Une voiture piégée a explosé en plein cœur de Beyrouth, vendredi vers 15 heures, tuant le chef de la section des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI). Le général Wissam al-Hassan circulait dans une voiture banalisée dans une ruelle de l'un des centres les plus animés de la capitale. Le quartier de la place Sassine, à Achrafié, à la fois résidentiel et commercial, fourmille de monde à cette heure qui correspond à celle de la sortie des écoles. Le bilan est lourd: au moins huit morts et 86 blessés.
L'identité de la cible de la voiture piégée a été connue plus de quatre heures après l'explosion. Proche de l'ancien premier ministre Saad Hariri, le général Wissam al-Hassan était un homme clé dans le paysage politico-sécuritaire et confessionnel qui oppose alliés et rivaux libanais de la Syrie. Il était pressenti pour prendre la tête des Forces de sécurité intérieure, un poste réservé à la communauté sunnite.
Dès l'annonce de sa mort, des manifestations de colère ont eu lieu dans les régions à majorité sunnite du Liban: coups de feu, routes barricadées, pneus brûlés, faisant craindre une flambée incontrôlée de violence alors qu'une tension extrême règne dans le pays en raison de la guerre qui se déroule en Syrie voisine. Dans la soirée, l'opposition libanaise appelait à la démission du gouvernement, alors que les condamnations les plus fermes émanaient de Washigton, Paris, ou du Vatican, en même temps que des appels au calme.
Hassan enquêtait notamment sur l'affaire Michel Samaha, du nom de l'ancien ministre libanais, l'un des principaux relais du régime syrien à Beyrouth, arrêté en août alors qu'il s'apprêtait à commettre des attentats, selon ses propres aveux. C'est assez aux yeux d'un grand nombre d'analystes pour y voir la signature de Damas, même si le ministre syrien de l'Information a été l'un des premiers à dénoncer l'attentat. Dans une intervention télévisée vendredi soir, Saad Hariri a ouvertement accusé le président syrien Bachar el-Assad d'avoir ordonné l'assassinat.
Scènes de chaos
Cet attentat est le plus meurtrier depuis des années à Beyrouth. Le dernier remontait à janvier 2008 et avait coûté la vie à Wissam Eid, un officier des mêmes services de renseignements libanais qui enquêtait sur la série d'assassinats ayant secoué le Liban, depuis celui de l'ancien premier ministre Rafic Hariri en février 2005. Wissam al-Hassan était alors le chef de la sécurité de Hariri père.
La déflagration très puissante a été entendue à des kilomètres à la ronde. Les images diffusées par les télévisions libanaises montrent la carcasse complètement calcinée d'une voiture et des immeubles détruits dans la ruelle adjacente à la place Sassine. Les secouristes ont accouru pour évacuer les blessés. Des corps ensanglantés étaient extirpés des décombres, tandis que les pompiers tentaient de maîtriser les flammes dans les appartements donnant sur la rue d'où s'élevait une épaisse fumée noire. Le correspondant d'une radio locale affirme avoir vu des parties de corps humains dans les débris. Les hôpitaux ont lancé des appels au don de sang. Des scènes de chaos que Beyrouth espérait ne plus revivre après la fin de la guerre de 1975-1990.
C'est un même sentiment d'écœurement qui dominait vendredi parmi les Libanais incrédules de devoir éprouver une nouvelle fois la peur panique de perdre un proche. «S'assurer que les autocars ont ramené les enfants sains et saufs. Appeler son mec, sa sœur, son frère, son père, sa mère, ses amis… Se dire Dieu merci je l'ai échappé… Une énième fois. Jusqu'à quand?», s'indigne Lina Zakhour sur Facebook. Le réseau social a été aussitôt pris d'assaut en raison de la saturation des réseaux téléphoniques après l'attentat.
Par Sibylle Rizk
L'identité de la cible de la voiture piégée a été connue plus de quatre heures après l'explosion. Proche de l'ancien premier ministre Saad Hariri, le général Wissam al-Hassan était un homme clé dans le paysage politico-sécuritaire et confessionnel qui oppose alliés et rivaux libanais de la Syrie. Il était pressenti pour prendre la tête des Forces de sécurité intérieure, un poste réservé à la communauté sunnite.
Dès l'annonce de sa mort, des manifestations de colère ont eu lieu dans les régions à majorité sunnite du Liban: coups de feu, routes barricadées, pneus brûlés, faisant craindre une flambée incontrôlée de violence alors qu'une tension extrême règne dans le pays en raison de la guerre qui se déroule en Syrie voisine. Dans la soirée, l'opposition libanaise appelait à la démission du gouvernement, alors que les condamnations les plus fermes émanaient de Washigton, Paris, ou du Vatican, en même temps que des appels au calme.
Hassan enquêtait notamment sur l'affaire Michel Samaha, du nom de l'ancien ministre libanais, l'un des principaux relais du régime syrien à Beyrouth, arrêté en août alors qu'il s'apprêtait à commettre des attentats, selon ses propres aveux. C'est assez aux yeux d'un grand nombre d'analystes pour y voir la signature de Damas, même si le ministre syrien de l'Information a été l'un des premiers à dénoncer l'attentat. Dans une intervention télévisée vendredi soir, Saad Hariri a ouvertement accusé le président syrien Bachar el-Assad d'avoir ordonné l'assassinat.
Scènes de chaos
Cet attentat est le plus meurtrier depuis des années à Beyrouth. Le dernier remontait à janvier 2008 et avait coûté la vie à Wissam Eid, un officier des mêmes services de renseignements libanais qui enquêtait sur la série d'assassinats ayant secoué le Liban, depuis celui de l'ancien premier ministre Rafic Hariri en février 2005. Wissam al-Hassan était alors le chef de la sécurité de Hariri père.
La déflagration très puissante a été entendue à des kilomètres à la ronde. Les images diffusées par les télévisions libanaises montrent la carcasse complètement calcinée d'une voiture et des immeubles détruits dans la ruelle adjacente à la place Sassine. Les secouristes ont accouru pour évacuer les blessés. Des corps ensanglantés étaient extirpés des décombres, tandis que les pompiers tentaient de maîtriser les flammes dans les appartements donnant sur la rue d'où s'élevait une épaisse fumée noire. Le correspondant d'une radio locale affirme avoir vu des parties de corps humains dans les débris. Les hôpitaux ont lancé des appels au don de sang. Des scènes de chaos que Beyrouth espérait ne plus revivre après la fin de la guerre de 1975-1990.
C'est un même sentiment d'écœurement qui dominait vendredi parmi les Libanais incrédules de devoir éprouver une nouvelle fois la peur panique de perdre un proche. «S'assurer que les autocars ont ramené les enfants sains et saufs. Appeler son mec, sa sœur, son frère, son père, sa mère, ses amis… Se dire Dieu merci je l'ai échappé… Une énième fois. Jusqu'à quand?», s'indigne Lina Zakhour sur Facebook. Le réseau social a été aussitôt pris d'assaut en raison de la saturation des réseaux téléphoniques après l'attentat.
Par Sibylle Rizk