En quoi cette Cop qui se déroule en Afrique, est particulière pour vous?
Cette Cop vient à un moment où le continent après avoir contribué ardemment à la réussite sur la conférence de Paris sur le climat, avec l’accord qui a été obtenu et l’engagement des pays développés qui sont pour l’essentiel responsables de la pollution sur la planète mais qui sont surtout les responsables des émissions, un engagement à été fait pour appeler et soutenir les pays en développement afin de financer leur adaptation pour empêcher à ces pays qui aspirent également au développement de ne pas emprunter les mêmes voies que les pays industrialisés.
Pour cela, bien entendu, nous avons constaté que les rendez-vous n’ont pas été respectés malgré quelques efforts. Depuis 2020, la communauté s’était engagée à mettre 100 milliards de dollars américains par an. On n’a pas encore les premiers 100 milliards, alors que l’Afrique à elle seule, je ne parle pas de tous les pays en développement, a un besoin estimé de 85 milliards par an d’ici 2030, pour pouvoir respecter les objectifs de réduction de la température de la planète à moins de 1,5°C. C’est dire que le moment est venu de mettre sur la table, la responsabilité de chacun et qu'on ait une conscience collective mondiale sur le fait que soit nous sauvons la planète, soit elle disparaît avec nous.
L’Europe vient de connaître un été caniculaire avec des sécheresses à répétition, on a même comparé parfois cet été que nous venons de connaître avec les températures africaines. Est-ce que cela vous permet de participer à une forme de prise de conscience chez nous, dans les pays développés ?
Je l’espère puisque finalement, on se rend compte que nul n’est à l’abri des changements climatiques, que l’Europe ait des températures supérieures parfois à celles de l’Afrique, que demain l’Afrique ait des températures beaucoup plus basses qu’en Europe, c’est aujourd’hui dans l’ordre normal des choses. On voit les tempêtes tropicales au rythme où elles arrivent, on n'a jamais connu cette accélération. Ce cataclysme qui est en train d’engloutir le monde. Donc, il est temps que tout le monde soit conscient. Il faut une solidarité internationale.
Vous savez, nous, nous supportons le coût du développement des projets verts en Afrique, en recourant à la dette. Nous sommes obligés de nous endetter pour nous adapter pour être dans des économies sobres en carbone. Cela n’est pas acceptable, alors que nous aurions pu aller vers les solutions comme le charbon. Ce qui est aujourd’hui un coût dans la plupart des pays industrialisés depuis la guerre en Ukraine, nous aurions pu et nous devrons si l’argent n’est pas là, nous allons recourir aux mêmes sources énergétiques pour les aspirations du développement de l’Afrique.
Je vous dis, nous avons plus de 600 millions Africains qui n’ont pas encore accès à l’électricité, Allez dire à ces populations que vous attendez que la transition énergétique soit faite. Donc, il y a une prise de conscience et une responsabilité à assumer et j’espère que nous aurons véritablement à l’occasion de cette Cop qui se tient en Afrique, que nous aurons des réponses plus positives.
...Les pays riches verseraient chaque année des centaines et des centaines de milliards de dollars aux pays en voie de développement, pour les aider à faire face au réchauffement, aux inondations, aux ouragans. Ça fait des années que les pays riches ont le pays sur cette question qui a donc été ajoutée in extremis à l’agenda du sommet. Est-ce que vous espérez les convaincre cette fois-ci?
Je ne sais pas si on va les convaincre mais je crois que si rien n’est fait, nous sortirons de cette Cop 27 avec un goût inachevé et le risque que je vois toute de suite, c’est que les gens vont retourner chacun avec ses solutions nationales, qui consisteront à se développer par tous les moyens et quoi que cela puisse en coûter à la planète. Ça, c’est le risque et c’est pourquoi je pense qu’il y a un effort à faire. C’est non seulement au niveau des Etats mais c’est au niveau des entreprises qui sont principalement les plus grandes pollueuses et à ce niveau moi je réclame simplement une prise de conscience collective.
Les Africains font des efforts, moi qui vous parle au Sénégal, nous avons aujourd’hui 31% de notre électricité qui vient par des sources renouvelables. Nous, nous sommes endettés également pour faire des trains électriques, des bus électriques, mais tout cela a un coût. Mais je dois dire qu’il y a des pays quand même, européens pour la plupart et la fondation Guth qui, dans le cadre du financement de l’accélération du programme d’adaptation de l’Afrique, ont pu mobiliser 90 millions de dollars américains, je pense qu’on va arriver à 100 milliards aujourd’hui afin d’utiliser l’effet levier et pour lever 10 milliards de dollars sur l’accélération du financement de l’adaptation. C’est un exemple qu’il faut quand même saluer, c’est une goutte d’eau mais il faut encourager les pays qui se sont engagés, au moins qui se sentent concernés, mais c’est beaucoup trop peu par rapport à nos attentes.
