Vous aviez quitté la coalition Bby à la veille des élections législatives. Peut-on savoir les raisons du clash entre Bby et votre parti ?
Quand on allait vers ces élections législatives, la Coalition Bby a fédéré plusieurs listes, plusieurs groupes. Chacun voulant occuper une position privilégiée. On savait que les positions sur la liste majoritaire étaient des positions intéressantes. Il y avait l’effet d’entraînement qui allait faire que naturellement, «le raw gaddu» (le plus fort reste) allait être en faveur de cette coalition. Pour les proportionnelles, il fallait être proche du tiers supérieur pour pouvoir passer. Il y a eu beaucoup de jeux, d’influence, de positionnement de personnes qui, théoriquement, n’avaient pas la représentativité que d’aucuns espéraient. Certains anciens candidats ont été classés 45e et plus sur la liste Bby là où l’on voyait des étudiants qui n’ont jamais fait de la politique être dans des positions éligibles. Lorsque j’ai vu ces tiraillements, j’ai considéré que ma mission était terminée au sein de la coalition Bby. Et qu’il fallait prendre mon bâton de pèlerin et plaider ma cause dans un autre mouvement. C’est ce que j’ai fait. Finalement, nous nous sommes retrouvés dans la coalition «Wa Senegaal» avec le Pr Ibrahima Fall. Nous préparons les élections locales de 2014.
Si vous devez être candidat à la mairie de Dakar en 2014, est-ce que vous ne craignez pas le syndrome Karim Wade. Que les gens disent que votre nom «Derneville» ne sonne pas sénégalais et que vous ne parlez pas wolof ?
Je m’appelle Derneville. Je suis très fier de porter ce nom. Je suis né avec ce nom. Je n’ai pas choisi ce nom. Pour ceux qui connaissent l’histoire du Sénégal, c’est un nom qui a démontré beaucoup de patriotisme. Quand vous entendez parler du Général Jean Alfred Diallo, il fait partie de la famille Derneville, Bruno Diatta, chef du protocole des anciens Présidents, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, sa mère est «Derneville». Nous avons le même homonyme. Le frère à sa mère. Je pense que Bruno Diatta a montré un niveau de patriotisme qui ne fait aujourd’hui l’objet d’aucun doute. Il y’en a d’autres. Il y a eu un «Derneville» qui a été député à Mbour et qui a eu des problèmes avec Demba Diop. Un des premiers maires de Saint-Louis, est un «Denerville». Ceux qui connaissent l’histoire des «Dernerville» savent que ce nom est devenu sénégalais depuis 1700. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Comme on dit en wolof, «sant dekoul fenn» (le nom ne fait pas la nationalité de la personne). Il y a quelques semaines, le Président Macky Sall était venu présenter ses condoléances à la famille de Serigne Massamba Coki Diop. Quand il est venu, c’est avec de grands gestes qu’il m’a fait savoir dans la foule qu’il était étonné de me voir assis du côté de la famille. Il m’a demandé ce que je faisais là. Je lui ai répondu qu’ici c’est ma famille. Je lui ai expliqué comment je suis apparenté à la famille de Massamba Coki Diop. En deux mots, mon père est le fils de Fatou Guèye, Fatou Guèye est la fille de Maguèye Guèye, Maguèye Guèye est le fils de Fatou Diop, Fatou Diop est la fille de Cheikh Yaba Diop qu’on appelle Cheikh Yaba Coki. Ce dernier, beaucoup le connaissent, parce qu’il était un érudit religieux. Aujourd’hui, la famille Mbacké-Mbacké de Touba a donné une place importante à notre famille du côté de ma grand-mère, qui fait qu’aujourd’hui quand elle va à Touba, elle ne passe pas par le chemin qu’empruntent les autres. Une de mes ancêtres qui s’appelait, Yetou Démou Wade, est aujourd’hui enterrée dans la grande mosquée de Diourbel. C’était elle qui donnait le pain à ‘’Khadimou Rassoul’’, Serigne Bamba. Je connais mon histoire et je suis fier de mes deux appartenances. Mais je suis particulièrement fier d’être Sénégalais aussi. C’est pourquoi, j’ai quitté l’Europe pour venir dans mon pays afin de combattre pour les miens.
Quel est le bilan que vous faites de la gestion du pays par Macky Sall depuis un an qu’il est là ?
