"Serigne Mansour Sy Borom Darra J c'était mon ami, mon marabout. Il m'avait donné une faveur. Je pouvais le voir quand je le souhaitais. Il me faisait souvent des cadeaux soit en espèce ou me donnait du ciment quand je construisais ma maison. Il me disait: "Cheikh viens, ta maison ne sera jamais terminée parce que tout ce que je donne comme argent, tu le bouffes, mais là, je vais te donner quatre tonnes de ciment". Il était un père, un ami. Il avait le sens de l'humour et il arrivait qu'on partage son dîner. Et je vous dis, on ne s'ennuyait pas avec lui (...) Un jour je suis allé le voir, à Dakar, il a dit à son "beuk nèeg"(chambellan) de me dire de l'attendre. C'est que j'ai fait jusqu'après minuit. Quand il m'a reçu seul dans sa chambre, il m'a demandé si j'allais rentrer à Thiès cette nuit-là. Quand je lui ai répondu par l'affirmative, il m'a dit: "Je vais te chercher une femme tout de suite". Je lui ai dit: "Mais papa, ma maison n'est pas terminée". Il me dit: "Donc à la place d'une femme il te faut des tonnes de ciment". Ce jour-là, il m'a offert deux tonnes de ciment. Et je sais que si je n'avais pas dit non il allait me donner une épouse car il commençait déjà à y réfléchir (...) A son décès, alors que je sortais juste du mausolée où j'ai été me recueillir, j'ai rentré un journaliste de la Rts qui m'a interrogé. Je lui ai dit qu'on a perdu un maître, un homme généreux de son enseignement, mais aussi de ce que Dieu lui a donné comme Cfa. Ironie du sort, ce jour-là le boubou que je portais m'avait été offert par le défunt Khalife. C'est un joli cadeau que je garde jalousement dans mon armoire. Un jour il m'a dit: "Hé toi, j'ai regardé une de tes pièces, je t'ai vu avec un grand thiaya. Cey Cheikh il faut cesser de danser et occupe toi de mes dahiras". On se marrait beaucoup avec lui. Je le lui disais: "Mais papa, c'est toi qui as prié pour moi, on ne me connaissait pas, mais grâce à tes bénédictions, je suis devenu célèbre". Il me dit: "ah oui, tu as raison, j'ai prié pour toi".