Serigne Babacar Mbacké « Sidikhouhoul Moukabaro » responsable morale de la Fédération des Daaras « Sant Borom Gawane « organise ce Dimanche 06 Avril 2014 la première 1 ère Journée Culturelle Mame Cheikh Anta Mbacké au CICES. La vocation première de ce rendez vous culturel est de vulgariser et de propager l’œuvre de cet Homme multidimensionnel Mame Cheikh Anta Mbacké. Ce dernier a séduit toute une génération d’hommes et de femmes de toute obédience. Son parcours parsemé de péripéties et de victoires à laisser à l’observateur neutre une admiration jusque là inégalée.
Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké, communément appelé Mame Cheikh Anta ou l’argentier du Mouridisme ou encore BOROM GAWANE, a été une figure emblématique du mouridisme, frère de Cheikh Ahmadou Bamba fondateur du mouridisme fils de Sokhna Asto Wallo Mbacké plus connu sous le nom de Sokhna Mame Anta Ndiaye. Il a eu le premier privilège d’être établi au rang de « CHEIKH », ce geste de haute facture et méritoire au plan des égards deviendra le fer de lance de la propagande de la voie mouride.
Homme de son temps, élégant, éloquent, respectable, sublime, le premier Cheikh des mourides a imprimé sa propre marque de majesté à ses contemporains qui ont tous sans exception aucune magnifié son apport dans la mouridiyyah.
Pour permettre à cette génération regroupant disciples mourides et sympathisants de s’inspirer de cette trajectoire hors paire nous voulons inscrire la « Journée Culturelle Mame Cheikh Anta Mbacké » en lettre d’or dans le calendrier culturel national.
Au programme, il y’aura deux grandes conférences animés par d’éminents professeurs rompus à la tache et débattront deux thèmes spécifiques. Le premier mettra l’accent sur les comportements de Serigne Touba envers ses frères par Serigne Mame Mor Mbacké » Xam Sa diiné ». Le second mettra en valeur le rôle de Mame Cheikh Anta Mbacké dans le mouridisme par Serigne Massamba Mbacké fils de Serigne Moustapha Thieytou MBACKE ibn Mame Cheikh Anta Mbacké.
Il y’aura aussi une exposition sur la vie et l’œuvre de Mame Cheikh Anta Mbacké durant toute la journée. Cette journée sera ouverte par des séances de lecture du saint coran et de déclamation de khassaïdes. Les autorités étatiques et beaucoup de Chefs religieux notamment la famille de Serigne Touba seront présents.
Que le Prophète PSL et son serviteur privilégié Cheikh Ahmadou Bamba seront les phares qui nous guideront nos pas dans l’entreprise exaltante que nous entamons. Soit satisfait des efforts au parrain Serigne Sidy Moukhtar khalif général des mourides, nous souhaitons une longue vie et de santé une santé de fer pou qu’il réussisse haut la main la large charge de guider la communauté mouride, Serigne Mame Mor Faty Mbacké, Khalif de Mame Cheikh Anta Mbacké et toute la famille de Borom Darou Salam ak Gawane.
La commission communication de la 1 ère Journée Culturelle Mame Cheikh Anta Mbacké
Mor Daga SYLLA Chargé de la communication
Document complémentaire
VIE et OUVRE de MAME CHEIKH ANTA MBACKE
Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké, communément appelé Mame Cheikh Anta, ou l’argentier du Mouridisme est né à Porokhane dans la région du Saloum dans les années 1860 (les dates mentionnées varient de 1860 à 1867 selon les sources). Fils de la vertueuse Mame Anta Ndiaye cousine de Sokhna Diarra Bousso et de Momar Anta Saly, il est le frère cadet d’Ahmadou Bamba.
Ses études
Il a appris le Coran auprés des maîtres coraniques célèbres. Le plus connu parmi eux, pour lui avoir enseigné le plus est Cheikh Abdourahmane LO. C’est auprés de son grand frère Serigne Mor Diarra qu’il a étudié les sciences religieuses avant de rejoindre Cheikh Ahmadou Bamba qu’il ne quittera plus jamais.
