A l’aube de ce nouveau régime, mis en place, pour assurer la destinée de notre jeune État, toujours en quête d’un développement harmonieux et harmonisé, tout citoyen honnête et sincère a l’obligation de faire parti de ceux là qui doivent enclencher le processus de construction et de développement d’un Sénégal du 21e siècle où sera reconnu pour chacun d’entre nous le droit de faire quelque chose de sa vie et non le droit pour tous de se laisser vivre. Dans cette immense entreprise que nous partageons, chacun sénégalais, de quelque bord qu’il se situe, possède une lourde responsabilité à assumer impérativement.
En réalité, dans ce Sénégal où tout est urgent, le régime en place est attendu sur tout. Mais attention ! Car, c’est au moment où tout est urgent qu’il faut se rappeler que « à chaque fois qu’on passe l’urgence de l’essentiel, on finit toujours par oublier l’essentiel de l’urgence ». Et pour cerner l’essentiel des urgences, chaque partie du pays doit subir un diagnostic sans complaisance. Cette contribution, pour qu’elle soit une image réelle et nette de ce qui attend le pouvoir en place, s’efforcera, dans une démarche de rupture et de vérité, de tenir le langage qu’il faut en acceptant de mettre le doigt sur les véritables plaies qu’il faut impérativement soigner, pour le bonheur des populations. Je me propose alors, à travers ces lignes, d’apporter une raie de lumière dans la partie nord du Sénégal que j’appelle « royaume des urgences » et que je connais fondamentalement bien. Je ne suis peut être pas spécialiste en la matière, mais j’ai eu la chance d’être bercé sous le doux ombrage d’un arbre à palabre au bord du fleuve Sénégal. Voilà pourquoi j’ai compris tout le mal de ces populations et aujourd’hui je suis en mesure de dire quelques unes de leurs attentes.
En effet, de Richard Toll à Bakel, le nord du Sénégal présente des ressources naturelles riches et variées à tout point de vue. Toutefois, la zone est confrontée depuis toujours à des situations délicates et catastrophiques qui témoignent de l’échec des politiques de développement qui n’ont jamais été accès sur l’essentiel. C’est pourquoi, aujourd’hui, le tableau que présente le Fouta est plus que sombre : manque d’eau potable lié à une absence totale de forages (surtout dans le djéri qui correspond en grande partie à la zone sylvo-pastorale), obligeant les populations, la plupart du temps, à faire des dizaines de kilomètres de marche à la recherche de la bassine précieuse, pour l’obtention de laquelle, il faudra débourser une somme de 300 de nos francs, et cela, malgré la ressource en eau abondante. A l’absence d’électricité dans toute l’ile à morphil, comme si l’ASER n’a jamais existé, s’ajoute une carence de centres de santé pour ces populations qui ne peuvent pas sortir de leur enclavement pour aller se faire soigner à Ourossogui, Ndioum ou à Saint Louis. Il n y a toujours pas, malgré les superficies emblavées, un aménagement hydro-agricole sérieux à la hauteur des potentialités de la zone (le nord du pays est l’une des rares parties du Sénégal où l’on peut pratiquer l’agriculture toute l’année en raison de la présence permanente de l’eau et des terres arables en abondance), et une inexistence de pistes de production pour éviter le pourrissement des ces milliers de tonnes d’oignons et des tomates qui se récoltent chaque année. Pas encore un seul camp de sapeur pompier opérationnel pour assurer la sécurité de ces populations (environ 2000000 habitants) exposées à un climat tout sauf clément avec son lot de conséquences etc. Il n’y a aussi que dans cette partie du Sénégal où l’on retrouve de très gros villages comme (Doumga Ouro Alpha, Sadel ou Boyinadji, etc…) qui font tous plus 8.000 habitants et qui ne sont érigés ni en chefs lieu de Communauté Rurale encore moins en Commune. Il n y a aucune Société Nationale capable de créer des emplois pour les populations, aucune entreprise de développement dans cette zone, les infrastructures sportives et culturelles sont quasi inexistantes alors que cette région naturelle est la zone la plus enclavée du pays. Et tout cela, sans parler de la spoliation sans cesse des terres depuis l’ouverture des barrages de Diama et de Manantali. Le mal est devenu insupportable malgré les tentatives de solutions.