Macky Sall, est-ce que vous dites aussi aux pays les plus riches et aux citoyens des pays développés, que si on ne vous aide pas, le nombre de personnes déplacées va continuer d’augmenter dans les années qui viennent et cette question migratoire sera de plus en plus importante. Est-ce que c’est un argument aujourd’hui?
Oui, c’est forcément un argument, puisque si vous n’avez que des îlots de prospérité dans le monde devant une écrasante majorité de pauvreté, rien ne pourra arrêter la volonté de migration. Ça, c’est un phénomène naturel. Donc, autant diversifier la prospérité dans le monde, avoir plusieurs pôles et au sein des pays, également, diversifier, c’est ça qui peut fixer les gens. Mais si on est dans l’égoïsme national par rapport à chaque pays, naturellement ces pays vont s’exposer à ces phénomènes migratoires, d’autant plus que le climat va être un facteur accélérateur puisque lorsque il y aura la sécheresse, il y aura l’érosion côtière qui détruit l’essentiel de la façade atlantique sur le continent africain et même de l’Ocean indien. Donc, sur toute la façade maritime africaine. Vous voyez les conséquences?
Je ne parle même pas de la destruction des forêts, donc c’est un phénomène qu’il faut prendre au sérieux pour qu’ensembl,e nous puissions donner les réponses les plus adéquates, alors que l’Afrique qui n’est pas responsable pour l’essentiel, qui en subit le plus, offre des solutions. Vous voyez le bassin du Congo, ce que ça donne à la planète comme poumon vert. Ce qui pourrra nous éviter en tout cas un réchauffement extraordinaire et ce que ça séquestre comme carbone pour le bénéfice de l’humanité.
Donc, ce que nous posons, nous ne demandons de l’aumône mais nous pensons que c’est une responsabilité partagée. Les pays qui sont depuis plus d’un siècle, les responsables de ce réchauffement, doivent prendre conscience qu’ils doivent aussi apporter leur contribution pour que toute la planète ne suive pas le même chemin. Ce qui va tous nous précipiter vers une destruction certaine de la planète.
Cette Cop vient à un moment où le continent après avoir contribué ardemment à la réussite sur la conférence de Paris sur le climat, avec l’accord qui a été obtenu et l’engagement des pays développés qui sont pour l’essentiel responsables de la pollution sur la planète mais qui sont surtout les responsables des émissions, un engagement à été fait pour appeler et soutenir les pays en développement afin de financer leur adaptation pour empêcher à ces pays qui aspirent également au développement de ne pas emprunter les mêmes voies que les pays industrialisés.
Pour cela, bien entendu, nous avons constaté que les rendez-vous n’ont pas été respectés malgré quelques efforts. Depuis 2020, la communauté s’était engagée à mettre 100 milliards de dollars américains par an. On n’a pas encore les premiers 100 milliards, alors que l’Afrique à elle seule, je ne parle pas de tous les pays en développement, a un besoin estimé de 85 milliards par an d’ici 2030, pour pouvoir respecter les objectifs de réduction de la température de la planète à moins de 1,5°C. C’est dire que le moment est venu de mettre sur la table, la responsabilité de chacun et qu'on ait une conscience collective mondiale sur le fait que soit nous sauvons la planète, soit elle disparaît avec nous.
L’Europe vient de connaître un été caniculaire avec des sécheresses à répétition, on a même comparé parfois cet été que nous venons de connaître avec les températures africaines. Est-ce que cela vous permet de participer à une forme de prise de conscience chez nous, dans les pays développés ?
Je l’espère puisque finalement, on se rend compte que nul n’est à l’abri des changements climatiques, que l’Europe ait des températures supérieures parfois à celles de l’Afrique, que demain l’Afrique ait des températures beaucoup plus basses qu’en Europe, c’est aujourd’hui dans l’ordre normal des choses. On voit les tempêtes tropicales au rythme où elles arrivent, on n'a jamais connu cette accélération. Ce cataclysme qui est en train d’engloutir le monde. Donc, il est temps que tout le monde soit conscient. Il faut une solidarité internationale.
