SlateAfrique: Pourquoi avez-vous décidé de vous enchaîner aux grilles de l’Assemblée nationale?
C.B.D.: J’ai constaté dans la matinée du 20 juin qu’il y avait une procédure d’urgence à l’Assemblée nationale pour faire adopter le projet de loi. J’ai écouté une quinzaine de députés de la majorité (Parti démocratique du Sénégal, PDS) et j’ai constaté que malgré les protestations éparses, ils étaient résolus à faire adopter le projet de loi. Je me suis dit que le temps que les politiques réagissent, fassent passer le message, que la pression s’exerce à travers le système maraboutique, la société civile et tout ce beau monde, il serait trop tard. Je me suis enchaîné pour frapper les esprits, faire réfléchir, et pour dire que si nous laissions faire, c’était la fin de la démocratie au Sénégal.
SlateAfrique: Le mouvement du 23 juin représente-t-il un tournant historique?
C.B.D.: Du jamais vu au Sénégal! Mais il n’est que la résultante de l’ensemble des frustrations encaissées pendant le règne d’Abdoulaye Wade. Il ne faut pas oublier qu’on ne demande pas son départ immédiat, mais simplement de ne pas se représenter en 2012. Les Sénégalais ont décidé d’imposer au président leur lecture de la Constitution. Ils se sont proclamés garants de leur Constitution.
SlateAfrique: La démocratie sénégalaise reste-t-elle exemplaire?
C.B.D.: Dans l’esprit des citoyens, c’est une démocratie extraordinaire! Au niveau de l’Etat, il n’y a plus du tout de démocratie. L’objectif consiste même à dévoyer la démocratie pour des intérêts personnels.
SlateAfrique: Quel rôle les chefs religieux ont-ils joué dans le retrait du projet de loi?
C.B.D.: C’est la rue et seulement la rue qui a fait plier Wade. Pour ne pas perdre la face, il va dire que les marabouts l’ont appelé. Ce n’est qu’un alibi, nous le savons tous. Si les chefs religieux avaient eu prise sur lui, il aurait renoncé depuis longtemps à faire passer ce projet. Il a d’abord annoncé un changement dans l’après-midi du 23 juin, en faisant passer la majorité de 25% à 50% des voix, tout en maintenant le ticket présidentiel. La pression de la rue a continué. Il n’avait pas le choix que de retirer l’intégralité du projet de loi.
SlateAfrique: Faut-il voir un effet du printemps arabe dans cette mobilisation?
C.B.D.: Il y a surtout un ras-le-bol général des pays sous-développés par rapport à leurs régimes, qui se cachent sous des voiles de démocratie pour faire peser des chappes de plomb à l’intérieur… Rappelons cependant qu’au Sénégal, nous avions une démocratie effective, avec une alternance réussie en 2000. La démocratie a été victime d’un individu, Abdoulaye Wade. Les Sénégalais sont très intelligents, il ne faut pas les prendre pour des idiots. Ils ne sont pas prêts à laisser une autorité quelconque se payer leur tête. Le projet de loi a été écrit en français, pas en chinois, et les Sénégalais ont bien vu que Wade voulait se faire élire avec l’électorat dont il dispose, 25 %, tout en trouvant un moyen de désigner son successeur. Il se trouve que nous ne sommes pas dans une monarchie, mais au XXIe siècle!
C.B.D.: J’ai constaté dans la matinée du 20 juin qu’il y avait une procédure d’urgence à l’Assemblée nationale pour faire adopter le projet de loi. J’ai écouté une quinzaine de députés de la majorité (Parti démocratique du Sénégal, PDS) et j’ai constaté que malgré les protestations éparses, ils étaient résolus à faire adopter le projet de loi. Je me suis dit que le temps que les politiques réagissent, fassent passer le message, que la pression s’exerce à travers le système maraboutique, la société civile et tout ce beau monde, il serait trop tard. Je me suis enchaîné pour frapper les esprits, faire réfléchir, et pour dire que si nous laissions faire, c’était la fin de la démocratie au Sénégal.
SlateAfrique: Le mouvement du 23 juin représente-t-il un tournant historique?
C.B.D.: Du jamais vu au Sénégal! Mais il n’est que la résultante de l’ensemble des frustrations encaissées pendant le règne d’Abdoulaye Wade. Il ne faut pas oublier qu’on ne demande pas son départ immédiat, mais simplement de ne pas se représenter en 2012. Les Sénégalais ont décidé d’imposer au président leur lecture de la Constitution. Ils se sont proclamés garants de leur Constitution.
SlateAfrique: La démocratie sénégalaise reste-t-elle exemplaire?
C.B.D.: Dans l’esprit des citoyens, c’est une démocratie extraordinaire! Au niveau de l’Etat, il n’y a plus du tout de démocratie. L’objectif consiste même à dévoyer la démocratie pour des intérêts personnels.
SlateAfrique: Quel rôle les chefs religieux ont-ils joué dans le retrait du projet de loi?
C.B.D.: C’est la rue et seulement la rue qui a fait plier Wade. Pour ne pas perdre la face, il va dire que les marabouts l’ont appelé. Ce n’est qu’un alibi, nous le savons tous. Si les chefs religieux avaient eu prise sur lui, il aurait renoncé depuis longtemps à faire passer ce projet. Il a d’abord annoncé un changement dans l’après-midi du 23 juin, en faisant passer la majorité de 25% à 50% des voix, tout en maintenant le ticket présidentiel. La pression de la rue a continué. Il n’avait pas le choix que de retirer l’intégralité du projet de loi.
SlateAfrique: Faut-il voir un effet du printemps arabe dans cette mobilisation?
C.B.D.: Il y a surtout un ras-le-bol général des pays sous-développés par rapport à leurs régimes, qui se cachent sous des voiles de démocratie pour faire peser des chappes de plomb à l’intérieur… Rappelons cependant qu’au Sénégal, nous avions une démocratie effective, avec une alternance réussie en 2000. La démocratie a été victime d’un individu, Abdoulaye Wade. Les Sénégalais sont très intelligents, il ne faut pas les prendre pour des idiots. Ils ne sont pas prêts à laisser une autorité quelconque se payer leur tête. Le projet de loi a été écrit en français, pas en chinois, et les Sénégalais ont bien vu que Wade voulait se faire élire avec l’électorat dont il dispose, 25 %, tout en trouvant un moyen de désigner son successeur. Il se trouve que nous ne sommes pas dans une monarchie, mais au XXIe siècle!