La nuit du Destin sera célébrée cette année dans la nuit du jeudi 30 juin. Le président du Comité d’organisation, Cheikh Abdou Ahad Gaïndé Fatma, qui nous a accordé un entretien à la résidence Sokhna Maï Mbacké, à Touba, revient sur les grandes questions d’actualité. Le chargé de la communication du grand Magal de Touba parle également du sens du « Leylatul Khadre » pour les mourides, entre autres questions.
Quelle importance revêt le « Leylatul Khadre » chez les mourides ?
Le « Leylatul Khadre » est une importante nuit pour la communauté musulmane, parce que le Saint-Coran est descendu durant cette nuit. Qui connaît les relations que Cheikh Ahmadou Bamba entretenait avec le livre saint ne sera guère étonné de la ferveur de sa célébration par la communauté mouride. Dans un poème resté célèbre, Serigne Touba a écrit : « O Seigneur, par la grâce de ce jour, faites en sorte que mes préoccupations et celles de ma nation soient agréées ». C’est donc une nuit de dévotion et de prières, parce que « meilleure que mille mois » comme le dit le Saint-Coran. Dévouée à son père et fidèle à cette tradition, Sokhna Maïmouna a hissé cette célébration à un niveau très élevé, au point que son nom soit confondu avec elle.
Elle sera célébrée cette année dans la nuit du jeudi 30 juin 2016 à Touba. Au niveau du Comité d’organisation, dont vous êtes le président, est-ce que tout est fin prêt ?
Nous sommes sur la dernière ligne droite. Toute la famille et l’ensemble des talibés en collaboration avec les autorités sont mobilisés pour une organisation parfaite. Nous avons bon espoir qu’avant le jourJ tout sera prêt inchalla.
Comparé à l’année dernière, quelles sont les grandes innovations de l’édition 2016 ?
Les innovations concernent surtout le programme culturel avec une série de conférences retransmises en directe à la télévision pendant une dizaine de jours. Nous aborderons des sujets susceptibles de contribuer à la formation des fidèles et de participer positivement au débat national.
Le « Leylatul Khadre » se tient dans un contexte d’insécurité mondiale où l’islam est souvent pointé du doigt par les Occidentaux…
L’islam est pointé du doigt à tort, parce c’est une religion de paix et de respect. Les exemples foisonnent dans l’histoire et dans le Coran. Le Prophète Mouhammed (Psl), lui-même, lors de son entrée triomphale à la Mecque avait grâcié les Mecquois ; ceux-là même qui l’avaient pourchassé de la ville et spolié de tous les biens des musulmans. Plus près de nous, malgré toutes les injustices et exactions, Cheikh Ahmadou Bamba avait pardonné à tous ceux qui lui avaient fait du mal dès son retour d’exil. Cette prétendue lutte militaire contre le terrorisme est une lutte sélective qui engendre parfois horreur et désolation avec des dégâts collatéraux énormes et des peuples disloqués et décimés. Regardez la Libye, la Syrie, l’Irak, en quoi l’intervention a permis d’éradiquer le phénomène? Bien au contraire, la situation en Libye est la cause du chaos malien et l’insécurité dans le sahel. La solution militaire n’est pas toujours la meilleure. Travailler à une meilleure répartition des richesses, lutter contre les injustices, rétablir la dignité des peuples opprimés (Palestine), lutter contre toutes les formes de discrimination, s’engager dans une politique volontariste de résolution des conflits, réduire le fossé Nord-Sud, mettre fin à cette forme d’exploitation qui prive certains peuples de leurs richesses me semble être une meilleure voie pour l’instauration de la paix et de la concorde dans le monde. Le plus souvent, ce n’est qu’une question de volonté politique et de logiques économiques.
Pensez-vous que Touba garde toujours son influence, si l’on sait que la ville sainte fait partie des localités perdues par le régime en place lors du référendum ?
L’influence de Touba ne se mesure pas à l’aune des victoires ou des défaites des uns et des autres. Il me semble nécessaire de rappeler un certain nombre de principes. La communauté mouride est une communauté religieuse et non un mouvement ou parti politique. A ce titre, sa responsabilité ne saurait être engagée dans des batailles politiques. Le deuxième principe est l’attitude légendaire de Cheikh Ahmadou Bamba, quand on lui demandait de remplacer son père auprès du Damel : «Je ne nourris aucune ambition à l’égard de leurs richesses et ne cherche des honneurs qu’auprès du Seigneur suprême». En tant que communauté, ce principe est jalousement préservé. Maintenant, cela est différent des positions individuelles, légitimes et légales des uns et des autres.
