À la veille des élections législatives au Sénégal ce 30 juillet, on dit Macky Sall serein. Sa coalition, donnée favorite, compte, pour l'emporter, sur la division de l'opposition, mais aussi sur le « bon » bilan du président et de son gouvernement après cinq ans au pouvoir. « Bon » ? Le mot est vite dit tant certains Sénégalais sont critiques à l'endroit d'un président, dont beaucoup de chantiers majeurs sont au milieu du gué et ont encore deux ans pour démontrer leur bien-fondé, l'élection présidentielle étant prévue en 2019.
En attendant, c'est l'ensemble des Sénégalais qui peut profiter de l'image plutôt bonne à bien des égards de leur pays.
Un pays qui a préservé sa cohésion sociale et religieuse
Un pays stable, dans une région dont on ne peut en dire autant. Dans une large mesure, le Sénégal est, en Afrique, l'un des enfants chéris de la communauté internationale. Signe de cette affection, il est l'un des pays africains les plus aidés par la communauté internationale en regard de sa population (15,5 millions d'habitants).
En comparaison à la situation de nombre de pays de la zone soudano-sahélienne menacés par la déstabilisation djihadiste, comme le Mali et la Côte d'Ivoire, l'autre poids lourd en Afrique de l'Ouest francophone, secoué par des spasmes à n'en plus finir à la suite du conflit de 2002 à 2010, le Sénégal est dans une situation plutôt enviable.
Si le pays de la Téranga, qui n'a peut-être jamais aussi bien porté son nom, est jugé particulièrement stable par la communauté internationale, c'est aussi en raison de sa capacité à faire vivre les différentes communautés religieuses (musulmane, chrétienne, animiste, ainsi que les différents courants de l'islam : mourides, tijdianes, layènes, khadres…) dans un esprit de concorde, devenu rare en ces temps troublés où la religion, souvent instrumentalisée, est érigée en facteur de division.
Debout contre le terrorisme
Le Sénégal est également apprécié pour son implication dans la lutte contre le terrorisme, une préoccupation majeure des pays occidentaux comme de ceux de la sous-région. En la matière, le pays fait figure d'élève modèle. En novembre 2013, un partenariat a été conclu avec la France, matérialisé par un « plan d'action de lutte contre le terrorisme ».
Un accord de coopération qui sera, en 2016, élargi à 14 autres pays africains. Signe de son implication dans la lutte contre le « fléau du siècle », le Sénégal est en passe de devenir le contingent africain le plus important de la Minusma, la force de l'ONU au Mali et des militaires sénégalais seraient engagés dans la lutte contre Boko Haram.
Sur son sol, le pays lutte également avec détermination contre toute tentative d'implantation de courants extrémistes qui pullulent dans la bande sahélo-sahélienne. En octobre 2015, une trentaine d'imams et de prêcheurs a ainsi été arrêtée pour leur proximité avec des milieux djihadistes. C'est encore dans le cadre de la lutte contre le terrorisme que les Sénégalais ont été invités à identifier leurs cartes SIM. Résultat : aucun attentat djihadiste n'a été déploré jusqu'à présent sur le territoire national.
Un impact positif sur l'économie
Cette stabilité, bien perçue à l'extérieur, emporte des conséquences positives pour le pays sur le plan économique. Le pays de la Téranga est une terre privilégiée des investisseurs internationaux. Les grandes entreprises du monde entier, à la recherche d'opportunités en Afrique et qui souhaitent en même temps maîtriser leurs risques, s'y pressent.
Selon une note de la Direction générale du Trésor français datée de juin 2017, « le Sénégal maintient une certaine attractivité auprès des investisseurs étrangers, qui tend à s'accroître ces trois dernières années », ce qui se ressent notamment au niveau des investissements directs étrangers (IDE), en hausse constante.
« Depuis 2012, c'est plus de 6 000 milliards de francs CFA que la communauté internationale a mis à la disposition du Sénégal », se réjouit Amadou Ba, le ministre de l'Économie et des Finances. En 2016, le Sénégal figurait, pour la deuxième année consécutive, dans le top 10 des pays les plus réformateurs du rapport « Doing Business » établi par la Banque mondiale.
« En Afrique de l'Ouest, il n'y a guère que le Nigéria dans l'espace anglophone et la Côte d'Ivoire, dans l'espace francophone, qui peuvent entrer en concurrence avec le Sénégal. Et encore, avec la situation actuelle très troublée en Côte d'Ivoire, renforcée par la perspective d'un scrutin présidentiel à haut risque en 2020, les investisseurs pourraient se tourner encore plus naturellement vers le Sénégal », indique un économiste de la sous-région.
