leral.net | S'informer en temps réel

COMMENTAIRE DU JOUR:Et si on arrêtait de jouer

On a encore marché le week-end dans la banlieue dakaroise, précisément dans la ville de Guédiawaye riche de plus d’un million de résidents que l’on assure pourtant acquis à la Génération du concret. La cité de Bocar Sidikh Kane, le maire libéral, n’avait-elle pas accueillie en effet la première sortie « politique » ou publique, c’est selon, au stade Amadou Barry du « dauphin » annoncé tel le messie, conseiller spécial de son père, et président de l’Agence, pardon, président de la commission de surveillance de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci), Karim Wade, président du mouvement dénommé : Génération du concret.


Rédigé par leral.net le Lundi 8 Décembre 2008 à 06:10 | | 0 commentaire(s)|

COMMENTAIRE DU JOUR:Et si on arrêtait de jouer
Même si l’opinion se souvient difficilement de ce qui s’y était dit en ce moment là, tant le dire n’avait pas frappé les esprits pourtant si bien préparés par un battage rarement égalé ? Ne pense-t-on pas au Palais aussi à chaque fois quand on y parle banlieue : de Pikine-Guédiawaye ? Tant pis pour les Médinas, Grand Yoff, les Parcelles Assainies, les « Yarakh », toutes les autres banlieues de toutes les autres villes du pays, elles n’ont pas le même poids démographique, social, par conséquent politique et électoral de Pikine Guédiawaye.

N’entend-on pas également investir dans l’équipe fanion de la ville de Guédiawaye : 300 millions de Fcfa, un budget qui ferait le bonheur de n’importe quelle équipe du pays et lui ouvrirait assurément les portes du continent pour des trophées qui se refusent encore aux formations sénégalaises depuis l’indépendance ? L’information a été « vendue » par le chargé de COM de Guédiawaye Football club dans les colonnes de nos confrères de l’As du week-end si je ne m’abusais.

Qu’à cela ne tienne, on a encore battu le macadam à Guédiawaye pour rappeler au pouvoir central, a-t-on argué, la cherté de la vie, les coupures intempestives d’électricité, la surfacturation de la Senelec et que sais-je encore ? Un mouvement d’humeur qui avait été pourtant annoncé par voie de presse. Imams et « brebis », animateurs de la société civile de la ville, bref les membres du collectif des résidents des quartiers de Guédiawaye qui avaient ainsi menacé publiquement l’autorité ont joint l’acte en marchant, disent-ils, contre les coupures d’électricité récurrentes. Ne se contentant pas seulement de marcher ils ont invité les populations de leur localité dans un mémorandum remis au préfet et dont copie a été envoyée aux rédactions, « de surseoir au paiement de la facture d’électricité du mois d’octobre 2008 de la Senelec attendant la révision en baisse de celle-ci, conformément au mode de tarification dégressif… »

En descendant samedi dans les rues de Guédiawaye, ont-ils seulement voulu rappeler au Président Wade, leurs dures conditions de vie et dénoncer ce qui passe à leurs yeux comme un abus d’une société pourtant d’Etat même si c’est à caractère privé ? A sa dernière visite d’il y a moins deux semaines, ils l’avaient invité à réactualiser ses promesses de 2000 et à les réaliser avant de songer à d’autres. Ils lui avaient aussi fait connaître les affres de leur existence au quotidien. Aujourd’hui, le Parlement de la banlieue a légiféré. Il ne reste qu’à exécuter.

La banlieue qui compte a donc décidé tout bonnement de ne plus payer ses factures d’électricité. Celles-ci sont « largement surfacturées », a-t-elle décrété tout autant unilatéralement que la Senelec et la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) avaient « pondu » cette nouvelle grille tarifaire si décriée, même si, selon des sources dignes de foi, une étude a été commise et le ministère de tutelle s’apprêterait à faire revoir aux initiateurs leur copie et cette fois-ci en présence des délégués des consommateurs. N’empêche, on a trouvé à Guédiawaye et peut-être ailleurs, que les factures sont trop chères et par conséquent elles ne sont pas à honorer ! Cela risque cependant de faire tache d’huile et le danger d’une implosion de la République devient pressent par la faute… d’apprentis manipulateurs à quatre sous ? On intrigue certes dans toutes les cours du monde, mais on ne complote qu’au sein de celles qui sont désertées par l’autorité. L’Etat bruit de trop de traquenards ces derniers temps. De trop de coups fourrés !

On joue beaucoup trop dans cette République. On y joue davantage depuis 2000. A se faire peur continuellement au sein d’une classe politique plus apte à faire valoir ses droits à la retraite qu’à maintenir un quelconque flambeau de la rénovation ou du changement, à tracer sillon productif. Avec les institutions de la République dont on ravale journellement les piliers, cherchant à les plier toutes, ces institutions, aux desiderata du Prince plus tête en l’air que souverain pensant à gouverner. On joue avec les finances publiques. On rigole avec les deniers de l’Etat.

On s’invente scenarii dignes d’Hollywood. On jongle avec des chiffres sortis d’imagination débridée pour des projets les uns plus loufoques que les autres. On manipule les faits pourtant si têtus. On nargue les règles et les accords avec l’autre. On s’amuse avec la société que l’on agresse dans ses fondements les plus solides. Avec l’avenir des jeunes qui, las de promesses non tenues, bravent les tempêtes, les flots et la mort pour la lointaine Espagne et périssent par milliers dans les abysses de l’Atlantique tout autant qu’ont péri ceux du Joola.

A force de jouer avec le feu on finira forcément par se brûler au Sénégal. On y ruse pour l’heure grandement avec les principes. La nation que l’on voudrait rude et résistante à tous les pires actes de dénigrements, à toutes les frustrations que subissent ces populations spectatrices à leur corps défendant des turpitudes d’une classe dirigeante et d’une relève sans projet sinon le cash du… béton, risque de voir sa placidité légendaire faire place à la révolte.

Au nom de quelle logique l’Etat devrait-il s’affaisser devant les gamineries de garnements qui confondent virtuel et vérité, fiction et réalité et se jouent d’une République qu’ils n’ont pas inventée. Il est grand temps que Me Wade dont c’est le rôle constitutionnellement attribué, siffle la fin de la récréation et que l’on arrête de jouer avec ce pays pour quand même travailler.

signé Madior Fall sud quotidien

leral .net