C’est une question au cœur des désaccords entre la France et les autorités de transition : faut-il négocier avec les groupes jihadistes qui sévissent dans le nord et le centre du Mali ? Bamako y est favorable, tandis que Paris y voit une ligne rouge à ne pas franchir.
"On ne peut pas mener des opérations conjointes avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants. Pas de dialogue et de compromission", avait résumé Emmanuel Macron, lors de l’annonce en juin du recalibrage de l’opération Barkhane.
Mais avec la fin annoncée de la présence française, un nouveau chapitre pourrait s’ouvrir dans ces négociations. Le contexte n’a en tout cas jamais été aussi favorable à une accélération de ce processus, que de nombreux experts jugent inévitable.
"Actuellement, il y a un alignement d’intérêts entre la junte, les jihadistes et les Russes qui veulent tous le départ des Français", analyse le spécialiste des mouvements jihadistes, Wassim Nasr, présent la semaine dernière à une conférence pour la paix à Nouakchott, en Mauritanie, à laquelle participaient plusieurs hauts responsables maliens, comme le ministre de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué, le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Mahamadou Koné, ou encore l’influent imam Mahmoud Dicko.
"Tout porte à croire que dans les couloirs de cette conférence, des contacts ont été établis en vue d’aller plus loin dans cette option des négociations", glisse le chroniqueur de France 24.
Négociations secrètes
L’idée de dialoguer avec les groupes jihadistes est loin d’être nouvelle. Depuis le président Ibrahim Boubacar Keïta, les autorités qui se sont succédé à Bamako ont toujours souhaité appliquer les recommandations formulées par la Conférence nationale d’entente en 2017, puis par le Dialogue national inclusif en 2019.
Ces recommandations suggéraient notamment d’entamer des pourparlers avec les chefs jihadistes Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali. Le premier dirige le groupe Katiba Macina, tandis que le second est à la tête du GSIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda.
La junte malienne s’inscrit donc dans le droit fil de ses prédécesseurs, estimant que les armes seules ne parviendront pas à mettre un frein à la spirale de la violence jihadiste. Fin octobre, plusieurs médias avaient d’ailleurs annoncé l’ouverture de négociations sous l’égide du Haut Conseil islamique (HCIM), mandaté par le gouvernement de Bamako, qui avait finalement démenti l’information.
"Les Maliens ont toujours continué à négocier secrètement avec le GSIM, ne serait-ce que pour mettre en place des accords locaux", explique Wassim Nasr.
En mars 2021, un accord intercommunautaire avait défrayé la chronique dans le cercle de Niono, dans le centre du Mali. En échange du port du voile pour les femmes et de la permission de prêcher dans les villages, les jihadistes avaient accepté de libérer les prisonniers et de laisser les chasseurs circuler avec leurs armes.
"On ne peut pas mener des opérations conjointes avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants. Pas de dialogue et de compromission", avait résumé Emmanuel Macron, lors de l’annonce en juin du recalibrage de l’opération Barkhane.
Mais avec la fin annoncée de la présence française, un nouveau chapitre pourrait s’ouvrir dans ces négociations. Le contexte n’a en tout cas jamais été aussi favorable à une accélération de ce processus, que de nombreux experts jugent inévitable.
"Actuellement, il y a un alignement d’intérêts entre la junte, les jihadistes et les Russes qui veulent tous le départ des Français", analyse le spécialiste des mouvements jihadistes, Wassim Nasr, présent la semaine dernière à une conférence pour la paix à Nouakchott, en Mauritanie, à laquelle participaient plusieurs hauts responsables maliens, comme le ministre de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué, le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Mahamadou Koné, ou encore l’influent imam Mahmoud Dicko.
"Tout porte à croire que dans les couloirs de cette conférence, des contacts ont été établis en vue d’aller plus loin dans cette option des négociations", glisse le chroniqueur de France 24.
Négociations secrètes
L’idée de dialoguer avec les groupes jihadistes est loin d’être nouvelle. Depuis le président Ibrahim Boubacar Keïta, les autorités qui se sont succédé à Bamako ont toujours souhaité appliquer les recommandations formulées par la Conférence nationale d’entente en 2017, puis par le Dialogue national inclusif en 2019.
Ces recommandations suggéraient notamment d’entamer des pourparlers avec les chefs jihadistes Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali. Le premier dirige le groupe Katiba Macina, tandis que le second est à la tête du GSIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda.
La junte malienne s’inscrit donc dans le droit fil de ses prédécesseurs, estimant que les armes seules ne parviendront pas à mettre un frein à la spirale de la violence jihadiste. Fin octobre, plusieurs médias avaient d’ailleurs annoncé l’ouverture de négociations sous l’égide du Haut Conseil islamique (HCIM), mandaté par le gouvernement de Bamako, qui avait finalement démenti l’information.
"Les Maliens ont toujours continué à négocier secrètement avec le GSIM, ne serait-ce que pour mettre en place des accords locaux", explique Wassim Nasr.
En mars 2021, un accord intercommunautaire avait défrayé la chronique dans le cercle de Niono, dans le centre du Mali. En échange du port du voile pour les femmes et de la permission de prêcher dans les villages, les jihadistes avaient accepté de libérer les prisonniers et de laisser les chasseurs circuler avec leurs armes.