De notre correspondant à Pékin
Après des mois de spéculations, le couperet est tombé sur Bo Xilai. Le dirigeant en disgrâce est exclu du Parti communiste chinois (PCC). Et, surtout, il sera poursuivi pénalement et traduit en justice, accusé de multiples crimes.
L'annonce a été faite vendredi, après une réunion au sommet du politburo. Elle ouvre un nouvel épisode dans ce qui est la plus grande tempête politique chinoise depuis deux décennies.
Le dossier de Bo Xilai est lourd, très lourd, encore plus que l'on pouvait l'imaginer. Selon l'agence officielle Chine Nouvelle, il est coupable d'avoir «commis de graves erreurs et abusé de son pouvoir dans l'affaire d'homicide volontaire concernant Wang Lijun (son ancien policier en chef, Ndlr) et Gu Kailai (son épouse), pour laquelle il porte une lourde responsabilité».
Il semble donc qu'on lui reproche, au minimum, d'avoir couvert le crime du Britannique Neil Heywood. Voire plus. Pour ce meurtre, Gu Kailai a, au mois d'août, été condamnée à mort avec sursis, ce qui revient à la perpétuité. Wang, le «superflic» sans scrupules, lui, vient d'écoper de 15 années de prison, peine allégée en raison des informations fournies sur son ancien patron.
Des informations du Français Patrick Devillers?
Mais l'ancien chef du Parti de Chongqing est également accusé d'abus de pouvoir, de corruption «massive», de relations sexuelles «déplacées» avec de nombreuses femmes. Tous ces agissements de Bo Xilai ont «énormément nui à la réputation du Parti et de l'État, avec des répercussions extrêmement négatives en Chine comme à l'étranger», affirme un communiqué du PCC.
De plus, ses accusateurs font remonter ces «graves violations à la discipline» à des périodes antérieures, quand il était en poste à Dalian et dans le Liaoning, et même ministre du Commerce. Il a ainsi «reçu directement et indirectement d'énormes pots-de-vin». Sur le volet Dalian, on peut penser que l'architecte français Patrick Devillers a donné des éléments. Cet ancien ami de Gu Kailai et du couple avait été arrêté au Cambodge, sur demande de Pékin. Il est revenu cet été en Chine, avec l'assurance de ne pas être inquiété en échange d'un fructueux «débriefing».
La semaine dernière, Pékin avait préparé le terrain à l'option du procès, en révélant que Wang Lijun avait prévenu du crime de Heywood le patron de la ville. Celui-ci lui aurait intimé le silence, allant même jusqu'à le gifler.
Malgré cela, les observateurs se demandaient jusqu'où iraient les dirigeants chinois pour traiter ce cas si sensible. Certains estimaient qu'ils pourraient éviter les poursuites pénales, voire l'exclusion du Parti, en se contentant de sa simple disparition de la scène publique, sans autre punition. Il leur fallait en effet prendre en compte la popularité inhabituelle de Bo Xilai, premier dirigeant chinois à avoir tenté de se doter d'une légitimité populaire.
Lors des dernières manifestations antijaponaises à Pékin, à côté des portraits de Mao, des banderoles portaient son nom. Et l'homme avait ses soutiens dans les allées du pouvoir, même si l'on voit mal qui irait aujourd'hui se faire «tuer» politiquement pour lui.
On sait maintenant que les actuels décideurs ont décidé de frapper fort, en réussissant à obtenir un consensus sur la punition. Il reste à voir si l'inculpation formelle et le procès peuvent avoir lieu avant le Congrès, qui se tiendra dans six semaines. Afin de clore cette sombre affaire et passer à la Chine de demain.
Par Arnaud de La Grange
Après des mois de spéculations, le couperet est tombé sur Bo Xilai. Le dirigeant en disgrâce est exclu du Parti communiste chinois (PCC). Et, surtout, il sera poursuivi pénalement et traduit en justice, accusé de multiples crimes.
L'annonce a été faite vendredi, après une réunion au sommet du politburo. Elle ouvre un nouvel épisode dans ce qui est la plus grande tempête politique chinoise depuis deux décennies.
Le dossier de Bo Xilai est lourd, très lourd, encore plus que l'on pouvait l'imaginer. Selon l'agence officielle Chine Nouvelle, il est coupable d'avoir «commis de graves erreurs et abusé de son pouvoir dans l'affaire d'homicide volontaire concernant Wang Lijun (son ancien policier en chef, Ndlr) et Gu Kailai (son épouse), pour laquelle il porte une lourde responsabilité».
Il semble donc qu'on lui reproche, au minimum, d'avoir couvert le crime du Britannique Neil Heywood. Voire plus. Pour ce meurtre, Gu Kailai a, au mois d'août, été condamnée à mort avec sursis, ce qui revient à la perpétuité. Wang, le «superflic» sans scrupules, lui, vient d'écoper de 15 années de prison, peine allégée en raison des informations fournies sur son ancien patron.
Des informations du Français Patrick Devillers?
Mais l'ancien chef du Parti de Chongqing est également accusé d'abus de pouvoir, de corruption «massive», de relations sexuelles «déplacées» avec de nombreuses femmes. Tous ces agissements de Bo Xilai ont «énormément nui à la réputation du Parti et de l'État, avec des répercussions extrêmement négatives en Chine comme à l'étranger», affirme un communiqué du PCC.
De plus, ses accusateurs font remonter ces «graves violations à la discipline» à des périodes antérieures, quand il était en poste à Dalian et dans le Liaoning, et même ministre du Commerce. Il a ainsi «reçu directement et indirectement d'énormes pots-de-vin». Sur le volet Dalian, on peut penser que l'architecte français Patrick Devillers a donné des éléments. Cet ancien ami de Gu Kailai et du couple avait été arrêté au Cambodge, sur demande de Pékin. Il est revenu cet été en Chine, avec l'assurance de ne pas être inquiété en échange d'un fructueux «débriefing».
La semaine dernière, Pékin avait préparé le terrain à l'option du procès, en révélant que Wang Lijun avait prévenu du crime de Heywood le patron de la ville. Celui-ci lui aurait intimé le silence, allant même jusqu'à le gifler.
Malgré cela, les observateurs se demandaient jusqu'où iraient les dirigeants chinois pour traiter ce cas si sensible. Certains estimaient qu'ils pourraient éviter les poursuites pénales, voire l'exclusion du Parti, en se contentant de sa simple disparition de la scène publique, sans autre punition. Il leur fallait en effet prendre en compte la popularité inhabituelle de Bo Xilai, premier dirigeant chinois à avoir tenté de se doter d'une légitimité populaire.
Lors des dernières manifestations antijaponaises à Pékin, à côté des portraits de Mao, des banderoles portaient son nom. Et l'homme avait ses soutiens dans les allées du pouvoir, même si l'on voit mal qui irait aujourd'hui se faire «tuer» politiquement pour lui.
On sait maintenant que les actuels décideurs ont décidé de frapper fort, en réussissant à obtenir un consensus sur la punition. Il reste à voir si l'inculpation formelle et le procès peuvent avoir lieu avant le Congrès, qui se tiendra dans six semaines. Afin de clore cette sombre affaire et passer à la Chine de demain.
Par Arnaud de La Grange