L’histoire retient qu’un jour, un disciple de Ahmadou Bamba, accompagné de son meilleur ami, est venu rendre visite au Cheikh dans sa demeure à Diourbel. Au terme des salutations d’usage, le disciple présenta son ami au Cheikh qui lui demanda quel métier il exerçait.
Il répondit avec fierté qu’il était un lutteur attitré et célèbre qui aurait terrassé tous les jeunes de sa génération. «Bien», dit le marabout. Ainsi, débuta une longue journée de causeries ponctuées de prières. Au terme du séjour, le cheikh prit le soin de raccompagner ses hôtes. Arrivé à hauteur des cimetières, il s’arrêta et demanda à l’ami de son disciple de lui rappeler ce qu’il faisait comme métier.
Très fier d’avoir attiré l’attention du marabout, il bomba le torse et répondit tout de go : «Je suis un lutteur, Mbacké, et j’ai terrassé tous les lutteurs de ma contrée». Ahmadou Bamba le toisa du regard et lui posa cette question: «Mais que penses–tu donc de ce grand lutteur, invincible aussi, qui a terrassé tous ceux qui peuplent cette cimetière ?»…
Terrifié par la profondeur de la question, il balbutia et jeta un regard désespéré à son ami qui se précipita de tendre les mains pour la prière d’adieu. Hélas, même arrivé chez lui, les mots du Cheikh résonnaient encore dans la tête du célèbre lutteur. Les jours passèrent et tout son esprit resta accroché à la question.
Finalement, il décida de s’exiler pour apprendre le coran avec foi, avant de s’initier aux connaissances théologiques de toutes sortes. De retour de son long voyage, il consacra tout son temps à Dieu et se mit à enseigner le coran au gens de son village. Ses compatriotes finirent par lui vouer un grand respect, tellement ses enseignements et ses propos étaient conformes à ses actes.
Vertu ambulante de par son comportement, le célèbre lutteur du passé a fini par être l’une des lanternes de son époque, et les gens accouraient de partout pour le voir, l’écouter et jouir de ses enseignements et de ses prières. Il ne remettait ni de la poudre, ni des colas, encore moins des tisanes ou des écorces d’arbre à ses visiteurs.
Rien que des versets, rien que des prières qu’il formulait avant d’asperger sur les mains tendues de ses hôtes, de fines gouttelettes de salive, comme le faisait le fils de Marie dans les artères de Jérusalem ou le fils de Aminata sur les dunes de l’Arabie. Et point de richesse ! Il vécut dans sa seule demeure et servait de relais seulement par rapport à la fortune et les biens matériels que les gens lui apportaient de leur plein gré en guise de reconnaissance, pour avoir vu ses prières qui se concrétisaient.
Cette fortune, il la redistribuait aux nécessiteux et cultivait ses champs pour vivre et subvenir aux besoins de sa progéniture. Plus tard, l’ancien lutteur décida de retourner voir le Cheikh pour qui son amour n’a cessé de grandir. Satisfait du fruit de sa «fameuse question», Ahmadou Bamba sourit longuement, tendit les mains vers le ciel pour glorifier son Seigneur et éleva son hôte au grade de «Cheikh» (un simple guide sur le droit chemin). C’est parce qu’il était persuadé que le célèbre lutteur est apte désormais à se balader sans crainte dans l’écurie de ce grand lutteur ayant terrassé le peuple des cimetières !
Le récit est, sans doute long, mais la douleur qui l’a couvé est plus longue encore. Hélas, notre cœur saigne et notre mal est en passe d’être naturel. Mal de voir cette pléthore de «Tartuffes» et soi-disant «Cheikh» qui poussent de nulle part comme des champignons et qui n’ont cure de s’enquérir des recommandations de Dieu ou de sa religion. Las de voir ces marabouts modernes, véritables viveurs, jouisseurs et libertins à outrance, revendiquer malgré tout leur statut de guides religieux.
Ils ignorent tout des livres sacrés et maîtrisent par cœur le nom des bons vins. Ils méditent dans le luxe de leurs palais et voitures dernier cri, se glorifient du nombre de femmes (souvent au-delà de six) dans leur besace. Ils courtisent tout pouvoir politique en place et conspirent pour leurs intérêts nombrilistes en se servant du peuple comme couverture. Que leurs cœurs sont creux et pleins d’ordures !
Abusant de la naïveté et de l’ignorance criarde de leurs prétendus disciples qui leur servent aussi de bétail électoral, ils tiennent tout un peuple en otage, un terrorisme pire que celui auquel se livre l’Etat Islamique. Mais la sentence reste claire, pérenne et sans équivoque. Il y a parmi les prieurs du jour et de la nuit, aussi il y a parmi ces savants ou islamologues, qui seront réclamés par le feu de l’enfer. Leur tort ? Etre indifférents à la colère de Dieu !
