Jérusalem
Les dirigeants israéliens se sont engagés jeudi à «punir, partout où ils se trouvent» les responsables et commanditaires de l'attentat suicide en Bulgarie. En attendant l'heure des représailles, un pont aérien a permis le retour de 32 touristes israéliens blessés lors de l'attaque dans un autobus stationné à l'aéroport de Burgas, une station balnéaire près de la mer Noire. Les corps des cinq victimes israéliennes devaient également être rapatriés. Pour le premier ministre Benyamin Nétanyahou, l'attaque porte la marque de la milice chiite libanaise du Hezbollah, «principal agent terroriste de l'Iran».
«Nous ferons tout contre ceux qui ont commis cet attentat, qui s'inscrit dans une campagne terroriste mondiale contre Israël», a prévenu le ministre de la Défense, Ehoud Barak. «Une fois que tous les éléments du puzzle de l'enquête menée par les services de renseignements seront en place, sonnera l'heure des réactions aussi bien opérationnelles que politiques», a ajouté Danny Ayalon, le vice-ministre des Affaires étrangères. Adoptant un ton martial dont il est peu coutumier, le président Shimon Pérès a proclamé qu'Israël «a les moyens et la volonté de réduire au silence et de paralyser les organisations terroristes». Avigdor Lieberman, le ministre des Affaires étrangères, affirme pour sa part qu'Israël dispose «de solides renseignements sur l'implication du Hezbollah et des gardiens de la Révolution iraniens dans l'attentat».
Mais le passage des menaces aux actes risque d'être compliqué. La déstabilisation du régime syrien de Bachar el-Assad, allié du Hezbollah et de l'Iran, multiplie les facteurs d'incertitudes. Selon la plupart des commentateurs et experts militaires, Benyamin Nétanyahou ne devrait pas dans un premier temps jouer la carte de l'escalade militaire en utilisant le prétexte de l'attentat en Bulgarie pour frapper les installations militaires nucléaires iraniennes. Une offensive aérienne et terrestre au Liban contre le Hezbollah semble également exclue, car elle risquerait de détourner l'attention de la lutte à mort engagée en Syrie entre les insurgés et le régime de Bachar el-Assad, ainsi que du programme nucléaire iranien, considéré comme le danger numéro un pour l'État hébreu.
Méthodes expéditives
«Il ne devrait pas y avoir de réplique immédiate, mais il faut s'attendre à des éliminations et à de mystérieuses explosions» visant notamment des responsables du Hezbollah, prévoit Giora Eiland, général de réserve et ancien patron du Conseil israélien pour la sécurité nationale. «Nous allons agir mais avec sang-froid», ajoute Danny Ayalon. De son côté, Yossi Melman, un commentateur spécialiste des services de renseignements, estime aussi que l'attentat de Bulgarie «ne peut que relancer la guerre secrète menée contre l'Iran et le Hezbollah».
Israël a déjà eu recours à ce genre de méthodes aussi discrètes qu'expéditives. Ces dernières années, le Mossad est fortement soupçonné d'avoir éliminé quatre savants atomistes iraniens et provoqué au moins une explosion dans un des sites où sont produits les missiles iraniens. Israël aurait également saboté des centaines de centrifugeuses utilisées par les Iraniens pour l'enrichissement de l'uranium grâce à des virus informatiques. L'État hébreu, qui préfère cultiver un certain flou, n'a jamais démenti ou confirmé être responsable de ces opérations.
Une escalade dans cette bataille de l'ombre semble donc à prévoir. Comme le souligne Ehoud Barak, le Mossad est parvenu ces derniers mois à faire échouer des dizaines d'attentats en coopérant avec les services de renseignements de pays tels que Chypre, le Kenya, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, l'Inde et la Thaïlande ainsi qu'avec la CIA. «Mais il y a aussi des moments difficiles comme ce qui s'est passé en Bulgarie», reconnaît Ehoud Barak, prenant la défense du Mossad qui est accusé par une partie de la presse d'avoir échoué dans la prévention de l'attaque.
Les responsables officiels israéliens se sont en revanche empressés de rendre hommage à la «coopération» du gouvernement, de l'armée et des services de renseignements bulgares. Sur le front politique, Israël s'apprête à relancer une offensive pour convaincre l'Union européenne de placer le Hezbollah dans sa liste noire des organisations terroristes. L'État hébreu a aussi l'intention de déposer une plainte au Conseil de sécurité de l'ONU contre l'Iran et le Liban.
