Dans un geste d’apaisement, l’Elysée avait muté le juge auteur des mandats d’arrêt. Il reste à savoir si la Cour d’appel va ramer dans le sens manifestement voulu par la présidence Française même si cette dernière a clamé, on la comprend, l’indépendance de ses juges. Mes Aissata Tay Sall, Félix Moussa Sow, El Hadji Diouf, Dior Diagne, Massokhna Kane…Les avocats sénégalais seront nombreux le 13 mai prochain dans la salle d’audience de la Cour d’appel de Paris et pour cause.Selon des sources très sûres, c’est ce jour que les magistrats français vont se pencher sur la demande de main levée des mandats d’arrêt émis par le juge Jean-Wilfried Noël, par la suite muté d’Evry, contre l’ancien Premier ministre Mame Madior Boye et d’autres hauts responsables sénégalais à l’époque du naufrage du bateau le Joola. Ces avocats sénégalais, avec Me Fartouat, ancien bâtonnier qui a eu à défendre Wade durant les années de braises, vont plaider devant la Cour d’appel l’annulation pure et simple des mandats d’arrêt. À quelques jours du procès qui sera très suivi, le Sénégal est optimiste. En effet, le parquet général, qui aura son mot à dire durant le procès, va, selon des sources très sûres, ramer dans la même direction que les avocats sénégalais. Il faut dire que cela est l’œuvre même des manœuvres élyséennes. La France, même s’il a clamé une indépendance de ses juges, sait mieux que quiconque que les mandats d’arrêt émis contre Mame Madior Boye et cie ont mis le Sénégal, son Président en tête, dans tous ses états. Informé personnellement de ces mandats d’arrêt par le Président Sarkozy, durant un séjour en France, Wade avait clairement indiqué à son homologue qu’il ne resterait pas les bras croisés. La suite, on la connaît : le procureur général près la Cour d’appel de Dakar, Mandiogou Ndiaye, avait saisi le doyen des juges Mahwa Sémou Diouf, pour déclencher des poursuites contre le magistrat auteur des mandats d’arrêt. Dans la foulée, des Sénégalais victimes d’exaction en France, avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile devant le premier cabinet. Ils avaient les soutiens du Président de la République qui les avait personnellement reçus au Palais de la République pour leur témoigner son appui dans tous les sens. Bref, divers actes qui ont fait comprendre à Paris que les mandats d’arrêt n’étaient pas du goût de Dakar surtout que le juge Noël avait saisi Interpol pour l’exécution des mandats en cas de déplacement des personnalités visées. Certes, le paquet d’Evry avait tenté de ramener « à la raison » le juge Noël, mais c’était déjà trop tard. Le magistrat n’avait pas digéré que ses deux déplacements à Dakar, dans le cadre de l’instruction, aient été infructueux. La première fois, il a été snobé par les autorités judiciaires alors que lors de son deuxième déplacement à Dakar, il n’a auditionné que de « petits » témoins de la Marine marchande. Lorsqu’il a manifesté sa volonté d’entendre un des responsables visés, c’est à la limite s’il n’a pas été prié de ranger ses bagages. En tout cas, le jugement du 13 mai est très attendu. De son issue, dépendent beaucoup de choses.
L’AS
Cheikh Mbacké GUISSE
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Cheikh Mbacké GUISSE