À Lille, l'après-midi de ce mardi 10 février a été marquée par le témoignage d’une ancienne prostituée, Jade, qui a insisté sur le côté « crac boum » et « bestial » de sa rencontre en 2009 avec Dominique Strauss-Kahn. Ce dernier a une nouvelle fois nié avoir eu connaissance de prestations tarifées, et évoque une « soupape de récréation » pour qualifier ces soirées.jade n’a rien oublié de cette rencontre avec Dominique Strauss-Kahn à l’hôtel Murano à Paris en 2009. Elle raconte : « Il y avait sur un grand lit de style antique un monsieur avec beaucoup de filles et je me suis retrouvée à ses côtés. Il ne m’a pas demandé mon prénom, je n’étais qu’une chose. J’ai insisté pour qu’il mette un préservatif, puis j’ai fait une fellation à monsieur DSK. »
« Avez-vous parlé avec lui ? », demande le président. « Pas vraiment, répond Jade, car je l’avais en bouche. Je suis partie avant que les ébats ne soient finis. » Ce qui l’a marquée c’est cet amas de tout et de rien, dit-elle. « C’était crac boum, c’était bestial », et à ses yeux, si DSK n’a pas compris que ces filles étaient des prostitués, il est bien naïf.
Pour sa part, Dominique Strauss-Kahn n’a pas du tout les mêmes souvenirs. Il garde plutôt en mémoire un après-midi ludique, une « soupape de récréation ». « Je ne dis pas que Jade ment, dit-il au tribunal. Je suis même convaincu qu’elle dit la vérité », ajoutant : « Les prostituées se perçoivent comme prostituées. Les autres ne disent pas ça. Je maintiens que je n’ai jamais soupçonné la présence de professionnelles. »
Une vision libertine du sexe
L’ancien directeur du FMI a développé une vision libertine du sexe, dégagée de toute prestation tarifée : « Ce n'est pas ma conception des relations sexuelles que de le faire avec des prostituées. » Il reste ainsi sur une ligne de défense que le témoignage de plusieurs prostituées a essayé de casser. Quant à l'hypothèse selon laquelle il aurait été lui-même à l'instigation de telles soirées, il la nie en bloc. « Je ne m'estime en rien organisateur de ces soirées, insiste-t-il. Je n'avais pas le temps d'organiser une quelconque soirée. »
Dominique Strauss-Kahn a précisé qu’il ne se reconnaissait pas dans le texte de l’ordonnance de renvoi, à la lecture de laquelle, dit-il, « on a l'impression d'une activité frénétique », ce qui n’a pas été le cas selon lui. DSK évoque en effet « quatre rencontres par an pendant deux ans », même si cela ne change rien, selon lui, aux faits reprochés.
Pour Emmanuel Daoud, avocat des parties civiles, l'image de Dominique Strauss-Kahn a été « écornée » par les témoignages de la journée. « Nous avons vu que monsieur Strauss-Kahn avait d'autres activités que celle d'être directeur général du FMI, et qu'il assume d'ailleurs les choses avec beaucoup de franchise et de brutalité, tout en admettant quand même que certaines des jeunes femmes participantes pouvaient avoir vécu les mêmes rencontres que lui a vécues, de façon très désagréable, voire contrainte. »
L'audition de M. Strauss-Kahn, qui risque dix ans de prison pour les faits de proxénétisme aggravé qui lui sont imputés, va continuer jusqu'à jeudi. Ce mercredi 11 février 2015, il sera de nouveau amené à comparaître à la barre du tribunal correctionnel de Lille.
• L'analyse de notre envoyé spécial à Lille, Franck Alexandre
Indépendemment de considérations pénales, le témoignage de DSK, mardi devant le tribunal, a été terrible sur le plan moral. L’image de Dominique Strauss-Kahn à la barre est réellement stupéfiante. Costume sombre très élégant, voix grave qui accroche l’oreille ; on a le sentiment que cette barre pourrait être un pupitre de conférencier et qu’à tout moment, l’ancien patron du FMI pourrait se mettre à parler de la dette grecque. « Vous étiez l’un des hommes les plus puissants au monde », lui a glissé le président du tribunal. « Il arrive qu’on le pense », a répondu DSK, confirmant qu’en 2008, le FMI qu’il présidait a sauvé la planète d’une catastrophe financière.