L’essentiel, aujourd’hui, pour cette zone, se résume à trois choses, les unes tributaires des autres : le désenclavement, l’exploitation efficace et efficiente des phosphates de Matam et le développement de l’agriculture.
D’abord le désenclavement. En effet, si on part du postulat selon lequel, l'enclavement est l'isolement d'un territoire donné difficilement accessible et donc mal relié aux territoires voisins et au reste du monde, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que certaines localités du Fouta, particulièrement celles situées au bord du fleuve, du fait du réseau hydrographique, sont les zones les plus enclavées du Sénégal. Mais cet enclavement n’est pas naturel encore moins politique mais plutôt économique. Au demeurant, les causes économiques de l’enclavement d’un lieu donné c’est l'absence ou la vétusté des moyens de transport, ce qui contribue à provoquer un isolement relatif des territoires mal desservis dont l'économie a alors du mal à se développer. En réalité, il n’est plus possible de supporter l’absence d’infrastructures routières. La nationale n°2 est aujourd’hui l’unique lien de ralliement qui permet à la zone de se connecter d’avec le reste du pays. Malheureusement cette route n’existe que de nom et l’emprunter tous les jours demeure le pire calvaire que les gens vivent depuis toujours. Et ce ne serait même pas aberrant de dire que l’état de cette route est la plus grande cause de mortalité dans cette partie.
Si on doit agir dans un souci de développement durable, la problématique concernant les grandes infrastructures pour désenclaver et desservir les zones les plus reculées ne doit pas être biaisée par une mauvaise prise en compte de l’aspect géographique dans le système décisionnel. Et pour éradiquer ce mal, cela demande une politique volontariste qui ne se contente pas seulement d'apporter des actions correctrices, mais aller beaucoup plus loin en créant de nouvelles infrastructures.
Pour ce faire, l’achèvement rapide et sans condition de la route Linguère-Matam est un impératif. La construction de nouvelles routes dans le Dandé Mayo est plus que nécessaire. La construction d’un tronçon butimé de Sinthiou Dangdé à Wending en dehors des pistes qui doivent relier cet axe à la nationale 2 devrait permettre de soulager les populations de l’ile à morphil. Le Millenium Challenge Corporation, dans le cadre du Mca Sénégal, est en phase de réfectionner le tronçon Richard Toll-Ndioum (pour la réalisation du pont de Ndioum, l’appel d’offre est déjà lancé). Il y a alors urgence d’assurer, sans retard, la continuité du tronçon Ndioum-Ourossogui avant, bien entendu, de trouver le financement du tronçon Ourossogui-Bakel. Mais l’urgence de l’essentiel dans toutes ces infrastructures reste la réalisation des ponts de Matam qui hantent le sommeil des populations. Comment peut-on ériger Matam en région et que sa capitale soit toujours aussi isolée économiquement et politiquement du reste du pays du fait de la vétusté de ses ponts de ralliement dont certains datent bien avant notre indépendance ? Comment expliquez-le fait que, en dépit des ponts de Ngouye et Medina Ndiathbé, les populations de l’Ile à Morphil se sentent toujours plus mauritaniens que sénégalais au moment où la Mauritanie expulse nos compatriotes de son territoire ? En fait, mon insistance dans le domaine des infrastructures routières ne relève que d’un fort désir de régler au plus vite des situations aussi délicates pour le bonheur des populations et de notre nation toute entière. Je mets l’accent sur ce secteur surtout parce que la fixation des tracés frontaliers n’est pas ontologiquement liée au sacré ou imposée par la nature, mais au contraire, résulte de la construction territoriale et cette origine en fait des limites plus ou moins stables et plus ou moins étanches mais jamais figées et absolument fermées. Ironie du sort, les zones les plus enclavées du Sénégal sont en général celles qui sont frontalières. Alors qu’aujourd’hui le torchon brule au Mali, les guinéens s’entretuent à Bissau et la Mauritanie traque ses étrangers
A la lumière de ce qui précède, il est impératif de désenclaver au plus vite la vallée du fleuve et le nord du pays d’une manière générale pour mieux maitriser la dynamique transfrontalière afin de sécuriser économiquement le Sénégal et sauver ces populations dont tous les produits de consommation viennent de la Mauritanie du fait leur isolement géographique vis-à-vis de l’arrière pays.
