Et pourtant, avec ou sans un scanner, il est aisé de comprendre que Benno Siggil Sénégal est – nonobstant le vocable ouolof à tonalité unitaire – une coalition. Traduction : une constellation de formations politiques. Toutes souveraines avant, d’être, dans un contexte précis, coalisées.
En clair, Benno est le fruit de circonstances politiques, à l’émergence desquelles son adversaire (le régime libéral) n’est pas étranger. Loin s’en faut. En effet, deux raisons ont fortement accéléré ce regroupement qui a fonctionné, d’abord comme un parapluie. Et ensuite en tant que char d’assaut (électoral) contre la majorité présidentielle.
Premièrement, Benno a été une impérative trouvaille pour la survie de l’opposition face à la stratégie d’anéantissement concoctée par Wade. Singulièrement au lendemain de la présidentielle de février 2007. Et, surtout, après le boycott des législatives qui a laissé les coudées (parlementaires) franches au parti du Président de la république. Une stratégie qui a culminé avec les signes avant-coureurs du fameux mode de dévolution monarchique du pouvoir. A vue d’œil, le Parti démocratique sénégalais (Pds) a entamé sa mue vers le Parti dynastique sénégalais ; non moins Pds. Une perspective fatale, aussi bien, pour la démocratie que pour l’opposition.
Deuxièmement, Benno a eu l’intelligente démarche qui a consisté à prendre en charge la colère et les frustrations découlant des délestages, des inondations et de la lancinante demande sociale. Autant d’affres qui ont été politiquement bien captées et électoralement transformées en gains partagés, lors des locales de mars 2009. Il s’y ajoute le rôle considérable joué par Benno dans l’avènement et le déroulement des Assises qui, tel un antidote, ont empêché le naufrage de l’opposition dont le boycott des législatives avait brutalement planté le décor.
Ces missions fondatrices étant entièrement accomplies, Benno a atteint ses limites objectives. Comme toute coalition, Benno a son heure de vérité qui est sur le point de sonner à l’horloge de 2012. Ce qui n’est pas sans effets dissolvants ; puisque les intérêts et les destins de plusieurs partis ne peuvent pas être comprimés dans un cadre. Large et souple soit-il.
Par ailleurs, la facilitation pilotée par des chefs de partis membres de Benno, est vouée à la lenteur. Pire elle suscite des persiflages de la part de gens qui trouvent surréaliste que les partis nains de Benno (Msu, Pit et autre Ld) jouent les locomotives censées tirer les géants vers la solution idoine. Or sur l’échiquier comme sur le ring des boxeurs, c’est le poids qui do offre la voix au chapitre ici ; et fait la différence là. Mais au Sénégal, les mœurs politiques sont franchement…sénégalaises.
Du Ps ou de l’Afp, qui doit être le navire-amiral de la flotte – pardon ! – de la coalition ? Voilà la question incontournable qui irrite et… délite Benno. A juste titre. Car l’enjeu de 2012 brasse et malaxe beaucoup de considérations et de motivations. Notamment pour les deux poids lourds de Benno : Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse.
Le leader de l’Afp est condamné à livrer la bataille (électorale) du destin. Niasse ne saurait passer sa vie à faire des rois, sans être roi. En mars 2000, il avait couronné Wade du diadème de ses 17 %. S’il intronise Tanor en 2012, il aura été l’éternel faiseur de rois. Ce qui est politiquement aberrant.
De son côté, Ousmane Tanor Dieng a déjà collectionné deux défaites : principalement en tant que candidat en 2007 ; et subsidiairement en sa qualité de directeur de campagne de Diouf. Malgré son âge moins élevé que celui de Niasse, le Secrétaire général du Ps sait intimement qu’il s’apprête à livrer son ultime combat électoral. De nos jours, la social-démocratie, partout dans le monde, s’accommode mal de tout phénomène de fossilisation dans les instances dirigeantes. Le Ps français vient d’en administrer une éclatante leçon, avec ses fantastiques primaires. Et Tanor est suffisamment averti pour savoir que des camarades loyaux (et valeureux) piaffent d’impatience derrière la porte.
