Née en France de parents sénégalais, italienne d’adoption, la chanteuse Awa Ly sort aujourd’hui son disque, Five and A Feather, de facture jazz-soul, paré de belles et différentes couleurs. L’objet naît d’un rêve, s’inspire des chamanes amérindiens et des tambours africains, tente d’approcher des mondes invisibles, par ses vertus ensorcelantes… À la grâce de sa voix, Awa Ly lève le voile sur de beaux horizons, et des contrées inédites… Tout un voyage !
Tout commence par ce rêve magnétique, le genre de voyages dont le cerveau garde l’empreinte tenace. Au creux de ses songes, Awa Ly s’éveille, une nuit, au milieu de nulle part, à l’appel de tambours tribaux, à la puissance chamanique, rythmes des Indiens d’Amérique, grooves africains, séductions ensorceleuses… "Le son me menait jusqu’à cette surface liquide, alanguie sous une blue moon, se souvient-elle. Sur l’eau, flottait une apparition, aura drapée de vêtements vaporeux, parlant une langue inconnue, ni français, ni italien, ni wolof : une diseuse d’histoire. Elle m’a soignée…"
Le ciel et la terre
Si le choc de cette vision nocturne permet la création de la chanson Storyteller ("diseuse d’histoires"), elle engendre aussi son disque, relie ses mots, ses points cardinaux. L’objet s’appelle Five and A Feather ("Cinq et une plume"), un titre cryptique pour la création d’un paysage, aux vertus transcendantales.
Awa Ly éclaire : "Le chiffre 5 possède une force symbolique : les cinq doigts de la main, les cinq sens, les cinq dimensions, continents, océans, les cinq lignes d’une portée… La plume – celle des Indiens, de l’écrivain –, magique, permet de passer d’une dimension à l’autre, d’accéder à la sixième… Les peuples amérindiens, africains, croient aux mondes invisibles, auxquels la plume permet d’accéder… Elle représente la force, la légèreté, permet de voler !" Si le disque possède les envolées aériennes du jazz, des mélodies éthérées, il s’appuie aussi sur un socle lourd, tout en groove, des percussions : l’appel de la terre.
Le chant des sortilèges
L’élaboration de ses rêves musicaux, Awa Ly les puise dans son enfance. Née à Paris, de parents sénégalais, la fillette grandit aux sons éclectiques des vinyles paternels : Neil Young, Simon & Garfunkel, tempos afro-cubains, sud-américains, musiques sénégalaise et malienne, chansonniers – Brel, Brassens, Ferré, Nougaro …
Plus tard, à l’adolescence, un médiathécaire la convertit au jazz, à saint Coltrane, aux formules d’Herbie Hancock. En parallèle, la jeune femme découvre sa voix. Dans une chorale, lors du bicentenaire de l’abolition de l’esclavage, elle assure le chant lead. "Des émotions très pures, très fortes, heureuses", dit-elle.
Chaque fois, son chant réveille ses sortilèges, mais la voie d’une carrière prometteuse la détourne de ce fil rouge. En Italie où elle réside, tombée amoureuse de Rome et d’un garçon, elle exerce un travail de productrice pour des chaînes de télévision. La nuit tombée, elle s’évade en participant à des bœufs, chante dans des groupes. Puis un jour, c'est la rupture : "J’ai démissionné, dit-elle. J’ai quitté la sécurité, sans filet, sur un coup de tête, pour vivre de la musique."
Après un premier disque Underground (Modulated, 2009), la voici aujourd’hui avec Five and A Feather, un disque qui synthétise la somme de ses identités, de ses expériences, et de ses trois pays : "En Italie, j’ai rencontré des musiciens, des amis qui m’ont donné le courage de me réaliser comme musicienne, l’audace, la liberté. Du Sénégal, je garde les rythmes, les djembés, les sabars endiablés, le mbalax quotidien, la transe, la vibration de mes cordes sensibles, quand les tambours s’envolent, cette foi, cette fête de l’existence. À Paris, ville-monde, j’aime le cosmopolitisme, l’éventail multicolore des propositions musicales, les épices."
Dans la capitale française, elle squatte ainsi le club de jazz du Sunset, pour une résidence, où s’invite une poignée d’amis : Vincent Ségal, Mariama, Gaël Faye, etc. Sur son disque aussi, réalisé par les maîtres Jean Lamoot et Pascal Danaé de Rivière Noire (Victoire de la Musique 2015), elle convie, sur ses fondamentaux jazz-soul, d’autres couleurs, des horizons multiples ; les notes en grains de la kora de Ballaké Sissoko ; la senza de Paco Séry ; la contrebasse veloutée de Greg Cohen ; le chant groovy en diable de Faada Freddy ; ou les arabesques poignantes d’un violon chinois.
Les énergies de l’amour
La racine, le cœur, pourtant demeurent : c’est l’amour, décliné sous toutes ses coutures, sur tous ses titres : "J’éprouve et délivre beaucoup d’amour dans ce disque, enregistré dans le cocon sécurisant d’un studio lors des attaques contre Charlie Hebdo : pour les gens qui m’entourent, au creux de mes notes, de mes rythmes".
Sa voix, bien sûr, ce socle, ses vertus surnaturelles, relie tous ses univers. "Je suis toujours étonnée de l’effet magnétique qu’exerce mon chant sur certains auditeurs, émue de posséder ce pouvoir de guérisseuse, ces énergies, ces fluides. Tout, ici-bas, n’est qu’énergie, échanges d’ondes, de vibrations… Comme la musique !" Assurément, l’art d’Awa Ly transcende le monde : les attributs d’une chamane !