Son éducation
Mame Cheikh Anta voyait en son frère Cheikh Ahmadou Bamba un homme de Dieu, un guide spirituel qui perfectionnait, à courte durée, l’état de ses compagnons et améliorait leurs actes. Il n’avait pas hésité à se soumettre à ses ordres. Il lui vouait une obéissance totale et cherchait à chaque instant à le satisfaire. Il a été parmi les personnes à recevoir l’éducation du Cheikh et sa formation. Celui-ci accordait une attention particulière à la formation de son disciple et frère ; il le préparait aux tâches importantes qu’il devra assumer par la suite en faveur du mouvement mouride et de ses fidèles. Faisant preuve d’une parfaite disposition à recevoir cette formation ; Mame Cheikh Anta était devenu l’un des hommes de confiance du Cheikh et l’un de ses conseillers les plus proches, leurs correspondances en constituent une parfaite illustration.
Mame Cheikh Anta, une personnalité multidimensionnelle
A l’instar de tous les grands hommes du Mouridisme formés par le Cheikh, Borom Gawaan était un éducateur spirituel ayant sous sa direction plusieurs daaras. Il s'est d'abord employé à démultiplier l'enseignement du Maître. Dans ce domaine, il s'est montré si efficace que bientôt il reçut l'allégeance d'une foule nombreuse de talibés. Il les organisa en daaras productifs et prospères à l'image de Gawane qu'il fonda en 1905 non loin de la localité de Bambey. Dans ces daaras, ses disciples exerçaient comme activité secondaire une agriculture de grande envergure. Cependant il ne se contentait pas de cette activité traditionnelle qui ne satisfaisait pas ses grandes et nobles ambitions pour plusieurs raisons.
D’abord, il y avait devant lui ce mouvement naissant dirigé par son frère et guide qui était confronté à d’énormes difficultés et entouré de menaces de la part des ennemis de l’Islam. Les disciples subissaient de graves atrocités. A cela s’ajoutaient les nécessités de la vie quotidienne et les recommandations de l’Islam qui font de l’aide aux nécessiteux une obligation.
Borom Gawaan ne pouvait avoir la conscience tranquille devant cette situation préoccupante qui nécessitait pour l’atténuer ou pour s’en sortir, l’assurance d’une autonomie financière.
Après avoir bien analysé la situation, il s’était lancé dans le domaine de l’investissement ; il importait et tissait de vastes relations commerciales avec de grands financiers de son époque. De par ses activités d'opérateur économique il avait acquis un solide réseau de relations. Mais il n'en a jamais abusé pour obtenir des passe-droits ou des privilèges illégaux. Tout juste s'en est-il servi pour la promotion et la préservation des intérêts de la communauté. Il est à noter que cet homme très au fait de la charia n'a jamais employé de moyens illicites dans ses transactions avec ses partenaires d'affaires. Il devient ainsi l’un des plus importants hommes d’affaires du pays. Il possédait des biens, des fonds, un parc automobile impressionnant et plusieurs magasins. Il a été même considéré en 1919 comme l’homme le plus riche du pays. Mais avec une générosité légendaire, Mame Cheikh Anta consacrait tous ses biens au service des musulmans, en général, et des mourides en particulier. C'est en tout cas son exceptionnelle prospérité financière et sa propension à faire le bien autour de lui qui lui valut l'appellation " Borom Dërëm ak Gërëm "
Mame Cheikh Anta et la vie politique
Il s’intéressait à la vie politique du pays. Il observait ses importantes mutations en suivant de très prés les informations. Il cherchait même à avoir une certaine influence sur cette politique en soutenant l’un des acteurs en compétition afin de sauvegarder l’intérêt général et celui des musulmans. C’est ainsi qu’il avait porté son soutien à la candidature de Ngalandou Diouf à la députation au parlement français.
Sa déportation à Ségou
Cette attitude de Mame Cheikh Anta dans ces élections lui avait valu la colère de Blaise Diagne, l’adversaire de Ngalandou. Après avoir fomenté de fausses accusations, Blaise avait donné l’ordre de l’interner jusqu’à Ségou de 1929 à 1935. Dans une déclaration, Serigne Mbacké Bousso a défendu la position de Borom Gawaan en prouvant sa bonne foi et son innocence et en démontrant que son accusation n’était, en fait, qu’une machination sans aucun fondement de vérité.
