Quatre d'heures d'assaut «complexe», si ce n'est coordonné. Au lendemain de la mort de l'ambassadeur Stevens dans l'attaque du consulat américain de Benghazi, en Libye, peu de responsables à Washington croient à la thèse d'une manifestation spontanée d'une foule en colère qui aurait dérapé. Interrogé par l'Agence France-Presse, un responsable américain a estimé que les extrémistes se sont servis des manifestants furieux contre le film anti-islam Innocence of Muslims comme d'un «prétexte» pour s'en prendre au consulat américain avec des armes de petit calibre et des lance-roquettes.
Même si rien ne le confirme pour le moment, plusieurs politiciens incriminent al-Qaida. Les violences ont eu lieu le jour du 11e anniversaire des attentats du 11 Septembre. En début de semaine, un dirigeant du mouvement terroriste a appelé par vidéo les Libyens à venger son bras droit libyen tué en juin par un drone américain. «Les détails sont encore assez flous, mais clairement, on en a la signature», a déclaré Mike Rogers, président républicain de la commission du renseignement au Congrès. Un autre membre de cette commission, cette fois démocrate, Bill Nelson a tenu des propos identiques.
D'après CNN , Washington suspecterait un groupe islamiste libyen proche d'al-Qaida qui avait déjà posé une bombe en juin près du consulat. Des drones devraient être envoyés pour surveiller et pister les djihadistes. Les autorités libyennes ont, elles, pointé du doigt à la fois les partisans de Mouammar Kadhafi et d'al-Qaida. La brigade islamiste Ansar al-Charia avait mercredi matin revendiqué sa participation à la manifestation avant de s'en distancer.
La salle sécurisée du consulat compromise
Même si des zones d'ombre subsistent, de nombreux témoignages permettent d'esquisser le déroulement de l'assaut de mardi. Le rassemblement autour du consulat a commencé dans le calme. Jusqu'à 22 heures, la cinquantaine de manifestants protestent pacifiquement, jusqu'à ce qu'une vingtaine de véhicules recouverts de slogans islamiques débarquent. Les passagers, des hommes armés de fusils kalachnikov et de lance-roquettes, ouvrent le feu sur le consulat. Les gardes libyens et américains protégeant la mission tirent en l'air mais les assaillants ripostent par une pluie de tirs. Le personnel américain court se mettre à l'abri. «C'est un vrai bazar, beaucoup sont partis en ville et nous n'avons pas encore de leurs nouvelles», confiait mercredi soir un responsable américain, au Los Angeles Times.
Les assaillants surmontent les murs de sécurité de la représentation et y mettent le feu. Dès le début de l'assaut, J. Christopher Stevens, l'ambassadeur, son officier de renseignement Sean Smith et un officier de sécurité se réfugient dans la salle sécurisée du consulat mais très vite celle-ci se remplit de fumée. Le groupe doit évacuer mais dans la confusion, les trois hommes se perdent de vue. L'officier de sécurité est le premier à s'échapper du bâtiment en flammes. Il trouve des renforts pour entrer de nouveau dans le consulat et localiser l'ambassadeur et son officier de renseignement. Quand ils découvrent Smith, il est trop tard, il a succombé aux fumées toxiques de l'incendie. La violence de l'incendie oblige vite le groupe à cesser ses recherches, l'ambassadeur reste introuvable.
Vers 22h45, les gardes protégeant le consulat tentent une contre-offensive. En vain, ils doivent se replier dans une annexe du consulat où se trouvent 20 employés. Il faudra attendre 23h20 et une deuxième tentative pour reprendre le contrôle du consulat mais l'assaut continue. Les attaquants visent désormais l'annexe, deux autres Américains y trouvent la mort et deux sont blessés. Deux officiels libyens, dont l'un commandait l'unité qui a participé à l'évacuation des Américains vers l'aéroport, jugent que ce deuxième assaut s'est déroulé de façon professionnelle. «Les tirs de mortiers qui se sont abattus à l'arrivée des dix pick-up sur l'allée du consulat étaient trop précis pour provenir de révolutionnaires ordinaires», a confié l'un d'eux à Reuters.
C'est seulement vers 2h30 du matin que les gardes américains, aidés par les forces libyennes, reprennent la mission diplomatique. Dans la nuit, l'hôpital de Benghazi contacte les autorités américaines, l'ambassadeur y a été emmené par des passants - une version des faits que Washington n'a pas encore confirmée. Malgré les efforts des médecins, impossible de le réanimer. Stevens se trouvait à Benghazi pour inaugurer un centre culturel américain. L'enquête devra déterminer si les assaillants étaient au courant de sa présence dans la ville. Rien pour le moment n'indique que le diplomate ait été spécifiquement visé.
