À la une du quotidien "L’Observateur" de ce mercredi 28 janvier 2025, un scandale éclate autour d’un réseau de vente en ligne de suppositoires destinés à augmenter le volume des fesses. Selon le journal, la police, aidée par des médecins et des pharmaciens, a interpellé une vendeuse, trois assistantes, ainsi que trois autres commerçants. Ce fait divers illustre une problématique plus large : celle de la violence symbolique exercée sur les femmes, les poussant à risquer leur santé pour répondre à des idéaux esthétiques inatteignables.
En effet, les racines de cette quête destructrice se trouvent dans une société où l’apparence joue un rôle central. Elles sont nombreuses ces femmes qui se retrouvent fragilisées par des normes de beauté oppressantes. Cette pression sociale, renforcée par les médias et les réseaux sociaux, agit comme une forme de violence symbolique, qui désigne selon le sociologue Pierre Bourdieu, « une forme de domination ou de coercition subtile, exercée à travers des structures sociales, des normes culturelles ou des discours. Cette violence est symbolique, car elle n'est pas physique, mais agit sur les représentations, les perceptions et les croyances des individus ». Elle contraint ainsi les individus à intérioriser des standards imposés, jusqu’à en oublier leur propre valeur. Pour certaines, cette quête de perfection devient une obsession. Perte d’estime de soi, comparaison constante avec des images idéalisées, sentiment d’inadéquation : ces femmes se retrouvent piégées dans un cercle vicieux, cherchant des solutions rapides pour « corriger » un corps qu’elles perçoivent comme imparfait.
La violence symbolique se manifeste aussi dans les discours et les représentations qui valorisent un certain type de corps, souvent éloigné des réalités physiques de la majorité des femmes sénégalaises. Les standards de beauté, hérités de l’histoire coloniale et des influences occidentales, imposent un modèle qui rejette la diversité des morphologies et des carnations africaines. Ce rejet, intériorisé par beaucoup, conduit certaines femmes à se lancer dans des pratiques risquées : dépigmentation volontaire, chirurgies clandestines, utilisation excessive de produits capillaires chimiques, et désormais, recours à des produits comme ces suppositoires.
Le scandale des suppositoires : un symptôme alarmant
Le récent scandale des suppositoires amplifie cette réflexion. Ces produits, supposés augmenter rapidement le volume des fesses, incarnent une réponse extrême à une demande sociale pesante. Mais à quel prix ? Hormones, substances chimiques, pratiques clandestines entre autres, sont autant de risques majeurs pour la santé. Ce phénomène révèle également l’exploitation de cette fragilité par des individus et des réseaux peu scrupuleux, prêts à profiter de la souffrance psychologique des femmes, pour faire du profit. Cette quête de perfection a des conséquences bien au-delà de la santé physique. Elle est également á la base de dégâts psychologiques et sociaux car, elle alimente un mal-être profond, où les femmes perdent confiance en elles et vivent sous le poids du regard des autres. Dans certains cas, elles s’endettent ou sacrifient d’autres priorités pour financer ces pratiques, amplifiant leur vulnérabilité économique et sociale.
Pour briser ce cycle de violence, il est crucial de remettre en question les normes esthétiques dominantes. La beauté ne devrait jamais être une source de souffrance ou de mise en danger. Des campagnes de sensibilisation ou des initiatives d’éducation sur l’acceptation de soi, sont nécessaires . Les médias et les influenceurs ont aussi un rôle clé à jouer, afin de promouvoir des représentations diversifiées et réalistes, au lieu de renforcer des idéaux artificiels.
En outre, la société sénégalaise gagnerait à reconnaître que cette quête de beauté parfaite est le fruit d’une violence systémique et symbolique. Il est opportun pour l’ensemble des acteurs (familles, éducateurs, décideurs politiques et professionnels de la santé, porteur de voix etc.), de s’engager pour créer un environnement où les femmes peuvent se sentir belles et valorisées, telles qu’elles sont. Car, à notre humble avis, nous pensons qu’au fond, la vraie beauté réside dans l’authenticité et la diversité des corps et des identités.