En réalité, cette déclaration était davantage un soutien moral et une dénonciation de cet acte odieux qu’une simple preuve innocence de Mame Cheikh Anta. Elle illustre bien aussi la profondeur des relations des deux hommes.
Ses actions et réalisations
Borm Gawaan avait consacré toute sa vie aux œuvres profitables à l’ensemble des musulmans, à la contribution à la prospérité de la communauté mouride et au soulagement des souffrances des fidèles.
Ayant comme slogan ce verset du Saint Coran « Tout ce que vous dépensez dans la bonne cause, Dieu le saura », Mame Cheikh Anta avait toujours fait preuve d’une générosité légendaire dans les moments difficiles. Ses réalisations sont ainsi innombrables, toutefois, nous tenons à en citer à titre d’exemples quelques unes :
- lors d’une grave sécheresse il avait distribué aux sinistrés une quantité de riz estimée à plusieurs milliers de tonnes ;
- il prenait en charge et sauvegarder les infrastructures de la communauté contre les oppresseurs et les agresseurs ;
- il soutenait les petits commerçants en leur accordant beaucoup de facilités sur le plan financier ;
- au compte de son maître, il s’acquittait de certaines obligations familiales comme en 1922, c'est lui qui conduisit la délégation que Khadimou Rassoul envoya à Tivaouane pour présenter ses condoléances lors du rappel à Dieu de Seydi El hadji Malick SY ;
- il intervenait beaucoup auprès des autorités coloniales, tantôt pour recueillir des informations concernant son frère et maître, tantôt pour demender le retour de ce dernier ;
- il a aménagé des routes à Diourbel pour faciliter l’accès des visiteurs à la résidence du Cheikh ;
- il a été le premier à faire imprimer un recueil de poèmes composés par le Cheikh ;
- il a réalisé l’un des vœux chers du Cheikh en faisant le pèlerinage à la Mecque en compagnie de Serigne Fallou Mbacké et d’autres prédestinés.
Son pèlerinage
Les péripéties de ce voyage sont racontées dans un récit écrit par Serigne Fallou lui-même.
Le 07 mars 1928, au nom de toute la communauté mouride et notamment à la mémoire de Serigne Touba, Mame Cheikh accompli le pèlerinage aux Lieux Saints de l'Islam. Cette expédition mémorable fut effectuée en compagnie de Serigne Fallou MBACKE. Egalement de la partie, il y avait Serigne Mbacké BOUSSO, Serigne Moulaye BOUSSO, Serigne Tacko MBACKE (second fils de Mame Cheikh Anta). Trois de ses principaux talibés complétaient la délégation. Il s'agit de : Serigne Modou Ndiaye DIOP, Serigne Ibrahima DIA, Serigne Mayoro FALL.
Mame Cheikh Anta finança entièrement l'expédition de sa poche, depuis les billets en première classe jusqu'aux provisions consommées durant tout le voyage. Les escales en France, au Caire, comme le séjour en Terre Sainte ont été impressionnantes, tant Mame Cheikh, en aucune fois n'a lésiné sur les dépenses, pour assurer la qualité à ses compagnons d'équipée.
Des Lieux Saints, il rapporta diverses reliques dont un manuscrit du Coran reconnu parmi l'un des plus anciens qui existe. Il rapporta également les couvertures qui revêtaient les mausolées du Prophète (P.S.L.) et de ses principaux compagnons (que Dieu les comble de bienfaits.) Ces couvertures serviront à recouvrir les mausolées de Khadimou Rassoul et de ses principaux disciples. Mame Cheikh Anta se réserva celle de Seydina Hamza, un oncle et fidèle compagnon du Prophète (P.S.L.), afin que son propre mausolée en soit paré après sa disparition.
Ses relations avec le Cheikh et sa famille
Borom Gawaan entretenait d’excellentes relations aussi bien avec le Cheikh et ses proches qu’avec les autres.
