Le premier ministre britannique a passé sa journée au tribunal. Après ses trois prédécesseurs à Downing Street, la quasi-totalité de ses ministres, le leader de l'opposition et des dizaines d'autres témoins, David Cameron était à son tour appelé à témoigner, jeudi, pendant cinq heures d'audition, devant la commission d'enquête judiciaire sur l'éthique des médias qu'il a lui-même mise en place. La commission Leveson - du nom du juge qui la préside - allait-elle comme un Frankenstein se retourner contre son créateur, alors que le scandale des écoutes téléphoniques du tabloïd du groupe Murdoch News of the World continue de poursuivre David Cameron et son gouvernement?
Toute la classe politique britannique éclaboussée
Cameron avait lancé l'investigation quand cette affaire d'espionnage à grande échelle éclaboussait en juillet dernier toute la classe politique britannique, dans le but de tirer au clair les méthodes douteuses de la presse de caniveau et d'ouvrir la voie à une régulation du secteur. Lors de son audition, le premier ministre n'a pu que reconnaître à quel point la relation entre médias et politiciens était devenue «trop étroite».
Déjeuners, dîners avec Rupert Murdoch et son fils James, les plus puissants propriétaires de médias en Grande-Bretagne (Sky, Sun, Times, News of the World), étaient courants. Encore plus avec la patronne du groupe en Grande-Bretagne Rebekah Brooks - inculpée mercredi pour avoir cherché à entraver la justice dans cette affaire - d'autant plus depuis son mariage avec un copain d'école de Cameron propriétaire d'une maison dans la campagne chic de l'Oxfordshire tout près de la sienne. Ils se voyaient donc souvent et ont développé une amitié.
«Yes we Cam!»
Quand le groupe Murdoch décide en 2009 d'apporter son soutien au Parti conservateur dirigé par Cameron, l'amitié tourne à la convergence. «Je suis totalement avec toi, écrit Brooks à Cameron dans un e-mail embarrassant, non seulement parce que nous sommes amis, mais aussi parce que professionnellement nous sommes dans le même bateau.» Et de conclure: «Yes we Cam!»
Pour autant, le premier ministre qualifie d'«absurde» l'idée d'un «deal» dans lequel aurait été négociée en contrepartie de ce soutien de poids une bienveillance des conservateurs pour les intérêts du groupe Murdoch après leur accession au pouvoir en mai 2010. Ce n'est pas non plus dans cet esprit qu'il avait embauché comme directeur de la communication Andy Coulson, ancien rédacteur en chef de News of the World, qui avait démissionné après les premières révélations sur les écoutes pratiquées par son journal.
Projet controversé d'OPA
David Cameron ne voit donc rien à redire au traitement par son gouvernement du projet controversé d'OPA à 10 milliards d'euros du groupe Murdoch sur les 60 % du capital du bouquet de télé satellitaire BSkyB qu'il ne possédait pas encore. Projet lancé en juin 2010, un mois après l'arrivée de Cameron à Downing Street. Même si ce dernier a confié l'examen quasi judiciaire du dossier à son ministre de la Culture, Jeremy Hunt, un zélateur du groupe Murdoch, qui s'en est même ouvert au chef du gouvernement dans une note plaidant la cause du magnat australien. «Je ne me souviens pas de l'existence de cette note», botte en touche Cameron, selon qui l'examen par son ministre du projet avorté ne souffre pas de critique.
Mercredi, la Chambre des communes avait rejeté une motion déposée par l'opposition travailliste pour demander une enquête sur les agissements de Jeremy Hunt, dont elle réclame la démission depuis près de deux mois pour sa partialité dans cette affaire.
Si Cameron reste droit dans ses bottes, ces remous minent sa coalition gouvernementale avec les libéraux-démocrates centristes. À la demande du vice-premier ministre libdem, Nick Clegg, qui se désolidarise ainsi de Cameron, ces derniers se sont abstenus lors du vote au lieu de soutenir le ministre Hunt. Le premier ministre a toutefois annoncé des modifications à venir dans le code de conduite ministériel.
Par Florentin Collomp
Toute la classe politique britannique éclaboussée
Cameron avait lancé l'investigation quand cette affaire d'espionnage à grande échelle éclaboussait en juillet dernier toute la classe politique britannique, dans le but de tirer au clair les méthodes douteuses de la presse de caniveau et d'ouvrir la voie à une régulation du secteur. Lors de son audition, le premier ministre n'a pu que reconnaître à quel point la relation entre médias et politiciens était devenue «trop étroite».
Déjeuners, dîners avec Rupert Murdoch et son fils James, les plus puissants propriétaires de médias en Grande-Bretagne (Sky, Sun, Times, News of the World), étaient courants. Encore plus avec la patronne du groupe en Grande-Bretagne Rebekah Brooks - inculpée mercredi pour avoir cherché à entraver la justice dans cette affaire - d'autant plus depuis son mariage avec un copain d'école de Cameron propriétaire d'une maison dans la campagne chic de l'Oxfordshire tout près de la sienne. Ils se voyaient donc souvent et ont développé une amitié.
«Yes we Cam!»
Quand le groupe Murdoch décide en 2009 d'apporter son soutien au Parti conservateur dirigé par Cameron, l'amitié tourne à la convergence. «Je suis totalement avec toi, écrit Brooks à Cameron dans un e-mail embarrassant, non seulement parce que nous sommes amis, mais aussi parce que professionnellement nous sommes dans le même bateau.» Et de conclure: «Yes we Cam!»
Pour autant, le premier ministre qualifie d'«absurde» l'idée d'un «deal» dans lequel aurait été négociée en contrepartie de ce soutien de poids une bienveillance des conservateurs pour les intérêts du groupe Murdoch après leur accession au pouvoir en mai 2010. Ce n'est pas non plus dans cet esprit qu'il avait embauché comme directeur de la communication Andy Coulson, ancien rédacteur en chef de News of the World, qui avait démissionné après les premières révélations sur les écoutes pratiquées par son journal.
Projet controversé d'OPA
David Cameron ne voit donc rien à redire au traitement par son gouvernement du projet controversé d'OPA à 10 milliards d'euros du groupe Murdoch sur les 60 % du capital du bouquet de télé satellitaire BSkyB qu'il ne possédait pas encore. Projet lancé en juin 2010, un mois après l'arrivée de Cameron à Downing Street. Même si ce dernier a confié l'examen quasi judiciaire du dossier à son ministre de la Culture, Jeremy Hunt, un zélateur du groupe Murdoch, qui s'en est même ouvert au chef du gouvernement dans une note plaidant la cause du magnat australien. «Je ne me souviens pas de l'existence de cette note», botte en touche Cameron, selon qui l'examen par son ministre du projet avorté ne souffre pas de critique.
Mercredi, la Chambre des communes avait rejeté une motion déposée par l'opposition travailliste pour demander une enquête sur les agissements de Jeremy Hunt, dont elle réclame la démission depuis près de deux mois pour sa partialité dans cette affaire.
Si Cameron reste droit dans ses bottes, ces remous minent sa coalition gouvernementale avec les libéraux-démocrates centristes. À la demande du vice-premier ministre libdem, Nick Clegg, qui se désolidarise ainsi de Cameron, ces derniers se sont abstenus lors du vote au lieu de soutenir le ministre Hunt. Le premier ministre a toutefois annoncé des modifications à venir dans le code de conduite ministériel.
Par Florentin Collomp