(Correspondant permanent à Montréal) - Le président de l’Amicale des étudiants sénégalais de Montréal, Cheikh Niane Lèye, avertit d’emblée que ‘les parents ne doivent jamais laisser leurs enfants venir au Canada sans avoir de réelles capacités financières pour payer les études de leurs fils’. Son association, créée depuis deux années pour faire face à un énorme vide constaté dans l’accueil et l’accompagnement des étudiants sénégalais qui débarquent au Canada, est très sollicitée par les étudiants dans le désarroi. ‘Figurez-vous qu’une session qui dure 3 à 4 mois coûte la moyenne de près de 5 000 dollars, soit près de 2 millions de francs cfa. Le constat est fait que très peu de parents sont capables de payer deux à trois sessions d’études à leurs fils.
Ces derniers sont laissés à eux-mêmes et, souvent, ils se tournent vers l’Association qui avance les fonds pour les inscriptions en attendant de se faire rembourser. Ceux qui ne viennent pas vers nous, abandonnent les cours et vont souvent vers une déperdition regrettable’, explique M. Lèye.
Sans avoir étudié en France, le président de l’Amicale des étudiants sénégalais de Montréal estime néanmoins que si le système social et la solidarité dans l’Hexagone peuvent permettre aux étudiants sénégalais en France de se débrouiller pour poursuivre leurs études, cela n’est pas possible au Canada. ‘Surtout que l’Etat n’accorde pas de bourses pour des études au Canada. Les pouvoirs publics ne peuvent s’inscrire dans une telle dynamique qui peut à la limite devenir onéreuse. Les étudiants n’ont droit qu’à des aides du gouvernement. Les plus chanceux sont ceux qui ont obtenu une exonération du gouvernement canadien, conformément aux accords liant les deux pays. L’exonération permet à l’étudiant de payer des frais scolaires qui ne sont pas ceux énumérés plus haut’, souligne Cheikh Niane Lèye. Ce dernier de préciser que ‘les parents et les étudiants ne doivent jamais se dire qu’on va payer une session et une fois sur place, le garçon ou la fille va se débrouiller. Ils ignorent que les permis d’étudiant ne te permettent pas de travailler immédiatement après ton arrivée dans le pays. La loi t’exige d’étudier pendant 6 mois avant de prétendre à travailler. Et encore, le permis de travail ne te donne droit qu’à 20 heures de travail par semaine, cela ne peut même pas te permettre de payer ta chambre qui revient dans une moyenne de 400 dollars soit 200 000 F Cfa’.
Très souvent, les étudiants sont obligés de sauter des sessions pour aller travailler. Outre l’espace universitaire, les étudiants sénégalais, une fois le permis de travail obtenu, prennent tout travail qui leur tombe entre leurs mains. Les filles prêtent leurs services dans les restaurants, les centres d’appels, les boutiques de vente de produits cosmétiques et de coiffure, les garderies, tandis que les garçons sont actifs dans les entrepôts, le gardiennage, les champs de pomme et de cultures maraîchères. Les difficultés n’ont pas cependant poussé les étudiantes à des déperditions comme la prostitution, ou les garçons à sombrer dans la drogue et l’alcoolisme, selon Cheikh Niane Lèye qui, sans être catégorique, estime que globalement, les étudiants sénégalais sont bien vus au Canada. Les universités canadiennes apprécient de plus en plus la filière estudiantine sénégalaise.
Un étudiant sénégalais habitant la Médina a accepté volontairement de ne pas s’inscrire à la session d’hiver. ‘J’ai préféré être recruté par une société de gardiennage de la place pour amasser beaucoup d’argent. J’ai obtenu 40 heures par semaine, ce qui me permet de garder l’argent pour la prochaine session, d’en envoyer à mes parents et aussi mes charges comme les repas, le transport et le logement’, souligne notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat. Oumy (non d’emprunt) s’active dans un salon de coiffure. Grâce à son talent de coiffeuse, elle gère pour des Ghanéennes un salon de coiffure. ‘Quand je me suis rendu compte que mes parents ne pouvaient pas prendre en charge mes études, j’ai dû me résoudre à travailler pour vivre et étudier au Canada. Je vous assure que c’est très difficile pour garçons et filles, surtout pour nous. Les parents ne doivent envoyer leurs enfants ici que s’ils sont en mesure de payer les frais d’études’, peste-t-elle.