Les profondes et exceptionnelles relations spirituelles qui le liaient à son frère et maître depuis sa tendre enfance se sont renforcées au fil des années. Fidèle entre les fidèles, Mame Cheikh Anta a été l'une des rares personnes à avoir rendu visite à Serigne Touba dans son exil gabonais (il l'a trouvé à Lambaréné). De ce voyage mémorable, il a rapporté des écrits du Cheikh qu’il imprima par la suite. Il a également rapporté des directives destinées à Mame Thierno Ibra Faty qui avait en charge les destinées de la communauté en l'absence du Maître. Il a surtout rapporté aux talibés la certitude que le Maître était bien vivant et qu'il allait revenir parmi les siens, contrairement aux informations distillées par l'autorité coloniale dans le but de les démoraliser.
Quant à ses liens avec ses proches et les autres figures du mouridisme, ils étaient bien connus : il jouisssait du respect et de l’amitié de tous sans exception aucune. Toutefois, l’amitié qui le liait à Serigne Mbacké Bousso et à Cheikh Mouhammad Fadel était singulière. Profondément touchés par sa déportation à Ségou, chacun lui avait témoigné son soutien ; l’un par écrit et l’autre par une visite qu’il lui a rendue à Ségou et au cours de laquelle il lui a prédit la fin des épreuves et son retour imminent à son pays.
Par ailleurs Mame Cheikh Anta avait tissé de vastes et bonnes relations avec le monde extérieur en raison de ses activités commerciales.
En somme, la vie de cette personnalité témoigne d’une ferme et sincère détermination, d’une vision extraordinaire et d’un dévouement inégalable au service du Cheikh, de ses disciples et de l’ensemble des musulmans.
L’importance et la portée de ses positions nous rappellent en effet le troisième khalifde l’Islam Sayyidina Ousmane ibn Affan que Dieu l’agrée de ses largesses.
Le fait que Cheikhoul Khadim lui ait confié Darou Salam, son premier village, et lui ait réservé l’honneur de sa réception à son retour d’éxil au Gabon illustrent parfaitement sa confiance et son estime pour son frère et disciple Cheikh Anta. Ces festivités, demeurées mémorables, sont chaque année commémorées dans la ferveur et l'enthousiasme. C'est le fameux Magal de Darou Salam qu'on peut considérer comme le premier magal organisé par la communauté mouride.
Borom Gawaan a été rappelé à Dieu en mai 1941 à Darou Salam où se trouve son mausolée.
Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké, communément appelé Mame Cheikh Anta ou l’argentier du Mouridisme ou encore BOROM GAWANE, a été une figure emblématique du mouridisme, frère de Cheikh Ahmadou Bamba fondateur du mouridisme fils de Sokhna Asto Wallo Mbacké plus connu sous le nom de Sokhna Mame Anta Ndiaye. Il a eu le premier privilège d’être établi au rang de « CHEIKH », ce geste de haute facture et méritoire au plan des égards deviendra le fer de lance de la propagande de la voie mouride.
Homme de son temps, élégant, éloquent, respectable, sublime, le premier Cheikh des mourides a imprimé sa propre marque de majesté à ses contemporains qui ont tous sans exception aucune magnifié son apport dans la mouridiyyah.
Pour permettre à cette génération regroupant disciples mourides et sympathisants de s’inspirer de cette trajectoire hors paire nous voulons inscrire la « Journée Culturelle Mame Cheikh Anta Mbacké » en lettre d’or dans le calendrier culturel national.
Au programme, il y’aura deux grandes conférences animés par d’éminents professeurs rompus à la tache et débattront deux thèmes spécifiques. Le premier mettra l’accent sur les comportements de Serigne Touba envers ses frères par Serigne Mame Mor Mbacké » Xam Sa diiné ». Le second mettra en valeur le rôle de Mame Cheikh Anta Mbacké dans le mouridisme par Serigne Massamba Mbacké fils de Serigne Moustapha Thieytou MBACKE ibn Mame Cheikh Anta Mbacké.
Il y’aura aussi une exposition sur la vie et l’œuvre de Mame Cheikh Anta Mbacké durant toute la journée. Cette journée sera ouverte par des séances de lecture du saint coran et de déclamation de khassaïdes. Les autorités étatiques et beaucoup de Chefs religieux notamment la famille de Serigne Touba seront présents.
