. Ils veulent être indépendants et le rester. Ils veulent exister eu milieu de leurs paires et demeurer inextricables aux leçons des grands théoriciens du droit devant qui ils brillaient dans de saines émulations. Le savoir acquis à la Faculté et à l’Ecole nationale de Magistrature reste encore intact dans leur esprit si bien qu’ils sont difficilement domesticables par l’Exécutif. C’est pourquoi, dans un silence absolu propre à ceux qui sont élevés dans le sérail du droit, les Magistrats semblent vivre une querelle, celle des Anciens et des Modernes.
Les Modernes sont les jeunes juges. Témoins de l’épopée de la démocratie sénégalaise, des fluctuations de la Justice, du traitement de différentes affaires criminelles sur lesquelles ils ont cogité et disserté et du rôle de certains juges devant certaines affaires, ils ne veulent plus entendre parler de Magistrats corrompus ou enguirlandés dans le ghetto du pouvoir exécutif qui alimente des réseaux occultes de commandement politique des juges. Sous Diouf comme au début du magister de Wade, ils étaient ces étudiants qui exprimaient dans les couloirs des amphithéâtres leurs opinions sur les questions judiciaires qui faisaient l’objet débat spécialisé. Ces jeunes juges ont ainsi intégré le pouvoir judiciaire en un moment où la justice ne recueillait point la confiance de citoyens surtout en matière d’affaires politiques. Toutes les opinions montraient qu’une grande majorité de Sénégalais ne la croient pas et ne la croient pas encore indépendante. Mais on le répète encore : les Gardes des Sceaux successifs jurent toujours que la Justice est indépendante ; qu’ils ne se permettent jamais de relations avec un magistrat du siège, autres que de gestion. Mais quand même que peuvent-ils dire d’autres ?
Ce qui est simplement constant est que les jeunes juges, vivant pleinement et partout leur obligation de réserve sont souvent et à juste titre à cheval sur leur absolue et totale indépendance. Si l’un d’entre eux, par exemple, mettait son point d’honneur à procéder à des perquisitions et mandats d’arrêt sans prévenir son procureur, il pourrait répondre à celui-ci qui lui marquerait sa surprise que la coutume voudrait certainement qu’il lui en tienne au courant mais que le code de procédure pénale l’en dispense. C’est une simple hypothèse qui suggère que le jeune juge se nourrit de pragmatisme, d’indépendance et de spontanéité surtout que la justice au nom de laquelle, par laquelle et pour laquelle il agit n’est pas une autorité mais un pouvoir.
Mais le pouvoir exécutif sénégalais a si peur de l’indépendance des juges que le statut de pouvoir conférer à la justice n’est qu’une fiction. La justice, en fait, est encore un pouvoir soumis au Pouvoir. Et c’est justement de là que naît la révolution silencieuse et pratique de ces jeunes juges dont certains ne s’accommodent que de la vertu prononcée dans et par le tribunal des paires. Ils savent, comme l’enseigne Gaétan Picon, que ce n’est pas l’histoire qui fait le jugement mais c’est plutôt le jugement qui fait l’histoire. Cette sagesse chiasmatique est un viatique pour le juge qui conçoit que la justice n’a de sens que lorsqu’elle est la sanction des injustices. C’est sous cet angle que le citoyen lit son action devant les différentes affaires criminelles et délictueuses que le Parquet, c’est –dire le Gouvernement, autrement dit le Garde des Sceaux, en d’autres termes le Président de la République, chef de clan, laisse tomber dans la trappe alors que l’esprit public exigeait de laisser prospérer. Il en est ainsi de l’Affaire Talla Sylla, de l’Affaire du Corbeau et des Audits. Mais grâce aux jeunes juges, il n’en serait guère ainsi de l’affaire Farba. Le pouvoir reconnu au gouvernement de s’opposer à l’ouverture d’une procédure pénale indispose en réalité les jeunes juges et affligent toujours les citoyens. L’alchimie de l’histoire mène alors la Justice à la douce et coite révolution.
C’est que le droit n’est pas la justice et on n’en disconvient pas. Mais rien ne peut empêcher à la justice d’évoluer pour atteindre les hauteurs de l’indépendance et de la magnificence. D’abord, on constate que les jeunes juges se battent pour donner aux juridictions leurs dignités matérielles et architecturales. Ils savent que la justice a besoin de solennité. Son ordonnancement ne force le respect que s’il s’accommode d’un halo charismatique qui naît de ce triumvir du droit : un juge indépendant, un espace majestueux et un environnement vivant. Ensuite, la société, enseigne le Grec Solon, est bien gouvernée quand les citoyens, y compris les gouvernants, obéissent aux magistrats et les magistrats aux lois. Mais, précise-t-il, les lois ne sont seigneuriales et que si elles sont prononcées dans un espace fort respectable.