Pour cette raison, je préfère mesurer l’influence de Touba en termes de « daaras » et d’écoles construites, d’apport dans le développement, par la production agricole ou industrielle, de construction de mosquées, d’hôpitaux, de routes, de création de villages, de crises graves résolues, etc. Pour le domaine politique, vous savez mieux que moi que, si le Khalife donne un « Ndigël », la quasi-totalité des mourides vont le suivre à la lettre, et cela fera basculer le vote dans le sens souhaité. Pour bien comprendre cela, il faut connaître les principes qui régissent le mouridisme, car le « Ndigël » du maître spirituel est une condition pour obtenir l’agrément divin. C’est même le titre d’un de nos thèmes dans les conférences. Il est, bien sûr, sous-entendu que le « Ndigël » doit être conforme à l’islam. Compte tenu de son importance et de ses incidences spirituelles, le « Ndigël » doit être explicitement formulé, pour que nul n’en ignore.
A votre avis, qu’est-ce qui justifie l’attitude des populations de Touba, que certains qualifient d’insubordination ?
Les populations de Touba ont la double casquette d’être des talibés fortement imprégnés de valeurs religieuses et des citoyens à l’instar de tous les autres Sénégalais. Si le Khalife ne sollicite pas le talibé, le citoyen prend le dessus avec ses valeurs religieuses et ses convictions politiques. Et c’est exactement ce qui s’est passé lors de ce référendum. Mais, on ne saurait parler d’insubordination vis-à-vis de l’autorité centrale, puisque pour cela, il aurait fallu l’existence d’une consigne explicite du Khalife ; ce qui n’a jamais été le cas.
Un dialogue national a été initié par le chef de l’Etat, Macky Sall. Des chefs religieux de la communauté mouride y ont pris part. Quel est votre avis sur cette question ?
Personnellement, je suis pour le dialogue national. C’est d’ailleurs la position que j’avais exprimée au nom de Serigne Abdou Fatah Gaïndé Fatma, quand le Président était venu à Touba lors du référendum. Bien avant cela, l’écrasante majorité des chefs religieux lui avait demandé d’apaiser la situation. Je pense qu’il est du devoir de tous ceux qui le lui avaient demandé de le soutenir dans cette voie d’apaisement, de dialogue et de concorde.
Pour ceux qui sont contre, c’est de bonne guerre, parce que nous devons nous inquiéter le jour où l’unanimisme prévaudra dans ce pays. Il faut une opposition forte, suffisamment crédible pour constituer une alternative et nous éviter ainsi des aventures sans lendemain et dangereuses.
Que vous inspire l’implication de chefs religieux dans le règlement de la crise scolaire ?
C’est le lieu de les féliciter, Serigne Bass Abdou Khadre et Serigne Abdou Aziz Al Amine qui sont intervenus au nom des Khalifes. Nous pensons que le suivi nécessaire sera effectué pour des solutions pérennes. Ce sont nos soupapes de sécurité qui interviennent en dernier ressort pour éviter les ruptures et les traumatismes. Ils s’inscrivent ainsi dans longue tradition qui date de Cheikh Mouhamadou Moustapha, Serigne Babacar Sy, Thierno Seydou Nourou Tall, Serigne Fallou, Serigne Abdou Aziz, Cheikh Abdoul Ahad et tant d’autres. Pour continuer à jouer ce rôle, nous devons les préserver et ne pas les exposer pour leur permettre de garder la distance nécessaire pour rester suffisamment crédibles. Que Dieu leur prête longue vie et les préserve du blâmable. C’est une chance pour notre pays d’avoir de tels guides religieux.
Le grand Magal édition 2016, c’est dans cinq mois et demi. Que prévoit le Comité d’organisation comme innovation de taille pour rendre plus attrayant ce grand événement religieux ?
Vous cherchez la primeur de l’information, mais des surprises plus attrayantes vous attendent encore. Nous communiquerons là-dessus après la Korité, inchallah.
Le problème d’hébergement et des accréditations se pose chaque année. Qu’est-ce qui est prévu cette année pour alléger un peu la souffrance de certains de vos hôtes ?