Que le Prophète PSL et son serviteur privilégié Cheikh Ahmadou Bamba seront les phares qui nous guideront nos pas dans l’entreprise exaltante que nous entamons. Soit satisfait des efforts au parrain Serigne Sidy Moukhtar khalif général des mourides, nous souhaitons une longue vie et de santé une santé de fer pou qu’il réussisse haut la main la large charge de guider la communauté mouride, Serigne Mame Mor Faty Mbacké, Khalif de Mame Cheikh Anta Mbacké et toute la famille de Borom Darou Salam ak Gawane.
La commission communication de la 1 ère Journée Culturelle Mame Cheikh Anta Mbacké
Mor Daga SYLLA Chargé de la communication
Document complémentaire
VIE et OUVRE de MAME CHEIKH ANTA MBACKE
Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké, communément appelé Mame Cheikh Anta, ou l’argentier du Mouridisme est né à Porokhane dans la région du Saloum dans les années 1860 (les dates mentionnées varient de 1860 à 1867 selon les sources). Fils de la vertueuse Mame Anta Ndiaye cousine de Sokhna Diarra Bousso et de Momar Anta Saly, il est le frère cadet d’Ahmadou Bamba.
Ses études
Il a appris le Coran auprés des maîtres coraniques célèbres. Le plus connu parmi eux, pour lui avoir enseigné le plus est Cheikh Abdourahmane LO. C’est auprés de son grand frère Serigne Mor Diarra qu’il a étudié les sciences religieuses avant de rejoindre Cheikh Ahmadou Bamba qu’il ne quittera plus jamais.
Son éducation
Mame Cheikh Anta voyait en son frère Cheikh Ahmadou Bamba un homme de Dieu, un guide spirituel qui perfectionnait, à courte durée, l’état de ses compagnons et améliorait leurs actes. Il n’avait pas hésité à se soumettre à ses ordres. Il lui vouait une obéissance totale et cherchait à chaque instant à le satisfaire. Il a été parmi les personnes à recevoir l’éducation du Cheikh et sa formation. Celui-ci accordait une attention particulière à la formation de son disciple et frère ; il le préparait aux tâches importantes qu’il devra assumer par la suite en faveur du mouvement mouride et de ses fidèles. Faisant preuve d’une parfaite disposition à recevoir cette formation ; Mame Cheikh Anta était devenu l’un des hommes de confiance du Cheikh et l’un de ses conseillers les plus proches, leurs correspondances en constituent une parfaite illustration.
Mame Cheikh Anta, une personnalité multidimensionnelle
A l’instar de tous les grands hommes du Mouridisme formés par le Cheikh, Borom Gawaan était un éducateur spirituel ayant sous sa direction plusieurs daaras. Il s'est d'abord employé à démultiplier l'enseignement du Maître. Dans ce domaine, il s'est montré si efficace que bientôt il reçut l'allégeance d'une foule nombreuse de talibés. Il les organisa en daaras productifs et prospères à l'image de Gawane qu'il fonda en 1905 non loin de la localité de Bambey. Dans ces daaras, ses disciples exerçaient comme activité secondaire une agriculture de grande envergure. Cependant il ne se contentait pas de cette activité traditionnelle qui ne satisfaisait pas ses grandes et nobles ambitions pour plusieurs raisons.
D’abord, il y avait devant lui ce mouvement naissant dirigé par son frère et guide qui était confronté à d’énormes difficultés et entouré de menaces de la part des ennemis de l’Islam. Les disciples subissaient de graves atrocités. A cela s’ajoutaient les nécessités de la vie quotidienne et les recommandations de l’Islam qui font de l’aide aux nécessiteux une obligation.
Borom Gawaan ne pouvait avoir la conscience tranquille devant cette situation préoccupante qui nécessitait pour l’atténuer ou pour s’en sortir, l’assurance d’une autonomie financière.
