De tous les pays africains, le Sénégal est sans doute celui qui détient la médaille d’or des grèves. Le CUSEMS qui en est à son 17eme plan d’action en est une illustration parfaite.
Les grèves prennent de plus en plus une tournure à la limite anarchique dans le privé mais surtout dans le public. Cependant, nul secteur ne peut tenir la comparaison face à l’Education, champ hyper fécond des perturbations de tous genres. Qu’est- ce qui est à l’origine de cette situation? Les causes sont à chercher aussi bien du côté des dirigeants et que du côté des grévistes.
Le principal responsable de la situation chaotique que connaissent certains secteurs est le patronat dans le privé, l’Etat dans le public. Combien de travailleurs du secteur privé restent sans salaire pendant des mois au moment où leurs directeurs se la coulent douce avec leur famille. Toutes les démarches auprès des inspections du travail et des tribunaux s’estompent dans une impasse plus ou moins complice.
Notre objectif, à travers ces lignes n’est pas de faire un diagnostic profond de la grève dans le monde du travail au Sénégal, mais d’analyser le phénomène dans l’enseignement public. On ne peut s’empêcher de noter que le régime sortant est la principale source des nombreux mouvements de mécontentement que connaît le système. En effet, le pouvoir de Wade, en érigeant la ruse et la discrimination en méthode de gouvernement n’a réussi qu’à retarder l’explosion tout en augmentant sa puissance. Wade avait fait sien l’adage Wolof qui dit « Waaw du booyi lex », traduisez « Dire oui n’érafle pas les joues ».
En effet, le gouvernement, pour apaiser le climat qui prévalait dans le milieu scolaire et universitaire a pris des engagements qu’il se savait incapable d’honorer. En élargissant de façon illogique et irresponsable l’éventail des salaires de la fonction publique, Wade a ouvert la boîte de Pandore qui sera très difficile à fermer. Les agents de même catégorie ne peuvent pas supporter des discriminations trop criardes. Pourquoi l’Inspection Générale d’Etat est- elle largement favorisée par rapport à la Cour des Comptes organe de contrôle au même titre que la première. Pourquoi des fonctionnaires de la même hiérarchie ont des écarts de salaire allant du double au triple voire plus ? Qu’est-ce qui explique qu’un bac + 8 ou plus gagne beaucoup moins qu’un bac + 4 ou + 6 ? Certes chaque emploi a sa spécificité mais elle ne suffit pas pour expliquer rationnellement certaines inégalités dans le traitement des agents de ’Etat l.
En se comparant aux autres fonctionnaires, les enseignants se voient naturellement lésés d’autant plus que le régime de Wade a installé de façon profonde la logique de partage dans les mœurs au détriment de la logique de production. Mais cela est-il une raison pour mener le système droit au mur ? Je ne le crois pas. Et les propos d’un enseignant syndicaliste qui disait à travers les ondes qu’ils ne sont pas responsables et qu’ils ont la conscience tranquille qu’il y ait une année blanche ou plusieurs ne me semble pas partagés. Ce ne sont pas les propos d’une personne qui a une conscience tranquille mais plutôt d’une conscience éteinte. On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs nous rétorqueront ceux qui perdent de vue que l’enseignants a pour mission de couver les œufs pour leur éclosion
Il ne serait non plus juste de demander aux enseignants de se sacrifier de façon déraisonnable parce qu’ils ont entre leurs mains l’avenir de ce pays, mais il leur faut aussi savoir raison garder. La légitimité de leurs revendications ne les autorise pas à faire des élèves l’agneau du sacrifice.
Les propos de feu Sémou Pathé GUEYE résonnent encore dans mes oreilles. Chaque fois que le Syndicat Unique et Démocratique des Enseignants du Sénégal (SUDES) s’apprêter à aller en grève, il nous disait ceci « Camarades, ne perdons pas de vue que nous avons les enfants du peuple entre nos mains. Ceux d’en face (le pouvoir) ont les leurs à l’étranger ou dans le privé ». En effet, les grands perdants de la situation sont les enfants des citoyens ordinaires qui n’ont pas beaucoup de moyens et qui ne s’approprient pas les enjeux de la situation. Si leur niveau de conscience était aussi élevé qu’il devait l’être, ils se seraient tous impliqués pour qu’une solution soit trouvée. La question est aussi fondamentale sinon plus que la candidature contestée de Wade ou les élections présidentielles passées qui ont mobilisé tous les pans de la société.
Feu Mame Abdou Dabakh disait que celui qui demande l’impossible ne veut pas la paix tout comme celui qui refuse le possible. C’est sur cette base que doit se nouer un dialogue franc et sincère autour de la question.
Pour mettre de l’ordre dans le système de l’Education comme dans les autres secteurs d’activité, le Sénégal a besoin d’un régime qui a de l’autorité sans être autoritaire, ferme sans être fermé. Un tel pouvoir est juste, respectueux de ses engagements, ouvert au dialogue mais rigoureux dans les principes. Le Sénégal est probablement le seul pays au monde où les gens semblent payés pour faire la grève. Il est inconcevable que des agents de l’Etat, même s’ils bénéficient de notre sympathie et de notre compréhension observent 5 mois de grève tout en étant les premiers dans les banques pour retirer leur salaire. La loi reconnaît certes le droit de grève mais aussi le devoir de l’Etat à ne pas payer les jours de grève. Tant que ce, principe ne sera pas appliqué sous prétexte de « Masla » (apaisement), la grève a de beaux jour devant elle.
Plus tard, il sera trop tard. Il est plus que temps de reprendre les cours car cette année scolaire et universitaire est définitivement calamiteuse. Il ne reste qu’à sauver les meubles ce qui est un moindre mal.