Le problème des accréditations est pratiquement résolu. Pour les hébergements, nous continuons la réflexion. Mais, c’est très compliqué, compte tenu du nombre et de l’engouement suscité par le Magal. Nous ferons encore tout notre possible pour atténuer ces problèmes, jusqu’au jour où l’on disposera d’une maison de la presse digne de ce nom.
Source : Populaire
Quelle importance revêt le « Leylatul Khadre » chez les mourides ?
Le « Leylatul Khadre » est une importante nuit pour la communauté musulmane, parce que le Saint-Coran est descendu durant cette nuit. Qui connaît les relations que Cheikh Ahmadou Bamba entretenait avec le livre saint ne sera guère étonné de la ferveur de sa célébration par la communauté mouride. Dans un poème resté célèbre, Serigne Touba a écrit : « O Seigneur, par la grâce de ce jour, faites en sorte que mes préoccupations et celles de ma nation soient agréées ». C’est donc une nuit de dévotion et de prières, parce que « meilleure que mille mois » comme le dit le Saint-Coran. Dévouée à son père et fidèle à cette tradition, Sokhna Maïmouna a hissé cette célébration à un niveau très élevé, au point que son nom soit confondu avec elle.
Elle sera célébrée cette année dans la nuit du jeudi 30 juin 2016 à Touba. Au niveau du Comité d’organisation, dont vous êtes le président, est-ce que tout est fin prêt ?
Nous sommes sur la dernière ligne droite. Toute la famille et l’ensemble des talibés en collaboration avec les autorités sont mobilisés pour une organisation parfaite. Nous avons bon espoir qu’avant le jourJ tout sera prêt inchalla.
Comparé à l’année dernière, quelles sont les grandes innovations de l’édition 2016 ?
Les innovations concernent surtout le programme culturel avec une série de conférences retransmises en directe à la télévision pendant une dizaine de jours. Nous aborderons des sujets susceptibles de contribuer à la formation des fidèles et de participer positivement au débat national.
Le « Leylatul Khadre » se tient dans un contexte d’insécurité mondiale où l’islam est souvent pointé du doigt par les Occidentaux…
L’islam est pointé du doigt à tort, parce c’est une religion de paix et de respect. Les exemples foisonnent dans l’histoire et dans le Coran. Le Prophète Mouhammed (Psl), lui-même, lors de son entrée triomphale à la Mecque avait grâcié les Mecquois ; ceux-là même qui l’avaient pourchassé de la ville et spolié de tous les biens des musulmans. Plus près de nous, malgré toutes les injustices et exactions, Cheikh Ahmadou Bamba avait pardonné à tous ceux qui lui avaient fait du mal dès son retour d’exil. Cette prétendue lutte militaire contre le terrorisme est une lutte sélective qui engendre parfois horreur et désolation avec des dégâts collatéraux énormes et des peuples disloqués et décimés. Regardez la Libye, la Syrie, l’Irak, en quoi l’intervention a permis d’éradiquer le phénomène? Bien au contraire, la situation en Libye est la cause du chaos malien et l’insécurité dans le sahel. La solution militaire n’est pas toujours la meilleure. Travailler à une meilleure répartition des richesses, lutter contre les injustices, rétablir la dignité des peuples opprimés (Palestine), lutter contre toutes les formes de discrimination, s’engager dans une politique volontariste de résolution des conflits, réduire le fossé Nord-Sud, mettre fin à cette forme d’exploitation qui prive certains peuples de leurs richesses me semble être une meilleure voie pour l’instauration de la paix et de la concorde dans le monde. Le plus souvent, ce n’est qu’une question de volonté politique et de logiques économiques.
Pensez-vous que Touba garde toujours son influence, si l’on sait que la ville sainte fait partie des localités perdues par le régime en place lors du référendum ?
L’influence de Touba ne se mesure pas à l’aune des victoires ou des défaites des uns et des autres. Il me semble nécessaire de rappeler un certain nombre de principes. La communauté mouride est une communauté religieuse et non un mouvement ou parti politique. A ce titre, sa responsabilité ne saurait être engagée dans des batailles politiques. Le deuxième principe est l’attitude légendaire de Cheikh Ahmadou Bamba, quand on lui demandait de remplacer son père auprès du Damel : «Je ne nourris aucune ambition à l’égard de leurs richesses et ne cherche des honneurs qu’auprès du Seigneur suprême». En tant que communauté, ce principe est jalousement préservé. Maintenant, cela est différent des positions individuelles, légitimes et légales des uns et des autres.