Vous savez, nous, nous supportons le coût du développement des projets verts en Afrique, en recourant à la dette. Nous sommes obligés de nous endetter pour nous adapter pour être dans des économies sobres en carbone. Cela n’est pas acceptable, alors que nous aurions pu aller vers les solutions comme le charbon. Ce qui est aujourd’hui un coût dans la plupart des pays industrialisés depuis la guerre en Ukraine, nous aurions pu et nous devrons si l’argent n’est pas là, nous allons recourir aux mêmes sources énergétiques pour les aspirations du développement de l’Afrique.
Je vous dis, nous avons plus de 600 millions Africains qui n’ont pas encore accès à l’électricité, Allez dire à ces populations que vous attendez que la transition énergétique soit faite. Donc, il y a une prise de conscience et une responsabilité à assumer et j’espère que nous aurons véritablement à l’occasion de cette Cop qui se tient en Afrique, que nous aurons des réponses plus positives.
...Les pays riches verseraient chaque année des centaines et des centaines de milliards de dollars aux pays en voie de développement, pour les aider à faire face au réchauffement, aux inondations, aux ouragans. Ça fait des années que les pays riches ont le pays sur cette question qui a donc été ajoutée in extremis à l’agenda du sommet. Est-ce que vous espérez les convaincre cette fois-ci?
Je ne sais pas si on va les convaincre mais je crois que si rien n’est fait, nous sortirons de cette Cop 27 avec un goût inachevé et le risque que je vois toute de suite, c’est que les gens vont retourner chacun avec ses solutions nationales, qui consisteront à se développer par tous les moyens et quoi que cela puisse en coûter à la planète. Ça, c’est le risque et c’est pourquoi je pense qu’il y a un effort à faire. C’est non seulement au niveau des Etats mais c’est au niveau des entreprises qui sont principalement les plus grandes pollueuses et à ce niveau moi je réclame simplement une prise de conscience collective.
Les Africains font des efforts, moi qui vous parle au Sénégal, nous avons aujourd’hui 31% de notre électricité qui vient par des sources renouvelables. Nous, nous sommes endettés également pour faire des trains électriques, des bus électriques, mais tout cela a un coût. Mais je dois dire qu’il y a des pays quand même, européens pour la plupart et la fondation Guth qui, dans le cadre du financement de l’accélération du programme d’adaptation de l’Afrique, ont pu mobiliser 90 millions de dollars américains, je pense qu’on va arriver à 100 milliards aujourd’hui afin d’utiliser l’effet levier et pour lever 10 milliards de dollars sur l’accélération du financement de l’adaptation. C’est un exemple qu’il faut quand même saluer, c’est une goutte d’eau mais il faut encourager les pays qui se sont engagés, au moins qui se sentent concernés, mais c’est beaucoup trop peu par rapport à nos attentes.
Macky Sall, est-ce que vous dites aussi aux pays les plus riches et aux citoyens des pays développés, que si on ne vous aide pas, le nombre de personnes déplacées va continuer d’augmenter dans les années qui viennent et cette question migratoire sera de plus en plus importante. Est-ce que c’est un argument aujourd’hui?
Oui, c’est forcément un argument, puisque si vous n’avez que des îlots de prospérité dans le monde devant une écrasante majorité de pauvreté, rien ne pourra arrêter la volonté de migration. Ça, c’est un phénomène naturel. Donc, autant diversifier la prospérité dans le monde, avoir plusieurs pôles et au sein des pays, également, diversifier, c’est ça qui peut fixer les gens. Mais si on est dans l’égoïsme national par rapport à chaque pays, naturellement ces pays vont s’exposer à ces phénomènes migratoires, d’autant plus que le climat va être un facteur accélérateur puisque lorsque il y aura la sécheresse, il y aura l’érosion côtière qui détruit l’essentiel de la façade atlantique sur le continent africain et même de l’Ocean indien. Donc, sur toute la façade maritime africaine. Vous voyez les conséquences?
Je ne parle même pas de la destruction des forêts, donc c’est un phénomène qu’il faut prendre au sérieux pour qu’ensembl,e nous puissions donner les réponses les plus adéquates, alors que l’Afrique qui n’est pas responsable pour l’essentiel, qui en subit le plus, offre des solutions. Vous voyez le bassin du Congo, ce que ça donne à la planète comme poumon vert. Ce qui pourrra nous éviter en tout cas un réchauffement extraordinaire et ce que ça séquestre comme carbone pour le bénéfice de l’humanité.
Donc, ce que nous posons, nous ne demandons de l’aumône mais nous pensons que c’est une responsabilité partagée. Les pays qui sont depuis plus d’un siècle, les responsables de ce réchauffement, doivent prendre conscience qu’ils doivent aussi apporter leur contribution pour que toute la planète ne suive pas le même chemin. Ce qui va tous nous précipiter vers une destruction certaine de la planète.