Sofia
La date de ce second Conseil des ministres bulgaro-israélien, un 11 septembre, n'a pas été choisie au hasard. Cette fois, il ne sera pas question de tourisme et d'agriculture, comme il y a un an à Sofia, mais bien de l'attentat du 18 juillet dernier qui a causé la mort de sept personnes, dont cinq touristes israéliens, à Burgas, sur la côte de la mer Noire.
«Il s'agit de montrer notre unité face au terrorisme. Nous sommes plus forts que jamais», explique l'ambassadeur israélien à Sofia, Shaul Ramisa Raz, peu avant le départ pour Jérusalem de douze des seize ministres que compte le gouvernement de Boïko Borissov. Concrètement, cette rencontre sera sans aucun doute l'occasion de faire le point sur l'enquête après cet acte sans précédent sur le sol de ce petit pays balkanique même si pour Israël aucun doute n'est permis: quelques heures à peine après la déflagration sur l'aéroport de Burgas, Jérusalem accusait l'Iran et le Hezbollah.
Cette célérité israélienne contraste avec les lenteurs de l'enquête sur le terrain. Les policiers bulgares ont bien fini par diffuser des portraits-robots du kamikaze présumé et d'un complice, mais on ignore tout de leur motivation, de leur parcours et jusqu'à leur identité même. En Bulgarie, ce silence a fait naître une multitude de théories. La thèse du kamikaze a été mise à mal par de nombreux témoignages, jetant un doute sur le sérieux du travail de la police. Dans les coulisses, quelques tensions sont même apparues au sein des enquêteurs, les Bulgares accusant leurs homologues israéliens d'avoir «monopolisé la procédure», se plaignant au passage de ne plus avoir accès à des pièces essentielles.
«Cette réunion à Jérusalem est une forme ultime de confiance», estime Vladimir Tchoukov, spécialiste bulgare du monde musulman, qui explique les lenteurs bulgares par l'effet «tectonique» que pourrait avoir une mise en cause en bonne et due forme de tel ou tel acteur du conflit au Moyen-Orient. Les accusations contre le régime iranien ont, aussi, fortement embarrassé le chef de la diplomatie bulgare, Nikolaï Mladenov, qui a mis en garde contre toute «conclusion hâtive». Des responsables israéliens ont affirmé à plusieurs reprises «comprendre» cette prudence. «Nous, nous connaissons le commanditaire. À partir de lui, nous devons remonter jusqu'aux exécutants. Vous, vous devez faire le chemin inverse. J'espère seulement que nous allons nous rencontrer quelque part au milieu», a expliqué le 30 août à Sofia le vice-premier ministre israélien Moshe Yaalon. Venu s'incliner devant les victimes, cet ancien para, chef de l'état-major de Tsahal entre 2002 et 2005, a profité de son passage pour mettre nommément en cause un des commandants des gardiens de la révolution en Iran, Qassem Soleimani, qui aurait organisé l'attentat de Burgas. «Encore un peu de patience. Bientôt le puzzle sera prêt», a-t-il conclu.
Par Alexandre Lévy
La date de ce second Conseil des ministres bulgaro-israélien, un 11 septembre, n'a pas été choisie au hasard. Cette fois, il ne sera pas question de tourisme et d'agriculture, comme il y a un an à Sofia, mais bien de l'attentat du 18 juillet dernier qui a causé la mort de sept personnes, dont cinq touristes israéliens, à Burgas, sur la côte de la mer Noire.
«Il s'agit de montrer notre unité face au terrorisme. Nous sommes plus forts que jamais», explique l'ambassadeur israélien à Sofia, Shaul Ramisa Raz, peu avant le départ pour Jérusalem de douze des seize ministres que compte le gouvernement de Boïko Borissov. Concrètement, cette rencontre sera sans aucun doute l'occasion de faire le point sur l'enquête après cet acte sans précédent sur le sol de ce petit pays balkanique même si pour Israël aucun doute n'est permis: quelques heures à peine après la déflagration sur l'aéroport de Burgas, Jérusalem accusait l'Iran et le Hezbollah.
Cette célérité israélienne contraste avec les lenteurs de l'enquête sur le terrain. Les policiers bulgares ont bien fini par diffuser des portraits-robots du kamikaze présumé et d'un complice, mais on ignore tout de leur motivation, de leur parcours et jusqu'à leur identité même. En Bulgarie, ce silence a fait naître une multitude de théories. La thèse du kamikaze a été mise à mal par de nombreux témoignages, jetant un doute sur le sérieux du travail de la police. Dans les coulisses, quelques tensions sont même apparues au sein des enquêteurs, les Bulgares accusant leurs homologues israéliens d'avoir «monopolisé la procédure», se plaignant au passage de ne plus avoir accès à des pièces essentielles.
«Cette réunion à Jérusalem est une forme ultime de confiance», estime Vladimir Tchoukov, spécialiste bulgare du monde musulman, qui explique les lenteurs bulgares par l'effet «tectonique» que pourrait avoir une mise en cause en bonne et due forme de tel ou tel acteur du conflit au Moyen-Orient. Les accusations contre le régime iranien ont, aussi, fortement embarrassé le chef de la diplomatie bulgare, Nikolaï Mladenov, qui a mis en garde contre toute «conclusion hâtive». Des responsables israéliens ont affirmé à plusieurs reprises «comprendre» cette prudence. «Nous, nous connaissons le commanditaire. À partir de lui, nous devons remonter jusqu'aux exécutants. Vous, vous devez faire le chemin inverse. J'espère seulement que nous allons nous rencontrer quelque part au milieu», a expliqué le 30 août à Sofia le vice-premier ministre israélien Moshe Yaalon. Venu s'incliner devant les victimes, cet ancien para, chef de l'état-major de Tsahal entre 2002 et 2005, a profité de son passage pour mettre nommément en cause un des commandants des gardiens de la révolution en Iran, Qassem Soleimani, qui aurait organisé l'attentat de Burgas. «Encore un peu de patience. Bientôt le puzzle sera prêt», a-t-il conclu.
Par Alexandre Lévy