Par Constance Jamet
Même si rien ne le confirme pour le moment, plusieurs politiciens incriminent al-Qaida. Les violences ont eu lieu le jour du 11e anniversaire des attentats du 11 Septembre. En début de semaine, un dirigeant du mouvement terroriste a appelé par vidéo les Libyens à venger son bras droit libyen tué en juin par un drone américain. «Les détails sont encore assez flous, mais clairement, on en a la signature», a déclaré Mike Rogers, président républicain de la commission du renseignement au Congrès. Un autre membre de cette commission, cette fois démocrate, Bill Nelson a tenu des propos identiques.
D'après CNN , Washington suspecterait un groupe islamiste libyen proche d'al-Qaida qui avait déjà posé une bombe en juin près du consulat. Des drones devraient être envoyés pour surveiller et pister les djihadistes. Les autorités libyennes ont, elles, pointé du doigt à la fois les partisans de Mouammar Kadhafi et d'al-Qaida. La brigade islamiste Ansar al-Charia avait mercredi matin revendiqué sa participation à la manifestation avant de s'en distancer.
La salle sécurisée du consulat compromise
Même si des zones d'ombre subsistent, de nombreux témoignages permettent d'esquisser le déroulement de l'assaut de mardi. Le rassemblement autour du consulat a commencé dans le calme. Jusqu'à 22 heures, la cinquantaine de manifestants protestent pacifiquement, jusqu'à ce qu'une vingtaine de véhicules recouverts de slogans islamiques débarquent. Les passagers, des hommes armés de fusils kalachnikov et de lance-roquettes, ouvrent le feu sur le consulat. Les gardes libyens et américains protégeant la mission tirent en l'air mais les assaillants ripostent par une pluie de tirs. Le personnel américain court se mettre à l'abri. «C'est un vrai bazar, beaucoup sont partis en ville et nous n'avons pas encore de leurs nouvelles», confiait mercredi soir un responsable américain, au Los Angeles Times.
Les assaillants surmontent les murs de sécurité de la représentation et y mettent le feu. Dès le début de l'assaut, J. Christopher Stevens, l'ambassadeur, son officier de renseignement Sean Smith et un officier de sécurité se réfugient dans la salle sécurisée du consulat mais très vite celle-ci se remplit de fumée. Le groupe doit évacuer mais dans la confusion, les trois hommes se perdent de vue. L'officier de sécurité est le premier à s'échapper du bâtiment en flammes. Il trouve des renforts pour entrer de nouveau dans le consulat et localiser l'ambassadeur et son officier de renseignement. Quand ils découvrent Smith, il est trop tard, il a succombé aux fumées toxiques de l'incendie. La violence de l'incendie oblige vite le groupe à cesser ses recherches, l'ambassadeur reste introuvable.
Vers 22h45, les gardes protégeant le consulat tentent une contre-offensive. En vain, ils doivent se replier dans une annexe du consulat où se trouvent 20 employés. Il faudra attendre 23h20 et une deuxième tentative pour reprendre le contrôle du consulat mais l'assaut continue. Les attaquants visent désormais l'annexe, deux autres Américains y trouvent la mort et deux sont blessés. Deux officiels libyens, dont l'un commandait l'unité qui a participé à l'évacuation des Américains vers l'aéroport, jugent que ce deuxième assaut s'est déroulé de façon professionnelle. «Les tirs de mortiers qui se sont abattus à l'arrivée des dix pick-up sur l'allée du consulat étaient trop précis pour provenir de révolutionnaires ordinaires», a confié l'un d'eux à Reuters.
C'est seulement vers 2h30 du matin que les gardes américains, aidés par les forces libyennes, reprennent la mission diplomatique. Dans la nuit, l'hôpital de Benghazi contacte les autorités américaines, l'ambassadeur y a été emmené par des passants - une version des faits que Washington n'a pas encore confirmée. Malgré les efforts des médecins, impossible de le réanimer. Stevens se trouvait à Benghazi pour inaugurer un centre culturel américain. L'enquête devra déterminer si les assaillants étaient au courant de sa présence dans la ville. Rien pour le moment n'indique que le diplomate ait été spécifiquement visé.
Par Constance Jamet