A coté du désenclavement qui est à la base de tout développement dans cette partie du Sénégal, la nébuleuse question de l’exploitation des phosphates de Matam demeure une urgence de taille.
En effet, estimée à plus de 50.000.000 de tonnes, les phosphates de Matam sont d’une qualité sans commune mesure. Ainsi, après que le Président de la République ait décrété la GOANA le 25 avril 2008, il a mis sur table 344,7 milliards pour l’autosuffisance alimentaire au moins pendant cinq ans. Et selon les propos du Ministre d’alors, Amath SALL, 197 milliards de ce budget devrait être consacré à l’engrais. A l’époque, la raréfaction de l’engrais engendrée par la faillite des ICS a permis à la Société d’Études et de Réalisation des Phosphates de Matam de gagner le jackpot par l’arrêté ministériel en date du 29 mai 2008. Depuis lors, un complot extraordinaire entoure cette exploitation nébuleuse. Aujourd’hui, rares sont ceux qui sont en mesure de dire avec exactitude qui détient la licence d’exploitation des phosphates de Matam. En tout état de cause, nos études révèlent que tout se passe autour d’un cercle vicieux entre l’État, Eugene Ngor Faye ancien directeur des mines et actuel directeur de la SERPM et Cheikh Amar (PCA de la SERPM) qui finance pratiquement tout et donne l’équipement nécessaire pour l’exploitation. A chaque fois que la SERPM est interpellée sur l’exploitation, elle trouve des moyens d’expliquer que c’est dans le cadre de la GOANA (qui ne concernait que trois années) qu’elle exploite alors qu’aujourd’hui ce sont des centaines de camions qui acheminent l’engrais au Mali et partant la SERPM alimente toute la sous région en engrais. Pire, aucun fils de Matam et même pas le conseil régional ne siège au conseil d’administration de cette société qui est entrain de piller nos ressources, de dégrader notre environnement, de vulnérabiliser la santé des populations. Ce qui est encore choquant, c’est que même la main d’œuvre vienne des régions de l’intérieur au détriment des jeunes de Matam qui ont du céder leurs champs au profit du site d’exploitation. Et même les conditions de travail de ces jeunes, vulnérables à tous les égards, sont inhumaines. Ils travaillent tous les jours de 7h à 15h sans assurance médicale pour la modeste somme de 2500 de nos pauvres francs. Véritable exploitation humaine, pire que l’esclavage ! Alors que le code minier prévoit un fond minier pour toute exploitation minière. Actuellement, ce qu’il faut appeler « Société d’Exacerbation et de Rabattage des Phosphates de Matam (SERPM) » est passée de 8h d’exploitation par jour à 24h/24 avec trois groupes de travailleurs qui se relayent par 8h de temps. Je risquerai de paraitre grandiloquent si je me mettais à décrypter ce complot contre la nation. Mais je ne m’arrêterai pas en si bon chemin car je consacrai dans les jours à venir un dossier entier sur ces phosphates de Matam qui peuvent véritablement, dans les conditions d’exploitation normale et efficace, sortir tout le pays de la pauvreté à l’image des phosphates du Maroc.
Il faut obligatoirement apporter de la lumière sur ce dossier car moralement, il est inadmissible qu’un homme (Cheikh Amar en particulier) ou même quelques hommes, pour leur prétendu proximité avec l’État, donc expiant de leur prétendu droit, ralentissent ou freinent l’essor de développement de tout un pays. S’il s’avère que la SERPM est une société privée, que son capital soit ouvert et connu de tous, afin de permettre, enfin, une exploitation sérieuse et bénéfique pour les populations avec un droit de regard sur sa gestion par certains fils de la région.
