En réalité, les conséquences de cette situation désastreuse du Btp sont plus graves. A partir du 15 août prochain, le patronat informe que la plupart des 250 entreprises du Snbtp seront en arrêt technique. Le plan d’action du Snbtp prévoit aussi le gel des cotisations à l’Ipres et de la Caisse de sécurité sociale. De même, ces entreprises du Btp vont arrêter de verser leurs contributions sociales jusqu’à nouvel ordre, étant donné, expliquent-elles, que peu d’entreprises arrivent à être à jour de leurs cotisations sociales et à honorer leurs obligations fiscales, à cause de la crise. Abdel Kader Ndiaye, le président du Snbtp, par ailleurs vice-président de la Cnes explique que ces décisions ne sont pas l’expression d’un refus, mais plutôt la résultante d’une incapacité. Au cours de leur conférence de presse, ces acteurs du Btp ont exigé le paiement sans condition des factures de Jean Lefebvre Sénégal (Jls) ainsi que l’arrêt de tous les actes de « discrimination » dont elle fait l’objet. Ces mesures ne constituent en fait que la première étape d’un plan d’action qui prévoit, en cas d’échec, d’autres formes de lutte comme une marche pacifique à travers les rues de la capitale. Cette crise du Btp se manifestera par l’absence de parts de marché pour les Pme qui gravitent autour du secteur. Selon le Snbtp, elle s’explique par les « stratégies concurrentielles » qui ont érigé la préférence étrangère en culte au détriment de la préférence nationale. Le document du syndicat patronal ajoute que les nombreux problèmes de gouvernance ont une incidence directe sur l’efficacité de notre système de marchés publics. Dépité par cette crise sans précédent, Fayçal Charara, un des leaders de la Cnes, estime que les entreprises du Btp sont acculées, elles n’ont plus de liquidités. Réagissant à la récente sortie du ministère de l’Economie et des Finances relative à l’apurement de la totalité de la dette intérieure, le patronat du Btp soutient que cette dette n’est pas totalement soldée. Plusieurs entreprises du secteur seraient en train d’attendre pour rentrer dans leurs fonds. Finalement, le Snbtp interpelle les autorités publiques pour un dialogue et une concertation autour des nombreuses contraintes qui minent ce secteur, gros pourvoyeur d’emplois. Le Btp représente l’une des filières les plus dynamiques de l’économie nationale. Il représente près de 33% du secteur secondaire et a mobilisé 985 milliards d’investissements en 2007. Il affiche un taux de croissance annuelle de sa valeur ajoutée moyenne de 13%.
Mamadou L. DIATTA
Source Le Soleil
Mamadou L. DIATTA
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