Hôtel Radisson Blu de Dakar : le « ndogou haut de gamme » est servi pendant le ramadan.
Les tables garnies à Almadies, Sacré-Cœur, Fann Résidence, Point E… contrastent avec les ndogou (« plats de rupture », en wolof) servis à Yeumbeul, Guédiawaye, Madina et dans tous ces quartiers paupérisés où, selon l’expression aujourd’hui en vogue, « on ne voit même plus le diable pour lui tirer la queue ».
Les riches ont leurs habitudes au Radisson Blu, le nouvel hôtel luxueux et tendance qui surplombe la corniche de Dakar. La formule du « buffet ndogou », mise en place depuis le début du carême, fait un tabac. Elle attire tout ce que la capitale compte de jet-setteurs, d’hommes d’affaires ayant pignon sur rue et même de décideurs politiques. Vendu à 40 euros environ, une belle somme au regard du pouvoir d’achat moyen des Sénégalais, ce buffet est une occasion pour le Dakar qui brille de se montrer en ce mois d’abstinence et d’austérité.
Au menu ce 25 août : fruits de mer, poulet au curry, veau en sauce, viennoiseries, tartes, salades de fruits… Sans oublier le traditionnel jus de bissap pour se désaltérer après une journée sans boire. Mais il y avait aussi et surtout du beau monde : notamment un jeune homme d’affaires qui a fait fortune dans le négoce international de produits alimentaires, Mokhtar Diop, et une poignée d’hommes politiques, dont le très médiatisé Abdou Aziz Diop, président de la Coordination nationale des cadres libéraux (CNCL, une sorte de pépinière pour le parti au pouvoir) et par ailleurs directeur de cabinet du ministre de la Construction.
Certains se privent moins que d’autres au cours de ce « mois béni ». Ceux qui font par exemple leurs emplettes à Casino (un supermarché de niveau européen situé au cœur du luxueux quartier des Almadies) remplissent leurs Caddies avec gourmandise, bourrent les malles de leurs bolides garés au parking… et récupèrent plus aisément les vitamines perdues durant la journée.
Cheikh Yerim Seck jeune afrique