Enfin, la position rigide du Parti socialiste s’explique par le fait que Tanor n’entend pas être historiquement le premier responsable socialiste, depuis 1948, (Bds, Ups et Ps confondus) auteur du sabordage électoral de son parti. Une place peu enviable lui serait alors réservée dans les manuels d’Histoire. Inacceptable pour le successeur de Diouf à la tête du Ps. Bref, 2012 positionne les patrons de l’Afp et du Ps, à la croisée des chemins : l’âge d’or présidentiel ; ou le cimetière politique.
En définitive, la première erreur aura été de propager la théorie (discutable) suivant laquelle, seule la candidature unique peut venir à bout du virtuose Wade. Aujourd’hui, l’impasse assez prolongée dans la désignation du candidat consensuel de Benno, a déjà fait des dégâts dans l’opinion publique. Qui forme, par ricochet, une grande partie du corps électoral.
La seconde erreur aura été le surgissement encouragé d’une mystique de Benno Siggil Sénégal. Les militants et sympathisants de toutes formations membres de Benno ont longtemps vibré à l’unisson. Donc à la quête de l’unité organique. Au point de l’intérioriser psychologiquement. Or Benno n’est pas plus qu’un agrégat d’intérêts condamnés à se désagréger.
Sans trop s’éloigner du sujet, on peut rappeler qu’une coalition militaire a également son heure de vérité. « On ne se bat bien que sous le drapeau national » disait le Général De Gaulle. Les casques bleus qui évoluent sous la bannière de l’Onu (un peu moins de 200 Etats membres) n’ont jamais été plus efficaces qu’une armée nationale en guerre.
La leçon qu’on peut tirer de l’impasse actuelle, c’est qu’elle est d’ores et déjà contre-productive au plan électoral. Même si – par extraordinaire Benno arrive à désigner un candidat – pareil accord d’états-majors n’induira pas un effet automatiquement bénéfique, le jour du scrutin. Sur le terrain, les reports de voix socialistes ou progressistes ne s’effectueront pas mécaniquement. Un parti politique n’est pas un régiment de la Légion Etrangère. Tanor dirige le Ps mais ne le caporalise pas. Autrement dit, l’impératif de balayer Wade, ne conduit pas forcément un parti de l’envergure du Ps, à vendanger ses intérêts.
La politique, c’est le réel, avant d’être l’idéal. Bravo Benno, le bon bouclier contre les plans de Wade. Adieu Benno, la mauvaise fusée pour l’horizon 2012.
En clair, Benno est le fruit de circonstances politiques, à l’émergence desquelles son adversaire (le régime libéral) n’est pas étranger. Loin s’en faut. En effet, deux raisons ont fortement accéléré ce regroupement qui a fonctionné, d’abord comme un parapluie. Et ensuite en tant que char d’assaut (électoral) contre la majorité présidentielle.
Premièrement, Benno a été une impérative trouvaille pour la survie de l’opposition face à la stratégie d’anéantissement concoctée par Wade. Singulièrement au lendemain de la présidentielle de février 2007. Et, surtout, après le boycott des législatives qui a laissé les coudées (parlementaires) franches au parti du Président de la république. Une stratégie qui a culminé avec les signes avant-coureurs du fameux mode de dévolution monarchique du pouvoir. A vue d’œil, le Parti démocratique sénégalais (Pds) a entamé sa mue vers le Parti dynastique sénégalais ; non moins Pds. Une perspective fatale, aussi bien, pour la démocratie que pour l’opposition.
Deuxièmement, Benno a eu l’intelligente démarche qui a consisté à prendre en charge la colère et les frustrations découlant des délestages, des inondations et de la lancinante demande sociale. Autant d’affres qui ont été politiquement bien captées et électoralement transformées en gains partagés, lors des locales de mars 2009. Il s’y ajoute le rôle considérable joué par Benno dans l’avènement et le déroulement des Assises qui, tel un antidote, ont empêché le naufrage de l’opposition dont le boycott des législatives avait brutalement planté le décor.
Ces missions fondatrices étant entièrement accomplies, Benno a atteint ses limites objectives. Comme toute coalition, Benno a son heure de vérité qui est sur le point de sonner à l’horloge de 2012. Ce qui n’est pas sans effets dissolvants ; puisque les intérêts et les destins de plusieurs partis ne peuvent pas être comprimés dans un cadre. Large et souple soit-il.