Il y a du plus, il y a du moins. On ne peut pas, quand même, regretter l’avènement de ce nouveau régime. Le Président Macky Sall a trouvé une situation extrêmement compliquée avec des difficultés financières. Les valeurs qu’on avait développées, ces dernières années, ont été complètement dévoyées. Il y a tout ce travail qu’il faut refaire. Le Président Macky a commencé avec la traque des biens supposés mal acquis. C’est une démarche comme une autre. Mais d’une personne à une autre, la démarche ne peut pas être forcément la même. J’ai le sentiment qu’en voulant aller vite pour régler la question des biens mal acquis, on a été vite débordé par la sur-médiatisation sur cette question. Les gens ont eu le sentiment que rien ne se faisait par ailleurs. Pourtant, il y a des choses qui sont en train d’être faits. Depuis à peu près un mois, je suis content de voir que le président de la République a engagé une réforme de l’Etat. Si vous avez suivi mes sorties ces derniers mois, j’avais dit que c’est bien de faire des audits, mais il faut éviter le système des audits qui consiste à traquer les gens et les taper sur la tête. Les audits qu’il faut faire, ce sont les audits de l’administration qui sont des audits organisationnels afin d’améliorer le système. Revoir les procédures, revoir les organigrammes, revoir les moyens et définir un certain nombre d’objectifs stratégiques. Aujourd’hui, c’est ce que le Président a demandé aux uns et aux autres. L’orientation globale qu’il a donnée, c’est que désormais, les administrations travaillent selon des objectifs. Cela est une bonne chose. Qu’on dise que c’est mon idée ou pas, cela n’est pas important. Le plus important, c’est de faire avancer la machine. Et la machine, de ce point de vue, n’avance pas assez vite. Maintenant, le Conseil économique, social et environnemental, il a décidé de le mettre à flot, pour moi, le Ces et le Sénat étaient des structures à enlever. Par contre, j’aurai proposé à la place de ces structures, qu’on mette un Conseil des sages. Qui sera est une structure africaine où l’on pose les vrais problèmes et qu’on ait les véritables réponses. Vous disiez tout à l’heure que «Derneville» ne fait peut-être pas très africain, mais j’ai le sentiment qu’en termes d’orientations institutionnelles, je pense que parmi tous les hommes politiques de la place, je suis le plus Africain, le plus Sénégalais.
Il y a un débat technique autour du pavage des rues de la capitale par la ville de Dakar, certains disent que cela risque de causer des inondations. Partagez-vous cet avis ?
J’ai le sentiment qu’il y a quelques constructions comme le pavage où il y a la précipitation et il n’y a pas assez d’études. C’est clair que quand on s’inquiète du risque d’inondations, je confirme qu’il y a un risque bel et bien d’inondations. C'est-à-dire à niveau égal de pluviométrie l’année dernière on risque de voir de nombreux autres quartiers qui vont être inondés. Parce que le simple fait de mettre en place des pavages sans élargir le dispositif d’assainissement, sans mettre même de nouveaux systèmes de drainage, cela fera que l’eau qui était censé disparaître par le sable, cette portion d’eau va rejoindre les ruelles et va donner plus de force aux eaux, c'est-à-dire il va y avoir plus d’immeubles qui vont s’effondrer, pis les eaux vont arriver plus rapidement dans les zones de collectes, plus rapidement, elles vont sortir de ces zones pour rejoindre des zones qui n’étaient pas touchées avant. Parce que le volume d’eau aura doublé ou triplé. Ce système de pavage va créer aussi des risques d’instabilité majeure. Par rapport aux émeutes et au soulèvement des populations. On a régulièrement des populations qui se soulèvent, des groupes qui pour une raison ou une autre parlent de «niaxtou», la police qui se défend comme elle peut, il arrive que ces jeunes se mettent a casser des blocs de pierres et a les jeter sur les policiers, l’intifada comme on l’a vu sous le régime de Me Abdoulaye Wade. Nos concepteurs de pavage ont eu la bonne idée de faire des pavés qui arrivent à la taille d’une main d’homme et qui pèsent entre deux à trois kilos, juste pour qu’un homme costaud puisse le balancer 20 a 25 mètres. Si vous tâtez le béton des pavés, ce n’est pas du béton friable. C’est du béton, qui quand elle vous tape, vous êtes comateux ou mort. Les manifestants, d’habitude, cassent les bancs, les édifices publics, pour avoir de quoi jeter aux policiers. Maintenant, ils n’ont pas besoin d’aller chercher tout cela. Ils auront tout sous leur pied. Il leur suffit d’avoir une barre ou une barre à mine pour enlever un et avoir tous les autres. Parce que ces pavés ne sont pas scellés. Ils sont simplement posés. Il faut qu’on revoie ce projet. Parce que ce n’est pas un projet pour Dakar. S’ils veulent faire des pavés, rien ne leur empêche de le faire, mais que ces pavés soient quatre a cinq fois plus gros que ces pavés, même s’ils ne le scellent pas, ca va être quelque chose de difficile à soulever pour le jeter à quelqu’un. Ces pavés constituent une mine de projectiles pour ceux qui veulent détruire le pays.
