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Casamance / Prise en charge des déplacés : L’autre combat de l’Etat

Les communes de Sindian et d’Oulampane ont accueilli plusieurs centaines de personnes qui ont fui leurs villages, après le déclenchement des opérations militaires pour démanteler les bases rebelles. L’Etat est venu à leur secours avec des vivres, en attendant leur retour chez elles.


Rédigé par leral.net le Samedi 16 Avril 2022 à 12:50 | | 0 commentaire(s)|

Casamance / Prise en charge des déplacés : L’autre combat de l’Etat
La capitale du Sud a été hier le cadre d’une cérémonie de distribution de vivres au profit des populations déplacées du Fogny. Ce sont des victimes collatérales des opérations de sécurisation menées par l’Armée dans le nord Sindian. Certaines se sont réfugiées dans les localités de Sindian et d’Oulampane. Hier, plus de 80 familles, soit environ 500 personnes impactées par cette offensive d’envergure contre des bases rebelles, ont reçu un important don de vivres. Un appui d’urgence de l’Agence pour la relance des activités socio-économiques en Casamance (Anrac), d’une valeur de cinq millions FCfa. Il est composé de 10 tonnes de riz, d’une tonne de sucre, de 200 tablettes de dattes et de 500 litres d’huile.

A l’image des autorités municipales de Sindian et d’Oulampane, le Dg de l’Anrac a exprimé «toute sa compassion, sa solidarité à l’endroit de ces populations» touchées par ces opérations sécuritaires. Elles ont poussé beaucoup de familles à se réfugier dans les communes de Sindian et d’Oulampane et en territoire gambien. «Ces impactés vivaient des moments extrêmement douloureux ; car dans de telles conditions, les populations abandonnent tout et vont se réfugier dans des familles d’accueil. Et c’est pour toutes ces raisons que l’Anrac s’est donné l’impérieux devoir de leur apporter toute l’assistance et la solidarité requises dans de tels moments», expose Ansou Sané.

A Ziguinchor, ce geste humanitaire a réjoui Aïssatou Diémé. Etreinte par l’émotion, cette originaire de Moundaye, réfugiée aujourd’hui à Diaban, a magnifié cet élan de solidarité et «remercié l’Etat pour cet accompagnement au profit de ces couches vulnérabilisées du Fogny». Ce sentiment est partagé par le président du Collectif des chefs de village du Fogny, créé en 2007. Pour Tamsir Diémé, la situation qui prévaut aujourd’hui dans le Fogny suite aux opérations de sécurisation, «avec ses dommages collatéraux, interpelle plus d’un». «Ce geste humanitaire de l’Etat arrive à son heure», dit-il.

Pour le Dg de l’Anrac, ce geste traduit en actes des instructions «fermes». «Il nous a demandé, dans ce contexte d’accalmie renforcé par des opérations de sécurisation des biens et des personnes menées par l’Armée partout en Casamance, d’accompagner, assister et encadrer les populations nécessiteuses. Il en a été ainsi l’année dernière, lorsque ces opérations ont concerné la zone sud-est, allant de Niaguiss à Goudomp», dit-il.

«L’Anrac, conformément à ses orientations,a eu à être à côté des populations, à les assister en vivres, les encadrer dans leur projet de retour lorsque les conditions sécuritaires furent remplies et les accompagner en outre dans des activités génératrices de revenus, pour leur permettre de redémarrer une nouvelle vie dans ces localités abandonnées depuis plus de 30 ans», enchaîne M. Sané.

Bien sûr, ce n’est pas un drame humanitaire. Mais, l’implication de l’Etat et des autorités locales de Sindian et d’Oulampane, est essentielle pour soulager ces déplacés internes. «Les maires ont eu à collaborer avec l’Anrac, pour très tôt mettre à la disposition de l’Agence, des données fiables sur ces mouvements de populations. Et c’est sur cette base que l’Anrac a dégagé cet appui d’urgence», argue-t-il.

Selon l’édile d’Oulampane, Sagar Coly, «69 familles, soit plus de 345 personnes, sont réfugiées dans des localités de sa commune». Il ajoute : «Des villages refuges où se posent d’énormes difficultés de prise en charge de ces impactés. Nous demandons à l’Anrac d’être davantage présente à leurs côtés et de pérenniser de telles actions», dit-il.

Conscient que les populations déplacées sont dans un état de tension et de stress permanent, «pour avoir tout perdu et tout laissé derrière elles», Ansou Sané, maire de Sindian, mesure l’importance de cet appui : «Et ce don est venu à son heure pour renforcer les efforts déployés sur le terrain par notre équipe municipale au profit de ces déplacés. Nous plaidons pour le renforcement des actions de solidarité et un accompagnement de ces couches défavorisées ; et ce, en cette veille d’hivernage, où celles-ci ne savent plus à quel saint se vouer.»

Cette invite n’a pas laissé insensible le Dg de l’Anrac, qui annonce d’autres soutiens aux populations. «En 2018 déjà, l’Anrac a appuyé, dans le cadre d’activités génératrices de revenus, 12 Gie pour une valeur de 10 millions FCfa. Et elle a mis également à la disposition des populations de Sindian près de 30 tonnes d’engrais, en plus d’équipements post-récoltes, de batteuses, avec l’appui du Pudc», mentionne-t-il. A cela s’ajoute, à en croire le patron de l’Anrac, des financements remis au Gie de Koureck, sans compter la construction de puits dans le nord Sindian. «C’est dire que le Fogny est pour nous une zone à enjeux, eu égard à ses potentialités et l’impact de la crise dans la zone», précise Ansou Sané.

Il révèle la visite il y a quelques jours, dans leurs locaux, d’une équipe des ministères de l’Intérieur et des Finances, pour les besoins de l’élaboration d’un projet qui va concerner certaines zones, dont le nord Sindian. «Ce projet concerne Sindian et Oulampane et va, souligne-t-il, consister à accompagner les populations à travailler dans des activités licites, en remplacement de beaucoup d’activités illicites qui se font dans la zone du Fogny.»






Le Quotidien

Ndèye Fatou Kébé