« Ces résultats remarquables, nous les devons d'abord au président Macky Sall qui est parvenu à faire rayonner notre pays sur la scène internationale », déclare, satisfait, un ministre influent au sein du gouvernement. En signe de reconnaissance, le président sénégalais a été convié à la dernière réunion du G20 qui s'est tenue les 4 et 5 juillet derniers à Hambourg en Allemagne. Il fut d'ailleurs l'un des rares dirigeants africains conviés à cette grand-messe.
« Une présence qui n'est pas passée inaperçue », observe un haut diplomate de l'Union européenne. Dans la même veine, le président Macky Sall est un interlocuteur recherché de ses homologues étrangers. Emmanuel Macron, le président français, au sortir de son élection victorieuse, a ainsi tenu à ce qu'il soit parmi les premiers chefs d'État africains à être reçus à l'Élysée, ce qui fut le cas le 12 juin dernier.
Un pays pilier de la zone ouest-africaine
Apprécié à l'international, le Sénégal est aussi respecté au niveau sous-régional. Il y fait, il est vrai, office de poids lourd, tant sur le plan économique (en matière de PIB, avec 14,77 milliards de dollars en 2016, il y est la deuxième puissance économique, derrière la Côte d'Ivoire dans la zone UEMOA), que sécuritaire (les troupes sénégalaises sont parmi les mieux entraînées et équipées en Afrique de l'Ouest) et diplomatique (l'ex-centre de l'AOF est réputé former d'excellents diplomates qui peuplent les diverses institutions de coopération, tant sur le continent qu'à l'international).
Cette influence au niveau sous-régional s'observe tout particulièrement à l'occasion des différents conflits qui peuvent naître çà et là. La médiation du Sénégal est alors très recherchée. Hormis sur le dossier burkinabè en 2015, placé sous l'égide de la Cedeao et mal négocié au départ, le bilan diplomatique du Sénégal est jugé largement satisfaisant à l'échelle de l'Afrique de l'Ouest.
Le règlement, remarquable, fin 2016-début 2017, du dossier gambien y est pour beaucoup. L'implication en première ligne du Sénégal a permis une sortie de crise pacifique avec le départ sans effusion de sang de l'ex-chef de l'État, Yahya Jammeh, et le retour au pays du président élu, Adama Barrow. Comme un symbole, l'investiture de ce dernier a d'ailleurs eu lieu à l'ambassade de Gambie à… Dakar.
Une diplomatie en vue malgré quelques désillusions
L'importance de la diplomatie sénégalaise a été mise en évidence à l'occasion du 15e Sommet de la francophonie qui s'est tenu à Dakar en novembre 2014, l'occasion pour elle d'étrenner le Centre international de conférence de Diamniadio. Mais aussi de faire valoir son influence. On se souvient, à ce moment-là, de la lutte entre le Sénégalais Macky Sall et le Congolais Denis Sassou Nguesso. Quand il s'est agi de nommer le nouveau secrétaire général de l'OIF, en remplacement d'Abdou Diouf, l'ex-président… sénégalais. C'est le candidat soutenu par le premier – Michaëlle Jean – qui l'a emporté au détriment de celui supporté par le second – l'ex-ambassadeur congolais en France et écrivain, Henri Lopes. Quelques mois plus tard, en mai 2015, Macky Sall est élu président en exercice de la Cedeao. Mais les succès de la diplomatie sénégalaise ne se limitent pas à la seule personne du chef de l'État. Les Centrafricains gardent à l'esprit le rôle joué par le chef de la Minusca, l'opération de maintien de la paix de l'ONU en Centrafrique, Babacar Gaye, au pire moment de la crise. Si l'instance onusienne a été critiquée, ce général sénégalais a su, lui, intuitu personae, faire valoir sa grande compétence – et son franc-parler – dans un contexte particulièrement ardu. D'une manière plus générale, le Sénégal s'illustre souvent dans les opérations de maintien de la paix. « L'étoile diplomatique du Sénégal continue de rayonner dans la sous-région », relève un ambassadeur d'Afrique centrale en poste à Dakar. Mais ailleurs sur le continent, il est parfois plus difficile pour ce pays de taille moyenne de s'imposer. Ainsi, lorsqu'il a fallu désigner, en 30 janvier dernier, le nouveau président de la Commission de l'Union africaine, en remplacement de la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, c'est le Tchadien Moussa Faki Mahamat qui a été préféré – entre autres – au Sénégalais Abdoulaye Bathily. Il reste qu'en dépit de quelques accrocs (dossier Burkina, élection à la tête de la Commission de l'UA), le bilan de la diplomatie sénégalaise depuis 2012 est plutôt encourageant. De quoi le président Macky Sall ne peut que profiter.
