La mal-gouvernance érigée en système de gestion des affaires publiques s’est traduit par l’enrichissement éhonté des tenants du pouvoir, un niveau de corruption inégalé – l’affaire de la mallette de Alex Segura a fait le tour du monde - l’impunité récurrente, la multiplication d’agences contrôlées par la Présidence de la république, des coûts de réalisation de travaux routiers et autres travaux publics exorbitants, voire surréalistes, des dépenses de prestige qui n’intéressent que leurs promoteurs, l’instrumentalisation du pouvoir judicaire et j’en passe. Tous ces actes posés par le gouvernement « dit de l’alternance » ont fini par fragiliser dangereusement notre système démocratique et classer le Sénégal parmi les pays les plus corrompus d’Afrique.
Le diagnostic de la situation qui prévaut actuellement au Sénégal a fait l’objet d’un réquisitoire sans complaisance sous des formes diverses et largement accessibles au grand public : émissions interactives, débats radios et tv, contributions écrites, chroniques, blogs, ouvrages très documentés, consultations inclusives (Assisses nationales). Sous ce rapport, je voudrais rendre un hommage tout particulier au doyen Mody Niang, avocat infatigable de la démocratie et de la bonne gouvernance qui a, dans son dernier ouvrage «Le clan des Wade, Accaparement, mépris et Vanité », établi ce qu’on appelle dans notre jargon (...) « la ligne de base » du « Projet Sénégal » que le nouveau régime pourrait utiliser comme cadre de référence pour opérer une rupture dans la façon de gouverner.
Rappelons-le ici, les Assisses nationales ont permis d’élaborer des propositions de solutions concrètes et consensuelles, dont la mise en œuvre devrait permettre de rétablir les fondamentaux de notre développement économique et social, sérieusement compromis par les tenants du pouvoir actuel.
Á l’analyse des résultats du scrutin du premier tour et après la forte coalition formée autour du candidat Macky Sall, il ne fait pas de doute que le changement de régime va s’opérer, malgré les basses, honteuses et indignes manœuvres que le régime en place est en train de dérouler à travers certains politiciens mal inspirés et des souteneurs qui ne sont mus que par leurs propres intérêts.
Loin de moi l’idée de penser que toutes les mesures nécessaires au rétablissement de l’État de droit au Sénégal seront mises en œuvre à court terme. Il faudra cependant que les tenants du nouveau régime rassurent les Sénégalais par une ferme volonté de rupture et de maintenir solidement le cap vers la mise en place d’un système de gouvernance qui définit les contours nécessaires à notre émergence économique et à la promotion de la justice sociale. L’espoir est permis car le candidat Macky Sall, en signant la Charte de gouvernance démocratique, s’est engagé à appliquer les conclusions des Assises nationales.
Les Sénégalais ont vécu trop d’injustices et énormément de frustrations ces douze dernières années. Ils sont restés malgré tout dignes, sereins et ont attendu leur rendez-vous avec l’histoire pour choisir de nouveaux dirigeants. La nécessite de poser des actes de rupture et de bannir à jamais de notre quotidien certaines pratiques et attitudes honteuses, inacceptables et incompatibles avec la construction de l’État de droit, constitue aujourd’hui le sentiment le mieux partagé chez les Sénégalais.
SANS ÉTRE EXHAUSTIF :
Les Sénégalais en ont assez des gouvernements pléthoriques, avec des départements ministériels redondants, inefficaces, coûteux et des ministres sans envergure. Ils en ont marre des nominations ou des recrutements de responsables occupant des hautes fonctions dans l’administration sur des bases uniquement partisanes (parents ou béni-oui-oui, toujours prêts à défendre les causes d’une personne ou d’un groupe au détriment du peuple). Ils ne veulent plus entendre ce leitmotiv des ministres de l’alternance du genre « Conformément à la vision de son Excellence, Monsieur le Président de la République, etc.… », qui ne veuf finalement rien dire et qui répète, de façon quasi automatique, des phrases sans même en saisir la véritable signification. Notre pays regorge suffisamment de ressources humaines de qualité à même d’incarner un leadership responsable et créatif. Les Sénégalais souhaitent avoir des dirigeants sobres, vertueux et compétents, au service exclusif de la République et non d’un quelconque prince.