Maïmouna Seck, étudiante en gestion, travaille dans un restaurant où elle s’occupe du service à la clientèle. ’L’essentiel, pour moi, c’est de se débrouiller pour survivre et terminer les études pour lesquelles on est venu au Canada. J’avoue que je suis de parents aisés, mais la vie est tellement difficile au Canada qu’aucun parent n’est à même de satisfaire tous nos problèmes. C’est pourquoi j’ai cherché à travailler pour être à l’aise un tant soit peu’, explique Maïmouna Seck. Bara Diouf indique, pour sa part, qu’il partage son temps dans les dollarama (boutiques à un dollar), entrepôts et champs de collecte de pommes et de cultures saisonnières pour survivre au Canada. Toutefois, avec la pénurie de main-d’œuvre et le départ massif à la retraite de travailleurs canadiens, les autorités provinciale et fédérale déploient des batteries de mesures pour maintenir les étudiants finissants sur leur sol. Ainsi, les procédures d’obtention de papiers canadiens pour les étudiants sont de plus en plus simplifiées. Une démarche qui poussera certains étudiants à faire le choix de rester au Canada à la fin de leurs études.
Une course d’épreuves
Le consultant canadien d’origine sénégalaise, Souleymane Zaccharia Cissoko, approuve les grandes lignes dégagées par le président Lèye. Il souligne que les étudiants doivent franchir des obstacles pédagogiques, financiers et techniques. ‘Les parents doivent cesser de penser qu’il suffit d’envoyer leurs enfants au Canada pour ensuite leur demander de travailler pour payer leurs études. Cela n’est pas possible. Le Canada fait la différence entre les études et le travail. Avant de délivrer des permis d’études, le Canada exige du parent de solides garanties financières prouvant qu’il peut prendre en charge correctement les études de son fils qui comprennent les frais de subsistance, de logement, d’assurance-maladie’, indique M. Cissokho en parlant des obstacles financiers. Pour ceux pédagogiques, ‘le système canadien est totalement différent du Sénégal. Au Canada, l’approche pédagogique est déductive, on rentre aussi bien à l’université avec les diplômes, mais aussi avec l’expérience, c’est pourquoi ici la formation permanente des adultes est une réalité. La plupart des étudiants sont déjà en emploi dans les institutions financières, le privé et le public pour modéliser leurs expériences professionnelles’, note interlocuteur.
D’ailleurs, le président de l’Amicale des étudiants sénégalais de Montréal, Cheikh Niane Lèye, ajoute que ‘le premier obstacle de l’étudiant, c’est la méconnaissance du système. Au Sénégal, on perd souvent entre un à deux mois de cours après la rentrée scolaire, alors qu’au Canada, il faut s’y mettre immédiatement. Le système scolaire demande une présence assidue. Rater deux semaines de cours pour une session de 4 mois équivaut souvent à un échec. On te concentre sur une session ce que tu dois apprendre sur une année d’études’. En outre, la méconnaissance du système qui met l’accent plus sur les notes que sur l’obtention du diplôme déroute les étudiants qui veulent après travailler au Canada.
A ces contraintes, il faut y ajouter la rigueur climatique. L’hiver canadien qui dure environ six mois, est déconcertant pour un étudiant venant d’un pays sahélien comme le Sénégal. Le thermomètre affiche des fois des moyennes largement en dessous de zéro. ‘En outre, j’avoue que si 80 % des étudiants viennent de parents nantis, ils se perdent rapidement du fait qu’ils ne sont pas préparés à se prendre en charge. C’est ainsi que tu vois un étudiant dilapider rapidement son argent en méconnaissance du système pour se retrouver totalement dans la dèche’. Cheikh Lèye Niane ajoute ainsi un décor qui ne donne guère de chance qu’à l’étudiant vif et alerte. La problématique est assez compliquée jusqu’à ce que l’Université de Laval et Pamecas du Sénégal cherchent à développer une stratégie d’accompagnement des étudiants sénégalais qui vont poursuivre leurs études au Canada.