Macky Sall, un politique qu'on n'a pas souvent vu venir...
Habile sur la scène internationale, Macky Sall l'est peut-être encore plus sur la scène politique nationale. Celui dont on disait qu'il devait son élection par défaut en 2012 – tout comme François Hollande élu quelques mois plus tard à la faveur d'un vote sanction contre Nicolas Sarkozy – en raison du rejet d'Abdoulaye Wade, à la cote de popularité érodée et au projet de réforme constitutionnelle controversé ; celui dont on disait également qu'il était trop « lisse » ou trop « rond », en tout cas « sans caractère », s'est révélé, à l'épreuve, un homme politique madré et redoutable.
Tout d'abord, l'homme a réussi le tour de force de faire de son parti, l'APR, la première force politique du pays. Ensuite, il est parvenu, bon an mal an, malgré quelques départs de marque, à consolider Benno Bokk Yakaar, la coalition de large rassemblement (incluant libéraux et socialistes) qui l'a porté au pouvoir en 2012. Ensuite, il a su bénéficier de l'atomisation de l'opposition sénégalaise – certains affirmant qu'il n'y serait pas pour rien…–, comme lors de ces élections législatives de juillet 2017 qui voient s'affronter pas moins de 45 listes au total. « L'opposition est en partie ralliée, en partie divisée », résume un politologue sénégalais. Une situation qui contraste avec la bonne tenue du camp présidentiel. « Caporalisation, il faut dire le mot », lâche un opposant. Il reste que la discipline est un ferment indispensable aux victoires électorales.
Des victoires électorales, justement, Macky Sall en a remportées depuis 2012. Ce fut le cas lors des législatives de 2012 à l'occasion desquelles il a obtenu une large majorité ; également lors des municipales de 2014 qui ont renforcé la domination de l'APR et de ses alliés sur la vie politique sénégalaise, laminant au passage les forces de l'opposition, à l'exception notable de Dakar, la capitale, où Khalifa Sall est sorti largement victorieux de son duel avec le pouvoir. Plus spectaculaire encore, sa victoire à l'occasion du référendum du 20 mars 2016, malgré un faible taux de participation (de l'ordre de 38,6 %), qui a permis à Macky Sall d'entériner la réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans, mais sans effet rétroactif. Au final, le « oui » l'a emporté avec un score enviable de 62,64 %.
... attaqué à travers son frère et la famille de son épouse
Pour le président Macky Sall, le tableau aurait pu être parfait… s'il n'était quelques nuages. À commencer par les accusations – récurrentes – de népotisme touchant à la fois sa famille et sa belle-famille. À cet égard, deux personnalités concentrent l'essentiel des critiques. La première est Aliou Sall, le frère cadet du président, surnommé « Monsieur Frère ». Sa fulgurante ascension, tant sur le plan politique qu'économique, fait jazzer. En quelques années seulement, ce journaliste est devenu maire de Guédiawaye, une importante commune de la périphérie de Dakar – dont le club de football, le Guédiawaye FC, a terminé, fait inédit, à une remarquable deuxième place du Championnat cette année – et l'un des hommes d'affaires du pays les plus en vue (son nom est évoqué dans les secteurs bancaire – Banque de Dakar – et pétrolier – Petro-Tim). Ses adversaires fustigent le mélange des genres – des conflits d'intérêts – et soupçonnent un trafic d'influence. L'intéressé s'en défend et dit qu'on lui prête un pouvoir qu'il n'a pas.
Deuxième personnalité visée par les opposants au chef de l'État : Marieme Faye Sall, la femme du président, à qui l'on prête également beaucoup d'influence sur son mari. À Dakar, on parle même de « fayesallisme », un néologisme péjoratif censé qualifier le régime politique sénégalais tout en dénonçant le rôle supposément joué par la première dame aux côtés de son époux. Au-delà, certains pointent également du doigt la place occupée par les membres de la famille de Marieme Fall dans la vie politique sénégalaise, à l'instar de Mansour Faye, son frère, à la fois maire de Saint-Louis et ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement. Ceux-là disent également que l'épouse du chef de l'État serait sinon un passage incontournable, en tout cas privilégié pour faire ou défaire les carrières. « S'il est vrai que la première dame a l'oreille du président, l'influence qu'on lui prête est très exagérée. Elle relève en grande partie du fantasme même si le chef de l'État sait, au fond, ce qu'il lui doit. Tenter de la dépeindre en Simone Gbagbo sénégalaise n'a aucun sens », commente, placidement, cet intime du couple Sall.