La ville de Dakar ne peut pas être assez légère au point de démarrer des projets de cette envergure sans au préalable avoir fait une étude d’impact environnemental ?
C’est ce qu’elle aurait du faire. Le sentiment que j’ai est que tout cela a été décidé à la hâte. Je ne comprends pas que le maire de Dakar, Khalifa Sall, ait accepté d’engager des travaux de cette nature avec une légèreté de ce type.
Comment expliquez-vous cette recrudescence des effondrements de bâtiments et des incendies à Dakar ?
Sur la question de la construction et la solidité des bâtiments, il y a un texte de référence qu’on appelle le Code de la construction. Malheureusement, ce Code a été voté sans que les textes qui l’accompagnent ne soient réfléchis et posés sur la table. Il y a un problème d’application de ce code. Qui stipule que : «Tout constructeur est obligé de respecter ce code, sinon il y a des sanctions civiles et pénales qui s’imposent. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’immeubles tombent. Les immeubles qui tombent appartiennent à des privés. Ce ne sont pas des immeubles publics. Parce que dans les marchés publics, l’Etat fait les choses tant soit peu dans les règles de l’art.» Il y a un bureau de contrôle, un bureau d’études, malheureusement, bien que le code exige d’avoir un contrôle technique, des plans faits par un architecte pour tous les immeubles qui ont deux étages ou plus, pour tous les immeubles qui ont un sous-sol, des immeubles qui ont des balcons qui ont plus de deux mètres ou plus.
Qu’est-ce que vous préconisez comme solutions par rapport à ces problèmes ?
Je proposerai qu’à titre conservatoire, dans l’urgence, que les mairies, les maires des communes d’arrondissement, les maires des communes prennent des arrêtés pour obliger les promoteurs ou les constructeurs à indiquer systématiquement devant le chantier, la nature du chantier, le nombre de niveaux et quels sont les intervenants sur le chantier.
HAROUNA FALL L'Obs
Quand on allait vers ces élections législatives, la Coalition Bby a fédéré plusieurs listes, plusieurs groupes. Chacun voulant occuper une position privilégiée. On savait que les positions sur la liste majoritaire étaient des positions intéressantes. Il y avait l’effet d’entraînement qui allait faire que naturellement, «le raw gaddu» (le plus fort reste) allait être en faveur de cette coalition. Pour les proportionnelles, il fallait être proche du tiers supérieur pour pouvoir passer. Il y a eu beaucoup de jeux, d’influence, de positionnement de personnes qui, théoriquement, n’avaient pas la représentativité que d’aucuns espéraient. Certains anciens candidats ont été classés 45e et plus sur la liste Bby là où l’on voyait des étudiants qui n’ont jamais fait de la politique être dans des positions éligibles. Lorsque j’ai vu ces tiraillements, j’ai considéré que ma mission était terminée au sein de la coalition Bby. Et qu’il fallait prendre mon bâton de pèlerin et plaider ma cause dans un autre mouvement. C’est ce que j’ai fait. Finalement, nous nous sommes retrouvés dans la coalition «Wa Senegaal» avec le Pr Ibrahima Fall. Nous préparons les élections locales de 2014.
Si vous devez être candidat à la mairie de Dakar en 2014, est-ce que vous ne craignez pas le syndrome Karim Wade. Que les gens disent que votre nom «Derneville» ne sonne pas sénégalais et que vous ne parlez pas wolof ?
