Paradoxal Sénégal ! Tandis que ses « arbitrages » sont souvent sollicités, ses « conseils » adoubés, ses positions parfois avalisées sur les scènes africaines et du monde, il éprouve difficultés à dialoguer à l’interne et à s’entendre sur un minimum consensuel. Sa classe politique instaure l’ère des « ponts coupés » depuis quelque temps maintenant. N’empêche, Dakar répond toujours présent quand un pays africain frère, un pays ami tout court le souhaite.
Le chef de la diplomatie sénégalaise, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio qui, offrant à Morgan Tsvangirai, le président du Mouvement pour le changement démocratique (Mdc) au Zimbabwe hôte du président Wade, un déjeuner de presse lundi dernier, ne dit pas autre chose. « Le Sénégal ne saurait être indifférent sur ce qui se passe dans quelque pays ami du monde à fortiori sur ce qui se passe dans un pays africain frère et ami comme le Zimbabwe, il y a seulement peu, la deuxième économie du Continent, aujourd’hui en proie à une récession sans nom à cause de la crise politique qui y perdure », a-t-il souligné en substance.
C’est la raison pour laquelle, a poursuivi le ministre d’Etat sénégalais, « le Sénégal considère que l’Union africaine devrait s’impliquer un peu plus pour aider nos frères de la Sadc à réussir leur médiation au Zimbabwe. Le problème ne le concerne pas seul, il touche toute l’Afrique et par conséquent exige du continent une solution appropriée et concertée ».
Le Zimbabwe est lui, confronté à une grave crise politique depuis l’élection présidentielle du mars dernier dont le premier tour avait été remporté par M. Tsvangirai, avec 47,9% des suffrages devant Robert Mugabe (43,2%). Un décompte dans un climat de terreur et de tension l’avait certainement sevré d’une majorité absolue dès le premier tour qui renverrait le vieux leader à une retraite méritée. Ce dernier s’accrochant plutôt « morbidement » au pouvoir a plongé son pays dans une crise sans précédent et cherche par tous les moyens à se maintenir quitte à créer un précédent inédit et dangereux pour l’avenir de la démocratie participative dans son pays et par ricochet en Afrique : « je perds les élections, je m’accroche, on négocie et l’opposition plébiscitée par les urnes devient mon Premier ministre ».
Le 17 septembre à la suite d’une médiation de la Sadc, le gouvernement et l’opposition du Zimbabwe avaient en effet signé un accord prévoyant la formation d’un gouvernement, mais ne se sont pas entendu sur le partage des portefeuilles ministériels. Depuis plus de six mois donc le Zimbabwe a peut-être un président de la République qui a prêté serment, mais peine à se trouver gouvernement. L’opposition accuse le parti du président Robert Mugabe, la Zanu-Pf, de vouloir faire main basse sur les principaux ministères, notamment ceux de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice et de l’Information. Elle a par conséquent plusieurs fois, menacé de se retirer des pourparlers si la Zanu n’accepte pas d’être raisonnable.
En dépit des récentes négociations conduites toujours sous le parrainage de la Sadc qui semble faire de la crise « zimbabwéenne sa chose », qui ont vu les deux parties s’accorder sur des modalités de répartition le ministère de l’Intérieur qui exerce sa tutelle sur les services de police, reste encore la pierre d’achoppement. Plusieurs options ont été suggérées pour permettre de sortir de l’impasse, en particulier celle d’une rotation à la tête de ce ministère, mais aucune n’a, en définitive, été acceptée jusqu’ici.
Morgan Tsvangirai, qui dit éprouver tout le respect du monde pour l’ancien président déchu de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, médiateur principal, assure avoir de sérieux doutes quant à son impartialité dans cette affaire. Il le soupçonnerait même d’un parti pris certain pour son rival Mugabé Qu’à cela ne tienne, Morgan Tsvangirai affirme que son parti et lui-même étaient disposés à consentir de nouveaux sacrifices. « Les sacrifices, nous acceptons de les faire pour notre peuple et non pour Mugabe. Nous nous sommes rendu compte qu’il nous faut être magnanimes ».