C’est la seule condition qui permettra d’effacer les larmes des populations en anéantissant leurs souffrances, de créer un foyer industriel propice et attractif dans la zone, de maintenir les jeunes sur place en créant des citoyens fiers et travailleurs, d’impulser une politique de développement saine et prometteuse, et enfin de joindre l’acte à la parole en faisant du nord un pole économique important capable d’amorcer le développement de notre jeune État. Ce faisant, on jettera les bases d’une bonne politique agricole nécessaire pour asseoir un développement sûr et rapide.
Enfin, cette agriculture, sur laquelle dépend l’autosuffisance alimentaire, est en grande partie tributaire des phosphates et de ses dérivés et elle n’a besoin que d’une volonté politique car toutes les conditions sont réunies. En effet, pour que l’agriculture se développe, il faut des terres arables et fertiles, de l’eau en abondance et permanente, du soleil et des engrais de qualité. Toutes ces conditions sont suffisamment abondantes dans la vallée du fleuve. Aujourd’hui, je suis en mesure d’affirmer que les causes du sous développement de notre pays se situent, quelque part, au niveau de la faible mise en contribution des potentialités économiques existantes dans le nord du Sénégal. En effet, il est désormais connu que les denrées de première nécessité (riz, sucre, huile et lait etc…) constituent un casse tête pour beaucoup de ménages sénégalais. Or si les prix sont jugés trop chers, au point de constituer la première exigence des Sénégalais, c’est parce que ces produits ne sont pas abondants sur le marché. Alors que des études, comme celles effectuées par Adrian Adams sur « le fleuve Sénégal : gestion de la crue et avenir de la vallée », ont déjà révélées que la vallée du fleuve, dans le cadre d’une exploitation efficace, peut constituer le premier grenier, en riz, de l’Afrique occidentale. C’est fort même de cette conviction que le barrage de Manantali avait été accueilli avec beaucoup d’espoir. En outre, la vallée est aussi très fertile pour la production de la canne à sucre et cela se justifie par l’intérêt que le milliardaire nigérian, Ibrahima Dangote, porte sur l’exploitation des terres en amont de la basse vallée du fleuve Sénégal. Que l’on ne se trompe pas ; la clé du développement économique du Sénégal se trouve dans l’agriculture (de la graine à semer à la vente de la récolte). Le président Abdoulaye WADE l’avait compris en lançant la merveilleuse idée de Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance. Malheureusement ses partisans et lui en ont fait plus un argument de politique politicienne qu’une véritable voie de sortie de la pauvreté.
Mais, on ne doit jamais perdre de vue que pour espérer de futures belles moissons, il faut impérativement des semences de qualité. Ces dernières passent avant tout par des hommes honnêtes et intègres capables de matérialiser efficacement une vision de développement sur le terrain en se débarrassant de tous les vieux politiciens qui ne se mêlent de la foule des engagés que lorsque leurs intérêts se dessinent car, selon Nicolas Machiavel, « le prince qui veut faire entièrement profession d’homme de bien, ne peux éviter sa perte parmi tan d’autres qui ne sont pas bons ».
Enfin, je suis convaincu comme George Bernard Show que « le progrès est impossible sans le changement et ceux qui ne peuvent jamais changer d’avis, ne peuvent ni changer le monde ni se changer eux même ». C’est pourquoi j’appelle à la retenue et j’invite à changer d’avis sur l’abrogation du décret sur le nouveau découpage administratif surtout dans certaines zones comme Bokidiawé qui, même après la communalisation de Nguidjilogne, demande un autre découpage pour des raisons liées à sa démographie forte, sa superficie vaste, à sa configuration géographique et à ses ressources. C’est le cas aussi pour Wodoberé dans le département de Kanel.
Pour terminer, je rappelle aux tenants du pouvoir que ce nouveau régime, sur lequel tous les espoirs sont fondés, ne doit pas être un regroupement d’hommes et de femmes soucieux uniquement des exigences du ventre et de la renommée mais plutôt un foyer de patriotes capables d’effacer nos larmes. En effet, on n’est pas forcement un grand politicien parce qu’on occupe des postes importants mais plutôt parce qu’on est toujours soucieux de participer au bien être des populations au nom desquelles on occupe des fonctions administratives, politiques ou techniques.