Sauf que là le sujet est tout autre. C’est sa vie sexuelle qui est déballée au grand jour. Et sur ce point, Dominique Strauss-Kahn fait front avec autorité, montrant qu’il maitrise le dossier. Pour sa défense, il maintient qu’il ne savait pas que les femmes rencontrées lors de ces fêtes étaient des prostituées. Quand celles-ci lui rétorquent qu’il ne pouvait l’ignorer, et témoignent de ses pratiques brutales, l’ancien ministre assure qu’il y a une distorsion dans les souvenirs, car lui retient plutôt de ces moments ludiques avec des libertines et réfute la version de soirées lubriques dédiées à sa seule personne. Donc, même si sur le plan moral, l’image est écornée, sur le plan pénal, DSK n’a guère était inquiété.
« Avez-vous parlé avec lui ? », demande le président. « Pas vraiment, répond Jade, car je l’avais en bouche. Je suis partie avant que les ébats ne soient finis. » Ce qui l’a marquée c’est cet amas de tout et de rien, dit-elle. « C’était crac boum, c’était bestial », et à ses yeux, si DSK n’a pas compris que ces filles étaient des prostitués, il est bien naïf.
Pour sa part, Dominique Strauss-Kahn n’a pas du tout les mêmes souvenirs. Il garde plutôt en mémoire un après-midi ludique, une « soupape de récréation ». « Je ne dis pas que Jade ment, dit-il au tribunal. Je suis même convaincu qu’elle dit la vérité », ajoutant : « Les prostituées se perçoivent comme prostituées. Les autres ne disent pas ça. Je maintiens que je n’ai jamais soupçonné la présence de professionnelles. »
Une vision libertine du sexe
L’ancien directeur du FMI a développé une vision libertine du sexe, dégagée de toute prestation tarifée : « Ce n'est pas ma conception des relations sexuelles que de le faire avec des prostituées. » Il reste ainsi sur une ligne de défense que le témoignage de plusieurs prostituées a essayé de casser. Quant à l'hypothèse selon laquelle il aurait été lui-même à l'instigation de telles soirées, il la nie en bloc. « Je ne m'estime en rien organisateur de ces soirées, insiste-t-il. Je n'avais pas le temps d'organiser une quelconque soirée. »
Dominique Strauss-Kahn a précisé qu’il ne se reconnaissait pas dans le texte de l’ordonnance de renvoi, à la lecture de laquelle, dit-il, « on a l'impression d'une activité frénétique », ce qui n’a pas été le cas selon lui. DSK évoque en effet « quatre rencontres par an pendant deux ans », même si cela ne change rien, selon lui, aux faits reprochés.
Pour Emmanuel Daoud, avocat des parties civiles, l'image de Dominique Strauss-Kahn a été « écornée » par les témoignages de la journée. « Nous avons vu que monsieur Strauss-Kahn avait d'autres activités que celle d'être directeur général du FMI, et qu'il assume d'ailleurs les choses avec beaucoup de franchise et de brutalité, tout en admettant quand même que certaines des jeunes femmes participantes pouvaient avoir vécu les mêmes rencontres que lui a vécues, de façon très désagréable, voire contrainte. »
L'audition de M. Strauss-Kahn, qui risque dix ans de prison pour les faits de proxénétisme aggravé qui lui sont imputés, va continuer jusqu'à jeudi. Ce mercredi 11 février 2015, il sera de nouveau amené à comparaître à la barre du tribunal correctionnel de Lille.
• L'analyse de notre envoyé spécial à Lille, Franck Alexandre
Indépendemment de considérations pénales, le témoignage de DSK, mardi devant le tribunal, a été terrible sur le plan moral. L’image de Dominique Strauss-Kahn à la barre est réellement stupéfiante. Costume sombre très élégant, voix grave qui accroche l’oreille ; on a le sentiment que cette barre pourrait être un pupitre de conférencier et qu’à tout moment, l’ancien patron du FMI pourrait se mettre à parler de la dette grecque. « Vous étiez l’un des hommes les plus puissants au monde », lui a glissé le président du tribunal. « Il arrive qu’on le pense », a répondu DSK, confirmant qu’en 2008, le FMI qu’il présidait a sauvé la planète d’une catastrophe financière.
Sauf que là le sujet est tout autre. C’est sa vie sexuelle qui est déballée au grand jour. Et sur ce point, Dominique Strauss-Kahn fait front avec autorité, montrant qu’il maitrise le dossier. Pour sa défense, il maintient qu’il ne savait pas que les femmes rencontrées lors de ces fêtes étaient des prostituées. Quand celles-ci lui rétorquent qu’il ne pouvait l’ignorer, et témoignent de ses pratiques brutales, l’ancien ministre assure qu’il y a une distorsion dans les souvenirs, car lui retient plutôt de ces moments ludiques avec des libertines et réfute la version de soirées lubriques dédiées à sa seule personne. Donc, même si sur le plan moral, l’image est écornée, sur le plan pénal, DSK n’a guère était inquiété.