Par : Anne-Laure Lemancel
Tout commence par ce rêve magnétique, le genre de voyages dont le cerveau garde l’empreinte tenace. Au creux de ses songes, Awa Ly s’éveille, une nuit, au milieu de nulle part, à l’appel de tambours tribaux, à la puissance chamanique, rythmes des Indiens d’Amérique, grooves africains, séductions ensorceleuses… "Le son me menait jusqu’à cette surface liquide, alanguie sous une blue moon, se souvient-elle. Sur l’eau, flottait une apparition, aura drapée de vêtements vaporeux, parlant une langue inconnue, ni français, ni italien, ni wolof : une diseuse d’histoire. Elle m’a soignée…"
Le ciel et la terre
Si le choc de cette vision nocturne permet la création de la chanson Storyteller ("diseuse d’histoires"), elle engendre aussi son disque, relie ses mots, ses points cardinaux. L’objet s’appelle Five and A Feather ("Cinq et une plume"), un titre cryptique pour la création d’un paysage, aux vertus transcendantales.
Awa Ly éclaire : "Le chiffre 5 possède une force symbolique : les cinq doigts de la main, les cinq sens, les cinq dimensions, continents, océans, les cinq lignes d’une portée… La plume – celle des Indiens, de l’écrivain –, magique, permet de passer d’une dimension à l’autre, d’accéder à la sixième… Les peuples amérindiens, africains, croient aux mondes invisibles, auxquels la plume permet d’accéder… Elle représente la force, la légèreté, permet de voler !" Si le disque possède les envolées aériennes du jazz, des mélodies éthérées, il s’appuie aussi sur un socle lourd, tout en groove, des percussions : l’appel de la terre.
Le chant des sortilèges
L’élaboration de ses rêves musicaux, Awa Ly les puise dans son enfance. Née à Paris, de parents sénégalais, la fillette grandit aux sons éclectiques des vinyles paternels : Neil Young, Simon & Garfunkel, tempos afro-cubains, sud-américains, musiques sénégalaise et malienne, chansonniers – Brel, Brassens, Ferré, Nougaro …
Plus tard, à l’adolescence, un médiathécaire la convertit au jazz, à saint Coltrane, aux formules d’Herbie Hancock. En parallèle, la jeune femme découvre sa voix. Dans une chorale, lors du bicentenaire de l’abolition de l’esclavage, elle assure le chant lead. "Des émotions très pures, très fortes, heureuses", dit-elle.
Chaque fois, son chant réveille ses sortilèges, mais la voie d’une carrière prometteuse la détourne de ce fil rouge. En Italie où elle réside, tombée amoureuse de Rome et d’un garçon, elle exerce un travail de productrice pour des chaînes de télévision. La nuit tombée, elle s’évade en participant à des bœufs, chante dans des groupes. Puis un jour, c'est la rupture : "J’ai démissionné, dit-elle. J’ai quitté la sécurité, sans filet, sur un coup de tête, pour vivre de la musique."
Après un premier disque Underground (Modulated, 2009), la voici aujourd’hui avec Five and A Feather, un disque qui synthétise la somme de ses identités, de ses expériences, et de ses trois pays : "En Italie, j’ai rencontré des musiciens, des amis qui m’ont donné le courage de me réaliser comme musicienne, l’audace, la liberté. Du Sénégal, je garde les rythmes, les djembés, les sabars endiablés, le mbalax quotidien, la transe, la vibration de mes cordes sensibles, quand les tambours s’envolent, cette foi, cette fête de l’existence. À Paris, ville-monde, j’aime le cosmopolitisme, l’éventail multicolore des propositions musicales, les épices."
Dans la capitale française, elle squatte ainsi le club de jazz du Sunset, pour une résidence, où s’invite une poignée d’amis : Vincent Ségal, Mariama, Gaël Faye, etc. Sur son disque aussi, réalisé par les maîtres Jean Lamoot et Pascal Danaé de Rivière Noire (Victoire de la Musique 2015), elle convie, sur ses fondamentaux jazz-soul, d’autres couleurs, des horizons multiples ; les notes en grains de la kora de Ballaké Sissoko ; la senza de Paco Séry ; la contrebasse veloutée de Greg Cohen ; le chant groovy en diable de Faada Freddy ; ou les arabesques poignantes d’un violon chinois.
Les énergies de l’amour
La racine, le cœur, pourtant demeurent : c’est l’amour, décliné sous toutes ses coutures, sur tous ses titres : "J’éprouve et délivre beaucoup d’amour dans ce disque, enregistré dans le cocon sécurisant d’un studio lors des attaques contre Charlie Hebdo : pour les gens qui m’entourent, au creux de mes notes, de mes rythmes".
Sa voix, bien sûr, ce socle, ses vertus surnaturelles, relie tous ses univers. "Je suis toujours étonnée de l’effet magnétique qu’exerce mon chant sur certains auditeurs, émue de posséder ce pouvoir de guérisseuse, ces énergies, ces fluides. Tout, ici-bas, n’est qu’énergie, échanges d’ondes, de vibrations… Comme la musique !" Assurément, l’art d’Awa Ly transcende le monde : les attributs d’une chamane !
Par : Anne-Laure Lemancel