Pour le politique, les jeunes juges peuvent, au demeurant, apparaître comme des têtes brûlées. Parce qu’ils refusent le clientélisme et la politisation. Il peut ignorer que la loi leur sert de leitmotiv. C’est justement dans les mailles de cette loi qu’est tombé un ministre insolite qui se croyait tout permis. Et les citoyens qui applaudissent encore ces jeunes juges révolutionnaires se satisfont de la prestance de la Grande Dame tenant au seuil des juridictions la très lourde balance du justicier.
Les Modernes sont les jeunes juges. Témoins de l’épopée de la démocratie sénégalaise, des fluctuations de la Justice, du traitement de différentes affaires criminelles sur lesquelles ils ont cogité et disserté et du rôle de certains juges devant certaines affaires, ils ne veulent plus entendre parler de Magistrats corrompus ou enguirlandés dans le ghetto du pouvoir exécutif qui alimente des réseaux occultes de commandement politique des juges. Sous Diouf comme au début du magister de Wade, ils étaient ces étudiants qui exprimaient dans les couloirs des amphithéâtres leurs opinions sur les questions judiciaires qui faisaient l’objet débat spécialisé. Ces jeunes juges ont ainsi intégré le pouvoir judiciaire en un moment où la justice ne recueillait point la confiance de citoyens surtout en matière d’affaires politiques. Toutes les opinions montraient qu’une grande majorité de Sénégalais ne la croient pas et ne la croient pas encore indépendante. Mais on le répète encore : les Gardes des Sceaux successifs jurent toujours que la Justice est indépendante ; qu’ils ne se permettent jamais de relations avec un magistrat du siège, autres que de gestion. Mais quand même que peuvent-ils dire d’autres ?
Ce qui est simplement constant est que les jeunes juges, vivant pleinement et partout leur obligation de réserve sont souvent et à juste titre à cheval sur leur absolue et totale indépendance. Si l’un d’entre eux, par exemple, mettait son point d’honneur à procéder à des perquisitions et mandats d’arrêt sans prévenir son procureur, il pourrait répondre à celui-ci qui lui marquerait sa surprise que la coutume voudrait certainement qu’il lui en tienne au courant mais que le code de procédure pénale l’en dispense. C’est une simple hypothèse qui suggère que le jeune juge se nourrit de pragmatisme, d’indépendance et de spontanéité surtout que la justice au nom de laquelle, par laquelle et pour laquelle il agit n’est pas une autorité mais un pouvoir.
Mais le pouvoir exécutif sénégalais a si peur de l’indépendance des juges que le statut de pouvoir conférer à la justice n’est qu’une fiction. La justice, en fait, est encore un pouvoir soumis au Pouvoir. Et c’est justement de là que naît la révolution silencieuse et pratique de ces jeunes juges dont certains ne s’accommodent que de la vertu prononcée dans et par le tribunal des paires. Ils savent, comme l’enseigne Gaétan Picon, que ce n’est pas l’histoire qui fait le jugement mais c’est plutôt le jugement qui fait l’histoire. Cette sagesse chiasmatique est un viatique pour le juge qui conçoit que la justice n’a de sens que lorsqu’elle est la sanction des injustices. C’est sous cet angle que le citoyen lit son action devant les différentes affaires criminelles et délictueuses que le Parquet, c’est –dire le Gouvernement, autrement dit le Garde des Sceaux, en d’autres termes le Président de la République, chef de clan, laisse tomber dans la trappe alors que l’esprit public exigeait de laisser prospérer. Il en est ainsi de l’Affaire Talla Sylla, de l’Affaire du Corbeau et des Audits. Mais grâce aux jeunes juges, il n’en serait guère ainsi de l’affaire Farba. Le pouvoir reconnu au gouvernement de s’opposer à l’ouverture d’une procédure pénale indispose en réalité les jeunes juges et affligent toujours les citoyens. L’alchimie de l’histoire mène alors la Justice à la douce et coite révolution.
C’est que le droit n’est pas la justice et on n’en disconvient pas. Mais rien ne peut empêcher à la justice d’évoluer pour atteindre les hauteurs de l’indépendance et de la magnificence. D’abord, on constate que les jeunes juges se battent pour donner aux juridictions leurs dignités matérielles et architecturales. Ils savent que la justice a besoin de solennité. Son ordonnancement ne force le respect que s’il s’accommode d’un halo charismatique qui naît de ce triumvir du droit : un juge indépendant, un espace majestueux et un environnement vivant. Ensuite, la société, enseigne le Grec Solon, est bien gouvernée quand les citoyens, y compris les gouvernants, obéissent aux magistrats et les magistrats aux lois. Mais, précise-t-il, les lois ne sont seigneuriales et que si elles sont prononcées dans un espace fort respectable.
Pour le politique, les jeunes juges peuvent, au demeurant, apparaître comme des têtes brûlées. Parce qu’ils refusent le clientélisme et la politisation. Il peut ignorer que la loi leur sert de leitmotiv. C’est justement dans les mailles de cette loi qu’est tombé un ministre insolite qui se croyait tout permis. Et les citoyens qui applaudissent encore ces jeunes juges révolutionnaires se satisfont de la prestance de la Grande Dame tenant au seuil des juridictions la très lourde balance du justicier.