Par Marc Henry
Les dirigeants israéliens se sont engagés jeudi à «punir, partout où ils se trouvent» les responsables et commanditaires de l'attentat suicide en Bulgarie. En attendant l'heure des représailles, un pont aérien a permis le retour de 32 touristes israéliens blessés lors de l'attaque dans un autobus stationné à l'aéroport de Burgas, une station balnéaire près de la mer Noire. Les corps des cinq victimes israéliennes devaient également être rapatriés. Pour le premier ministre Benyamin Nétanyahou, l'attaque porte la marque de la milice chiite libanaise du Hezbollah, «principal agent terroriste de l'Iran».
«Nous ferons tout contre ceux qui ont commis cet attentat, qui s'inscrit dans une campagne terroriste mondiale contre Israël», a prévenu le ministre de la Défense, Ehoud Barak. «Une fois que tous les éléments du puzzle de l'enquête menée par les services de renseignements seront en place, sonnera l'heure des réactions aussi bien opérationnelles que politiques», a ajouté Danny Ayalon, le vice-ministre des Affaires étrangères. Adoptant un ton martial dont il est peu coutumier, le président Shimon Pérès a proclamé qu'Israël «a les moyens et la volonté de réduire au silence et de paralyser les organisations terroristes». Avigdor Lieberman, le ministre des Affaires étrangères, affirme pour sa part qu'Israël dispose «de solides renseignements sur l'implication du Hezbollah et des gardiens de la Révolution iraniens dans l'attentat».
Mais le passage des menaces aux actes risque d'être compliqué. La déstabilisation du régime syrien de Bachar el-Assad, allié du Hezbollah et de l'Iran, multiplie les facteurs d'incertitudes. Selon la plupart des commentateurs et experts militaires, Benyamin Nétanyahou ne devrait pas dans un premier temps jouer la carte de l'escalade militaire en utilisant le prétexte de l'attentat en Bulgarie pour frapper les installations militaires nucléaires iraniennes. Une offensive aérienne et terrestre au Liban contre le Hezbollah semble également exclue, car elle risquerait de détourner l'attention de la lutte à mort engagée en Syrie entre les insurgés et le régime de Bachar el-Assad, ainsi que du programme nucléaire iranien, considéré comme le danger numéro un pour l'État hébreu.
Méthodes expéditives
«Il ne devrait pas y avoir de réplique immédiate, mais il faut s'attendre à des éliminations et à de mystérieuses explosions» visant notamment des responsables du Hezbollah, prévoit Giora Eiland, général de réserve et ancien patron du Conseil israélien pour la sécurité nationale. «Nous allons agir mais avec sang-froid», ajoute Danny Ayalon. De son côté, Yossi Melman, un commentateur spécialiste des services de renseignements, estime aussi que l'attentat de Bulgarie «ne peut que relancer la guerre secrète menée contre l'Iran et le Hezbollah».
Israël a déjà eu recours à ce genre de méthodes aussi discrètes qu'expéditives. Ces dernières années, le Mossad est fortement soupçonné d'avoir éliminé quatre savants atomistes iraniens et provoqué au moins une explosion dans un des sites où sont produits les missiles iraniens. Israël aurait également saboté des centaines de centrifugeuses utilisées par les Iraniens pour l'enrichissement de l'uranium grâce à des virus informatiques. L'État hébreu, qui préfère cultiver un certain flou, n'a jamais démenti ou confirmé être responsable de ces opérations.
Une escalade dans cette bataille de l'ombre semble donc à prévoir. Comme le souligne Ehoud Barak, le Mossad est parvenu ces derniers mois à faire échouer des dizaines d'attentats en coopérant avec les services de renseignements de pays tels que Chypre, le Kenya, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, l'Inde et la Thaïlande ainsi qu'avec la CIA. «Mais il y a aussi des moments difficiles comme ce qui s'est passé en Bulgarie», reconnaît Ehoud Barak, prenant la défense du Mossad qui est accusé par une partie de la presse d'avoir échoué dans la prévention de l'attaque.
Les responsables officiels israéliens se sont en revanche empressés de rendre hommage à la «coopération» du gouvernement, de l'armée et des services de renseignements bulgares. Sur le front politique, Israël s'apprête à relancer une offensive pour convaincre l'Union européenne de placer le Hezbollah dans sa liste noire des organisations terroristes. L'État hébreu a aussi l'intention de déposer une plainte au Conseil de sécurité de l'ONU contre l'Iran et le Liban.
Par Marc Henry