Par ailleurs, la facilitation pilotée par des chefs de partis membres de Benno, est vouée à la lenteur. Pire elle suscite des persiflages de la part de gens qui trouvent surréaliste que les partis nains de Benno (Msu, Pit et autre Ld) jouent les locomotives censées tirer les géants vers la solution idoine. Or sur l’échiquier comme sur le ring des boxeurs, c’est le poids qui do offre la voix au chapitre ici ; et fait la différence là. Mais au Sénégal, les mœurs politiques sont franchement…sénégalaises.
Du Ps ou de l’Afp, qui doit être le navire-amiral de la flotte – pardon ! – de la coalition ? Voilà la question incontournable qui irrite et… délite Benno. A juste titre. Car l’enjeu de 2012 brasse et malaxe beaucoup de considérations et de motivations. Notamment pour les deux poids lourds de Benno : Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse.
Le leader de l’Afp est condamné à livrer la bataille (électorale) du destin. Niasse ne saurait passer sa vie à faire des rois, sans être roi. En mars 2000, il avait couronné Wade du diadème de ses 17 %. S’il intronise Tanor en 2012, il aura été l’éternel faiseur de rois. Ce qui est politiquement aberrant.
De son côté, Ousmane Tanor Dieng a déjà collectionné deux défaites : principalement en tant que candidat en 2007 ; et subsidiairement en sa qualité de directeur de campagne de Diouf. Malgré son âge moins élevé que celui de Niasse, le Secrétaire général du Ps sait intimement qu’il s’apprête à livrer son ultime combat électoral. De nos jours, la social-démocratie, partout dans le monde, s’accommode mal de tout phénomène de fossilisation dans les instances dirigeantes. Le Ps français vient d’en administrer une éclatante leçon, avec ses fantastiques primaires. Et Tanor est suffisamment averti pour savoir que des camarades loyaux (et valeureux) piaffent d’impatience derrière la porte.
Enfin, la position rigide du Parti socialiste s’explique par le fait que Tanor n’entend pas être historiquement le premier responsable socialiste, depuis 1948, (Bds, Ups et Ps confondus) auteur du sabordage électoral de son parti. Une place peu enviable lui serait alors réservée dans les manuels d’Histoire. Inacceptable pour le successeur de Diouf à la tête du Ps. Bref, 2012 positionne les patrons de l’Afp et du Ps, à la croisée des chemins : l’âge d’or présidentiel ; ou le cimetière politique.
En définitive, la première erreur aura été de propager la théorie (discutable) suivant laquelle, seule la candidature unique peut venir à bout du virtuose Wade. Aujourd’hui, l’impasse assez prolongée dans la désignation du candidat consensuel de Benno, a déjà fait des dégâts dans l’opinion publique. Qui forme, par ricochet, une grande partie du corps électoral.
La seconde erreur aura été le surgissement encouragé d’une mystique de Benno Siggil Sénégal. Les militants et sympathisants de toutes formations membres de Benno ont longtemps vibré à l’unisson. Donc à la quête de l’unité organique. Au point de l’intérioriser psychologiquement. Or Benno n’est pas plus qu’un agrégat d’intérêts condamnés à se désagréger.
Sans trop s’éloigner du sujet, on peut rappeler qu’une coalition militaire a également son heure de vérité. « On ne se bat bien que sous le drapeau national » disait le Général De Gaulle. Les casques bleus qui évoluent sous la bannière de l’Onu (un peu moins de 200 Etats membres) n’ont jamais été plus efficaces qu’une armée nationale en guerre.
La leçon qu’on peut tirer de l’impasse actuelle, c’est qu’elle est d’ores et déjà contre-productive au plan électoral. Même si – par extraordinaire Benno arrive à désigner un candidat – pareil accord d’états-majors n’induira pas un effet automatiquement bénéfique, le jour du scrutin. Sur le terrain, les reports de voix socialistes ou progressistes ne s’effectueront pas mécaniquement. Un parti politique n’est pas un régiment de la Légion Etrangère. Tanor dirige le Ps mais ne le caporalise pas. Autrement dit, l’impératif de balayer Wade, ne conduit pas forcément un parti de l’envergure du Ps, à vendanger ses intérêts.
La politique, c’est le réel, avant d’être l’idéal. Bravo Benno, le bon bouclier contre les plans de Wade. Adieu Benno, la mauvaise fusée pour l’horizon 2012.