Marcel L., 44 ans, est de ceux-là. Né à Douala, au Cameroun, il vit à Moscou depuis 1993, où il a étudié pendant neuf ans les mathématiques à l'Université russe de l'amitié entre les peuples (ancienne université Patrice-Lumumba, créée pour former les élites des ex-colonies d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine pendant la guerre froide). "La première fois que je me suis fait agresser, c'était en 1995, explique-t-il. Je rendais visite à un ami qui habitait dans le sud-est de la ville. A un passage clouté, un jeune homme est venu me demander une cigarette. Je lui ai répondu que je ne fumais pas, il m'a donné un coup de poing puis d'autres personnes sont arrivées. Ça a duré un moment, jusqu'à ce qu'une vieille dame se mette à crier et que la police arrive. On n'a jamais retrouvé les types qui m'avaient tabassé."
"PAS FORCÉMENT LE FAIT DE MARGINAUX"
D'après le rapport de la MPC, seuls 23 % des Africains se sont tournés vers les forces de l'ordre après avoir été agressés. Et pour cause : dans l'immense majorité des cas, les recherches n'aboutissent pas faute de preuves. Pis, selon l'étude, il arrive que les policiers profitent de ces plaintes pour extorquer de l'argent aux victimes ou se livrer eux-mêmes à des violences.
"PAS FORCÉMENT LE FAIT DE MARGINAUX"
D'après le rapport de la MPC, seuls 23 % des Africains se sont tournés vers les forces de l'ordre après avoir été agressés. Et pour cause : dans l'immense majorité des cas, les recherches n'aboutissent pas faute de preuves. Pis, selon l'étude, il arrive que les policiers profitent de ces plaintes pour extorquer de l'argent aux victimes ou se livrer eux-mêmes à des violences.
Un reportage à la Moscow Protestant Chaplaincy, mis en ligne en 2007 sur Current TV :
Dans un tel contexte, les Africains n'ont d'autre recours que de se tourner vers les rares associations d'immigrés installées dans la capitale et les églises protestantes. "Nos paroissiens nous en parlent souvent. Nous avons commencé à enquêter sur ces violences en 2001, après que plusieurs d'entre eux ont été été attaqués en sortant de l'office de dimanche", explique Alexandra Tyson, qui a coordonné l'étude de la MPC.
Selon elle, les auteurs des attaques ne sont pas nécessairement des hooligans ou des jeunes gens sous l'emprise de l'alcool. "Contrairement au discours que tiennent les autorités, les passages à tabac sont prémédités et pas forcément le fait de marginaux", dit-elle. Dans la deuxième annexe du rapport, plusieurs témoignages anonymes le confirment : "Les attaques racistes sont très fréquentes, elles peuvent arriver à n'importe quelle heure et dans n'importe quel quartier. (...) Chaque fois que je me trouve avec des Russes, je me fais insulter. Je déteste être noir."
Très actif au sein de la paroisse protestante où il enseigne l'informatique et fait quelques traductions, Marcel L. a trouvé sa place dans la capitale. Il donne des cours privés de mathématiques à Moscou et s'exprime parfaitement en russe. "Mais avant d'en arriver là, ça n'a pas été facile", se souvient-il. Trois ans après son premier passage à tabac, Marcel a été attaqué par une bande de jeunes en rangers et vestes militaires. "Ils criaient 'sale nègre ! qu'est-ce que tu fous à Moscou !' et des slogans nationalistes comme 'la Russie pour les Russes'. Ils m'ont cassé quatre dents avant que je réussisse à m'échapper."
A l'époque, "avant l'arrivée de Poutine", précise Marcel, les militants nationalistes traquaient les immigrés jusque dans l'enceinte de l'université. "C'était très oppressant pour nous comme pour les Caucasiens et les personnes originaires d'Asie centrale, Tadjiks, Kirghiz et Kazakhs." Mais depuis 2002, la situation semble s'être quelque peu améliorée. Les chiffres collectés par la MPC montrent une diminution des agressions physiques – 66 % des personnes interrogées disaient avoir été agressées en 2002 – et une nette amélioration dans la perception des rapports avec la police. "C'est encourageant, note Alexandra Tyson, mais la société russe reste extrêmement raciste."
Selon elle, les auteurs des attaques ne sont pas nécessairement des hooligans ou des jeunes gens sous l'emprise de l'alcool. "Contrairement au discours que tiennent les autorités, les passages à tabac sont prémédités et pas forcément le fait de marginaux", dit-elle. Dans la deuxième annexe du rapport, plusieurs témoignages anonymes le confirment : "Les attaques racistes sont très fréquentes, elles peuvent arriver à n'importe quelle heure et dans n'importe quel quartier. (...) Chaque fois que je me trouve avec des Russes, je me fais insulter. Je déteste être noir."
Très actif au sein de la paroisse protestante où il enseigne l'informatique et fait quelques traductions, Marcel L. a trouvé sa place dans la capitale. Il donne des cours privés de mathématiques à Moscou et s'exprime parfaitement en russe. "Mais avant d'en arriver là, ça n'a pas été facile", se souvient-il. Trois ans après son premier passage à tabac, Marcel a été attaqué par une bande de jeunes en rangers et vestes militaires. "Ils criaient 'sale nègre ! qu'est-ce que tu fous à Moscou !' et des slogans nationalistes comme 'la Russie pour les Russes'. Ils m'ont cassé quatre dents avant que je réussisse à m'échapper."
A l'époque, "avant l'arrivée de Poutine", précise Marcel, les militants nationalistes traquaient les immigrés jusque dans l'enceinte de l'université. "C'était très oppressant pour nous comme pour les Caucasiens et les personnes originaires d'Asie centrale, Tadjiks, Kirghiz et Kazakhs." Mais depuis 2002, la situation semble s'être quelque peu améliorée. Les chiffres collectés par la MPC montrent une diminution des agressions physiques – 66 % des personnes interrogées disaient avoir été agressées en 2002 – et une nette amélioration dans la perception des rapports avec la police. "C'est encourageant, note Alexandra Tyson, mais la société russe reste extrêmement raciste."