La première question pourra nous résoudre le problème de leaderships dont souffre notre opposition et la seconde nous permettra d’avoir au moment opportun un poids supplémentaire sur la balance comme ce fut le cas en 2000 avec l’apport de Moustapha NIASS au second tour.
Cette élection primaire au sein de BSS, sera une réponse à l’une des crises qui paralysent l’opposition sénégalaise: la crise de leadership.
Déjà, neuf ans après son élection, la succession de Wade au poste de président de la rue publique n’est toujours pas assurée. Cette vacance au sommet de l’opposition a progressivement déstructuré la vie politique de notre opposition et menace son avenir. Hors, la primaire apportera une solution institutionnelle à une carence institutionnelle au sein de notre opposition nationale: car, l’absence de procédure adaptée pour désigner un leader digne d’être un opposant farouche pose problème.
Cette procédure de désignation populaire, ouverte aux militants, permettra aussi aux citoyens apolitiques dits du progrès ( M23, Dakar Actions sans frontières, etc..) de pouvoir eux aussi choisir leur candidat à l’élection présidentielle. Cette forme démocratique offrira au candidat ou aux deux premiers une formidable dynamique électorale, militante, citoyenne et patriote. Elle constituera avant tout la base d’un puissant élan de modernisation de notre vie démocratique nationale. Car, l’élection présidentielle de 2012 permet aux citoyens de répondre à la question :«Qui sera élu comme président?».
Une élection primaire à son tour permet un approfondissement démocratique en leur donnant la possibilité de répondre d’abord à la question : « Qui sera notre ou nos candidats à la présidence ? ». Cette prise de pouvoir et de position des citoyens sur le choix de leur représentant participe du nouvel ordre démocratique et d’une nouvelle construction de la légitimité politique.
Cependant, il faut noter que la démocratisation engagée par la primaire ne s’arrête pas au choix du ou des candidats à la présidentielle. Elle concerne aussi la ligne politique pour ne pas dire idéologique. Aujourd’hui, les actions sont décidées entre leaders et cette forme de prise de décision constitue le premier facteur de blocage à la candidature unique. Avec la primaire, le choix passe dans les mains des militants et citoyens : ils voteront en effet, non seulement pour une personnalité, mais aussi pour une ligne politique qu’ils défendront. Au final, le projet de société sera référendaire.
A terme, c’est la refonte même des partis politiques que la primaire remettra en cause. C’est pourquoi de part mon observatoire, il est indispensable voir impératif d’adopter pour notre opposition, un système de primaire populaire comme ce fut les assises nationales pour désigner un ou deux candidats à la présidentielle de 2012. Certes, les modalités sont encore à discuter, les conditions à définir. Évidement que les conditions politiques des primaires ne pourront être arrêtées qu’à l’issue d’un travail préalable dans le fond et sur la forme, permettant d’élaborer des sensibilités idéologiques communes. Mais le principe doit être arrêté dès maintenant, sereinement, et non dans l’urgence pré-électorale si nous voulons arrêter les dérives monarchiques de Wade. Car il en va de l’avenir de notre démocratie.
Ainsi, l’objectif visé par l’opposition et tout les Sénégalais épris de justice, de droit et de bonne gouvernance est de changer le système actuel qui au pire des cas pourra mener notre Sénégal dans la même situation qu’a connue la Cote d’Ivoire, c'est-à-dire, nous retrouver avec autant de fils spirituels « Idrissa, Macky, Gadio, Karim » disposant de gros moyens financiers, entourés de militants alimentaires sans sciences ni consciences et capables de prendre le pouvoir par tout les moyens. Ce sont ses enfants qu’il faut barrer la route et non Wade car lui-même s’il pense à se présenter en 2012 ni son âge, ni son état de santé, ni même la constitution ne vote pas en sa faveur.
Mais chers compatriotes, n’oublions pas que le Président ou son candidat à lui dispose de quelques atouts et que chaque partie à ses forces et ses faiblesses.
Quelles sont les forces et faiblesses de chaque camp politique ?
Les forces et faiblesses du Pouvoir.
