« Savez-vous que l’Afrique du Sud n’a pas de premier ministre et est un pays qui se développe parfaitement. Savez-vous que l’Indonésie n’a pas de premier ministre et est un pays en pleine croissance économique. (…) C’est vrai, la France a été, longtemps, un modèle, mais quand on regarde les organisations à l’internationale, on se rend compte que finalement, les pays qui se développent de manière harmonieuse, se sont inspirés sur leur propre vision de modèle de développement. (… ) Réflexion faite, je pense qu’effectivement, supprimer le poste du Premier ministre permettrait de gagner énormément de chose. D’abord, ça permettrait de faire en sorte de supprimer l’échelon de décision entre les ministres chargés d’exécuter le programme du président de la République sur le terrain et le président de la république lui-même. Ça permettrait de faire en sorte que nous n’ayons plus de dispute au sommet de l’Etat sur des détails souvent ; disputes qui nous divertiraient. Regardez, la plupart des Premiers ministres, si ce n’est pas l’ensemble ou la quasi-totalité des Premiers ministres qui sont passés, ont mal fini avec leur président de la République. Ce n’est pas quelque chose que je souhaite à Mimi Touré, bien sûr, mais l’expérience montre que ça finit comme ça. Et pourquoi ça finit comme ça, parce que, tout simplement, il arrive un moment où les intermédiaires et les oiseaux de mauvais augure se mettent entre le président de la République et son Chef de gouvernement et amène le désordre. Et cela, nous n’en n’avons pas besoin. (…) Je pense que la suppression du poste de Premier ministre est la meilleure des solutions parce que je pense que le chef de l’Etat doit pouvoir maintenant assumer pleinement sa responsabilité. Il est hors de question de passer tout notre temps à vouloir tout le temps chercher un fusible.
On sait que le chef de gouvernement que nous avons, en réalité, il n’a pas tous les pouvoirs. Ce n’est pas comme le Premier ministre que vous avez cité, par exemple au Royaume uni. Ce n’est pas comme au Japon où le Premier ministre a véritablement tous les pouvoirs pour exécuter une politique… Ici au Sénégal, ce n’est pas le Premier ministre qui nomme ses ministres. Ces ministres sont nommés par le chef de l’Etat. Il peut y avoir des problèmes de personnes et même d’approche entre ces hommes. C’est autant de désordre qu’on peut éviter en ayant un chef de l’Etat qui assume pleinement son programme et qui à ce moment-là désigne ses ministres pleinement responsables de leur département ; et à ce moment-là il n’y a plus d’intermédiaires.
Le président Senghor, lorsqu’il a créé le poste de Premier Ministre, il l’a créé un peu par dépit parce qu’il avait considéré que les ministres arrivaient trop souvent dans son bureau pour lui dire : « Monsieur le président, tel personne me demande tel chose » ou bien des gens, simplement des citoyens approchaient le chef de l’Etat en lui disant : « mais à chaque fois que nous demandons à votre ministre, il nous dit : Ah ! Ça il faut voir avec le président de la République. » Ce qui fait que beaucoup de dossiers arrivaient chez lui et il commençait à en avoir, un petit peu ras-le-bol.
Je crois que de ce point de vu là, ce qu’il faudrait, c’est qu’on ait de vrais ministre chargé d’un département qu’ils maîtrisent et des ministres qui ont un calendrier, des objectifs à atteindre avec des indicateurs très clairement définis. Et à ce moment-là, le cabinet du président de la République et en particulier son secrétaire général peut parfaitement jouer le rôle de coordonnateur de toutes ces actions. »
« Le premier acte de rupture, ce serait que le président de la République démissionne de son parti »
« Je dois dire que c’est une volonté qui a été manifestée par un certain nombre d’actes effectivement qui relèvent d’une volonté d’abord d’une demande sociale. C’est d’abord la société dans toute sa globalité qui a souhaité qu’il y ait une rupture. Et ce souhait de rupture a commencé de manière éclatante le 23 juin 2011, quand y compris les bonnes femmes, les vieilles de la maison qui n’ont jamais fait de la politique, qui n’ont jamais fait de manifestations quelconques se sont retrouvées devant l’Assemblée nationale pour dire non. Nous avons organisé la résistance face à ce qui pouvait être considéré comme une sorte d’appropriation du pays par quelques hommes. Et par la grâce de Dieu nous avons réussi à réaliser ces changements. Désormais, nous sommes dans l’action avec un gouvernement et un régime qui avait été, je dirais, copté par tout un ensemble de coalition et qui avait décidé de mettre en œuvre l’ensemble des programmes qui avait été proposé dont le nôtre, puisque nous faisions partie d’une coalition qui s’appelle la coalition Takhaw tem (avec Ibrahima Fall), et qu’il nous avait dit de manière très claire que l’ensemble de nos idées vont être débattues au sein d’une vaste réflexion qui aurait pour objectif d’opérer les ruptures. Malheureusement, en ce qui nous concerne, nous n’avons pas vu cela. Et c’est ce qui nous a amené à prendre notre courage à deux mains et à quitter la coalition Benno Bokk Yakaar. J’ai d’abord quitté, bien sûr, la coalition Takhaw tem, puisque cette coalition désirait rester dans la coalition Benno Bokk Yakaar (…)
