Dans son dernier rapport daté de 2014, rendu public cette semaine, le département d’Etat américain a épinglé le régime du Président camerounais, Paul Biya, pour non-respect des droits humains symbolisé par les détentions illégales, l’attribution des postes à responsabilité sur des critères régionalistes et ethniques et l’ascendance du pouvoir exécutif sur le législatif et le judiciaire.
Le pouvoir législatif et judiciaire assujettis
En effet, selon les auteurs du document, les pouvoirs législatifs et judiciaires souffrent du manque d’indépendance et sont assujettis à l’exécutif qui relève de l’autorité du Président Paul Biya. « Le Cameroun est une République dominée par une Présidence forte. Dans la réalité, le Président détient le pouvoir pour contrôler la législation », soutiennent-ils
Toutes les nominations aux postes à responsabilités passent immédiatement par le président de la République, seul habilité à nommer le chef du gouvernement, les ministres, les cadres de l’administration publique et para-publique. Il a accordé des salaires aux chefferies traditionnelles.
Pouvoir clanique
Le rapport révèle aussi une administration camerounaise communautarisée avec une forte présence de cadres issus de l’ethnie du Président Paul Biya. L’absence d’une répartition équitable et proportionnelle des composantes ethniques du pays à des fonctions administratives est aussi soulevée. Selon le département d’Etat américain, « les 286 groupes ethniques du Cameroun ne sont pas proportionnellement représentés dans l’administration et d’autres instances du pays. Les membres du groupe Beti/Bulu du Sud -région d’origine de Paul Biya- occupent les postes clés et sont disproportionnellement représentés dans le gouvernement, les entreprises publiques, le Rdpc », ont-ils mentionné dans leur rapport.
Par ailleurs, le rapport rappelle l’irrégularité de l’élection présidentielle de 2011 qui a consacré la réélection du Président Paul Biya.
Une chape de plomb sur la presse
Plusieurs journalistes camerounais seraient aussi harcelés dans ce pays. Et le rapport de citer les cas de Rodrique Tongué, un ex-employé du journal indépendant Le Messager, Félix Cyriaque Ebolé Bola du journal Mutations, Baba Wamé enseignant à l’Esstic, une école de journalisme, placés sous surveillance judiciaire. Sans compter Yannick Kenne, journaliste au quotidien Nouvelle Expression, qui aurait été « copieusement tabassé » par les forces de l’ordre alors qu’il exerçait son métier.
La corruption institutionnalisée
Les auteurs du rapport évoquent aussi la corruption qui s’est institutionnalisée dans toute la hiérarchie de l’Etat. Selon eux, « la corruption est présente à tous les niveaux du gouvernement camerounais ».
Pour le département d’Etat américain, la condamnation à 25 ans de Marafa Hamidou Yaya pour « complicité intellectuelle » en lien avec l’histoire de l’avion du Président, la disparition mystérieuse en 2013, de l’opposant Guerendi Mbara, en exil au Burkina-Faso, les arrestations, en 2014, du notaire Harissou et d’Abdoulaye Siddiki, sont des cas emblématiques d’un pouvoir répressif qui règne au Cameroun. Les délais de détention n’ont pas été respectés, constatent les Américains préoccupés par l’intolérance à l’égard des gays, des lesbiennes, des bisexuels et des transsexuels camerounais.
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