Abdoulaye LO
Dakar
Les grèves prennent de plus en plus une tournure à la limite anarchique dans le privé mais surtout dans le public. Cependant, nul secteur ne peut tenir la comparaison face à l’Education, champ hyper fécond des perturbations de tous genres. Qu’est- ce qui est à l’origine de cette situation? Les causes sont à chercher aussi bien du côté des dirigeants et que du côté des grévistes.
Le principal responsable de la situation chaotique que connaissent certains secteurs est le patronat dans le privé, l’Etat dans le public. Combien de travailleurs du secteur privé restent sans salaire pendant des mois au moment où leurs directeurs se la coulent douce avec leur famille. Toutes les démarches auprès des inspections du travail et des tribunaux s’estompent dans une impasse plus ou moins complice.
Notre objectif, à travers ces lignes n’est pas de faire un diagnostic profond de la grève dans le monde du travail au Sénégal, mais d’analyser le phénomène dans l’enseignement public. On ne peut s’empêcher de noter que le régime sortant est la principale source des nombreux mouvements de mécontentement que connaît le système. En effet, le pouvoir de Wade, en érigeant la ruse et la discrimination en méthode de gouvernement n’a réussi qu’à retarder l’explosion tout en augmentant sa puissance. Wade avait fait sien l’adage Wolof qui dit « Waaw du booyi lex », traduisez « Dire oui n’érafle pas les joues ».
En effet, le gouvernement, pour apaiser le climat qui prévalait dans le milieu scolaire et universitaire a pris des engagements qu’il se savait incapable d’honorer. En élargissant de façon illogique et irresponsable l’éventail des salaires de la fonction publique, Wade a ouvert la boîte de Pandore qui sera très difficile à fermer. Les agents de même catégorie ne peuvent pas supporter des discriminations trop criardes. Pourquoi l’Inspection Générale d’Etat est- elle largement favorisée par rapport à la Cour des Comptes organe de contrôle au même titre que la première. Pourquoi des fonctionnaires de la même hiérarchie ont des écarts de salaire allant du double au triple voire plus ? Qu’est-ce qui explique qu’un bac + 8 ou plus gagne beaucoup moins qu’un bac + 4 ou + 6 ? Certes chaque emploi a sa spécificité mais elle ne suffit pas pour expliquer rationnellement certaines inégalités dans le traitement des agents de ’Etat l.
En se comparant aux autres fonctionnaires, les enseignants se voient naturellement lésés d’autant plus que le régime de Wade a installé de façon profonde la logique de partage dans les mœurs au détriment de la logique de production. Mais cela est-il une raison pour mener le système droit au mur ? Je ne le crois pas. Et les propos d’un enseignant syndicaliste qui disait à travers les ondes qu’ils ne sont pas responsables et qu’ils ont la conscience tranquille qu’il y ait une année blanche ou plusieurs ne me semble pas partagés. Ce ne sont pas les propos d’une personne qui a une conscience tranquille mais plutôt d’une conscience éteinte. On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs nous rétorqueront ceux qui perdent de vue que l’enseignants a pour mission de couver les œufs pour leur éclosion
Il ne serait non plus juste de demander aux enseignants de se sacrifier de façon déraisonnable parce qu’ils ont entre leurs mains l’avenir de ce pays, mais il leur faut aussi savoir raison garder. La légitimité de leurs revendications ne les autorise pas à faire des élèves l’agneau du sacrifice.
Les propos de feu Sémou Pathé GUEYE résonnent encore dans mes oreilles. Chaque fois que le Syndicat Unique et Démocratique des Enseignants du Sénégal (SUDES) s’apprêter à aller en grève, il nous disait ceci « Camarades, ne perdons pas de vue que nous avons les enfants du peuple entre nos mains. Ceux d’en face (le pouvoir) ont les leurs à l’étranger ou dans le privé ». En effet, les grands perdants de la situation sont les enfants des citoyens ordinaires qui n’ont pas beaucoup de moyens et qui ne s’approprient pas les enjeux de la situation. Si leur niveau de conscience était aussi élevé qu’il devait l’être, ils se seraient tous impliqués pour qu’une solution soit trouvée. La question est aussi fondamentale sinon plus que la candidature contestée de Wade ou les élections présidentielles passées qui ont mobilisé tous les pans de la société.
Feu Mame Abdou Dabakh disait que celui qui demande l’impossible ne veut pas la paix tout comme celui qui refuse le possible. C’est sur cette base que doit se nouer un dialogue franc et sincère autour de la question.
Pour mettre de l’ordre dans le système de l’Education comme dans les autres secteurs d’activité, le Sénégal a besoin d’un régime qui a de l’autorité sans être autoritaire, ferme sans être fermé. Un tel pouvoir est juste, respectueux de ses engagements, ouvert au dialogue mais rigoureux dans les principes. Le Sénégal est probablement le seul pays au monde où les gens semblent payés pour faire la grève. Il est inconcevable que des agents de l’Etat, même s’ils bénéficient de notre sympathie et de notre compréhension observent 5 mois de grève tout en étant les premiers dans les banques pour retirer leur salaire. La loi reconnaît certes le droit de grève mais aussi le devoir de l’Etat à ne pas payer les jours de grève. Tant que ce, principe ne sera pas appliqué sous prétexte de « Masla » (apaisement), la grève a de beaux jour devant elle.
Plus tard, il sera trop tard. Il est plus que temps de reprendre les cours car cette année scolaire et universitaire est définitivement calamiteuse. Il ne reste qu’à sauver les meubles ce qui est un moindre mal.
Abdoulaye LO
Dakar