Morgan Tsvangirai a estimé qu’il était nécessaire de « comprendre les choses en termes de changements graduels jusqu’à l’organisation de nouvelles élections ». Même si, répondant à une question dans ce sens, il conçoit très bien que le peuple zimbabwéen lasse des querelles politiciennes qui minent son pays se décide de « renvoyer toute sa classe politique, opposition actuelle et majorité confondues aux orties ».
On n’en est pas encore là. Aujourd’hui, il s’agit selon lui de se sortir de du cul-de-sac politico-diplomatique. Pour y aider, il a plaidé pour une implication de l’Union africaine dans la crise au Zimbabwe, sollicitant au passage le président Wade à qui il a affirmé avoir rendu compte des dernières évolutions dans son pays, pour se faire. Il a par ailleurs battu en brèche les accusations selon lesquelles il représenterait les intérêts des pays occidentaux, expliquant que si tel était le cas, le peuple zimbabwéens ne voterait certainement pas pour le Mdc.
Un Etat qui a failli
Le président du Mdc parle par ailleurs non sans émotion dans la voix de la situation économique et sociale difficile dans son pays. Il a estimé que son Etat « a failli ». « S’il n’y avait pas la Somalie », a-t-il poursuivi, « le Zimbabwe serait aujourd’hui l’Etat qui a le plus failli au monde ». Et d’asséner que « l’Etat a complètement perdu le contrôle de la situation ».
Selon lui, « 3 à 4 millions de personnes ont quitté le pays l’année dernière. Ces personnes ne sont pas parties de leur propre gré mais à cause de la situation économique et sociale ». Le leader zimbabwéen précise toutefois que qu’il s’agit là de « chiffres prudents ».
Evoquant le taux d’inflation très élevé du Zimbabwe, il a indiqué qu’un tel niveau « n’a jamais été atteint ailleurs dans le monde. Aujourd’hui, un enseignant zimbabwéen touche l’équivalent de deux dollars par mois ». Pour Morgan Tsvangirai, « le système scolaire est en faillite, et le Zimbabwe qui était pendant plusieurs années le grenier de la région australe, ne sera plus en mesure de nourrir sa population dès l’année prochaine ». Au plan sanitaire, a -t- il a souligné, « c’est la première fois que le pays connaît une épidémie de choléra. Le système sanitaire s’est écroulé ».
source sud quotidien
Le chef de la diplomatie sénégalaise, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio qui, offrant à Morgan Tsvangirai, le président du Mouvement pour le changement démocratique (Mdc) au Zimbabwe hôte du président Wade, un déjeuner de presse lundi dernier, ne dit pas autre chose. « Le Sénégal ne saurait être indifférent sur ce qui se passe dans quelque pays ami du monde à fortiori sur ce qui se passe dans un pays africain frère et ami comme le Zimbabwe, il y a seulement peu, la deuxième économie du Continent, aujourd’hui en proie à une récession sans nom à cause de la crise politique qui y perdure », a-t-il souligné en substance.
C’est la raison pour laquelle, a poursuivi le ministre d’Etat sénégalais, « le Sénégal considère que l’Union africaine devrait s’impliquer un peu plus pour aider nos frères de la Sadc à réussir leur médiation au Zimbabwe. Le problème ne le concerne pas seul, il touche toute l’Afrique et par conséquent exige du continent une solution appropriée et concertée ».
Le Zimbabwe est lui, confronté à une grave crise politique depuis l’élection présidentielle du mars dernier dont le premier tour avait été remporté par M. Tsvangirai, avec 47,9% des suffrages devant Robert Mugabe (43,2%). Un décompte dans un climat de terreur et de tension l’avait certainement sevré d’une majorité absolue dès le premier tour qui renverrait le vieux leader à une retraite méritée. Ce dernier s’accrochant plutôt « morbidement » au pouvoir a plongé son pays dans une crise sans précédent et cherche par tous les moyens à se maintenir quitte à créer un précédent inédit et dangereux pour l’avenir de la démocratie participative dans son pays et par ricochet en Afrique : « je perds les élections, je m’accroche, on négocie et l’opposition plébiscitée par les urnes devient mon Premier ministre ».