El Bachir THIAM senenews.com
Il répondit avec fierté qu’il était un lutteur attitré et célèbre qui aurait terrassé tous les jeunes de sa génération. «Bien», dit le marabout. Ainsi, débuta une longue journée de causeries ponctuées de prières. Au terme du séjour, le cheikh prit le soin de raccompagner ses hôtes. Arrivé à hauteur des cimetières, il s’arrêta et demanda à l’ami de son disciple de lui rappeler ce qu’il faisait comme métier.
Très fier d’avoir attiré l’attention du marabout, il bomba le torse et répondit tout de go : «Je suis un lutteur, Mbacké, et j’ai terrassé tous les lutteurs de ma contrée». Ahmadou Bamba le toisa du regard et lui posa cette question: «Mais que penses–tu donc de ce grand lutteur, invincible aussi, qui a terrassé tous ceux qui peuplent cette cimetière ?»…
Terrifié par la profondeur de la question, il balbutia et jeta un regard désespéré à son ami qui se précipita de tendre les mains pour la prière d’adieu. Hélas, même arrivé chez lui, les mots du Cheikh résonnaient encore dans la tête du célèbre lutteur. Les jours passèrent et tout son esprit resta accroché à la question.
Finalement, il décida de s’exiler pour apprendre le coran avec foi, avant de s’initier aux connaissances théologiques de toutes sortes. De retour de son long voyage, il consacra tout son temps à Dieu et se mit à enseigner le coran au gens de son village. Ses compatriotes finirent par lui vouer un grand respect, tellement ses enseignements et ses propos étaient conformes à ses actes.
Vertu ambulante de par son comportement, le célèbre lutteur du passé a fini par être l’une des lanternes de son époque, et les gens accouraient de partout pour le voir, l’écouter et jouir de ses enseignements et de ses prières. Il ne remettait ni de la poudre, ni des colas, encore moins des tisanes ou des écorces d’arbre à ses visiteurs.
Rien que des versets, rien que des prières qu’il formulait avant d’asperger sur les mains tendues de ses hôtes, de fines gouttelettes de salive, comme le faisait le fils de Marie dans les artères de Jérusalem ou le fils de Aminata sur les dunes de l’Arabie. Et point de richesse ! Il vécut dans sa seule demeure et servait de relais seulement par rapport à la fortune et les biens matériels que les gens lui apportaient de leur plein gré en guise de reconnaissance, pour avoir vu ses prières qui se concrétisaient.
Cette fortune, il la redistribuait aux nécessiteux et cultivait ses champs pour vivre et subvenir aux besoins de sa progéniture. Plus tard, l’ancien lutteur décida de retourner voir le Cheikh pour qui son amour n’a cessé de grandir. Satisfait du fruit de sa «fameuse question», Ahmadou Bamba sourit longuement, tendit les mains vers le ciel pour glorifier son Seigneur et éleva son hôte au grade de «Cheikh» (un simple guide sur le droit chemin). C’est parce qu’il était persuadé que le célèbre lutteur est apte désormais à se balader sans crainte dans l’écurie de ce grand lutteur ayant terrassé le peuple des cimetières !
Le récit est, sans doute long, mais la douleur qui l’a couvé est plus longue encore. Hélas, notre cœur saigne et notre mal est en passe d’être naturel. Mal de voir cette pléthore de «Tartuffes» et soi-disant «Cheikh» qui poussent de nulle part comme des champignons et qui n’ont cure de s’enquérir des recommandations de Dieu ou de sa religion. Las de voir ces marabouts modernes, véritables viveurs, jouisseurs et libertins à outrance, revendiquer malgré tout leur statut de guides religieux.
Ils ignorent tout des livres sacrés et maîtrisent par cœur le nom des bons vins. Ils méditent dans le luxe de leurs palais et voitures dernier cri, se glorifient du nombre de femmes (souvent au-delà de six) dans leur besace. Ils courtisent tout pouvoir politique en place et conspirent pour leurs intérêts nombrilistes en se servant du peuple comme couverture. Que leurs cœurs sont creux et pleins d’ordures !
Abusant de la naïveté et de l’ignorance criarde de leurs prétendus disciples qui leur servent aussi de bétail électoral, ils tiennent tout un peuple en otage, un terrorisme pire que celui auquel se livre l’Etat Islamique. Mais la sentence reste claire, pérenne et sans équivoque. Il y a parmi les prieurs du jour et de la nuit, aussi il y a parmi ces savants ou islamologues, qui seront réclamés par le feu de l’enfer. Leur tort ? Etre indifférents à la colère de Dieu !
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