Abdou Karim DIARRA
Source Walfadjri
Ces derniers sont laissés à eux-mêmes et, souvent, ils se tournent vers l’Association qui avance les fonds pour les inscriptions en attendant de se faire rembourser. Ceux qui ne viennent pas vers nous, abandonnent les cours et vont souvent vers une déperdition regrettable’, explique M. Lèye.
Sans avoir étudié en France, le président de l’Amicale des étudiants sénégalais de Montréal estime néanmoins que si le système social et la solidarité dans l’Hexagone peuvent permettre aux étudiants sénégalais en France de se débrouiller pour poursuivre leurs études, cela n’est pas possible au Canada. ‘Surtout que l’Etat n’accorde pas de bourses pour des études au Canada. Les pouvoirs publics ne peuvent s’inscrire dans une telle dynamique qui peut à la limite devenir onéreuse. Les étudiants n’ont droit qu’à des aides du gouvernement. Les plus chanceux sont ceux qui ont obtenu une exonération du gouvernement canadien, conformément aux accords liant les deux pays. L’exonération permet à l’étudiant de payer des frais scolaires qui ne sont pas ceux énumérés plus haut’, souligne Cheikh Niane Lèye. Ce dernier de préciser que ‘les parents et les étudiants ne doivent jamais se dire qu’on va payer une session et une fois sur place, le garçon ou la fille va se débrouiller. Ils ignorent que les permis d’étudiant ne te permettent pas de travailler immédiatement après ton arrivée dans le pays. La loi t’exige d’étudier pendant 6 mois avant de prétendre à travailler. Et encore, le permis de travail ne te donne droit qu’à 20 heures de travail par semaine, cela ne peut même pas te permettre de payer ta chambre qui revient dans une moyenne de 400 dollars soit 200 000 F Cfa’.
Très souvent, les étudiants sont obligés de sauter des sessions pour aller travailler. Outre l’espace universitaire, les étudiants sénégalais, une fois le permis de travail obtenu, prennent tout travail qui leur tombe entre leurs mains. Les filles prêtent leurs services dans les restaurants, les centres d’appels, les boutiques de vente de produits cosmétiques et de coiffure, les garderies, tandis que les garçons sont actifs dans les entrepôts, le gardiennage, les champs de pomme et de cultures maraîchères. Les difficultés n’ont pas cependant poussé les étudiantes à des déperditions comme la prostitution, ou les garçons à sombrer dans la drogue et l’alcoolisme, selon Cheikh Niane Lèye qui, sans être catégorique, estime que globalement, les étudiants sénégalais sont bien vus au Canada. Les universités canadiennes apprécient de plus en plus la filière estudiantine sénégalaise.
Un étudiant sénégalais habitant la Médina a accepté volontairement de ne pas s’inscrire à la session d’hiver. ‘J’ai préféré être recruté par une société de gardiennage de la place pour amasser beaucoup d’argent. J’ai obtenu 40 heures par semaine, ce qui me permet de garder l’argent pour la prochaine session, d’en envoyer à mes parents et aussi mes charges comme les repas, le transport et le logement’, souligne notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat. Oumy (non d’emprunt) s’active dans un salon de coiffure. Grâce à son talent de coiffeuse, elle gère pour des Ghanéennes un salon de coiffure. ‘Quand je me suis rendu compte que mes parents ne pouvaient pas prendre en charge mes études, j’ai dû me résoudre à travailler pour vivre et étudier au Canada. Je vous assure que c’est très difficile pour garçons et filles, surtout pour nous. Les parents ne doivent envoyer leurs enfants ici que s’ils sont en mesure de payer les frais d’études’, peste-t-elle.