La rupture avec Macky Sall est à l’appréciation de tout un chacun. En ce qui me concerne, je pense qu’il y a des choses qui restent. D’abord, je l’ai dit et redit, il me semble que la première rupture à opérer était de démissionner de son parti. (…) La Constitution dit très clairement qu’on ne peut pas être chef de l’Etat et être partie prenante dans une activité privée. Un parti, quoi qu’on dise, est une activité d’une certaine manière privée, puisque c’est des groupes, c’est des individus qui sont ensembles pour un objectif donné. Alors, bien sûr, le président Abdoulaye Wade a légalisé le fait de pouvoir être président de la République et chef de parti. Et d’ailleurs il l’a inscrit dans la Constitution comme étant une dérogation puisqu’on commence par dire que le président de la République doit commencer par être hors de tout intérêt quel qu’il soit ; par contre, il peut être chef de parti. Alors, il l’a donc légalisé. Par contre, ce n’est pas quelque chose qu’on peut considérer comme légitime. Parce que tout simplement qu’un chef de l’Etat est d’abord une institution. Et on voit aujourd’hui, les dérives que ça amène. On voit Bara gaye qui se retrouve en prison parce qu’il a parlé à un chef de parti. On voit des membres de l’opposition qui n’ont pas une position de déférence face à la demande du président de la République d’assister, de participer à de telles rencontres, non pas parce qu’ils considèrent le chef de l’Etat comme le président de la République, mais parce qu’ils le considèrent comme un chef de parti.
Voilà un certain nombre d’exemple qui montrent que ce sont des dérives et qu’on n’a pas encore atteint la rupture que nous souhaitons, c’est-à-dire atteindre un niveau de fonctionnement des institutions qui permettent à chacun de se retrouver dans la chose.
Le premier acte de rupture, pour moi, ce serait que le président de la République démissionne de son parti… Ce serait l’acte le plus éclatant et qui confirmerait l’intention qu’il a déclinée dès le départ de mettre en avant la patrie avant le parti. (…)
Ce n’est pas le seul argument que l’on peut opposer, mais c’est quand même un argument, qu’il faut reconnaitre, un argument de taille. Alors pour le reste, je crois que c’est au quotidien que les uns et les autres peuvent constater, peut-être des manquements. On peut dire qu’on est peut-être dans une période de transition, on ne peut pas tout de suite tout remettre à plat compte tenu surtout du niveau de délabrement de nos Institutions et même de notre administration que nous avons vécu sous le régime précédent. C’est vrai, il nous faut un peu de temps, mais on aimerait commencer à marquer l’empreinte de la rupture. Et c’est pour cela que je disais que pour marquer cette empreinte, il faut donner des actes clairs, nets, francs, qui permettent de constater effectivement qu’on est sur la bonne voie ».
Balthazar xibaaru.com
On sait que le chef de gouvernement que nous avons, en réalité, il n’a pas tous les pouvoirs. Ce n’est pas comme le Premier ministre que vous avez cité, par exemple au Royaume uni. Ce n’est pas comme au Japon où le Premier ministre a véritablement tous les pouvoirs pour exécuter une politique… Ici au Sénégal, ce n’est pas le Premier ministre qui nomme ses ministres. Ces ministres sont nommés par le chef de l’Etat. Il peut y avoir des problèmes de personnes et même d’approche entre ces hommes. C’est autant de désordre qu’on peut éviter en ayant un chef de l’Etat qui assume pleinement son programme et qui à ce moment-là désigne ses ministres pleinement responsables de leur département ; et à ce moment-là il n’y a plus d’intermédiaires.
Le président Senghor, lorsqu’il a créé le poste de Premier Ministre, il l’a créé un peu par dépit parce qu’il avait considéré que les ministres arrivaient trop souvent dans son bureau pour lui dire : « Monsieur le président, tel personne me demande tel chose » ou bien des gens, simplement des citoyens approchaient le chef de l’Etat en lui disant : « mais à chaque fois que nous demandons à votre ministre, il nous dit : Ah ! Ça il faut voir avec le président de la République. » Ce qui fait que beaucoup de dossiers arrivaient chez lui et il commençait à en avoir, un petit peu ras-le-bol.