Néné Jupiter Ndiaye
Journaliste/ Sociologue
En effet, les racines de cette quête destructrice se trouvent dans une société où l’apparence joue un rôle central. Elles sont nombreuses ces femmes qui se retrouvent fragilisées par des normes de beauté oppressantes. Cette pression sociale, renforcée par les médias et les réseaux sociaux, agit comme une forme de violence symbolique, qui désigne selon le sociologue Pierre Bourdieu, « une forme de domination ou de coercition subtile, exercée à travers des structures sociales, des normes culturelles ou des discours. Cette violence est symbolique, car elle n'est pas physique, mais agit sur les représentations, les perceptions et les croyances des individus ». Elle contraint ainsi les individus à intérioriser des standards imposés, jusqu’à en oublier leur propre valeur. Pour certaines, cette quête de perfection devient une obsession. Perte d’estime de soi, comparaison constante avec des images idéalisées, sentiment d’inadéquation : ces femmes se retrouvent piégées dans un cercle vicieux, cherchant des solutions rapides pour « corriger » un corps qu’elles perçoivent comme imparfait.
La violence symbolique se manifeste aussi dans les discours et les représentations qui valorisent un certain type de corps, souvent éloigné des réalités physiques de la majorité des femmes sénégalaises. Les standards de beauté, hérités de l’histoire coloniale et des influences occidentales, imposent un modèle qui rejette la diversité des morphologies et des carnations africaines. Ce rejet, intériorisé par beaucoup, conduit certaines femmes à se lancer dans des pratiques risquées : dépigmentation volontaire, chirurgies clandestines, utilisation excessive de produits capillaires chimiques, et désormais, recours à des produits comme ces suppositoires.
Le scandale des suppositoires : un symptôme alarmant
Le récent scandale des suppositoires amplifie cette réflexion. Ces produits, supposés augmenter rapidement le volume des fesses, incarnent une réponse extrême à une demande sociale pesante. Mais à quel prix ? Hormones, substances chimiques, pratiques clandestines entre autres, sont autant de risques majeurs pour la santé. Ce phénomène révèle également l’exploitation de cette fragilité par des individus et des réseaux peu scrupuleux, prêts à profiter de la souffrance psychologique des femmes, pour faire du profit. Cette quête de perfection a des conséquences bien au-delà de la santé physique. Elle est également á la base de dégâts psychologiques et sociaux car, elle alimente un mal-être profond, où les femmes perdent confiance en elles et vivent sous le poids du regard des autres. Dans certains cas, elles s’endettent ou sacrifient d’autres priorités pour financer ces pratiques, amplifiant leur vulnérabilité économique et sociale.
Pour briser ce cycle de violence, il est crucial de remettre en question les normes esthétiques dominantes. La beauté ne devrait jamais être une source de souffrance ou de mise en danger. Des campagnes de sensibilisation ou des initiatives d’éducation sur l’acceptation de soi, sont nécessaires . Les médias et les influenceurs ont aussi un rôle clé à jouer, afin de promouvoir des représentations diversifiées et réalistes, au lieu de renforcer des idéaux artificiels.
En outre, la société sénégalaise gagnerait à reconnaître que cette quête de beauté parfaite est le fruit d’une violence systémique et symbolique. Il est opportun pour l’ensemble des acteurs (familles, éducateurs, décideurs politiques et professionnels de la santé, porteur de voix etc.), de s’engager pour créer un environnement où les femmes peuvent se sentir belles et valorisées, telles qu’elles sont. Car, à notre humble avis, nous pensons qu’au fond, la vraie beauté réside dans l’authenticité et la diversité des corps et des identités.
Néné Jupiter Ndiaye
Journaliste/ Sociologue