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COVID-19 : Justice au nom du peuple !

Le vent de la reddition souffle enfin sur le Sénégal. Longtemps réclamée, trop souvent différée, la transparence dans la gestion des fonds publics sort des discours incantatoires pour entrer dans le réel.


Rédigé par leral.net le Mercredi 23 Avril 2025 à 17:37 | | 0 commentaire(s)|

Depuis quelques jours, des arrestations retentissantes ébranlent l’ancien appareil d’État, touchant des responsables impliqués dans la gestion des fonds de la riposte contre la COVID-19. Ce que certains présentent comme une chasse aux sorcières est, en réalité, un acte de souveraineté démocratique : faire répondre les gestionnaires publics de leurs actes, en vertu de la loi et au nom du peuple.

Le rapport définitif de la Cour des comptes, publié en août 2022, est un réquisitoire sans équivoque. Il révèle une gestion calamiteuse, marquée par des pratiques graves : marchés attribués sans concurrence, surfacturations massives, paiements à des entités fictives, retraits en espèces incontrôlés, primes versées sans fondement, absence de pièces justificatives…

Et, comme une signature de l'impunité, des institutions de contrôle mises en sommeil ou contournées. La Cour écrit sans détour : « La suppression de tout contrôle administratif et du visa préalable a favorisé la survenance de plusieurs irrégularités dans l’exécution des dépenses… Des entreprises sans lien avec les marchés ont été attributaires de contrats représentant des milliards de FCFA. ».

Ou encore ; « Les organes prévus pour encadrer les dépenses, notamment le Conseil stratégique du Fonds Force-COVID-19, ne se sont jamais réunis. » Symbole ultime du dysfonctionnement : l’attribution de 17 marchés à des entreprises appartenant à une même personne physique, pour plus de 15,5 milliards FCFA, en violation flagrante des principes de la commande publique. Ce n’est pas une dérive, c’est un système ! Un système qui a utilisé l’urgence sanitaire comme paravent pour échapper à toute traçabilité.

L’État d’exception décrété pour cause de pandémie a surtout servi de prétexte à une dilapidation à huis clos. Pendant que le peuple se confinait et que les soignants se battaient, certains se servaient. Aujourd’hui, le gouvernement fait ce que ses prédécesseurs ont refusé de faire : rendre des comptes et en exiger. Il ne s’agit pas de punir pour punir, mais de restaurer un contrat social brisé par la trahison de ceux qui avaient juré de servir.

Ce combat pour la vérité n’est pas un luxe post-électoral, c’est une exigence vitale : on ne rebâtit pas un pays sur les décombres d’une chaîne de prévarication et de mensonge. Mais cette reddition des comptes ne saurait suffire. Elle doit s’inscrire dans une refondation profonde de l’administration publique.

L’État ne peut plus se contenter de réagir : il doit prévenir, encadrer, rationaliser. Il est temps de refonder notre système de gestion publique autour de trois piliers : l’intégrité, la traçabilité et la responsabilité. Cela suppose une réforme audacieuse des modes de gestion budgétaire, de passation des marchés publics, du contrôle interne, et plus largement, de la culture administrative.

Le Sénégal a besoin d’un État qui anticipe, qui contrôle, et qui rend compte — en temps réel. Certains tenteront de détourner le débat, de relativiser les fautes, d’agiter l’épouvantail de l’instabilité. Mais un peuple qui a dit oui à la rupture ne peut pas accepter le recyclage de l’impunité. Il ne s’agit pas de faire tomber des têtes pour la galerie, mais de bâtir une culture de responsabilité publique qui rende impossible la répétition des mêmes abus. En agissant ainsi, le nouveau régime envoie un message clair.

La rupture n’est pas une promesse de campagne mais un projet de gouvernance qui commence par un acte fondateur : regarder en face la honte budgétaire du passé et refuser de la laisser contaminer l’avenir.

En définitive, le masque est tombé. Sous la pandémie, il y avait une autre contagion : celle de la subtilisation sans vergogne. À présent, le remède porte un nom : vérité, justice, et réforme. Au nom du peuple !

Cheikh Seck,
Conseiller en Stratégies -
Montréal cheikhseck313@gmail.com



Ousseynou Wade

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