Le président élu ne doit pas céder à la pression des politiciens et autres souteneurs en acceptant de distribuer à tort et à travers des postes dans une simple logique de partage de gâteau. Soyons clair là-dessus : le Sénégal est un pays pauvre, classé dans la catégorie des PMA (pays les moins avancés) et les ressources y sont très limitées. Il n’y a pas de gâteau à partager ; il y a plutôt des urgences à régler (Santé, Éducation, Rébellion en Casamance, etc.…).
De nombreux compatriotes, connus pour leur parcours professionnel et individuel toujours marqué du sceau de la tortuosité et de la ruse ont été aussi, pour certains d’entre eux tout au moins, mêlés à de sombres affaires de mœurs ou de détournements avérés de deniers publics. Les Sénégalais ne supporteront plus que de tels individus continuent d’occuper des postes de responsabilité dans ce pays. Ils ont plutôt leurs places dans les Maisons d’Arrêt et de Correction.
Les Sénégalais ne souhaiteraient plus entendre de hauts responsables dire publiquement « maa Waxoon Waxeet », ou tenir des propos du genre «les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient ». Si la politique est l’art de gérer les affaires de la cité, cette gestion doit avoir pour «driving forces » la morale, l’honnêteté et la rigueur.
Il faut mettre un terme à la série des « sans suites », pour reprendre la citation ironique de Youssou Ndour, lors du lancement de l’Émission « Baat » : l’ANOCI, l’Affaire Bara Tall, la fameuse mallette de Alex Segura, la réfection de l’avion présidentiel, la mise à sac des rédactions de « l’As » et « 24h Chrono », le naufrage du Bateau Le Joola, les Affaires Talla Sylla, Mamadou Diop, etc... L’impunité doit cesser et on ne devrait plus tolérer une justice à géométrie variable avec des citoyens de seconde zone qui n’ont que des devoirs et des citoyens de première classe qui jouissent de tous les droits.
Au Sénégal, on ne démissionne jamais. Or, l’acte de démission et de renoncement aux privilèges matériels de la part des élus ou des hauts fonctionnaires impliqués dans des cas avérés de détournements de deniers publics, pour ne citer que cet exemple, ne doit pas être l’exception mais plutôt la règle dans un pays démocratique.
Les Sénégalais sont outrés par l’arrogance des « alternoceurs » et de l’exubérance des moyens souvent mal acquis. Il est inacceptable, dans un pays ne disposant que de maigres ressources et qui ne compte que sur l’aide multilatérale ou bilatérale pour joindre les deux bouts, que de telles pratiques soient encore tolérées. Nombre de ces nouveaux riches ne disposent de niveaux de revenus pouvant justifier les sommes importantes d’argent distribuées à tort et à travers, à l’ occasion de cérémonies folkloriques qui ne sont d’aucune utilité pour la société.
Le Palais de la République, clé de voute de nos institutions ne doit plus être le lieu pour accueillir des meetings politiques ou pour recevoir des transhumants venus faire acte d’allégeance au roi. Le président de la République ne doit pas être président de parti, ni l’otage de quelque groupe que soit.
Il faudra bannir le culte de la personnalité entretenu par divers moyens comportementaux de nos concitoyens (c’est un complexe qui inhibe la créativité et empêche l’émergence d’une société juste et équitable). Alors que, sous nos tropiques, le plus petit « chef de service » trouve le malin plaisir à se faire appeler Monsieur le Ministre et se déplace toujours avec véhicule de service et chauffeur, dans les pays développés (qui nous aident), il est assez fréquent de rencontrer dans les trains, métros ou autres transports et lieux publics des sénateurs, ministres ou CEO de très grandes entreprises que rien ne distingue des autres citoyens. Il faut admettre que le Sénégal n’a pas les moyens de se payer des chauffeurs et des voitures de service pour chaque direction ou poste dit de responsabilité. Il faut se départir résolument de cette logique de sinécures.
Il ne fait pas de doute que l’opérationnalisation des mesures préconisées dans cette contribution ne sera possible que si nos nouveaux dirigeants, forts du large mouvement de soutien des citoyens, acceptent de sortir des sentiers battus pour relever les défis majeurs auxquels notre pays est confronté. J’ai la ferme conviction que les différents mouvements citoyens, les plus anciens comme les nombreux autres créés à la faveur des graves dérives constatées ces dernières années, mais aussi les compatriotes de tous bords, resteront vigilants, déterminés et continueront plus que jamais à jouer leur rôle de veille démocratique et citoyenne, pour que le Sénégal soit le seul et unique vainqueur de l’actuel processus électoral.
