Certaines tragédies s’écrivent dans le silence des ruines, où chaque mur effondré raconte un chapitre de désolation. C’est le cas de Ballou, un paisible village situé à 35 kilomètres de Bakel, brutalement frappé par une crue dévastatrice. Le 12 octobre dernier, des eaux incontrôlables ont bouleversé le quotidien de ses habitants, plongeant la communauté dans une crise sans précédent.
En quelques heures, plus de 210 maisons ont été réduites en décombres, des champs fertiles engloutis, et des infrastructures fragiles balayées. Depuis, les jours passent, marqués par l’absence de secours. Les villageois n’ont d’autre choix que de s’appuyer sur leur solidarité et leur espoir pour survivre à cette épreuve.
Au cœur de ce désastre, une figure familière se dresse : Sourakhata « Tchioula » Nianghane. Casquette bien en place, il arpente les rues inondées sur sa moto. À chaque halte, il prête une oreille attentive, réconforte ou partage une histoire marquée par la douleur.
« Cette maison-là abritait une famille de plus de 10 personnes. Aujourd’hui, ils dorment sous une tente de fortune, » confie-t-il d’une voix chargée d’émotion, en désignant ce qui reste d’une habitation : des murs lézardés, un toit à terre. Tout autour, le même tableau de désolation.
Les nuits sont froides et interminables. Les enfants, exposés aux maladies, dorment dans des tentes, entourés de chiens errants, tandis que les femmes, piliers de leurs foyers, tentent de maintenir une apparence de normalité malgré la pénurie de nourriture et d’eau potable.
« Nous avons attendu de l’aide, mais elle n’est jamais venue, » déplore Sourakhata, sans détour. Ni provisions, ni abris, ni promesses concrètes n’ont été apportés. Ballou semble effacé des cartes. Les rares magasins du village sont vides, et les biens essentiels ont été emportés par les eaux.
Pire encore, la mairie a vu ses archives administratives détruites. Ces pertes invisibles accentuent l’incertitude, laissant les habitants désemparés face à l’avenir.
Malgré tout, des signes d’espoir subsistent. Les jeunes, notamment ceux partis étudier à Dakar, ont répondu à l’appel. « Ils sont revenus, laissant tout derrière eux pour nous aider, » témoigne Sourakhata, entre fierté et reconnaissance. Leur soutien a ravivé l’espoir des sinistrés.
« On ne peut pas revivre ça »
Ils ont retroussé leurs manches pour déblayer les débris, distribuer les maigres ressources disponibles et, surtout, rappeler aux villageois qu’ils ne sont pas seuls. Pourtant, leur énergie et leur détermination ne suffiront pas à combler l’urgence criante de moyens extérieurs.
« Ce que nous traversons aujourd’hui est un échec collectif, » admet Sourakhata. Selon lui, reconstruire Ballou ne doit pas se limiter à rebâtir des murs. Il appelle à des solutions durables : des infrastructures adaptées, un système de drainage efficace et une meilleure anticipation des catastrophes naturelles. « On ne peut pas revivre ça. Des mesures doivent être prises, » insiste-t-il.
Malgré les épreuves, les habitants de Ballou gardent la tête haute. Leur résilience est une source d’inspiration. « Nous avons tout perdu, sauf notre espoir. Avec de l’aide, nous pourrons tout recommencer, » affirme Sourakhata, déterminé, le regard tourné vers l’avenir.
Ballou, bien que meurtri, refuse de céder. Ce village attend un geste concret, un soutien pour renaître de ses cendres. Car derrière chaque maison détruite se cachent des vies, des rêves et une communauté qui ne demande qu’une chose : une seconde chance.
Source : https://www.seneplus.com/societe/ballou-la-nouvell...