Je m’appelle Derneville. Je suis très fier de porter ce nom. Je suis né avec ce nom. Je n’ai pas choisi ce nom. Pour ceux qui connaissent l’histoire du Sénégal, c’est un nom qui a démontré beaucoup de patriotisme. Quand vous entendez parler du Général Jean Alfred Diallo, il fait partie de la famille Derneville, Bruno Diatta, chef du protocole des anciens Présidents, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, sa mère est «Derneville». Nous avons le même homonyme. Le frère à sa mère. Je pense que Bruno Diatta a montré un niveau de patriotisme qui ne fait aujourd’hui l’objet d’aucun doute. Il y’en a d’autres. Il y a eu un «Derneville» qui a été député à Mbour et qui a eu des problèmes avec Demba Diop. Un des premiers maires de Saint-Louis, est un «Denerville». Ceux qui connaissent l’histoire des «Dernerville» savent que ce nom est devenu sénégalais depuis 1700. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Comme on dit en wolof, «sant dekoul fenn» (le nom ne fait pas la nationalité de la personne). Il y a quelques semaines, le Président Macky Sall était venu présenter ses condoléances à la famille de Serigne Massamba Coki Diop. Quand il est venu, c’est avec de grands gestes qu’il m’a fait savoir dans la foule qu’il était étonné de me voir assis du côté de la famille. Il m’a demandé ce que je faisais là. Je lui ai répondu qu’ici c’est ma famille. Je lui ai expliqué comment je suis apparenté à la famille de Massamba Coki Diop. En deux mots, mon père est le fils de Fatou Guèye, Fatou Guèye est la fille de Maguèye Guèye, Maguèye Guèye est le fils de Fatou Diop, Fatou Diop est la fille de Cheikh Yaba Diop qu’on appelle Cheikh Yaba Coki. Ce dernier, beaucoup le connaissent, parce qu’il était un érudit religieux. Aujourd’hui, la famille Mbacké-Mbacké de Touba a donné une place importante à notre famille du côté de ma grand-mère, qui fait qu’aujourd’hui quand elle va à Touba, elle ne passe pas par le chemin qu’empruntent les autres. Une de mes ancêtres qui s’appelait, Yetou Démou Wade, est aujourd’hui enterrée dans la grande mosquée de Diourbel. C’était elle qui donnait le pain à ‘’Khadimou Rassoul’’, Serigne Bamba. Je connais mon histoire et je suis fier de mes deux appartenances. Mais je suis particulièrement fier d’être Sénégalais aussi. C’est pourquoi, j’ai quitté l’Europe pour venir dans mon pays afin de combattre pour les miens.
Quel est le bilan que vous faites de la gestion du pays par Macky Sall depuis un an qu’il est là ?
Il y a du plus, il y a du moins. On ne peut pas, quand même, regretter l’avènement de ce nouveau régime. Le Président Macky Sall a trouvé une situation extrêmement compliquée avec des difficultés financières. Les valeurs qu’on avait développées, ces dernières années, ont été complètement dévoyées. Il y a tout ce travail qu’il faut refaire. Le Président Macky a commencé avec la traque des biens supposés mal acquis. C’est une démarche comme une autre. Mais d’une personne à une autre, la démarche ne peut pas être forcément la même. J’ai le sentiment qu’en voulant aller vite pour régler la question des biens mal acquis, on a été vite débordé par la sur-médiatisation sur cette question. Les gens ont eu le sentiment que rien ne se faisait par ailleurs. Pourtant, il y a des choses qui sont en train d’être faits. Depuis à peu près un mois, je suis content de voir que le président de la République a engagé une réforme de l’Etat. Si vous avez suivi mes sorties ces derniers mois, j’avais dit que c’est bien de faire des audits, mais il faut éviter le système des audits qui consiste à traquer les gens et les taper sur la tête. Les audits qu’il faut faire, ce sont les audits de l’administration qui sont des audits organisationnels afin d’améliorer le système. Revoir les procédures, revoir les organigrammes, revoir les moyens et définir un certain nombre d’objectifs stratégiques. Aujourd’hui, c’est ce que le Président a demandé aux uns et aux autres. L’orientation globale qu’il a donnée, c’est que désormais, les administrations travaillent selon des objectifs. Cela est une bonne chose. Qu’on dise que c’est mon idée ou pas, cela n’est pas important. Le plus important, c’est de faire avancer la machine. Et la machine, de ce point de vue, n’avance pas assez vite. Maintenant, le Conseil économique, social et environnemental, il a décidé de le mettre à flot, pour moi, le Ces et le Sénat étaient des structures à enlever. Par contre, j’aurai proposé à la place de ces structures, qu’on mette un Conseil des sages. Qui sera est une structure africaine où l’on pose les vrais problèmes et qu’on ait les véritables réponses. Vous disiez tout à l’heure que «Derneville» ne fait peut-être pas très africain, mais j’ai le sentiment qu’en termes d’orientations institutionnelles, je pense que parmi tous les hommes politiques de la place, je suis le plus Africain, le plus Sénégalais.
Il y a un débat technique autour du pavage des rues de la capitale par la ville de Dakar, certains disent que cela risque de causer des inondations. Partagez-vous cet avis ?
