première et Deuxième guerre mondiale ? Qui ne se souvient plus que la Tchécoslovaquie a disparu en tant que nation ? Non ! C’est juste que ce débat n’a, électoralement, aucun intérêt pour Macky Sall alors qu’il sera le va-tout de Wade. Si j’étais à la place du patron de l’Apr, aujourd’hui patron de l’opposition sénégalaise, par la force des choses, non seulement je ne débattrais pas avec Wade, mais je le battrais froidement. J’ignorerais son nom durant ma campagne, même s’il m’invectivait et me traitait de suppôt de Satan.
Par Pape Samba KANE