D’emblée disons qu’ils disposent des moyens financiers énormes en plus de ceux de l'État. Ils ont des militants et sympathisants qui ne maitrisent pas les données macro-économiques d’un pays pour savoir si un pays dispose d’une économie qui marche ou pas. Ce qui les intéresse c’est le statut alimentaire dont ils bénéficient. Ils disposent aussi d’hommes de main capables de semer le désordre et le chaos. Si l’on sait que dans tous les types d’élections, on observe l’existence d’un plus, phénomène parfois confondu avec d’autres sous l’appellation comité de soutien au président à l’image de la misérable CAP 21. C’est le cas aujourd’hui des nombreuses formes de regroupements autour de Wade voir même du fils, parfois pour les besoins alimentaires sans une réelle conviction. Les opportunistes affichent sans vergogne leurs positions : "l’opposition ne nourrit pas son homme" le cas Iba Der en est l’illustration parfaite. Les déclarations de soutiens et de remerciements pour avoir nommé les fils du terroir ou offrir des avantages à telle ou telle famille religieuse n’échappe pas à la règle. Même les petits succès sont amplifiés par les médiats d'État et considérés comme des exploits. Le seul handicap envisagé sera considérable que si les divisions qui seront certainement nées des positionnements deviennent le résultat d’une crise au sein de l’entourage du président. Il est évident que le Chef de l'État en voulant mettre son fils au pouvoir aura des difficultés pour garder l’ensemble de ses alliés. Et les perdants chercheront à s’abriter sur d’autres listes de l’opposition. Car, sa seule formule pour introniser son fils reste l’effet de perroquet : le nom de son fils Karim sera répété de jour comme de nuit dans tout les médiats d'État ainsi que dans toutes les chapèles politiques. Cet effet de résonance qui fait et défait les hommes politiques peut s’avérer payant si l’on sait que la quasi-totalité des citoyens sont des analphabètes prêtes à suivre la direction du vent.
En 2000 le Président Wade n’était pas candidat sortant, à cette époque le Président Diouf était en fin de période d’ajustement structurel. La volonté populaire à un changement était manifeste. Wade qui était déjà le président de la rue publique disposait d’un avantage parmi les opposants. Donc un triple phénomène qui explique son élection au second tour.
Cependant, l’hypothèse d’un état de grâce à la fonction peut durer tout au plus jusqu’en décembre 2011 pour faire place à l’effet d’usure. Mais aussi, la lassitude des sénégalais qui ont vécu les drames des inondations le manque d’électricité, le non respect des institutions et de la constitution etc. Mais quand l’impact des souffrances est fort comme en 2000, le candidat visiblement dit l’homme du pouvoir n’emportera pas la majorité des suffrages.
Les atouts et les faiblesses de l’opposition.
L’opposition sénégalaise ne dispose pas d’assez de moyens matériels et financiers pour combattre l’adversaire qui a le monopole des moyens de l'État. Seulement, l’argent à lui seul n’a jamais gagné une élection. Les résultats d’une élection présidentielle sont principalement le résultat de l’influence de trois facteurs à savoir : la prédisposition politique des citoyens, l’impact de la crise sociale et l’influence de la personnalité du candidat.
Les deux premiers ont été remplis puisque, le peuple sénégalais dispose d’une prédisposition politique qui d’ailleurs a été prouvée lors de dernières élections municipales. Le second existe compte tenu de la situation actuelle du pays. Reste le troisième, la personnalité du candidat qui est un facteur déterminant dans ce contexte de primaire. Ce choix se fera sur la base d’une seule question: « qui est le candidat le plus apte à diriger le pays ?
La réponse à cette question est certes valable, mais pas pour un pays comme le notre ni pour une jeune démocratie. Elle est valable pour un pays comme les États Unis car, dans ses pays la démocratie est une religion.
Dans une jeune démocratie comme le notre, le choix du candidat ne doit pas s’apparenter à la personnalité du candidat mais plutôt aux hommes qui l’entourent. Ainsi, ce choix se fera sur la base d’une autre question : « quel est le candidat qui dispose de plus d’hommes capables au tour de lui? La réponse à cette question nous permettra d’éviter les erreurs de 2000 c’est à dire choisir l’homme Wade sans se préoccuper des hommes qui l’entouraient. Conséquence, il à gouverner ce pays avec une bande d’incompétent. Connaitre la personnalité du candidat est important, mais mieux encore savoir qui sont ses hommes, car même avec le meilleur pilote du monde de formule 1, si l’écurie n’est pas compétente il ne fera jamais de bons résultats. Dans tous les cas, l’hypothèse d’une candidature unique de l’opposition n’aura d’effet que si les leaders de l’opposition acceptent le principe des primaires. Reste à savoir si BSS aura un candidat ou deux au premier tour.
Idrissa Ben SENE