Elimane Abdoul FALL
Doctorant en Géographie
Sec. Gén du Conseil Régional de la Jeunesse de Matam
Coordonnateur du Réseau des Jeunes Intellectuels du Fouta en Action (REJIFA)
elifall@hotmail.fr
En réalité, dans ce Sénégal où tout est urgent, le régime en place est attendu sur tout. Mais attention ! Car, c’est au moment où tout est urgent qu’il faut se rappeler que « à chaque fois qu’on passe l’urgence de l’essentiel, on finit toujours par oublier l’essentiel de l’urgence ». Et pour cerner l’essentiel des urgences, chaque partie du pays doit subir un diagnostic sans complaisance. Cette contribution, pour qu’elle soit une image réelle et nette de ce qui attend le pouvoir en place, s’efforcera, dans une démarche de rupture et de vérité, de tenir le langage qu’il faut en acceptant de mettre le doigt sur les véritables plaies qu’il faut impérativement soigner, pour le bonheur des populations. Je me propose alors, à travers ces lignes, d’apporter une raie de lumière dans la partie nord du Sénégal que j’appelle « royaume des urgences » et que je connais fondamentalement bien. Je ne suis peut être pas spécialiste en la matière, mais j’ai eu la chance d’être bercé sous le doux ombrage d’un arbre à palabre au bord du fleuve Sénégal. Voilà pourquoi j’ai compris tout le mal de ces populations et aujourd’hui je suis en mesure de dire quelques unes de leurs attentes.
En effet, de Richard Toll à Bakel, le nord du Sénégal présente des ressources naturelles riches et variées à tout point de vue. Toutefois, la zone est confrontée depuis toujours à des situations délicates et catastrophiques qui témoignent de l’échec des politiques de développement qui n’ont jamais été accès sur l’essentiel. C’est pourquoi, aujourd’hui, le tableau que présente le Fouta est plus que sombre : manque d’eau potable lié à une absence totale de forages (surtout dans le djéri qui correspond en grande partie à la zone sylvo-pastorale), obligeant les populations, la plupart du temps, à faire des dizaines de kilomètres de marche à la recherche de la bassine précieuse, pour l’obtention de laquelle, il faudra débourser une somme de 300 de nos francs, et cela, malgré la ressource en eau abondante. A l’absence d’électricité dans toute l’ile à morphil, comme si l’ASER n’a jamais existé, s’ajoute une carence de centres de santé pour ces populations qui ne peuvent pas sortir de leur enclavement pour aller se faire soigner à Ourossogui, Ndioum ou à Saint Louis. Il n y a toujours pas, malgré les superficies emblavées, un aménagement hydro-agricole sérieux à la hauteur des potentialités de la zone (le nord du pays est l’une des rares parties du Sénégal où l’on peut pratiquer l’agriculture toute l’année en raison de la présence permanente de l’eau et des terres arables en abondance), et une inexistence de pistes de production pour éviter le pourrissement des ces milliers de tonnes d’oignons et des tomates qui se récoltent chaque année. Pas encore un seul camp de sapeur pompier opérationnel pour assurer la sécurité de ces populations (environ 2000000 habitants) exposées à un climat tout sauf clément avec son lot de conséquences etc. Il n’y a aussi que dans cette partie du Sénégal où l’on retrouve de très gros villages comme (Doumga Ouro Alpha, Sadel ou Boyinadji, etc…) qui font tous plus 8.000 habitants et qui ne sont érigés ni en chefs lieu de Communauté Rurale encore moins en Commune. Il n y a aucune Société Nationale capable de créer des emplois pour les populations, aucune entreprise de développement dans cette zone, les infrastructures sportives et culturelles sont quasi inexistantes alors que cette région naturelle est la zone la plus enclavée du pays. Et tout cela, sans parler de la spoliation sans cesse des terres depuis l’ouverture des barrages de Diama et de Manantali. Le mal est devenu insupportable malgré les tentatives de solutions.
L’essentiel, aujourd’hui, pour cette zone, se résume à trois choses, les unes tributaires des autres : le désenclavement, l’exploitation efficace et efficiente des phosphates de Matam et le développement de l’agriculture.
