BALADE DE MACKY SALL: Quand les internautes ivoiriens se lâchent sur le Président sénégalais

 
 
 
La balade du Président Macky Sall, au volant de sa voiture, en compagnie de sa fille, dans les rues de Dakar, n’a pas échappé au célèbre média people ivoirien «First Mag Le vrai». Et sur sa page Facebook, ses abonnés ne se sont pas privés de commentaires (près de 600 hier), rappelant entre autres que cette sortie du chef de l’Etat est presque le quotidien de présidents comme Kagamé, Talon, Déby et devrait être un acte fréquent pour tout bon chef d’Etat. Pour d’autres, cette balade dans un quartier huppé est faite juste pour le buzz et que certainement derrière il y a des visées politiciennes.
 
 
 
 
Alors que Ivanor Dossou Yavo se demande si le Président fait «une publicité pour Toyota ou quoi (marque de la voiture qu’il conduisait)», Modjingar Victor souligne que sa balade, en compagnie de sa fille, dans les rues de Dakar «c’est du quotidien pour le Maréchal du Tchad (Idriss Déby)». Tout comme Bouba Dabré qui rappelle que «Kagamé nettoie les rues de sa capitale avec ses compatriotes sans bruit». Et Rhetice Osé d’ajouter que «Talon (Patrice) a déjà trop habitué à ça à Cotonou depuis 2016». Pour Obou l’enfant béni, qui félicite et encourage le geste du chef de l’Etat, «un bon président n’a peur de rien».
 
 
«Nous Africains on voit tout en buzz tellement les présidents nous ont fait croire qu'ils sont des dieux sur Terre»
 
En effet, pour beaucoup d’internautes, cela ne devrait pas être un événement et une action qui fasse le buzz, pour un président soucieux de son peuple. «C’est en Afrique que ce genre d’image est un événement. Son permis de conduire sert à quoi», commente Zana Mohamed Koné. Et Don Aristide d’ajouter : «en tout cas, un président qui a été élu par le peuple ne le craint pas. Donc il peut se balader s’il le veut dans les rues de son pays». Pour Guy Charles Toualay, il faut qu’on cesse en Afrique de prendre nos chefs d’Etat comme des dieux et qu’eux-mêmes cessent de se prendre comme tels. «Nous Africains on voit tout en buzz tellement les présidents nous ont fait croire qu'ils sont des dieux sur Terre. Macron a déjeuné avec des soldats français au Mali. Le Président russe est arrivé à une station d'essence, il est descendu et s'est servi. L'Africain est tellement assoiffé de gloire qu’une fois président de la République il devient un demi-dieu sur Terre». Et Niko d’en rajouter : «c’est parce qu’en Afrique les populations sont encore dans l’ignorance, qu’elles prennent leurs élus pour des dieux. En Afrique, un ministre n’ose même pas aller au supermarché ou au stade tout seul. En Europe, les ministres prennent le métro. Barack Obama faisait des surprises dans les lieux publics…».
 
 
«Quand un président s’intéresse au peuple, c’est qu’il y a un autre mandat en téléchargement»
 
 
Pour beaucoup d’autres internautes, il y a toujours des non-dits dans les actions des politiciens et que la fameuse balade de Macky Sall n’est pas un fait anodin. «Est-ce que les élections présidentielles ne sont pas proches par hasard ? Parce qu’il y a des signes qui ne trompent pas», souligne Zana Mohamed Koné. Idem pour Julien Kouadio qui demande : «l’élection présidentielle, c’est pour quand ?» Dans le même sens, Bakary Soro est catégorique : «quand un président s’intéresse au peuple, c’est qu’il y a un autre mandat en téléchargement».  Et Razak Ouermi en est convaincu. «C'est parce qu'il veut solliciter un 3e mandat bientôt», affirme-t-il.
 
 
«Ça c'est une mise en scène. Il n'a qu'à aller à Dioulabougou du Sénégal, il va comprendre»
 
Qualifiant la balade médiatisée de Macky Sall comme du «populisme», des internautes crient à la mise en scène, juste pour le buzz. «Si le photographe était à l'extérieur du véhicule, là ça pouvait impressionner. Mais dans ce cas, il est assis à l'arrière. Donc le président a commandé ce cliché pour faire le buzz», note Denys Zoungrana. Surtout qu’il a choisi un quartier tranquille pour sa balade. «Ça c'est une mise en scène. Il n'a qu'à aller à Dioulabougou du Sénégal, il va comprendre», note Iris. Tout comme Georgette qui lui demande d’aller aussi «vers les quartiers pauvres pour vérifier lui-même la situation». En tout cas, pour Oba Nobel, il ne faut pas faire confiance à un politicien. «C'est à féliciter et encourager, mais quand je me rappelle sa trop grande proximité avec l'Occident, je garde mes distances de faire confiance...», dit-il. Beni de Dieu sera plus dur : «Lui là, depuis il est parti faire honte à l'Afrique là (affaire du dessert des tirailleurs), non je sais plus quoi penser de lui». Se voulant réaliste et ne voulant pas tomber sous le charme du buzz qui cache la réalité du terrain, Edu Malan interroge sur la balade du président : «ça change quoi au quotidien des Sénégalais ? Les Africains sont trop dans les petites choses». Pour Darouba De Gozo, la sortie du président était juste pour meubler le temps ou déstresser de la situation d’enfermement. «Merci au Covid. Ils ne passeront plus leurs vacances en Europe. Ils resteront ici avec nous pour voir la réalité du terrain», note-t-il.
 
Lynchage de Ouattara et Condé : «quand tu n’as pas tué pour venir au pouvoir, tu n’as rien à craindre»
 
Même s’ils ne sont pas directement concernés, les internautes ont fait le lien entre Macky Sall et les président Ouattara et Condé. «Le jour où Ado fera la même chose, ici à Abidjan, c’est ce jour-là que va va prendre fin son 3ème mandat. S’il ne me croit pas, qu’il mette Soro au défi», lance un internaute. S’en prenant à Ouattara, Alassane Traoré note : «un président très mal élu ne pourra jamais le faire». Avec un brin d’humour, Diampate Diallo d’en rajouter : «je connais des présidents qui ne peuvent pas faire ça. En Côte d'Ivoire si tu cries seulement : Soro tu es où ?, la voiture va faire un tonneau». Pour le Guinéen Mabdy Diallo, c’est évident que  «si l'autre (Condé) essaie de faire ça à Conakry, ce sont les cailloux qui vont le chasser». Faisant référence aux élections qui se sont soldées par des morts en Côte d’Ivoire et en Guinée, il conclut : «quand tu n’as pas tué pour venir au pouvoir, tu n’as rien à craindre» de ton peuple.
 
 
Mbaye THIANDOUM