John Christopher Stevens, l'ambassadeur américain en Libye, est mort dans la ville qu'il avait contribué à sauver, comme l'a rappelé le président Obama. En avril 2011, quatre mois avant la chute de Tripoli, il débarque à Benghazi sur un cargo grec, à la tête d'un petit groupe de diplomates et d'agents de sécurité. Alors envoyé spécial auprès de la rébellion, il installe ses bureaux dans un petit hôtel au bord de la mer. Il connaissait bien le pays. Numéro deux de l'ambassade au temps de Kadhafi, il avait parcouru la Libye et noué des liens, sous la tente, avec les habitants et les chefs de tribus.
Les hommes l'intéressaient au moins autant que les tractations diplomatiques. «Chris» Stevens, comme tout le monde l'appelait, représentait «un modèle» selon Obama, pour une nouvelle génération d'ambassadeurs américains à l'écoute du monde arabe. La passion lui en était venue lors de deux ans passés à enseigner l'anglais aux enfants d'un village reculé de l'Atlas marocain, dans le cadre du Peace corps, l'institution crée par John Kennedy pour envoyer les jeunes Américains aider le tiers-monde.
Jeune homme bien né, il avait tenté de se couler dans la tradition d'une famille californienne d'avocats et de médecins en intégrant un cabinet d'affaires de Washington. Mais un jour, a raconté un ancien collègue, il a mis la tête dans les mains et annoncé: «Je ne peux plus faire ça.»
Un diplomate peu protocolaire
John Christopher Stevens a alors rejoint le département d'État. S'ensuivirent des postes en Arabie saoudite, en Syrie, en Israël, puis en Libye. Sous Kadhafi, il resta dubitatif sur le ralliement du Guide à l'Occident. Dans ses dépêches au ministère, il ne cachait pas ses préventions à l'égard de Kadhafi, de ses fils et de son entourage. Revenu à Benghazi pour établir le contact avec les révolutionnaires, il se fit vite des amis. «Chris» savait se départir du protocole diplomatique. Lors d'un premier rendez-vous au bar de son hôtel de Benghazi, il se dirige vers le visiteur, main tendue: «Je vous ai reconnu tout de suite. Vous avez une tête de Pierre.» Provoquant naturellement la repartie: «Et vous une tête de Chris.»
D'emblée, la glace était brisée. Sa chaleur démentait son allure. Chris Stevens, quinqua distingué, joueur de tennis grand et blond, avait un cœur d'Oriental dans une enveloppe de patricien américain. Il connaissait les risques encourus par un représentant des États-Unis dans cette région du monde. Celle qu'il aimait, et qui l'a tué.
Par Pierre Prier
Les hommes l'intéressaient au moins autant que les tractations diplomatiques. «Chris» Stevens, comme tout le monde l'appelait, représentait «un modèle» selon Obama, pour une nouvelle génération d'ambassadeurs américains à l'écoute du monde arabe. La passion lui en était venue lors de deux ans passés à enseigner l'anglais aux enfants d'un village reculé de l'Atlas marocain, dans le cadre du Peace corps, l'institution crée par John Kennedy pour envoyer les jeunes Américains aider le tiers-monde.
Jeune homme bien né, il avait tenté de se couler dans la tradition d'une famille californienne d'avocats et de médecins en intégrant un cabinet d'affaires de Washington. Mais un jour, a raconté un ancien collègue, il a mis la tête dans les mains et annoncé: «Je ne peux plus faire ça.»
Un diplomate peu protocolaire
John Christopher Stevens a alors rejoint le département d'État. S'ensuivirent des postes en Arabie saoudite, en Syrie, en Israël, puis en Libye. Sous Kadhafi, il resta dubitatif sur le ralliement du Guide à l'Occident. Dans ses dépêches au ministère, il ne cachait pas ses préventions à l'égard de Kadhafi, de ses fils et de son entourage. Revenu à Benghazi pour établir le contact avec les révolutionnaires, il se fit vite des amis. «Chris» savait se départir du protocole diplomatique. Lors d'un premier rendez-vous au bar de son hôtel de Benghazi, il se dirige vers le visiteur, main tendue: «Je vous ai reconnu tout de suite. Vous avez une tête de Pierre.» Provoquant naturellement la repartie: «Et vous une tête de Chris.»
D'emblée, la glace était brisée. Sa chaleur démentait son allure. Chris Stevens, quinqua distingué, joueur de tennis grand et blond, avait un cœur d'Oriental dans une enveloppe de patricien américain. Il connaissait les risques encourus par un représentant des États-Unis dans cette région du monde. Celle qu'il aimait, et qui l'a tué.
Par Pierre Prier