Maïmouna Seck, étudiante en gestion, travaille dans un restaurant où elle s’occupe du service à la clientèle. ’L’essentiel, pour moi, c’est de se débrouiller pour survivre et terminer les études pour lesquelles on est venu au Canada. J’avoue que je suis de parents aisés, mais la vie est tellement difficile au Canada qu’aucun parent n’est à même de satisfaire tous nos problèmes. C’est pourquoi j’ai cherché à travailler pour être à l’aise un tant soit peu’, explique Maïmouna Seck. Bara Diouf indique, pour sa part, qu’il partage son temps dans les dollarama (boutiques à un dollar), entrepôts et champs de collecte de pommes et de cultures saisonnières pour survivre au Canada. Toutefois, avec la pénurie de main-d’œuvre et le départ massif à la retraite de travailleurs canadiens, les autorités provinciale et fédérale déploient des batteries de mesures pour maintenir les étudiants finissants sur leur sol. Ainsi, les procédures d’obtention de papiers canadiens pour les étudiants sont de plus en plus simplifiées. Une démarche qui poussera certains étudiants à faire le choix de rester au Canada à la fin de leurs études.
Une course d’épreuves
Le consultant canadien d’origine sénégalaise, Souleymane Zaccharia Cissoko, approuve les grandes lignes dégagées par le président Lèye. Il souligne que les étudiants doivent franchir des obstacles pédagogiques, financiers et techniques. ‘Les parents doivent cesser de penser qu’il suffit d’envoyer leurs enfants au Canada pour ensuite leur demander de travailler pour payer leurs études. Cela n’est pas possible. Le Canada fait la différence entre les études et le travail. Avant de délivrer des permis d’études, le Canada exige du parent de solides garanties financières prouvant qu’il peut prendre en charge correctement les études de son fils qui comprennent les frais de subsistance, de logement, d’assurance-maladie’, indique M. Cissokho en parlant des obstacles financiers. Pour ceux pédagogiques, ‘le système canadien est totalement différent du Sénégal. Au Canada, l’approche pédagogique est déductive, on rentre aussi bien à l’université avec les diplômes, mais aussi avec l’expérience, c’est pourquoi ici la formation permanente des adultes est une réalité. La plupart des étudiants sont déjà en emploi dans les institutions financières, le privé et le public pour modéliser leurs expériences professionnelles’, note interlocuteur.
D’ailleurs, le président de l’Amicale des étudiants sénégalais de Montréal, Cheikh Niane Lèye, ajoute que ‘le premier obstacle de l’étudiant, c’est la méconnaissance du système. Au Sénégal, on perd souvent entre un à deux mois de cours après la rentrée scolaire, alors qu’au Canada, il faut s’y mettre immédiatement. Le système scolaire demande une présence assidue. Rater deux semaines de cours pour une session de 4 mois équivaut souvent à un échec. On te concentre sur une session ce que tu dois apprendre sur une année d’études’. En outre, la méconnaissance du système qui met l’accent plus sur les notes que sur l’obtention du diplôme déroute les étudiants qui veulent après travailler au Canada.
A ces contraintes, il faut y ajouter la rigueur climatique. L’hiver canadien qui dure environ six mois, est déconcertant pour un étudiant venant d’un pays sahélien comme le Sénégal. Le thermomètre affiche des fois des moyennes largement en dessous de zéro. ‘En outre, j’avoue que si 80 % des étudiants viennent de parents nantis, ils se perdent rapidement du fait qu’ils ne sont pas préparés à se prendre en charge. C’est ainsi que tu vois un étudiant dilapider rapidement son argent en méconnaissance du système pour se retrouver totalement dans la dèche’. Cheikh Lèye Niane ajoute ainsi un décor qui ne donne guère de chance qu’à l’étudiant vif et alerte. La problématique est assez compliquée jusqu’à ce que l’Université de Laval et Pamecas du Sénégal cherchent à développer une stratégie d’accompagnement des étudiants sénégalais qui vont poursuivre leurs études au Canada.
Abdou Karim DIARRA
Source Walfadjri