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BARA TALL ET TALIX-GROUP. Symboles d’une tragédie nationale. PAR ABDOU LATIF COULIBALY

Le mal aura été, incontestablement, au cours de ces neuf dernières années l’entreprise de déconstruction, pour ne pas dire de destruction tous azimuts à laquelle se livre depuis son installation le régime du président Wade, qui en est, en définitive, le chef d’orchestre. Bara Tall et son entreprise Talix-Group en constituent des symboles marquants. C’est au cours des années 80 que l’entreprise française de travaux publics, Jean Lefebvre Sénégal (JLS), installée à Dakar depuis 1952, est passée entre les mains des Sénégalais, quand la maison-mère a décidé de se retirer progressivement du Sénégal. Elle décida alors de confier la société à un de ses jeunes ingénieurs, Bara Tall, pour terminer les chantiers en cours et fermer définitivement l’entreprise.


Rédigé par leral.net le Jeudi 4 Juin 2009 à 01:55 | | 3 commentaire(s)|

BARA TALL ET TALIX-GROUP. Symboles d’une tragédie nationale. PAR ABDOU LATIF COULIBALY
C’est pendant la même période que les entreprises françaises de BTP : Colas et Dragages ont fermé leurs filiales sénégalaises. Nous étions à l’époque, en plein ajustement structurel. Le pays est exsangue. Les finances publiques se portent au plus mal. L’économie est presque aux arrêts. Contre toute attente, JLS gagne de nouveaux marchés et retrouve un niveau de développement impressionnant. Ses dirigeants changent alors de stratégie pour assurer une sorte de transition avant leur départ. Ils décident de filialiser la société pour en faire une entreprise de droit sénégalais avec l’entrée dans le capital de l’ingénieur Bara Tall, avec l’appui de Jean Claude Mimran, banquier qui fait confiance au jeune Sénégalais. Ce dernier prend une position minoritaire dans le capital. Ce qui met l’ingénieur sénégalais en pôle-position pour prendre le contrôle de la société quand le départ définitif des Français sera annoncé.

Avec lui, l’entreprise continue à croître et atteint un chiffre d’affaires annuel moyen de huit (8) milliards de FCFA, avec un effectif de 400 personnes. Elle gagne des parts de marché à l’étranger, en Guinée Bissau, notamment. Nous sommes en 2000. La maison-mère est rachetée en France par le numéro1 mondial de BTP, le Groupe VINCI, à travers son pôle routier EUROVIA. C’est à la fin de l’année 2001 que le capital de JLS passe complètement aux mains des Sénégalais avec le rachat par Bara Tall de l’ensemble des actions détenues par EUROVIA. Le chiffre d’affaires annuel de la compagnie JLS.SA atteint cette année-là 15 milliards de FCFA. Jls se constitue sous forme de Holding : Talix-Group, constitué de plusieurs sociétés. A partir de l’année 2000 le groupe de Bara Tall a investi 20 milliards de FCFA, avec une moyenne de 2,5 milliards FCFA par an, soit sur fonds propres, soit sur prêt bancaire. Cette période de croissance faste correspond avec l’arrivée du président Abdoulaye Wade. Bara Tall devient son chouchou, l’exemple à montrer aux Sénégalais et aux Africains de manière générale. Le baiser de la mort ? Voire ! En tous les cas, comme une bête de foire, Bara Tall est exhibé partout dans le monde par le chef de l’Etat.

A L’ORIGINE, UNE SOLLICITATION DU GOUVERNEMENT

Jusqu’en 2004, Jls est une entreprise modèle ayant une activité florissante et bénéficiant d’une situation financière confortable. Elle peut se prévaloir dans le milieu des BTP sénégalais d’une notoriété et d’une crédibilité incontestables. Ses capacités financières sont réelles. Le gouvernement qui est engagé dans une véritable politique d’équipement et de construction des villes de l’intérieur, à travers l’organisation tournante de la fête de l’Indépendance dans les capitales régionales, a besoin d’elle pour conduire les travaux prévus dans la cité du rail, qui devait accueillir en 2004 la fête nationale. Mais, l’argent manque. Pris dans une improvisation sans nom, le gouvernement qui n’a presque rien prévu pour ces travaux dans le budget en cours d’exécution, déploie un trésor d’imaginations, pour trouver les moyens financiers nécessaires. L’ancien Premier ministre Idrissa Seck parlera plus tard de grappes de convergences, pour expliquer les acrobaties ou montages budgétaires et financiers qui ont permis le financement des chantiers de Thiès. Acrobaties, montages financiers, rien n’y fait, l’argent fait défaut, la fête risque d’avorter. Le chef de l’Etat supplie Bara Tall de préfinancer. Les sommes nécessaires sont énormes. JLS peut tenter l’aventure à condition, toutefois, que les banques acceptent de l’accompagner. Celles-ci se montrent peu disposées à s’engager.

Or, sans un soutien des banquiers, rien ne peut se faire. Qu’à cela ne tienne ! C’est à Popenguine que le président de la République reçoit le syndicat patronal des banques et développe une armada d’arguments pour convaincre son président et ses membres d’accompagner Bara Tall qui a déjà une excellente réputation auprès du système bancaire national. L’aval de l’Etat suffit pour que les banques mettent en place les lignes de crédits nécessaires pour le financement des chantiers de Thiès. Finalement, ce sont presque vingt (20) milliards de FCFA qui sont engloutis dans l’opération, en attendant que l’Etat soit en mesure de payer la totalité des sommes avancées pour réaliser les travaux.