Ibrahima SOW
Initiatives Diaspora 2012, Washington
Le diagnostic de la situation qui prévaut actuellement au Sénégal a fait l’objet d’un réquisitoire sans complaisance sous des formes diverses et largement accessibles au grand public : émissions interactives, débats radios et tv, contributions écrites, chroniques, blogs, ouvrages très documentés, consultations inclusives (Assisses nationales). Sous ce rapport, je voudrais rendre un hommage tout particulier au doyen Mody Niang, avocat infatigable de la démocratie et de la bonne gouvernance qui a, dans son dernier ouvrage «Le clan des Wade, Accaparement, mépris et Vanité », établi ce qu’on appelle dans notre jargon (...) « la ligne de base » du « Projet Sénégal » que le nouveau régime pourrait utiliser comme cadre de référence pour opérer une rupture dans la façon de gouverner.
Rappelons-le ici, les Assisses nationales ont permis d’élaborer des propositions de solutions concrètes et consensuelles, dont la mise en œuvre devrait permettre de rétablir les fondamentaux de notre développement économique et social, sérieusement compromis par les tenants du pouvoir actuel.
Á l’analyse des résultats du scrutin du premier tour et après la forte coalition formée autour du candidat Macky Sall, il ne fait pas de doute que le changement de régime va s’opérer, malgré les basses, honteuses et indignes manœuvres que le régime en place est en train de dérouler à travers certains politiciens mal inspirés et des souteneurs qui ne sont mus que par leurs propres intérêts.
Loin de moi l’idée de penser que toutes les mesures nécessaires au rétablissement de l’État de droit au Sénégal seront mises en œuvre à court terme. Il faudra cependant que les tenants du nouveau régime rassurent les Sénégalais par une ferme volonté de rupture et de maintenir solidement le cap vers la mise en place d’un système de gouvernance qui définit les contours nécessaires à notre émergence économique et à la promotion de la justice sociale. L’espoir est permis car le candidat Macky Sall, en signant la Charte de gouvernance démocratique, s’est engagé à appliquer les conclusions des Assises nationales.
Les Sénégalais ont vécu trop d’injustices et énormément de frustrations ces douze dernières années. Ils sont restés malgré tout dignes, sereins et ont attendu leur rendez-vous avec l’histoire pour choisir de nouveaux dirigeants. La nécessite de poser des actes de rupture et de bannir à jamais de notre quotidien certaines pratiques et attitudes honteuses, inacceptables et incompatibles avec la construction de l’État de droit, constitue aujourd’hui le sentiment le mieux partagé chez les Sénégalais.
SANS ÉTRE EXHAUSTIF :
Les Sénégalais en ont assez des gouvernements pléthoriques, avec des départements ministériels redondants, inefficaces, coûteux et des ministres sans envergure. Ils en ont marre des nominations ou des recrutements de responsables occupant des hautes fonctions dans l’administration sur des bases uniquement partisanes (parents ou béni-oui-oui, toujours prêts à défendre les causes d’une personne ou d’un groupe au détriment du peuple). Ils ne veulent plus entendre ce leitmotiv des ministres de l’alternance du genre « Conformément à la vision de son Excellence, Monsieur le Président de la République, etc.… », qui ne veuf finalement rien dire et qui répète, de façon quasi automatique, des phrases sans même en saisir la véritable signification. Notre pays regorge suffisamment de ressources humaines de qualité à même d’incarner un leadership responsable et créatif. Les Sénégalais souhaitent avoir des dirigeants sobres, vertueux et compétents, au service exclusif de la République et non d’un quelconque prince.
Le président élu ne doit pas céder à la pression des politiciens et autres souteneurs en acceptant de distribuer à tort et à travers des postes dans une simple logique de partage de gâteau. Soyons clair là-dessus : le Sénégal est un pays pauvre, classé dans la catégorie des PMA (pays les moins avancés) et les ressources y sont très limitées. Il n’y a pas de gâteau à partager ; il y a plutôt des urgences à régler (Santé, Éducation, Rébellion en Casamance, etc.…).