Après avoir bien analysé la situation, il s’était lancé dans le domaine de l’investissement ; il importait et tissait de vastes relations commerciales avec de grands financiers de son époque. De par ses activités d'opérateur économique il avait acquis un solide réseau de relations. Mais il n'en a jamais abusé pour obtenir des passe-droits ou des privilèges illégaux. Tout juste s'en est-il servi pour la promotion et la préservation des intérêts de la communauté. Il est à noter que cet homme très au fait de la charia n'a jamais employé de moyens illicites dans ses transactions avec ses partenaires d'affaires. Il devient ainsi l’un des plus importants hommes d’affaires du pays. Il possédait des biens, des fonds, un parc automobile impressionnant et plusieurs magasins. Il a été même considéré en 1919 comme l’homme le plus riche du pays. Mais avec une générosité légendaire, Mame Cheikh Anta consacrait tous ses biens au service des musulmans, en général, et des mourides en particulier. C'est en tout cas son exceptionnelle prospérité financière et sa propension à faire le bien autour de lui qui lui valut l'appellation " Borom Dërëm ak Gërëm "
Mame Cheikh Anta et la vie politique
Il s’intéressait à la vie politique du pays. Il observait ses importantes mutations en suivant de très prés les informations. Il cherchait même à avoir une certaine influence sur cette politique en soutenant l’un des acteurs en compétition afin de sauvegarder l’intérêt général et celui des musulmans. C’est ainsi qu’il avait porté son soutien à la candidature de Ngalandou Diouf à la députation au parlement français.
Sa déportation à Ségou
Cette attitude de Mame Cheikh Anta dans ces élections lui avait valu la colère de Blaise Diagne, l’adversaire de Ngalandou. Après avoir fomenté de fausses accusations, Blaise avait donné l’ordre de l’interner jusqu’à Ségou de 1929 à 1935. Dans une déclaration, Serigne Mbacké Bousso a défendu la position de Borom Gawaan en prouvant sa bonne foi et son innocence et en démontrant que son accusation n’était, en fait, qu’une machination sans aucun fondement de vérité.
En réalité, cette déclaration était davantage un soutien moral et une dénonciation de cet acte odieux qu’une simple preuve innocence de Mame Cheikh Anta. Elle illustre bien aussi la profondeur des relations des deux hommes.
Ses actions et réalisations
Borm Gawaan avait consacré toute sa vie aux œuvres profitables à l’ensemble des musulmans, à la contribution à la prospérité de la communauté mouride et au soulagement des souffrances des fidèles.
Ayant comme slogan ce verset du Saint Coran « Tout ce que vous dépensez dans la bonne cause, Dieu le saura », Mame Cheikh Anta avait toujours fait preuve d’une générosité légendaire dans les moments difficiles. Ses réalisations sont ainsi innombrables, toutefois, nous tenons à en citer à titre d’exemples quelques unes :
- lors d’une grave sécheresse il avait distribué aux sinistrés une quantité de riz estimée à plusieurs milliers de tonnes ;
- il prenait en charge et sauvegarder les infrastructures de la communauté contre les oppresseurs et les agresseurs ;
- il soutenait les petits commerçants en leur accordant beaucoup de facilités sur le plan financier ;
- au compte de son maître, il s’acquittait de certaines obligations familiales comme en 1922, c'est lui qui conduisit la délégation que Khadimou Rassoul envoya à Tivaouane pour présenter ses condoléances lors du rappel à Dieu de Seydi El hadji Malick SY ;
- il intervenait beaucoup auprès des autorités coloniales, tantôt pour recueillir des informations concernant son frère et maître, tantôt pour demender le retour de ce dernier ;
- il a aménagé des routes à Diourbel pour faciliter l’accès des visiteurs à la résidence du Cheikh ;
- il a été le premier à faire imprimer un recueil de poèmes composés par le Cheikh ;
- il a réalisé l’un des vœux chers du Cheikh en faisant le pèlerinage à la Mecque en compagnie de Serigne Fallou Mbacké et d’autres prédestinés.
Son pèlerinage
Les péripéties de ce voyage sont racontées dans un récit écrit par Serigne Fallou lui-même.