Interrogations dans le rapport exécutif-justice
L'autre grande critique formulée à l'encontre de la présidence actuelle concerne les rapports entre l'exécutif et l'institution judiciaire. Nombre d'opposants – et de citoyens sénégalais – soupçonnent le pouvoir d'instrumentaliser la justice à des fins politiques. L'institution, pourtant, jouit d'un certain crédit sur le continent pour avoir mené à bien des procès retentissants, à l'instar de celui d'Hissène Habré, le dictateur tchadien, ou de celui – en cours – de l'opposant RD congolais assassiné, Floribert Chebeya.
Aujourd'hui, la justice sénégalaise est suspectée de faire le jeu du pouvoir. « Même si les faits étaient avérés, pourquoi la justice s'est-elle acharnée sur le seul Karim Wade et quelques-uns de ses proches ? » s'interroge cette grande plume du journalisme dakarois. « Et pourquoi aujourd'hui s'échine-t-elle à [maintenir le maire de Dakar [Khalifa Sall, NDLR] en prison ] ? À la veille des élections législatives, c'est un heureux timing, vous ne trouvez pas ? » fait-il mine de s'interroger avec une bonne dose d'ironie. Au-delà des cas emblématiques du fils de l'ancien président et du maire de Dakar, d'autres affaires, moins médiatisées à l'international, ont ému une partie de l'opinion sénégalaise. Ce fut le cas notamment lorsque le maire de la Médina, un arrondissement de la capitale, Bamba Fall, proche de Khalifa Sall, a été incarcéré en janvier dernier après le saccage du siège du Parti socialiste en mars 2016.
Une justice sélective et aux ordres, voilà l'un des principaux arguments des contempteurs du président Sall. Selon eux, cela irait de pair avec d'autres atteintes présumées à l'État de droit. Ils en veulent pour preuve le maintien, jugé archaïque, du délit d'offense au chef de l'État (article 80 du Code pénal) ou encore la réforme récente, votée le 20 juin dernier, du Code de la presse. L'interpellation, en mai dernier, de quatre personnes, dont une journaliste, ayant relayé sur WhatsApp une image jugée « offensante » du chef de l'État, a été largement et diversement commentée dans le pays. « Le Sénégal demeure toutefois, dans une très large mesure, un pays de droit. Certes, des dysfonctionnements existent. Certes, le politique est tenté de s'immiscer dans le judiciaire. Mais malgré toutes ces imperfections, la justice sénégalaise est peut-être l'une des moins imparfaites sur le continent, même s'il faut rester vigilant quant à son évolution », commente ce juriste international, spécialiste de droit comparé.
Un bilan économique et social diversement apprécié
Reste l'essentiel pour les Sénégalais : les questions économiques et sociales, qui touchent directement leur quotidien. Certes, le pays peut se targuer de bons indicateurs macroéconomiques, d'une croissance revigorée qui a atteint 6,6 % en 2016 et est attendue à 6,7 % en 2017 (contre 1,7 % en 2012), de finances publiques en bonne santé (l'endettement se creuse, mais demeure sous contrôle, l'inflation est au point mort, les déficits se résorbent peu à peu), ainsi que d'une perception favorable de la part des investisseurs.
Mais les Sénégalais peinent à percevoir les fruits de ces bons résultats. Certes, la fourniture d'énergie s'est améliorée (en particulier à Dakar où les délestages sont moins fréquents que par le passé). Les évolutions numériques ont également eu un impact non négligeable sur le quotidien des populations et la couverture du réseau téléphonique mobile est l'une des meilleures du continent. Mais d'autres indicateurs témoignent d'une situation plus contrastée. Le PIB par tête d'habitant, estimé à environ 1 000 dollars en 2016, reste encore faible du fait d'une croissance démographique forte. Et l'emploi dans le secteur privé formel peine à bénéficier de la forte croissance affichée sur le plan macroéconomique. « Je pense qu'il y a des efforts à faire » sur ce plan, a reconnu Amadou Ba, ministre de l'Économie et des Finances, sur RFI.