D’abord le désenclavement. En effet, si on part du postulat selon lequel, l'enclavement est l'isolement d'un territoire donné difficilement accessible et donc mal relié aux territoires voisins et au reste du monde, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que certaines localités du Fouta, particulièrement celles situées au bord du fleuve, du fait du réseau hydrographique, sont les zones les plus enclavées du Sénégal. Mais cet enclavement n’est pas naturel encore moins politique mais plutôt économique. Au demeurant, les causes économiques de l’enclavement d’un lieu donné c’est l'absence ou la vétusté des moyens de transport, ce qui contribue à provoquer un isolement relatif des territoires mal desservis dont l'économie a alors du mal à se développer. En réalité, il n’est plus possible de supporter l’absence d’infrastructures routières. La nationale n°2 est aujourd’hui l’unique lien de ralliement qui permet à la zone de se connecter d’avec le reste du pays. Malheureusement cette route n’existe que de nom et l’emprunter tous les jours demeure le pire calvaire que les gens vivent depuis toujours. Et ce ne serait même pas aberrant de dire que l’état de cette route est la plus grande cause de mortalité dans cette partie.
Si on doit agir dans un souci de développement durable, la problématique concernant les grandes infrastructures pour désenclaver et desservir les zones les plus reculées ne doit pas être biaisée par une mauvaise prise en compte de l’aspect géographique dans le système décisionnel. Et pour éradiquer ce mal, cela demande une politique volontariste qui ne se contente pas seulement d'apporter des actions correctrices, mais aller beaucoup plus loin en créant de nouvelles infrastructures.
Pour ce faire, l’achèvement rapide et sans condition de la route Linguère-Matam est un impératif. La construction de nouvelles routes dans le Dandé Mayo est plus que nécessaire. La construction d’un tronçon butimé de Sinthiou Dangdé à Wending en dehors des pistes qui doivent relier cet axe à la nationale 2 devrait permettre de soulager les populations de l’ile à morphil. Le Millenium Challenge Corporation, dans le cadre du Mca Sénégal, est en phase de réfectionner le tronçon Richard Toll-Ndioum (pour la réalisation du pont de Ndioum, l’appel d’offre est déjà lancé). Il y a alors urgence d’assurer, sans retard, la continuité du tronçon Ndioum-Ourossogui avant, bien entendu, de trouver le financement du tronçon Ourossogui-Bakel. Mais l’urgence de l’essentiel dans toutes ces infrastructures reste la réalisation des ponts de Matam qui hantent le sommeil des populations. Comment peut-on ériger Matam en région et que sa capitale soit toujours aussi isolée économiquement et politiquement du reste du pays du fait de la vétusté de ses ponts de ralliement dont certains datent bien avant notre indépendance ? Comment expliquez-le fait que, en dépit des ponts de Ngouye et Medina Ndiathbé, les populations de l’Ile à Morphil se sentent toujours plus mauritaniens que sénégalais au moment où la Mauritanie expulse nos compatriotes de son territoire ? En fait, mon insistance dans le domaine des infrastructures routières ne relève que d’un fort désir de régler au plus vite des situations aussi délicates pour le bonheur des populations et de notre nation toute entière. Je mets l’accent sur ce secteur surtout parce que la fixation des tracés frontaliers n’est pas ontologiquement liée au sacré ou imposée par la nature, mais au contraire, résulte de la construction territoriale et cette origine en fait des limites plus ou moins stables et plus ou moins étanches mais jamais figées et absolument fermées. Ironie du sort, les zones les plus enclavées du Sénégal sont en général celles qui sont frontalières. Alors qu’aujourd’hui le torchon brule au Mali, les guinéens s’entretuent à Bissau et la Mauritanie traque ses étrangers
A la lumière de ce qui précède, il est impératif de désenclaver au plus vite la vallée du fleuve et le nord du pays d’une manière générale pour mieux maitriser la dynamique transfrontalière afin de sécuriser économiquement le Sénégal et sauver ces populations dont tous les produits de consommation viennent de la Mauritanie du fait leur isolement géographique vis-à-vis de l’arrière pays.