Le 07 mars 1928, au nom de toute la communauté mouride et notamment à la mémoire de Serigne Touba, Mame Cheikh accompli le pèlerinage aux Lieux Saints de l'Islam. Cette expédition mémorable fut effectuée en compagnie de Serigne Fallou MBACKE. Egalement de la partie, il y avait Serigne Mbacké BOUSSO, Serigne Moulaye BOUSSO, Serigne Tacko MBACKE (second fils de Mame Cheikh Anta). Trois de ses principaux talibés complétaient la délégation. Il s'agit de : Serigne Modou Ndiaye DIOP, Serigne Ibrahima DIA, Serigne Mayoro FALL.
Mame Cheikh Anta finança entièrement l'expédition de sa poche, depuis les billets en première classe jusqu'aux provisions consommées durant tout le voyage. Les escales en France, au Caire, comme le séjour en Terre Sainte ont été impressionnantes, tant Mame Cheikh, en aucune fois n'a lésiné sur les dépenses, pour assurer la qualité à ses compagnons d'équipée.
Des Lieux Saints, il rapporta diverses reliques dont un manuscrit du Coran reconnu parmi l'un des plus anciens qui existe. Il rapporta également les couvertures qui revêtaient les mausolées du Prophète (P.S.L.) et de ses principaux compagnons (que Dieu les comble de bienfaits.) Ces couvertures serviront à recouvrir les mausolées de Khadimou Rassoul et de ses principaux disciples. Mame Cheikh Anta se réserva celle de Seydina Hamza, un oncle et fidèle compagnon du Prophète (P.S.L.), afin que son propre mausolée en soit paré après sa disparition.
Ses relations avec le Cheikh et sa famille
Borom Gawaan entretenait d’excellentes relations aussi bien avec le Cheikh et ses proches qu’avec les autres.
Les profondes et exceptionnelles relations spirituelles qui le liaient à son frère et maître depuis sa tendre enfance se sont renforcées au fil des années. Fidèle entre les fidèles, Mame Cheikh Anta a été l'une des rares personnes à avoir rendu visite à Serigne Touba dans son exil gabonais (il l'a trouvé à Lambaréné). De ce voyage mémorable, il a rapporté des écrits du Cheikh qu’il imprima par la suite. Il a également rapporté des directives destinées à Mame Thierno Ibra Faty qui avait en charge les destinées de la communauté en l'absence du Maître. Il a surtout rapporté aux talibés la certitude que le Maître était bien vivant et qu'il allait revenir parmi les siens, contrairement aux informations distillées par l'autorité coloniale dans le but de les démoraliser.
Quant à ses liens avec ses proches et les autres figures du mouridisme, ils étaient bien connus : il jouisssait du respect et de l’amitié de tous sans exception aucune. Toutefois, l’amitié qui le liait à Serigne Mbacké Bousso et à Cheikh Mouhammad Fadel était singulière. Profondément touchés par sa déportation à Ségou, chacun lui avait témoigné son soutien ; l’un par écrit et l’autre par une visite qu’il lui a rendue à Ségou et au cours de laquelle il lui a prédit la fin des épreuves et son retour imminent à son pays.
Par ailleurs Mame Cheikh Anta avait tissé de vastes et bonnes relations avec le monde extérieur en raison de ses activités commerciales.
En somme, la vie de cette personnalité témoigne d’une ferme et sincère détermination, d’une vision extraordinaire et d’un dévouement inégalable au service du Cheikh, de ses disciples et de l’ensemble des musulmans.
L’importance et la portée de ses positions nous rappellent en effet le troisième khalifde l’Islam Sayyidina Ousmane ibn Affan que Dieu l’agrée de ses largesses.
Le fait que Cheikhoul Khadim lui ait confié Darou Salam, son premier village, et lui ait réservé l’honneur de sa réception à son retour d’éxil au Gabon illustrent parfaitement sa confiance et son estime pour son frère et disciple Cheikh Anta. Ces festivités, demeurées mémorables, sont chaque année commémorées dans la ferveur et l'enthousiasme. C'est le fameux Magal de Darou Salam qu'on peut considérer comme le premier magal organisé par la communauté mouride.
Borom Gawaan a été rappelé à Dieu en mai 1941 à Darou Salam où se trouve son mausolée.