L'école et l'enseignement : des points noirs à solutionner
Autre point noir, le système public d'éducation, en particulier dans le supérieur, qui semble débordé par la croissance démographique. Un chiffre résume à lui seul cette situation. L'université Cheikh Anta Diop de Dakar a été édifiée en 1957 pour 5 000 étudiants. Elle en compte aujourd'hui 80 000 et ses enseignements sont largement déconnectés des besoins réels sur le marché du travail. Certes, le gouvernement a tenté de réagir en commandant dès 2013 un rapport sur la réforme de l'enseignement supérieur à un groupe de travail piloté par le professeur Souleymane Bachir Diagne. Mais les retombées de sa mise en œuvre se font encore attendre. « Rome ne s'est pas faite en un jour », rétorque-t-on du côté du ministère concerné. Il est vrai que le passif en la matière remonte à plusieurs années, sinon à des décennies en arrière. En attendant, c'est le secteur privé, dont les écoles poussent comme des champignons à Dakar, qui prend le relais.
La santé aussi
La santé est également l'objet de multiples controverses. Le système, qui a beaucoup et mal vieilli, semble se dégrader d'année en année. Début 2017, le seul appareil de radiothérapie du pays, don de la France en 1989, est tombé en panne. Le Sénégal a dès lors été contraint d'envoyer ses patients se faire soigner au Maroc. Un événement qui a suscité un certain émoi dans l'opinion. Enfin, la question des infrastructures fait, elle aussi, l'objet de discussions. « Le président Wade était peut-être brouillon, il avait un projet par jour, mais au moins il était un président bâtisseur », fait remarquer ce cadre du PDS, le parti d'Abdoulaye Wade, avant de s'interroger : « Qu'a construit le président Macky Sall depuis qu'il est aux affaires ? » Le 10 juillet dernier, lors de son retour en grande pompe au pays, l'ancien président lui-même s'est essayé à une réponse : « Macky Sall n'a rien fait à part construire un pont », a-t-il déclaré, cinglant.
Gérer les fortes critiques d'Abdoulaye Wade
L'intéressé s'en défend et laisse ses troupes monter au créneau. Ainsi, la réponse à la diatribe de Wade est-elle venue de Mohammed Dionne, le Premier ministre et tête de liste nationale de Benno Bokk Yakaar, la coalition au pouvoir, à l'occasion des élections législatives. « Dire du bien des efforts de quelqu'un n'est pas un aveu de faiblesse. Au contraire, reconnaître les efforts des autres est un acte de grandeur. En partant au prochain Magal de Touba, [Wade] va parcourir 125 kilomètres d'autoroute pour rallier la ville sainte. Il verra que le Sénégal a changé sous Macky Sall », lui a rétorqué le chef du gouvernement avant de le qualifier, plus tard, d' « homme du passé ». Ambiance…
Il faut dire que le bilan sur le plan intérieur est défendu bec et ongle par l'équipe gouvernementale qui tente d'en faire un argument de campagne tout en faisant fi des critiques, qu'elle estime « infondées », de l'opposition. Il y a quelques jours, au micro de RFI, le ministre de l'Économie et des Finances, Amadou Ba, l'un des piliers du gouvernement et tête de liste de la coalition au pouvoir à Dakar pour les législatives, a ainsi déclaré : « Le bilan du président Macky Sall est un bilan extrêmement important et le travail doit se poursuivre. Aujourd'hui, la situation est nettement meilleure. » Et à ceux qui lui reprochent de se tromper de priorités (avec, par exemple, la construction du train express régional qui reliera Dakar à la ville nouvelle de Diamniadio, dont le coût total s'élève à 568 milliards de francs CFA) ou, plus généralement, de manquer de vision, Macky Sall rappelle que celle-ci est toute entière contenue dans le « Plan Sénégal émergent » qui fait office de feuille de route pour son gouvernement, à court comme à moyen et long terme.
En attendant, le prochain grand défi de Macky Sall, avant la prochaine échéance présidentielle prévue en 2019, est bien entendu de remporter les élections législatives de ce 30 juillet 2017 et, si possible, conforter la large majorité dont il dispose à l'Assemblée nationale depuis 2012. À la veille de cette échéance, on dit le président particulièrement serein. Les résultats qui en sortiront diront s'il a eu raison de l'être, ainsi que ses partisans.
Par Gilbert Faye (lepointafrique)