A coté du désenclavement qui est à la base de tout développement dans cette partie du Sénégal, la nébuleuse question de l’exploitation des phosphates de Matam demeure une urgence de taille.
En effet, estimée à plus de 50.000.000 de tonnes, les phosphates de Matam sont d’une qualité sans commune mesure. Ainsi, après que le Président de la République ait décrété la GOANA le 25 avril 2008, il a mis sur table 344,7 milliards pour l’autosuffisance alimentaire au moins pendant cinq ans. Et selon les propos du Ministre d’alors, Amath SALL, 197 milliards de ce budget devrait être consacré à l’engrais. A l’époque, la raréfaction de l’engrais engendrée par la faillite des ICS a permis à la Société d’Études et de Réalisation des Phosphates de Matam de gagner le jackpot par l’arrêté ministériel en date du 29 mai 2008. Depuis lors, un complot extraordinaire entoure cette exploitation nébuleuse. Aujourd’hui, rares sont ceux qui sont en mesure de dire avec exactitude qui détient la licence d’exploitation des phosphates de Matam. En tout état de cause, nos études révèlent que tout se passe autour d’un cercle vicieux entre l’État, Eugene Ngor Faye ancien directeur des mines et actuel directeur de la SERPM et Cheikh Amar (PCA de la SERPM) qui finance pratiquement tout et donne l’équipement nécessaire pour l’exploitation. A chaque fois que la SERPM est interpellée sur l’exploitation, elle trouve des moyens d’expliquer que c’est dans le cadre de la GOANA (qui ne concernait que trois années) qu’elle exploite alors qu’aujourd’hui ce sont des centaines de camions qui acheminent l’engrais au Mali et partant la SERPM alimente toute la sous région en engrais. Pire, aucun fils de Matam et même pas le conseil régional ne siège au conseil d’administration de cette société qui est entrain de piller nos ressources, de dégrader notre environnement, de vulnérabiliser la santé des populations. Ce qui est encore choquant, c’est que même la main d’œuvre vienne des régions de l’intérieur au détriment des jeunes de Matam qui ont du céder leurs champs au profit du site d’exploitation. Et même les conditions de travail de ces jeunes, vulnérables à tous les égards, sont inhumaines. Ils travaillent tous les jours de 7h à 15h sans assurance médicale pour la modeste somme de 2500 de nos pauvres francs. Véritable exploitation humaine, pire que l’esclavage ! Alors que le code minier prévoit un fond minier pour toute exploitation minière. Actuellement, ce qu’il faut appeler « Société d’Exacerbation et de Rabattage des Phosphates de Matam (SERPM) » est passée de 8h d’exploitation par jour à 24h/24 avec trois groupes de travailleurs qui se relayent par 8h de temps. Je risquerai de paraitre grandiloquent si je me mettais à décrypter ce complot contre la nation. Mais je ne m’arrêterai pas en si bon chemin car je consacrai dans les jours à venir un dossier entier sur ces phosphates de Matam qui peuvent véritablement, dans les conditions d’exploitation normale et efficace, sortir tout le pays de la pauvreté à l’image des phosphates du Maroc.
Il faut obligatoirement apporter de la lumière sur ce dossier car moralement, il est inadmissible qu’un homme (Cheikh Amar en particulier) ou même quelques hommes, pour leur prétendu proximité avec l’État, donc expiant de leur prétendu droit, ralentissent ou freinent l’essor de développement de tout un pays. S’il s’avère que la SERPM est une société privée, que son capital soit ouvert et connu de tous, afin de permettre, enfin, une exploitation sérieuse et bénéfique pour les populations avec un droit de regard sur sa gestion par certains fils de la région.
C’est la seule condition qui permettra d’effacer les larmes des populations en anéantissant leurs souffrances, de créer un foyer industriel propice et attractif dans la zone, de maintenir les jeunes sur place en créant des citoyens fiers et travailleurs, d’impulser une politique de développement saine et prometteuse, et enfin de joindre l’acte à la parole en faisant du nord un pole économique important capable d’amorcer le développement de notre jeune État. Ce faisant, on jettera les bases d’une bonne politique agricole nécessaire pour asseoir un développement sûr et rapide.
