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BSkyB, l'autre affaire Murdoch qui éclabousse Cameron

Rédigé par leral.net le Samedi 26 Mai 2012 à 08:59 | | 0 commentaire(s)|

Son ministre de la Culture, Jeremy Hunt, sera entendu la semaine prochaine sur ses liens avec le groupe News Corp.


BSkyB, l'autre affaire Murdoch qui éclabousse Cameron

Jeremy Hunt est un homme traqué. Dès qu'il sort de sa maison de Londres, tôt le matin pour son jogging ou s'échapper seul sur son vélo, le ministre de la Culture britannique est assailli par une meute de photographes et de reporters. Les travaillistes réclament à cor et à cri depuis un mois sa démission. Jour après jour, les témoignages s'accumulent sur sa collusion avec le groupe Murdoch. Durant des mois, des textos et des e-mails compromettants ont été échangés entre son cabinet et des responsables du groupe de médias, qui préparait alors une OPA à 10 milliards d'euros sur le bouquet satellitaire BSkyB. Une nouvelle fois, vendredi, David Cameron a renouvelé son soutien à son ministre sur la sellette, dont il a plaidé «l'impartialité». Mais l'étau se resserre. Hunt est appelé à témoigner jeudi prochain devant la commission du juge Leveson sur les pratiques des médias, ainsi que quatre autres membres du gouvernement Cameron, et l'ancien premier ministre Tony Blair lundi. Le premier ministre lui-même y sera entendu courant juin.

Méthodes de gangster
L'OPA avortée de Murdoch sur BSkyB devient une affaire dans l'affaire des écoutes téléphoniques du groupe Murdoch. Le gouvernement Cameron se retrouve au cœur de la tourmente dans une commission d'enquête qu'il a lui-même mise en place pour faire la lumière sur les pratiques douteuses de l'empire de médias. Après les méthodes de gangsters de ses tabloïds - espionnage, intimidations, corruption de policiers - émerge le spectre d'une collusion autour d'intérêts financiers entre le géant de la presse et le Parti conservateur au pouvoir.

Après avoir endossé la candidature de Cameron, au détriment des travaillistes qu'il soutenait depuis plus de dix ans, le groupe Murdoch attend son accession au pouvoir en mai 2010 pour lancer son projet d'OPA sur les 60 % du bouquet de télé BSkyB qu'il ne possédait pas encore. Coïncidence? Au cours des auditions quotidiennes de la commission Leveson, apparaissent les liens très rapprochés entre les conservateurs et la galaxie Murdoch. Dans un premier temps, Vince Cable, ministre des Entreprises libéral-démocrate, le parti centriste allié des tories dans la coalition gouvernementale, est chargé d'examiner le dossier. Mais il ne fait pas mystère de son hostilité aux Murdoch.

«Furieux», James Murdoch en appelle à Jeremy Hunt, ministre de la Culture conservateur qui, dans une note à David Cameron du 19 novembre 2010 révélée jeudi, se fait l'avocat du projet d'OPA. Un dessein pourtant si controversé qu'en dehors du groupe News Corp. et de ses amis tories, il fédère l'opposition de l'intégralité des médias non Murdoch (BBC, Channel 4, Guardian, Daily Mail, Financial Times…). Car, comme le souligne dans son «mémo» Jeremy Hunt, il vise à constituer un groupe intégré allant de la presse à la télé, l'Internet et le mobile, mettant en synergie ses fichiers d'abonnés pour dominer le paysage - et, incidemment, écraser la concurrence.

Un mois plus tard, le dossier est retiré par Cameron à Cable et confié à Hunt. Ce dernier ne cesse ensuite d'abreuver, via son conseiller spécial Adam Smith - qui a démissionné il y a un mois pour tenter d'étouffer l'affaire - le groupe Murdoch en signaux favorables sur la bonne avancée du projet. L'OPA est retirée dans la débâcle du scandale des écoutes de l'été 2011. Mais l'affaire n'a pas fini de faire sentir ses ondes de choc au sommet de l'État.


Par Florentin Collomp