Je crois que de ce point de vu là, ce qu’il faudrait, c’est qu’on ait de vrais ministre chargé d’un département qu’ils maîtrisent et des ministres qui ont un calendrier, des objectifs à atteindre avec des indicateurs très clairement définis. Et à ce moment-là, le cabinet du président de la République et en particulier son secrétaire général peut parfaitement jouer le rôle de coordonnateur de toutes ces actions. »
« Le premier acte de rupture, ce serait que le président de la République démissionne de son parti »
« Je dois dire que c’est une volonté qui a été manifestée par un certain nombre d’actes effectivement qui relèvent d’une volonté d’abord d’une demande sociale. C’est d’abord la société dans toute sa globalité qui a souhaité qu’il y ait une rupture. Et ce souhait de rupture a commencé de manière éclatante le 23 juin 2011, quand y compris les bonnes femmes, les vieilles de la maison qui n’ont jamais fait de la politique, qui n’ont jamais fait de manifestations quelconques se sont retrouvées devant l’Assemblée nationale pour dire non. Nous avons organisé la résistance face à ce qui pouvait être considéré comme une sorte d’appropriation du pays par quelques hommes. Et par la grâce de Dieu nous avons réussi à réaliser ces changements. Désormais, nous sommes dans l’action avec un gouvernement et un régime qui avait été, je dirais, copté par tout un ensemble de coalition et qui avait décidé de mettre en œuvre l’ensemble des programmes qui avait été proposé dont le nôtre, puisque nous faisions partie d’une coalition qui s’appelle la coalition Takhaw tem (avec Ibrahima Fall), et qu’il nous avait dit de manière très claire que l’ensemble de nos idées vont être débattues au sein d’une vaste réflexion qui aurait pour objectif d’opérer les ruptures. Malheureusement, en ce qui nous concerne, nous n’avons pas vu cela. Et c’est ce qui nous a amené à prendre notre courage à deux mains et à quitter la coalition Benno Bokk Yakaar. J’ai d’abord quitté, bien sûr, la coalition Takhaw tem, puisque cette coalition désirait rester dans la coalition Benno Bokk Yakaar (…)
La rupture avec Macky Sall est à l’appréciation de tout un chacun. En ce qui me concerne, je pense qu’il y a des choses qui restent. D’abord, je l’ai dit et redit, il me semble que la première rupture à opérer était de démissionner de son parti. (…) La Constitution dit très clairement qu’on ne peut pas être chef de l’Etat et être partie prenante dans une activité privée. Un parti, quoi qu’on dise, est une activité d’une certaine manière privée, puisque c’est des groupes, c’est des individus qui sont ensembles pour un objectif donné. Alors, bien sûr, le président Abdoulaye Wade a légalisé le fait de pouvoir être président de la République et chef de parti. Et d’ailleurs il l’a inscrit dans la Constitution comme étant une dérogation puisqu’on commence par dire que le président de la République doit commencer par être hors de tout intérêt quel qu’il soit ; par contre, il peut être chef de parti. Alors, il l’a donc légalisé. Par contre, ce n’est pas quelque chose qu’on peut considérer comme légitime. Parce que tout simplement qu’un chef de l’Etat est d’abord une institution. Et on voit aujourd’hui, les dérives que ça amène. On voit Bara gaye qui se retrouve en prison parce qu’il a parlé à un chef de parti. On voit des membres de l’opposition qui n’ont pas une position de déférence face à la demande du président de la République d’assister, de participer à de telles rencontres, non pas parce qu’ils considèrent le chef de l’Etat comme le président de la République, mais parce qu’ils le considèrent comme un chef de parti.
Voilà un certain nombre d’exemple qui montrent que ce sont des dérives et qu’on n’a pas encore atteint la rupture que nous souhaitons, c’est-à-dire atteindre un niveau de fonctionnement des institutions qui permettent à chacun de se retrouver dans la chose.
Le premier acte de rupture, pour moi, ce serait que le président de la République démissionne de son parti… Ce serait l’acte le plus éclatant et qui confirmerait l’intention qu’il a déclinée dès le départ de mettre en avant la patrie avant le parti. (…)
Ce n’est pas le seul argument que l’on peut opposer, mais c’est quand même un argument, qu’il faut reconnaitre, un argument de taille. Alors pour le reste, je crois que c’est au quotidien que les uns et les autres peuvent constater, peut-être des manquements. On peut dire qu’on est peut-être dans une période de transition, on ne peut pas tout de suite tout remettre à plat compte tenu surtout du niveau de délabrement de nos Institutions et même de notre administration que nous avons vécu sous le régime précédent. C’est vrai, il nous faut un peu de temps, mais on aimerait commencer à marquer l’empreinte de la rupture. Et c’est pour cela que je disais que pour marquer cette empreinte, il faut donner des actes clairs, nets, francs, qui permettent de constater effectivement qu’on est sur la bonne voie ».
Balthazar xibaaru.com