Enfin, cette agriculture, sur laquelle dépend l’autosuffisance alimentaire, est en grande partie tributaire des phosphates et de ses dérivés et elle n’a besoin que d’une volonté politique car toutes les conditions sont réunies. En effet, pour que l’agriculture se développe, il faut des terres arables et fertiles, de l’eau en abondance et permanente, du soleil et des engrais de qualité. Toutes ces conditions sont suffisamment abondantes dans la vallée du fleuve. Aujourd’hui, je suis en mesure d’affirmer que les causes du sous développement de notre pays se situent, quelque part, au niveau de la faible mise en contribution des potentialités économiques existantes dans le nord du Sénégal. En effet, il est désormais connu que les denrées de première nécessité (riz, sucre, huile et lait etc…) constituent un casse tête pour beaucoup de ménages sénégalais. Or si les prix sont jugés trop chers, au point de constituer la première exigence des Sénégalais, c’est parce que ces produits ne sont pas abondants sur le marché. Alors que des études, comme celles effectuées par Adrian Adams sur « le fleuve Sénégal : gestion de la crue et avenir de la vallée », ont déjà révélées que la vallée du fleuve, dans le cadre d’une exploitation efficace, peut constituer le premier grenier, en riz, de l’Afrique occidentale. C’est fort même de cette conviction que le barrage de Manantali avait été accueilli avec beaucoup d’espoir. En outre, la vallée est aussi très fertile pour la production de la canne à sucre et cela se justifie par l’intérêt que le milliardaire nigérian, Ibrahima Dangote, porte sur l’exploitation des terres en amont de la basse vallée du fleuve Sénégal. Que l’on ne se trompe pas ; la clé du développement économique du Sénégal se trouve dans l’agriculture (de la graine à semer à la vente de la récolte). Le président Abdoulaye WADE l’avait compris en lançant la merveilleuse idée de Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance. Malheureusement ses partisans et lui en ont fait plus un argument de politique politicienne qu’une véritable voie de sortie de la pauvreté.
Mais, on ne doit jamais perdre de vue que pour espérer de futures belles moissons, il faut impérativement des semences de qualité. Ces dernières passent avant tout par des hommes honnêtes et intègres capables de matérialiser efficacement une vision de développement sur le terrain en se débarrassant de tous les vieux politiciens qui ne se mêlent de la foule des engagés que lorsque leurs intérêts se dessinent car, selon Nicolas Machiavel, « le prince qui veut faire entièrement profession d’homme de bien, ne peux éviter sa perte parmi tan d’autres qui ne sont pas bons ».
Enfin, je suis convaincu comme George Bernard Show que « le progrès est impossible sans le changement et ceux qui ne peuvent jamais changer d’avis, ne peuvent ni changer le monde ni se changer eux même ». C’est pourquoi j’appelle à la retenue et j’invite à changer d’avis sur l’abrogation du décret sur le nouveau découpage administratif surtout dans certaines zones comme Bokidiawé qui, même après la communalisation de Nguidjilogne, demande un autre découpage pour des raisons liées à sa démographie forte, sa superficie vaste, à sa configuration géographique et à ses ressources. C’est le cas aussi pour Wodoberé dans le département de Kanel.
Pour terminer, je rappelle aux tenants du pouvoir que ce nouveau régime, sur lequel tous les espoirs sont fondés, ne doit pas être un regroupement d’hommes et de femmes soucieux uniquement des exigences du ventre et de la renommée mais plutôt un foyer de patriotes capables d’effacer nos larmes. En effet, on n’est pas forcement un grand politicien parce qu’on occupe des postes importants mais plutôt parce qu’on est toujours soucieux de participer au bien être des populations au nom desquelles on occupe des fonctions administratives, politiques ou techniques.
Elimane Abdoul FALL
Doctorant en Géographie
Sec. Gén du Conseil Régional de la Jeunesse de Matam
Coordonnateur du Réseau des Jeunes Intellectuels du Fouta en Action (REJIFA)
elifall@hotmail.fr