Mais, avant la célébration du 44ème anniversaire, arrive la brouille au sommet de l’Etat. Abdoulaye Wade et son Premier ministre, Idrissa Seck se séparent dans des conditions presque dramatiques : au cœur de la dispute, les chantiers de Thiès montés en épingle pour trouver une explication rationnelle et convaincante à un conflit politique sur fond de bataille de succession. Idrissa Seck qui est le maire de Thiès est accusé de graves malversations, de détournements de deniers publics et de concussions. Son complice ? Il est vite trouvé en la personne du bienfaiteur de l’Etat, en l’occurrence Bara Tall. Le pauvre ! Il est accusé de surfacturations et de corruption de fonctionnaires. Tous les qualificatifs sont bons pour noircir le tableau. La machine de propagande de l’Etat s’emballe, elle confond dans ses diatribes et accusations Bara Tall et Idrissa Seck. Ce dernier est jeté en prison pour sept mois. Bara Tall est encerclé et harcelé. On lui demande d’accuser Idrissa Seck, en confortant les éléments de la calomnie. Il refuse. Abdoulaye Wade, lui-même, lui propose un marché : « Vous l’accusez, vous irez certes en prison, mais on vous aidera à payer votre caution devant les juges et vous retrouverez votre liberté ». La ficelle est trop grosse. Niet catégorique de l’intéressé. Il est alors jeté en prison pour trois mois. On s’emploie alors à déconstruire et à détruire, avec l’acharnement du revanchard puissant et sûr de son fait. Ce qui a été bâti, au prix d’efforts incommensurables et pendant plus de cinquante ans est démoli sans état d’âme. On s’y met avec une arrogance cinglante.

JLS est visée dans ses fondements. Pourtant, c’est elle qui a construit le tronçon de l’autoroute, Malick Sy-Patte d’Oie, alors que le conflit avait déjà éclaté. Avec l’appui du chef de l’Etat, reconnaît Bara Tall. En fait, ce marché a été adjugé à une société concurrente qui proposait la bagatelle de quarante deux (42) milliards de FCFA, alors que JLS était disposée à exécuter les mêmes travaux pour vingt cinq (25) milliards de FCFA. C’est Abdoulaye Wade, lui-même, qui a ordonné aux responsables qui avaient attribué le marché pour 42 milliards de FCFA de choisir l’offre de Bara Tall, moins coûteuse. Ce désaveu coûtera cher à Bara Tall. Il perdra par la suite tous les marchés pour lesquels il aura soumissionné au Sénégal. En fait, il en aura même gagné certains, mais les autorités décideront de passer outre le choix de l’adjudicataire proposé. Ce fut le cas du marché de la construction de la route, Patte D’Oie-Aéroport : les plis de JLS ne seront même pas ouverts pour des motifs qui n’ont jamais été expliqués. Pour le marché, route Gouraye-Sélibary, les partenaires espagnols de JLS se sont retirés la veille du dépôt des offres, quand ils ont été informés de l’arrestation de Bara Tall. Adjudicataire provisoire du marché concernant l’élargissement de la route de Ouakam, JLS a de nouveau perdu la manche, car l’appel d’offres a été déclaré infructueux. Cela a été le cas dans d’autres marchés comme la route, Linguère-Matam, l’élargissement de la Corniche ouest, l’élargissement de la Voie de dégagement nord, etc. Au total, JLS a été exclue de tous les appels d’offres auxquels elle a participé au cours de ces cinq dernières années, pour un montant global de cent quatre (104) milliards de FCFA.

La destruction de l’entreprise Talix-Group est inexorable. Elle est programmée et rien ne devrait venir la remettre en cause. Cette destruction sera mise au passif du régime actuel et au passif particulier du chef de l’Etat. De vingt sociétés, le Groupe a fortement réduit sa voilure et ne comprend plus que treize sociétés, dont la majorité vit dans une situation financière catastrophique. Talix-Group qui était parti, au moment où s’installait le nouveau régime, pour être un grand conglomérat employant plus de cinq (5000) personnes dans divers domaines d’activités il y a à peine cinq ans, a subi une mise à mort qui a fini de jeter dans la rue des milliers de Sénégalais pris en otage et sacrifiés par un régime revanchard et ayant la rancune dure.

ABDOU LATIF COULIBALY

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1.Posté par gueladjegui le 04/06/2009 12:02 | Alerter
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Que dire apres le recit de faits averes et incontestables de Latif,ce n'est pas la premiere fois que Wade et son equipe s'illustrent dans le complot et le sabotage de notre econmie à des fins d'appropriation des retombees sinon je casse tout Comment apres des actes aussi ignobles ,peut on se regarder dans une glace? Bara Tall qui est encore en vie,peut retrouver tout ce qu'il a perdu et peut etre plus par la grace de Dieu,qui seul detient le pouvoir du vrai don ,pur et eternel ou le retrait definitif et irrevocable et cela le pouvoir politique n'est pas en reste et ceux qui pensaient etre tous puissants sur terre(Mobutu,Bongo et j'en passe ....) ,ont fini par s'en apercevoir Que Dieu nous preserve de ces chemins du mensonge.

2.Posté par matar khakly le 04/06/2009 14:10 | Alerter
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ce que je peux dire bara tall et exemplaire ont la mit au prison pour noyer quelqun il as refuser avec tout les presons de wade selon etre quelqun a sa place il accepterai.mais bara mounieul tall khamalni deug moy moudier

3.Posté par samba kethio mbondo le 04/06/2009 15:40 | Alerter
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Rendons gloire au seigneur DIEU .A lui nous venons, a lui nous retournerons.Bara TALL doit remercier le bon DIEU,car il est vivant,donc il doit remercier son createur,ce qui est parti par la main droite, reviendra par la main gauche.Ainsi va la vie,NDIOMBOR ni pourra rien.

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