Alors qu’un vent nouveau s’apprête à souffler sur le pays, un retour en arrière s’impose afin de revisiter l’évolution du Burkina qui a connu de nombreux soubresauts. L’une des mesures ancrées dans la mémoire de beaucoup de citoyens est l’ouverture de l’enquête sur la mort de Thomas Sankara, le leader de la révolution assassiné le 15 octobre 1987 avec douze de ses compagnons lors du putsch qui porta au pouvoir l’ex-président Blaise Compaoré. Sankara est devenu une icône non seulement au Burkina mais de toute l’Afrique.
Transition
Dès son investiture, le président de transition Michel Kafando a contribué à relancer le dossier en promettant à la famille l’exhumation du corps et en rouvrant l’enquête. La veuve de l’ancien président du Burkina Faso, Mariam Sankara, a été entendue dans ce cadre en mai dernier. Une campagne pour l’ouverture d’une enquête parlementaire en France a également été relancée. Au moins 8 personnes ont été inculpées pour leur implication présumée dans l’assassinat de l’ex-président Burkinabé. La famille de Sankara a pris connaissance du rapport balistique et du rapport d’autopsie des restes présumés de l’ex président, exhumés en mai dernier pour les besoins de l’enquête. Le corps avait été « criblé » de balles lors de son assassinat révèle le rapport et les analyses d’ADN sont en cours. Rappelons que, l’enquête avait été fermée sous le régime de son « ami » Blaise Compaoré, actuellement en refuge à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.
Stratégies des acteurs de la scène politique burkinabé
L’élection présidentielle de 2015, prévue initialement le 11 octobre, aura lieu le 29 novembre en même temps que les élections législatives et a été repoussée suite à la tentative de coup d’État du 16 septembre. La Constitution burkinabé limite le nombre de mandats présidentiels à deux quinquennats. En 2014, Compaoré avait tenté de modifier l’article 37 de la Constitution relatif à la limitation du nombre de mandats. Une décision qui a provoqué des manifestations massives à Ouagadougou, dès le 28 octobre 2014, puis un soulèvement populaire à plusieurs villes du pays. Les événements tumultueux du 30 octobre ont entraîné la dissolution du gouvernement et du parlement, et la déclaration de l’État de siège. Après une courte période de transition au cours de laquelle le lieutenant-colonel Isaac Zida s’autoproclame chef de l’État, Michel Kafando est désigné président intérimaire le 17 novembre. Il nomme Isaac Zida Premier ministre, qui ont vécu un coup d’état manqué au pays.
Election
Ils sont 14 candidats, dont une femme, à figurer sur cette liste définitive des candidats au poste précédemment occupé par Blaise Compaoré. Parmi eux, on retrouve Benewendé Sankara (UNIR/PS), un héritier politique de Thomas Sankara, habitué de la course à la présidentielle. La lutte contre l’impunité, la corruption et l’extrême pauvreté sont au cœur du programme du candidat sankariste qui défend auprès des Burkinabè la notion d’inclusivité. Zephirin Diabré de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) propose une rupture totale en revisitant la question de l’identité nationale. La jeunesse et les femmes seront au cœur de ses priorités. On note la présence d’autres habitués de la compétition présidentielle comme l’écologiste Ram Ouédraogo du R.D.E.BF. Rock Marc Christian Kabore du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) fait partie des nouveaux venus à cette élection. D’anciens opposants à la modification de la Constitution tels qu’Ablassé Ouedraogo du Faso Autrement et Saran Sereme du Parti pour le développement et le changement (PDC) sont également candidats. A 40 ans, Tahirou Barry (PAREN) se présente comme le candidat de la jeunesse. Il se considère « jeune » surtout par ses idées. Une fois élu, Tahirou Barry propose un retour aux valeurs, « une renaissance » qui permettrait de restaurer les valeures morales. Françoise Toé, la seule candidate du lot, souhaite apporter plus d’égalité entre les hommes et les femmes, et œuvre notamment pour une harmonisation des salaires.
Gouvernance
Tandis que le gouvernement de transition s’est investi dans la réconciliation, la première préoccupation du nouveau président du Burkina Faso devrait inévitablement porter sur la question de la gouvernance. Et si la lutte contre l’impunité et la corruption est au cœur de tous les programmes, le prochain chef de l’Etat devra trancher sur une question importante, celle de la transparence des institutions et de l’alternance politique au sein du gouvernement. Depuis le soulèvement d’octobre 2014, Mariam Sankara n’a cessé de réclamer que Blaise Compaoré « rende compte de ses actes et de ses crimes de sang ». Mais l’ancien homme fort du pays a conservé des alliés parmi les 22 candidats initialement en lice pour son ancien fauteuil.
L’article 135 du nouveau code électoral a toutefois exclu des prochaines élections tous ceux qui ont soutenu le projet de modification de la Constitution qui devait permettre à Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat. Le Conseil constitutionnel a ainsi écarté l’ex ministre des affaires étrangers Djibril Bassolé et Yacouba Ouédraogo, ministres de la communication du régime de Blaise Compaoré. De part sa situation géographique, le Burkina Faso n’est pas à l’abri des attaques terroristes. Et dans un contexte sécuritaire tendu, les dirigeants du Burkina Faso devront prendre au sérieux la menace terroriste susceptible d’affecter la sous-région.
Times24.info