La question de la sécurité alimentaire ne doit pas se résumer en de slogans pompeux, il faut agir vite et cela passe par un changement de la perception que nous avons de la production agricole locale. Je suis effaré d’entendre certaines de nos bonnes femmes déclarer sans sourciller qu’elles n’achètent pas du riz local parce que la cuisson est trop ardue. Elles ne peuvent pas deviner toute la somme d’efforts et de moyens qui ont été conjugués pour arriver à ce résultat. Nonobstant une plus grande valeur nutritionnelle attribuée à notre riz, elles préfèrent en consommer un, de qualité moindre avec un taux élevé de sucre et de gomme. A ce rythme on se demande s’il est rationnel d’orienter autant de ressources vers la seule filière riz local ? Car, les difficultés d’écoulement de la production vont impacter négativement sur l’ensemble de la chaine. Notre riz est ainsi confronté à de sérieux problèmes de communication et surtout d’adoption par les ménages. Ces freins doivent être levés pour que le consommateur ait le reflexe d’achat du label local. A quelques différences près, l’oignon du pays connait également des difficultés de commercialisation. Et, n’eût été la politique de l’ARM (Agence de régulation des marchés), consistant à suspendre pendant une certaine période de l’année les importations d’oignon, aujourd’hui, la majorité des producteurs allaient abandonner cette culture. Et, malgré cette facilité, cette spéculation peine à se vendre correctement. Il faut dire que comparativement à l’oignon local le produit importé est de meilleure qualité, se conserve mieux et plus longtemps. L’itinéraire technique de la production locale n’est pas respecté scrupuleusement, malgré des semences de qualité comme le violet de GALMY par exemple, et des avancées dans la construction d’infrastructures post récoltes. Le constat est que la recherche effrénée du gain prend le pas sur la mise sur le marché de bons produits et à des prix compétitifs, sans compter que la couverture du marché est loin d’être satisfaisante. Les producteurs de riz local n’ont pas la chance d’avoir ces opportunités commerciales consécutives à une suspension provisoire des importations. Mais, comme il existe de réelles menaces sur la production mondiale de riz, avec des possibilités de contingentement par certains pays producteurs pour cause d’auto consommation, notre pays n’a pas vraiment le choix. Le défi majeur reste donc celui d’un accroissement conséquent de notre propre production afin de pouvoir suppléer petit à petit les importations, mais pour le moment, il faut que la demande intérieure soit forte et soutenue pour encourager les producteurs et les pouvoirs publics à augmenter les surfaces emblavées et par conséquent les quantités à commercialiser. Consommons donc notre riz local pour que le pari de l’autosuffisance soit au moins atteint pour cette culture.
Abdoulaye DIALLO, Agence des Aéroports du Sénégal (ADS), militant APR, vuvuzela79@yahoo.fr
Abdoulaye DIALLO, Agence des Aéroports du Sénégal (ADS), militant APR, vuvuzela79@yahoo.fr