J’ai le sentiment qu’il y a quelques constructions comme le pavage où il y a la précipitation et il n’y a pas assez d’études. C’est clair que quand on s’inquiète du risque d’inondations, je confirme qu’il y a un risque bel et bien d’inondations. C'est-à-dire à niveau égal de pluviométrie l’année dernière on risque de voir de nombreux autres quartiers qui vont être inondés. Parce que le simple fait de mettre en place des pavages sans élargir le dispositif d’assainissement, sans mettre même de nouveaux systèmes de drainage, cela fera que l’eau qui était censé disparaître par le sable, cette portion d’eau va rejoindre les ruelles et va donner plus de force aux eaux, c'est-à-dire il va y avoir plus d’immeubles qui vont s’effondrer, pis les eaux vont arriver plus rapidement dans les zones de collectes, plus rapidement, elles vont sortir de ces zones pour rejoindre des zones qui n’étaient pas touchées avant. Parce que le volume d’eau aura doublé ou triplé. Ce système de pavage va créer aussi des risques d’instabilité majeure. Par rapport aux émeutes et au soulèvement des populations. On a régulièrement des populations qui se soulèvent, des groupes qui pour une raison ou une autre parlent de «niaxtou», la police qui se défend comme elle peut, il arrive que ces jeunes se mettent a casser des blocs de pierres et a les jeter sur les policiers, l’intifada comme on l’a vu sous le régime de Me Abdoulaye Wade. Nos concepteurs de pavage ont eu la bonne idée de faire des pavés qui arrivent à la taille d’une main d’homme et qui pèsent entre deux à trois kilos, juste pour qu’un homme costaud puisse le balancer 20 a 25 mètres. Si vous tâtez le béton des pavés, ce n’est pas du béton friable. C’est du béton, qui quand elle vous tape, vous êtes comateux ou mort. Les manifestants, d’habitude, cassent les bancs, les édifices publics, pour avoir de quoi jeter aux policiers. Maintenant, ils n’ont pas besoin d’aller chercher tout cela. Ils auront tout sous leur pied. Il leur suffit d’avoir une barre ou une barre à mine pour enlever un et avoir tous les autres. Parce que ces pavés ne sont pas scellés. Ils sont simplement posés. Il faut qu’on revoie ce projet. Parce que ce n’est pas un projet pour Dakar. S’ils veulent faire des pavés, rien ne leur empêche de le faire, mais que ces pavés soient quatre a cinq fois plus gros que ces pavés, même s’ils ne le scellent pas, ca va être quelque chose de difficile à soulever pour le jeter à quelqu’un. Ces pavés constituent une mine de projectiles pour ceux qui veulent détruire le pays.
La ville de Dakar ne peut pas être assez légère au point de démarrer des projets de cette envergure sans au préalable avoir fait une étude d’impact environnemental ?
C’est ce qu’elle aurait du faire. Le sentiment que j’ai est que tout cela a été décidé à la hâte. Je ne comprends pas que le maire de Dakar, Khalifa Sall, ait accepté d’engager des travaux de cette nature avec une légèreté de ce type.
Comment expliquez-vous cette recrudescence des effondrements de bâtiments et des incendies à Dakar ?
Sur la question de la construction et la solidité des bâtiments, il y a un texte de référence qu’on appelle le Code de la construction. Malheureusement, ce Code a été voté sans que les textes qui l’accompagnent ne soient réfléchis et posés sur la table. Il y a un problème d’application de ce code. Qui stipule que : «Tout constructeur est obligé de respecter ce code, sinon il y a des sanctions civiles et pénales qui s’imposent. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’immeubles tombent. Les immeubles qui tombent appartiennent à des privés. Ce ne sont pas des immeubles publics. Parce que dans les marchés publics, l’Etat fait les choses tant soit peu dans les règles de l’art.» Il y a un bureau de contrôle, un bureau d’études, malheureusement, bien que le code exige d’avoir un contrôle technique, des plans faits par un architecte pour tous les immeubles qui ont deux étages ou plus, pour tous les immeubles qui ont un sous-sol, des immeubles qui ont des balcons qui ont plus de deux mètres ou plus.
Qu’est-ce que vous préconisez comme solutions par rapport à ces problèmes ?
Je proposerai qu’à titre conservatoire, dans l’urgence, que les mairies, les maires des communes d’arrondissement, les maires des communes prennent des arrêtés pour obliger les promoteurs ou les constructeurs à indiquer systématiquement devant le chantier, la nature du chantier, le nombre de niveaux et quels sont les intervenants sur le chantier.
HAROUNA FALL L'Obs