Pour cette raison, je préfère mesurer l’influence de Touba en termes de « daaras » et d’écoles construites, d’apport dans le développement, par la production agricole ou industrielle, de construction de mosquées, d’hôpitaux, de routes, de création de villages, de crises graves résolues, etc. Pour le domaine politique, vous savez mieux que moi que, si le Khalife donne un « Ndigël », la quasi-totalité des mourides vont le suivre à la lettre, et cela fera basculer le vote dans le sens souhaité. Pour bien comprendre cela, il faut connaître les principes qui régissent le mouridisme, car le « Ndigël » du maître spirituel est une condition pour obtenir l’agrément divin. C’est même le titre d’un de nos thèmes dans les conférences. Il est, bien sûr, sous-entendu que le « Ndigël » doit être conforme à l’islam. Compte tenu de son importance et de ses incidences spirituelles, le « Ndigël » doit être explicitement formulé, pour que nul n’en ignore.
A votre avis, qu’est-ce qui justifie l’attitude des populations de Touba, que certains qualifient d’insubordination ?
Les populations de Touba ont la double casquette d’être des talibés fortement imprégnés de valeurs religieuses et des citoyens à l’instar de tous les autres Sénégalais. Si le Khalife ne sollicite pas le talibé, le citoyen prend le dessus avec ses valeurs religieuses et ses convictions politiques. Et c’est exactement ce qui s’est passé lors de ce référendum. Mais, on ne saurait parler d’insubordination vis-à-vis de l’autorité centrale, puisque pour cela, il aurait fallu l’existence d’une consigne explicite du Khalife ; ce qui n’a jamais été le cas.
Un dialogue national a été initié par le chef de l’Etat, Macky Sall. Des chefs religieux de la communauté mouride y ont pris part. Quel est votre avis sur cette question ?
Personnellement, je suis pour le dialogue national. C’est d’ailleurs la position que j’avais exprimée au nom de Serigne Abdou Fatah Gaïndé Fatma, quand le Président était venu à Touba lors du référendum. Bien avant cela, l’écrasante majorité des chefs religieux lui avait demandé d’apaiser la situation. Je pense qu’il est du devoir de tous ceux qui le lui avaient demandé de le soutenir dans cette voie d’apaisement, de dialogue et de concorde.
Pour ceux qui sont contre, c’est de bonne guerre, parce que nous devons nous inquiéter le jour où l’unanimisme prévaudra dans ce pays. Il faut une opposition forte, suffisamment crédible pour constituer une alternative et nous éviter ainsi des aventures sans lendemain et dangereuses.
Que vous inspire l’implication de chefs religieux dans le règlement de la crise scolaire ?
C’est le lieu de les féliciter, Serigne Bass Abdou Khadre et Serigne Abdou Aziz Al Amine qui sont intervenus au nom des Khalifes. Nous pensons que le suivi nécessaire sera effectué pour des solutions pérennes. Ce sont nos soupapes de sécurité qui interviennent en dernier ressort pour éviter les ruptures et les traumatismes. Ils s’inscrivent ainsi dans longue tradition qui date de Cheikh Mouhamadou Moustapha, Serigne Babacar Sy, Thierno Seydou Nourou Tall, Serigne Fallou, Serigne Abdou Aziz, Cheikh Abdoul Ahad et tant d’autres. Pour continuer à jouer ce rôle, nous devons les préserver et ne pas les exposer pour leur permettre de garder la distance nécessaire pour rester suffisamment crédibles. Que Dieu leur prête longue vie et les préserve du blâmable. C’est une chance pour notre pays d’avoir de tels guides religieux.
Le grand Magal édition 2016, c’est dans cinq mois et demi. Que prévoit le Comité d’organisation comme innovation de taille pour rendre plus attrayant ce grand événement religieux ?
Vous cherchez la primeur de l’information, mais des surprises plus attrayantes vous attendent encore. Nous communiquerons là-dessus après la Korité, inchallah.
Le problème d’hébergement et des accréditations se pose chaque année. Qu’est-ce qui est prévu cette année pour alléger un peu la souffrance de certains de vos hôtes ?
Le problème des accréditations est pratiquement résolu. Pour les hébergements, nous continuons la réflexion. Mais, c’est très compliqué, compte tenu du nombre et de l’engouement suscité par le Magal. Nous ferons encore tout notre possible pour atténuer ces problèmes, jusqu’au jour où l’on disposera d’une maison de la presse digne de ce nom.
Source : Populaire