De nombreux compatriotes, connus pour leur parcours professionnel et individuel toujours marqué du sceau de la tortuosité et de la ruse ont été aussi, pour certains d’entre eux tout au moins, mêlés à de sombres affaires de mœurs ou de détournements avérés de deniers publics. Les Sénégalais ne supporteront plus que de tels individus continuent d’occuper des postes de responsabilité dans ce pays. Ils ont plutôt leurs places dans les Maisons d’Arrêt et de Correction.
Les Sénégalais ne souhaiteraient plus entendre de hauts responsables dire publiquement « maa Waxoon Waxeet », ou tenir des propos du genre «les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient ». Si la politique est l’art de gérer les affaires de la cité, cette gestion doit avoir pour «driving forces » la morale, l’honnêteté et la rigueur.
Il faut mettre un terme à la série des « sans suites », pour reprendre la citation ironique de Youssou Ndour, lors du lancement de l’Émission « Baat » : l’ANOCI, l’Affaire Bara Tall, la fameuse mallette de Alex Segura, la réfection de l’avion présidentiel, la mise à sac des rédactions de « l’As » et « 24h Chrono », le naufrage du Bateau Le Joola, les Affaires Talla Sylla, Mamadou Diop, etc... L’impunité doit cesser et on ne devrait plus tolérer une justice à géométrie variable avec des citoyens de seconde zone qui n’ont que des devoirs et des citoyens de première classe qui jouissent de tous les droits.
Au Sénégal, on ne démissionne jamais. Or, l’acte de démission et de renoncement aux privilèges matériels de la part des élus ou des hauts fonctionnaires impliqués dans des cas avérés de détournements de deniers publics, pour ne citer que cet exemple, ne doit pas être l’exception mais plutôt la règle dans un pays démocratique.
Les Sénégalais sont outrés par l’arrogance des « alternoceurs » et de l’exubérance des moyens souvent mal acquis. Il est inacceptable, dans un pays ne disposant que de maigres ressources et qui ne compte que sur l’aide multilatérale ou bilatérale pour joindre les deux bouts, que de telles pratiques soient encore tolérées. Nombre de ces nouveaux riches ne disposent de niveaux de revenus pouvant justifier les sommes importantes d’argent distribuées à tort et à travers, à l’ occasion de cérémonies folkloriques qui ne sont d’aucune utilité pour la société.
Le Palais de la République, clé de voute de nos institutions ne doit plus être le lieu pour accueillir des meetings politiques ou pour recevoir des transhumants venus faire acte d’allégeance au roi. Le président de la République ne doit pas être président de parti, ni l’otage de quelque groupe que soit.
Il faudra bannir le culte de la personnalité entretenu par divers moyens comportementaux de nos concitoyens (c’est un complexe qui inhibe la créativité et empêche l’émergence d’une société juste et équitable). Alors que, sous nos tropiques, le plus petit « chef de service » trouve le malin plaisir à se faire appeler Monsieur le Ministre et se déplace toujours avec véhicule de service et chauffeur, dans les pays développés (qui nous aident), il est assez fréquent de rencontrer dans les trains, métros ou autres transports et lieux publics des sénateurs, ministres ou CEO de très grandes entreprises que rien ne distingue des autres citoyens. Il faut admettre que le Sénégal n’a pas les moyens de se payer des chauffeurs et des voitures de service pour chaque direction ou poste dit de responsabilité. Il faut se départir résolument de cette logique de sinécures.
Il ne fait pas de doute que l’opérationnalisation des mesures préconisées dans cette contribution ne sera possible que si nos nouveaux dirigeants, forts du large mouvement de soutien des citoyens, acceptent de sortir des sentiers battus pour relever les défis majeurs auxquels notre pays est confronté. J’ai la ferme conviction que les différents mouvements citoyens, les plus anciens comme les nombreux autres créés à la faveur des graves dérives constatées ces dernières années, mais aussi les compatriotes de tous bords, resteront vigilants, déterminés et continueront plus que jamais à jouer leur rôle de veille démocratique et citoyenne, pour que le Sénégal soit le seul et unique vainqueur de l’actuel processus électoral.
Ibrahima SOW
Initiatives Diaspora 2012, Washington