Le 17 septembre à la suite d’une médiation de la Sadc, le gouvernement et l’opposition du Zimbabwe avaient en effet signé un accord prévoyant la formation d’un gouvernement, mais ne se sont pas entendu sur le partage des portefeuilles ministériels. Depuis plus de six mois donc le Zimbabwe a peut-être un président de la République qui a prêté serment, mais peine à se trouver gouvernement. L’opposition accuse le parti du président Robert Mugabe, la Zanu-Pf, de vouloir faire main basse sur les principaux ministères, notamment ceux de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice et de l’Information. Elle a par conséquent plusieurs fois, menacé de se retirer des pourparlers si la Zanu n’accepte pas d’être raisonnable.
En dépit des récentes négociations conduites toujours sous le parrainage de la Sadc qui semble faire de la crise « zimbabwéenne sa chose », qui ont vu les deux parties s’accorder sur des modalités de répartition le ministère de l’Intérieur qui exerce sa tutelle sur les services de police, reste encore la pierre d’achoppement. Plusieurs options ont été suggérées pour permettre de sortir de l’impasse, en particulier celle d’une rotation à la tête de ce ministère, mais aucune n’a, en définitive, été acceptée jusqu’ici.
Morgan Tsvangirai, qui dit éprouver tout le respect du monde pour l’ancien président déchu de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, médiateur principal, assure avoir de sérieux doutes quant à son impartialité dans cette affaire. Il le soupçonnerait même d’un parti pris certain pour son rival Mugabé Qu’à cela ne tienne, Morgan Tsvangirai affirme que son parti et lui-même étaient disposés à consentir de nouveaux sacrifices. « Les sacrifices, nous acceptons de les faire pour notre peuple et non pour Mugabe. Nous nous sommes rendu compte qu’il nous faut être magnanimes ».
Morgan Tsvangirai a estimé qu’il était nécessaire de « comprendre les choses en termes de changements graduels jusqu’à l’organisation de nouvelles élections ». Même si, répondant à une question dans ce sens, il conçoit très bien que le peuple zimbabwéen lasse des querelles politiciennes qui minent son pays se décide de « renvoyer toute sa classe politique, opposition actuelle et majorité confondues aux orties ».
On n’en est pas encore là. Aujourd’hui, il s’agit selon lui de se sortir de du cul-de-sac politico-diplomatique. Pour y aider, il a plaidé pour une implication de l’Union africaine dans la crise au Zimbabwe, sollicitant au passage le président Wade à qui il a affirmé avoir rendu compte des dernières évolutions dans son pays, pour se faire. Il a par ailleurs battu en brèche les accusations selon lesquelles il représenterait les intérêts des pays occidentaux, expliquant que si tel était le cas, le peuple zimbabwéens ne voterait certainement pas pour le Mdc.
Un Etat qui a failli
Le président du Mdc parle par ailleurs non sans émotion dans la voix de la situation économique et sociale difficile dans son pays. Il a estimé que son Etat « a failli ». « S’il n’y avait pas la Somalie », a-t-il poursuivi, « le Zimbabwe serait aujourd’hui l’Etat qui a le plus failli au monde ». Et d’asséner que « l’Etat a complètement perdu le contrôle de la situation ».
Selon lui, « 3 à 4 millions de personnes ont quitté le pays l’année dernière. Ces personnes ne sont pas parties de leur propre gré mais à cause de la situation économique et sociale ». Le leader zimbabwéen précise toutefois que qu’il s’agit là de « chiffres prudents ».
Evoquant le taux d’inflation très élevé du Zimbabwe, il a indiqué qu’un tel niveau « n’a jamais été atteint ailleurs dans le monde. Aujourd’hui, un enseignant zimbabwéen touche l’équivalent de deux dollars par mois ». Pour Morgan Tsvangirai, « le système scolaire est en faillite, et le Zimbabwe qui était pendant plusieurs années le grenier de la région australe, ne sera plus en mesure de nourrir sa population dès l’année prochaine ». Au plan sanitaire, a -t- il a souligné, « c’est la première fois que le pays connaît une épidémie de choléra. Le système sanitaire s’est écroulé ».
source sud quotidien